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    1. SCHOLARIOS##


SCHOLARIOS. TRAITÉS POLÉMIQUES

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l’une qui a lieu à l"E<rjrepivoç Suvoç ou vêpres, les deux autres à la messe. Le sujet, d’ordre purement liturgique, devient polémique sous la plume de Scholarios, pane qu’il répond aux critiques des Latins sur le rite de la grande entrée. Lorsque le diacre porte solennellement les oblats de l’autel de la prothèse a l’autel du sacrifice, les assistants font des prostrations ou mêlâmes, comme si le pain et le vin étaient déjà consacrés : d’où le reproche d’idolâtrie souvent formulé parles Latins à l’adresse des Grecs. Avant Scholarios, plusieurs théologiens byzantins, entre autres Nicolas Cabasilas et Syméon de Thessalonique, avaient donné de ceci des explications plausibles. A Florence même, après la signature du décret d’union, les Latins avaient interrogé de nouveau les Grecs sur cette cérémonie. Notre théologien critique plusieurs des réponses fournies et en apporte de nouvelles, qui n’ont pas eu d’écho chez les Grecs modernes, sans doute parce qu’ils ne les ont pas connues. Gabriel Sévère, au début du xviie siècle, dans l’opuscule qu’il a composé sur la question (cf. Richard Simon, Fides Feclesiæ orientalis seu Gabrielis métropolite ? Philadelphiensis opuscula, Paris, 1C71), s’inspire de Syméon de Thessalonique et fait siennes les solutions que notre auteur trouve dénuées de fondement. Celui-ci prend d’ailleurs l’offensive contre les Latins sur la question de la forme du baptême et celle des azymes. Le lecteur remarquera qu’à propos de la forme de l’eucharistie et de l’épiclèse, l’auteur parle d’une manière assez obscure, et n’attaque pas les Occidentaux sur ce point.

b) Polémique antibarlaamite. —

Au xve siècle, malgré les décisions officielles qui étaient intervenues, la controverse palamite n’était pas encore complètement épuisée à Byzance. On trouvait encore, à cette époque, des partisans d’Acindyne et de Barlaam, qui se confondaient souvent avec les « latinophrones », sans parler des Latins, qui soutenaient tous la thèse du Calabrais. Scholarios fut amené à dire son mot sur cette question. Il le lit en deux opuscules, l’un d’allure polémique, adressé à un mandataire impérial, (3aaiXix6ç, appelé Jean, qui l’avait interrogé sur deux points : a. sur la signification d’un passage faussement attribué à saint Théodore Graptos (il appartient en réalité à saint Nicéphore, patriarche de Constantinople, Anlirrheticus I adversus Conslantinum Copronymum, 41, P. ( ;., t. c, col. 304 C-305 A), dans lequel est clairement affirmée l’identité, en Dieu, de l’essence et de l’opération ; b. sur une objection des acindynistes touchant la procession du Saint-Esprit ; l’autre, irénique, où est traitée ex professo la question de la distinction entre l’essence divine et ses opérations.

Le premier (p. 20L22K), dont on avait déjà une édition tronquée, donnée par Dosithée (cf. P. ( ;.. t. clx, col. 649-664), fut composé au mois d’août 11 15. L’auteur commence par résoudre l’objection des acindynistes sur la procession du Saint-Esprit ainsi conçue : si, d’après l’Écriture, le Saint Espril est également l’Esprit du l’ère et l’Esprit du Fils, il est naturel d’en conclure qu’il tient son existence, qu’il procède des deux. On devine la réponse de Scholarios, qui vient de ter miner ses deux grands traités polémiques contre le dogme catholique, au moment où il écrit. Puis, il fait un exposé sobre et clair de la question palamite. A l’en croire, Acindync et ses partisans ne posaient entre l’essence divine et son opération ou ses attributs qu’une distinction de pure raison, ce que nos BCOlaS tiques appellent une distinction de raison raisonnante. Lui, Scholarios, enseigne une distinction réelle, niais

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Le second opuscule (p. 228-230), intitulé : Ilept toû t : ù>ç SiotxpLvovrai. xi Œîoti. èvépyeiai 7rp6ç ts àXXï)Xaç xai, rr, v Œîxv ouoiav, ffi staiv èvépyeiai xal èv f t cîmv, fut composé après la prise de Constantinople, au couvent du Prodrome sur le mont Ménécée, à la demande d’un ami. Scholarios y donne son opinion définitive sur le palamisme, opinion qui n’est pas la clarté même. Elle a été exposée ici à l’article Palamiti. (Controverse), t. xi, col. 1799-1802.

c) Contre la simonie. —

Dans sa Lettre contre la simonie (p. 239-251), adressée à l’empereur Constantin en 1451, Scholarios dénonce l’une des plaies de l’Eglise byzantine. Il voit dans la simonie la cause principale des malheurs publics. C’est une espèce d’hérésie pire que celle des macédoniens, un crime assimilable à la trahison de Judas. C’est un mal très difficile à guérir, une impiété qui ne profite pas à ceux qui la commettent, puisque la grâce du Saint-Esprit n’est pas vénale. Notre théologien enseigne, en effet, l’invalidité des ordinations simoniaques : l’ordonnateur ne peut rien communiquer et l’ordinand ne reçoit rien (p. 243, 8-25 ; 245, 3-22). Une note autographe du Parisinus 1289 nous apprend que cette lettre contre la simonie fut écrite deux ans avant la chute de Constantinople. Dosithée en avait donné une édition fort défectueuse et incomplète dans le T6u.oç àY<xTrr)< ;, ]>. 307-312 (cf. P. < ;.. t. CLX, col. 731-737). La nouvelle édition vient d’un autographe, le Parisinus 1289, sauf pour la lettre d’envoi à l’empereur, éditée pour la première fois.

d) Polémique contre les juifs. —

Des deux opuscules contre les juifs (p. 231-374) le premier est surtout de caractère polémique et porte bien son titre : Réfutation île l’erreur judaïque ; l’autre appartient plutôt à l’apologétique : c’est un aperçu assez maigre sur les principales prophéties messianiques. Les deux furent composées à Constantinople, lors du troisième pontificat de Scholarios, c’est-à-dire en 1464. Us étaient déjà connus par l’édition qu’en donna Albert Jahn en 1893, dans ses Anecdota grseca théologien, d’après le Bernensis 579, du xv° siècle. La nouvelle édition repose en partie sur un autographe, en partie sur une copie revue par l’auteur.

Le premier opuscule est composé sous forme de dialogue entre un chrétien et un juif qui finit par se convertir. Cette réfutation du judaïsme par la Bible et par l’histoire est remarquable. La plupart des arguments n’ont rien perdu de leur valeur ni de leur actualité. Les théologiens remarqueront ce qui est dit sur l’affaiblissement de la nature humaine par le péché originel (p. 278, 35 sq.), sur le renouvellement de l’univers à la fin des temps (p. 2.SS, 21 sq.), sur l’influence de la volonté dans l’acte de foi (p. 295, 18 sq.), et les historiens apprendront que Scholarios avait pour père un Thessalien émigré à Byzance (p. 252, 25), et que la situation des chrétiens sous le joug musulman était bien meilleure que celle des juifs (p. 292, 15 sq.).

e) Contre Mare d’Éphise. Réfutation de ses chapitres syllogistiques sur la procession du Saint-Esprit (p. 476538). —

C’est l’ouvrage unioniste de Georges Scholarios dont l’authenticité a été le plus contestée. Celle authenticité sera établie plus bas avec celle des autres écrits unionistes de Tailleur. Au témoignage de la critique interne s’ajoute celui des quatre bons manuscrits du xv siècle qui nous ont conservé le texte. Ces manuscrits sont des recueils unionistes de contenu à peu près identique, dérivant d’une source commune, qui paraît être te copie de Joseph de Méthonc. alors « pie celui ci s’appelait encore le prêtre Jean Plusiadenus. Tous les quatre, en effet, portent, à la fin de la

Réponse de Scholarios et en tête (le l’écrit de liessarion continuant la réfutation des syllogismes de Marc, la note suivante attribuée a Jean l’Iusjadenus.