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    1. SERVICE MILITA IKK##


SERVICE MILITA IKK. SUIS L’EMPIRE PAÏEN

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nos prières pour la divinité. Contra Celsum, t. VIII, n. 73, /'. (… t. xi, col. 1628 li C.

Pour Origène la militia Christi est donc nettement distincte de la militia Cœsaris. Les chrétiens combattent pour l’empereur, mais refusent catégoriquement de le faire sous ses ordres ; ils forment une armée à part qui combat en se servant de l’arme de la prière ; C’est a fin de pouvoir employer cette arme eflicacement qu’ils veulent garder louis mains pures de sang. Le refus catégorique d’enrôler les chrétiens dans l’armée de César situe Origène plus près du Tertullien radical du De idololalria que du Tertullien relativement modéré du De corona militis.

3. Luctance.

Nous retrouvons la même intransigeance chez Lactance. Dans le De diinnis institutionibus, il s’exprime ainsi :

Il n’est pas permis au juste de porter les armes ; sa milice à lui c’est la justice ; il ne lui est même pas permis de porter contre quelqu’un une accusation capitale ; il importe peu en effet qu’on tue par le fer ou par la parole, car c’est tuer qui est défendu. Il n’y a pas la moindre exception à faire au principe divin ; tuer un homme est toujours un acte criminel. De divinis institutionibus, t. VI, c. xx, P. L., t. vi, col. 708.

Les canons d’Hippolyte.

1. Discipline générale.

— Tertullien, Origène et, dans une certaine mesure, Lactance jouissaient d’un grand prestige dans l'Église mais ne sauraient être considérés comme les représentants de l’autorité ecclésiastique. Les canons d’Hippolyte nous font connaître la plus ancienne décision émanant d’une autorité ecclésiastique et concernant le service militaire des chrétiens. Il n’est pas démontré que ces canons soient l'œuvre du célèbre docteur dont ils portent le nom, mais il est admiqu’ils ont des attaches romaines. Rédigés en grec, ils ont élé traduits en copte et du copte en arabe. C’est sur la version arabe, la seule qui nous soit parvenue, qu’ils ont été traduits en latin par l'évêque de Spire, Haneberg, en 1870. Le texte est parfois en assez mauvais état. Sur les canons d’Hippolyte, voir Duchesnc, Histoire ancienne de l'Église, t. i, Paris, 1906, p. 534, note 3 : Hans Achelis, Die Canones Hippolyti, dans Texte und Untersuchungen, t. vi, fasc. 4, Leipzig, 1891. La traduction latine de ces canons se trouve aussi dans Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris. i « éd., 1908, p. 530 sq.

Nous donnons ici d’après Achelis ceux de ces canons qui traitent du service militaire :

Can. 71 : Homo qui accepit potestatem occidendi, vel miles, minquam recipiatur omnino.

Can. 72 : Qui vero.cum essent milites, jnssi sunt pugnare, ceterum autem ab ornai mala loquela abstinuenmt, neque coronas capitibus imposuerunt, omne signum autem adepti

sont … (suit une lacune dans le texte).

Can. 71 : Christianus ne liât propria voluntate miles, nisi sit coactus a dure. Ilaheat gladium, caveat tamen ne ciiminis sanguinis efhisl liât reus.

Can. 7Ô : Si comperlum est sanguinem ab eo esse effusion, a partteipatione mysteriorum abstineat, nisi forte singulari conversione morura cum lacrlmis et planctu correctus « rit. Attanicn ejus donum ne sit lictum, sed cum timoré Dei. Ces textes dans Achelis, op. cit., p. 80 sq. ; Duchesne, Origines, p..">36.

Il est donc interdit au chrétien d’embrasser volontairement la carrière des armes (can. 74).

Le Règlement ecclésiastique d’Egypte (jEgyptische Kirt henordnung), qui est apparenté aux canons d’Hippolyte. précise « qu’un catéchumène ou un fidèle qui veut être soldai doii Être exclu de la communauté

Chrél i ru ne. car il a méprisé Dieu. Voir ce texte dans AcIk hs. op. cit., p. Kl. Un chrétien qui a dû devenir soldai pour se soumettre a la lui. peui faire son service

(habeat gladium), mais doii évitei de verser le sanj ;

(can. 74). Le soldat chrétien ne doit pas porter de couronne sur la tête ; il doit s’abstenir de la mala loquela (can. 72). D’après le Règlement ecclésiastique d’Egypte cette mala loquela semble être le serment militaire. Il est probable que la partie perdue du canon 72 précisait les pénalités frappant ceux qui portent des couronnes et s’adonnent à la mala loquela. Ceux qui ont versé le sang étant soldats doivent s’abstenir des sacrements, jusqu'à ce qu’ils aient donné des preuves sérieuses de leur amendement. Le canon 71 semble exclure les soldats de la réception du baptême, miles nunquam recipiatur omnino. Il nous semble toutefois que ce canon ne vise que les chefs militaires, le terme miles ne faisant que préciser un ras particulier de ceux qui habent potestatem occidendi. De sorte que le canon 71 pourrait être rendu de cette manière : « Ceux qui ont le pouvoir de tuer, en particulier les chefs militaires, ne doivent jamais être admis au baptême. » Cette interprétation nous semble résulter du canon 72, où il est question de soldats qui ont revu l’ordre de combattre, jussi sunt pugnare, évidemment par opposition à ceux du canon 71 qui versent le sang de leur propre autorité. La réglementation donnée par les canons d’Hippolyte est apparentée à celle que nous avons rencontrée dans le De corona militis. Comme Tertullien, ils défendent au chrétien d’entrer volontairement dans l’armée, ils sont d’accord avec lui pour prohiber le serment militaire, le port de la couronne et l’effusion du sang. Toutefois les canons d’Hippolyte envisagent la réconciliation des soldats qui ont versé le sang, ce que Tertullien n’aurait pas admis.

Les Canons d’Hippolyte ont des attaches romaines. Ils ont été conservés en Egypte et dérivent du Règlement ecclésiastique d’Egypte (identifié à la Tradition d’Hippolyte). On retrouve leurs traces dans le huitième livre des Constitutions apostoliques. De ces faits nous sommes en droit de conclure que la réglementation du cas du soldat chrétien donnée par ces canons a été connue et probablement reçue à Home, en Egypte et en Syrie.

2. Applications.

- Au cours du ni siècle, le nombre des soldats chrétiens était devenu assez considérable. Ce que nous savons du cas de la légion l-'ulmiuntrix cl de celui de la légion thébéenne surfit pour le démontrer. Nous savons aussi qu’il y avait des chrétiens dans la garde des empereurs Dioctétien, Maximien, Constance Chlore et Maximin. In sacro comitatu dominorum nostrorum Diocleliani et Muximiani, Conslantii et Maximi milites christiani sunt et militant. Martyre de la recrue Maximilicn, dans Harnack. Militia Christi, Tubingue, 1905, p. 116.

Ces nombreux soldats chrétiens se sont-ils conformés aux prescriptions des canons d’Hippolyte ? Nous n’avons que très peu de documents susceptibles de nous renseigner sur ce sujet. Ils suffisent toutefois pour nous faire voir que des soldats chrétiens ont tenu compte de cette réglementation. C’est ainsi qu’au début du m siècle, à Alexandrie, le soldat Basilide refuse de prêter un serment prescrit par la discipline militaire : « Il ne m’est pas permis de prêter ce serment, dit-il, je suis chrétien. » Eusèbe, Hist, ceci., t. VI, c. v, P. G., t. xx, col. 533.

Le centurion Marcel déclare devoir quitter le service parce qu’il croit ne pas pouvoir participer aux repas sacrificiels organisés à l’occasion de l’anniversaire de l’avènement des empereurs. Acta Marcelli, dans Harnack, Militia Christi. p. 117. Hasilide comme Marcel agissaient conformément au canon 72 d’Hippolyte. Maximilicn qui refuse de prendre du service en disant : Christianus sum, ideo n<>n possum militari, suit la ligne (l<- conduite tracée par Origène et par Tertullien dans le Dr idololalria. Acta Maximiiiani, dans Harnack. Milii tia Christi, p. ni sq. ; les principaux passages dans