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    1. SENTENCES##


SENTENCES. LES COMMENTAIRES, FORMES DÉRIVÉES

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donne. Si donc il y a, au cours du xiir' et il » m v siècle, évolution ou simplement précisions croissantes sur les méthodes Lhéologiques et, antérieurement à elles, sur la conception qu’on se fait de la doetrina sacra, c’est dans les premières pages dos commentaires qu’on les verra se formuler en bonne lumière. Après les avoir vues à l'œuvre dans le corps de l’ouvrage, c’est ki qu’il faudra revenir pour en trouver la justification et l’exposé ordonné. A nouveau, l'étude comparée de tous ces prologues et de toutes ces déclarations, dament pesées d’ailleurs, permet de suivre, dans ses moindres démarches, la science théologique en tant que telle.

Elle permet enfin de voir comment peu à peu, en partant du Lombard et, à la rigueur, en s'éeartant de lui, de nouvelles présentations de la doctrine chrétienne s'élaborent ou de nouveaux regroupements des | thèses et des traités. Il y a en effet, dans cette adoption d’un ouvrage, certainement supérieur, mais terminé i-ii 1 152, comme livre de texte auquel se liera pendant des siècles renseignement, une faiblesse autant qu’une gène. Si même on abandonne un certain nombre de ses thèses, si on peut se permettre une vraie liberté de mouvements à l’intérieur de ses chapitres, on demeure néanmoins astreint à son ordre et à son plan, non seulement en ses grandes lignes, mais jusque dans le détail de ses distinctions et de leurs parties. Or, les préoccupations doctrinales ou morales peuvent chaude nouveaux problèmes surgir. Où faudra-t-il les placer, et à quoi les rattacher ?

Par ailleurs, il faut le reconnaître, certaines répartitions des traités du Lombard sont assez déconcertantes et le lien qui les rattache à telle ou telle partie est parfois factice ou forcé. Pourquoi le traité des vertus et des dons est-il joint dans le I. III au traité de l’incarnation ? Sans doute le Christ ayant eu la plénitude de la vie surnaturelle a possédé toutes les vertus. Mais est-ce une raison suffisante pour détai’ler alors l'étude de celles-ci. et la séparer de celle de la grâce qui est développée dans le 1. II ? Pourquoi insérer à la suite le traité des commandements ? Pourquoi le problème de la charité se trouve-t-il déjà soulevé au 1. I" à propos des missions divines ? Et cette double localisation n’engage-t-elle pas à répartir différemment les problèmes qui surgissent ? Si la théologie était demeurée stagnante, on en fût resté sans difficulté à l'élaboration de Pierre Lombard. Mais elle progresse : elle prend toujours davantage conscience de sa tâche : et c’est pourquoi elle repense tous les problèmes qui avaient reçu chez le Maître des Sentences une réponse provisoire.

On sent à travers les multiples commentaires de son livre et ce n’est pas un des moindres intérêts qu’ils présentent — l’effort constant pour envisager de façon plus satisfaisante, ou plus logique, la présentation qu’il a faite de la matière théologique et pour ipper à la rigidité de son plan. Cet effort se trahit surtout dans les tâtonnements et les essais tentés pour mieux présenter le problème du péché, celui des vertus et tous les développements de la vie morale assez à l'étroit dans sa synthèse. Il se lit aussi, à l’intérieur de chaque division, dans le choix même des questions qu’on soulève et jusque dans les termes qui servent à les formuler. Dans le cadre strict des Sentences, cet effort n’aboutira jamais pleinement. On aura la n ssource de refaire de toutes pièces la synthèse cherchée : ce sera l’origine des Sommes de théologie ». ' On bien l’on échappera a la difficulté en renonçant à corriger l’ensemble et en se cantonnant dans des problèmes plus spéciaux, qu’on approfondira davanet ce sera révolution du genre tel qu’il apparaît dans la seconde moitié du xiv siècle.

III Les formes dérivées. Il ne s’agit plus ici à proprement parler de commentaires. Cependant il y a

encore autour de l'œuvre de Pierre Lombard une littérature assez abondante dont il faut dire au moins quelques mots. Ce sont d’abord des écrits : résumés, abrégés, sommaires, portant sur les Sentences elles mêmes ; ce sont en second lieu des résumés, abrégés sommaires, des commentaires auxquels ces Sentences avaient donné naissance ; enfin des compilations portant elles aussi sur ces commentaires.

I. L/> ABRÉGÉS /"' LOMBARD. — A la différence des commentaires, ils ne comportent pas d’exposé personnel, d’interprétation ou de développement de sa pensée ; ce sont plutôt des aide-mémoire destinés à faciliter aux étudiants l’emploi du livre du Maître. On en connaît diverses catégories. Les plus sommaires se ramènent presque à une simple énumération des distinctions, des chapitres, avec ou sans leur intitulé, ou de leur teneur générale. Ils se rapprochent assez des tables ou tableaux synoptiques. Parfois, l’effort étant un peu plus personnel, ces tables de matières sont présentées non plus suivant l’ordre des livres mais suivant l’ordre alphabétique. On pourrait citer, comme exemples des uns et des autres, les ouvrages de Robert Kilwardby : sa Tabula in Sententias ou sa concordance alphabétique des Sentences ; celui de Matthieu d’Aquasparta intitulé Inventarium Sententiarum liber tutus ou aussi Concordantiæ per alphabetum ; sans parler des nombreux essais de même genre que couvre l’anonymat.

Un peu plus développés que ces tables sont les résumés dans lesquels se trouvent dégagées les grandes lignes de l’argumentation du Lombard. Us s’apparentent fort à ce qui, dans la lecture des Sentences, constituait la première partie : la divisio textus. On y suit pas à pas l’exposé des idées et la présentation des doctrines avec, leur enchaînement. Certains de ces résumés sont signés, parfois même de noms bien connus : Jacques de Lausanne, Durand de Saint-Pourçain. Pierre Auriol. On pourrait presque se demander si ce n’est point effectivement l’utilisation de la première partie de leur cours, ou sa préparation peut-être. D’autres beaucoup plus nombreux demeurent anonymes. Il n’y faut pas chercher d’originalité marquée.

A un degré au-dessus encore se placent les abrégés où la division et l’articulation du texte sont moins soulignés, mais où les idées et les explications plus importantes du Maître sont mieux relevées et mises en lumière. C’est dans cette catégorie qu’il faut ranger, semble-t-il, la Filia magistri qui se doit attribuer non à Hugues de Saint-Cher mais à quelqu’un de son école, comme l’a bien établi H. Weisweiler, Théologiens de l’entourage d’Hugues de Saint-Cher, dans Rech. théol. anc. et médiév., t. viii, 1936, p. 389-407. Ce n’est point pourtant un simple résumé, puisque s’y trouvent amalgamés des commentaires empruntés à Hugues, a Guillaume d’Auxerre, à d’autres encore. Un autre abrégé bien connu également est celui qui commence par : l-'ides est virtus (Munich, lat. 4V.i<) ; 7689), ou encore V Abbrevialio magistri liandini de libro sacra mentorum magistri Pétri Parisiensis episcopi (Munich, lat. 9652) ou celui de Simon de Tournai : Abbrevialio in Sententiis Pétri Lumbardi (Troyes. / ;  ; /). etc. D’autres, anonymes, sont également nombreux : qu’ils portent le titre de Compendium (Oxford. BodL, mise. luud. -107) ou de llrcviarium (ibid., 512) ou tout autre nom. Dans ce voisinage encore, non pas chrono logique toutefois, car il s’agit d’une œuvre du xir ^ii de. Mgr Grabmann signale dans Rech. théol. anc. et médiév., t. viii. 1936, p. 296 sq., le Breviloquium sententiarum arlis (heologicæ du chanoine Odalric de Verdun (Lucerne, bibl, canton., /'. mise. -'-"i. Il ne faut pas oublier non plus des écrits dans le genre des Conclusiones in lit/rus Sententiarum de Ilumberl d< Prullv.