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SC HOLAR] os. T K A 1 T E S A PO LOT, É T [OU E S

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les plus sages d’entre les Grecs et les Égyptiens. F.lle a fait fleurir sur la terre des vertus surhumaines, renversé les idoles, triomphé de longues persécutions, enfanté de nombreux martyrs. Rien en elle de contradictoire, de fictif, de terrestre : tout y est vrai, spirituel, divin.

Cependant le mystère de l’incarnation pose le mystère de la Trinité, grosse difficulté pour des monothéistes. Après avoir déclaré que ce mystère nous a été révélé par le Dieu fait nomme, Scholarios cherche à montrer par la raison que la trinité des personnes ne détruit ni l’unité ni la simplicité de l’être divin, et il recourt pour cela à l’analogie tirée de l’âme humaine, analogie si bien développée par saint Augustin et saint Thomas : Dieu, Esprit pur, se connaît et s’aime ; le terme de sa connaissance est le Verbe ; le terme de son amour est le Saint-Esprit. Notre théologien cherche aussi à rendre accessible à ses interlocuteurs le mystère de l’incarnation et l’immutabilité du Verbe par la comparaison dela parole humaine considérée dans ses trois états : verbe intérieur, parole parlée, parole écrite (p. 446-447). Puis il décrit rapidement l’œuvre de Jésus, la mission du Saint-Esprit, la prédication des apôtres confirmée par les miracles de toutes sortes, la merveilleuse propagation du christianisme. Il termine en déclarant qu’après la loi évangélique, il n’y a lias a attendre pour l’humanité une révélation nouvelle. A plus forte raison, une autre législation en contradiction avec celle de Jésus et la détruisant ne saurait-elle venir de Dieu. Si Dieu permet que des imposteurs se donnent encore pour sc> envoyés, ce fait n’infirme pas la conclusion : la seule voie du salut est la doctrine de Jésus et de ses disciples. Elle contient en elle, et d’une manière éniinente, tout ce que la sage isse antique a produit de meilleur. Si parmi les chrétiens il y a des hérésies et des schismes, ces divisions ne proviennent point d’évangiles différents, mais de la diversité des interprétations d’un même texte, où l’on a vainement cherché à découvrir des contradictions. a Que le seul et unique Dieu en trois personnes, le maître de la vérité, nous conduise tous à la connaissance de la vérité sacrée, seule perfection et béatitude de l’bommel » Tel est le souhait final de Gennade, qui n’a pas craint d’attaquer assez ouvertement, quoique sans le nommer, le faux prophète qui a nom Mahomet.

Il ne faut point confondre cet écrit authentique avec le dialogue apocryphe de même titre qui circule depuis le xvie siècle sous le nom du patriarche Gennade. Cet apocryphe est l’œuvre d’un unioniste grec de la fin du xv siècle, extrait presque tout entier d’un écrit pseudoathanasien, composé lui-même sur la fin du xiv° ou au début du xv° siècle, par un Grec hostile au dogme catholique de la procession du Saint-Esprit, et dont le texte se trouve dans P. G., t. xxviii. col. 773-796, sous le titre : "ETEpod tiveç à7roxpïo-£i.ç. Incipii : ’Kp< ! >— r, oiç a’Tt èoTi Wsoç. I.e faussaire le copie en abrégeant et y faisant quelques changements jusqu’à la question xviii inclusivement (cf. P. G., t. cit., col. 78 !) A), l.a principale modification regarde la procession du Sain t-Esprit ab utroque, que le pseudo-Athanase rejette (cf. P. G., col. 777 H) et que le faussaire admet. I.e reste du travail de ce dernier a consisté à inventer le titre suivant : Toû alSeai|i.coTàTOi) 7raTpidtpyou Kcova-TavTivou 7ToXecoç TewaSiou DyoXapCou (316Xtov oôv-iou.6v te y.atl aaçèç nepi tivcov xEçaXaUov ttjç rjUETÉpotç 7tîo-te(oç 7TEpl cov Y) SiàXE^iç yEyovE 1-lSTà’A|AOip5 TOÛ Moc/oufiÉtoo, fj y.’/X è^iyéypxK- : y.iI Iepi TÎJÇ ô80ô tt ; ç ator/iptaç àvOpô— <ov.’Epco-ràôTo’jpyoç.ôo’j 7racpi.depyr i < ; à : toxpcvExai. C’est sous ce titre que Jean Alexandre Brassicanus (ou Kohlburger), professeur de littérature classique à Vienne († 1539), l’a publie, en f">30, avec une traduction latine. Trois ans après, parut a Paris une autre traduction latine du même dialogue, qui est présenté par l’éditeur comme absolument inédit. Cette traduction latine est celle de Georges Hermonyme de Sparte, qui vivait dans la seconde moitié du xv c siècle et qui pourrait bien être l’auteur de la supercherie. Elle a été reproduite dans plusieurs collections patristiques, notamment dans la Bibliotheca Patrum, édit. de Paris, t. iv, Bill. p. 951 sq., et dans celle de Lyon. t. XXVI, p. 530 sq. C’est celle que donne E.-.I. Rimmel dans ses Monumenia fidei Ecclesise orientalis, t. i, Iéna, 1850, p. 1-10, et aussi Ilcrgenrôther dans P. G., t. clx, col. 319-332. Ces deux auteurs qualifient ce plagiat de Confessio fidei prior Gennadii patriarclw. Quant au texte grec, Jean de Fucht en donna une nouvelle édition avec traduction latine à Ilelmstadt en 1611 (cf. E. Legrand, Bibliog. hellénique du XVIIe siècle, t. v, p. 14), édition reproduite par Christian Daum dans son ouvrage : /). Hieronymi theologi grseci dialogus de S. Trinitate… Unie accesserunt hac edilione Gennadii Scholarii patriarchse Constantinopolitani dialogus de via salulis humanæ inscriplus ; ejusdem Conjessio de fidei nostnv articulis ; item oratio ad unum et trium personarum Deum ; omnia gnvco-latina… Cygnea ? (= Zvvickau, en Saxe), 1677. Enfin W. Gass a publié de nouveau le texte grec de C. Daum, qu’il a collationné avec l’apocryphe pseudo-athanasien, dans la seconde partie de son ouvrage : Gennadius und Pletho, Brestau, 1844, p. 16-30. J.-C.-T. Otto démontra le premier, en 1850, le caractère apocryphe de la pièce dans Siedners Zcitschrift fur historische Théologie, t. xx, 1850, p. 389417. Cf. aussi t. xxxiv, 1851, p. 111-121, de la même revue. Les savants se sont généralement rangés à l’avis d’Otto. Ainsi W. Gass, Symbolik der griechischen Kirche, Berlin, 1872 ; Jon Michalcescu, ©r ( aaupoç ttjç ôpGoSo^îaç : Die Pckenntnisse und die wichtigsten Glaubensze.ugnisse der griechisch-orientalischen Kirche, Leipzig, 1901, p. 253 (Michalcescu reproduit le texte grec du dialogue dans son recueil, p. 255-261, c’en est la dernière édition) ; A. Palmicri, Theologia dogmatica orthodoxa, t. t, Florence, 1911, p. 440-441. D’autres en sont encore à parler de simples interpolations. Ainsi Mesoloras, Euu.eoXi.xr, rr, c ; Ôp0086l ; ou’AvaToX’.xr, : ’ExxXTjataç, t. i, Athènes, 1904, p. 71.

b) l.a confession de foi de Gennade. —

Aussitôt rédigée, L’unique voie du salut des hommes fut traduite en langue lurco-arabe et envoyée au sultan. Celui-ci trouva le morceau trop compliqué et demanda au patriarche de composer quelque chose de plus clair. Dans l’intervalle, sans doute, avait eu lieu le troisième entretien. Gennade se mit à l’œuvre, et donna sous la forme d’une confession de foi un bref exposé de la foi chrétienne divisé en douze articles, dont les onze premiers commencent par nKTTSoojZEv, et le douzième énumère sept motifs de crédibilité. Les éditions antérieures ont divisé arbitrairement le morceau en vingt articles, c’est ce qu’on a appelé plus tard la Confession de foi du patriarche Gennade. Le titre authentique semble avoir été le même que celui du premier exposé. c’est-à-dire : L’unique t’oie du salut des hommes, comme on peut le conclure de la suscription de la pièce dans le l.ciuriotanus Athoncnsis }’… S4, copie revue par Scholarios, qui a servi de base a la nouvelle édition avec deux autres autographes. Ces sources coupent court à toutes les discussions qui ont eu lieu à son sujet entre les critiques. On trouvera un aperçu de ces discussions dans Œuvres, I. iii, ]). xxxv-xlii.

C’est faute d’avoir saisi le caractère apologétique de C( Ile pièce que les théologiens se sont étonnés de certaines expressions, par exemple du mot £$Uo(i.a, attribut, propriété, emplove pour désigner les personnes divines, celles-ci étant considérées comme les principes et les sources de tous les autres attributs divins (p. 453, 20 sq.) : que d’autres ont disserte sur le platonisme de Scholarios, alors qu’il aurait fallu parler d’in-