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    1. SCHOLARIOS##


SCHOLARIOS. TRAITÉS POLÉMIQUES

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cable ; i été précédée par une Ame végétative, puis par une Ame sensitive, qui ont disparu pour lui faire place et la laisser seule informer lo corps. L’auteur répond longuement aux objections que l’on peut formuler contre la thèse créât ianiste. et montre que celle-ci est confirmée par le mystère de l’incarnation du Verbe.

Même doctrine, mêmes preuves sous une forme moins didactique et abrégée dans le second traité adressé à Tbéophane de Média. Sur la fin. l’auteur donne les raisons de la conception virginale de Jésus. et affirme très clairement la conception immaculée de la Mère de Dieu (p. 501, 22-30).

S’inspirant d’une courte réponse de Syméon de Tbessalonique, Gennade expose, dans le troisième traite, écrit pour le moine Sabhatios, sa doctrine sur les fins dernières. Il distingue clairement trois catégories d’àmes : les àmes de ceux qui sont parfaitement purs : elles vont immédiatement au ciel en compagnie du Christ, où elles jouissent de la béatitude naturelle, en attendant de recevoir, après la résurrection, la béatitude surnaturelle, glorification du corps et la vision immédiate et face à face de la divinité ; les àmes des réprouvés, morts en état de péché mortel : elles sont aussitôt entraînées en enfer par les démons, mais leur supplice n’est que commencé avant le jugement dernier, il sera complet après la résurrection ; les âmes de ceux qui meurent dans la charité, mais avec des fautes vénielles et sans avoir suffisamment fait pénitence pour leurs péchés : elles voient leur entrée au ciel retardée plus ou moins longtemps. Les prières de l’Église aident à abréger le temps de leur épreuve. Où vont-elles et que souffrent-elles ? Questions que Gennade estime de peu d’importance, puepov Siocçépf. (p. 513, 15). Syméon de Tbessalonique les envoie au paradis terrestre, en compagnie du bon larron. Les Latins les placent dans le purgatoire, brasier situé au point de jonction de l’air et de l’éther. Gennade préfère leur donner comme séjour la région des « télonies », c’est-à-dire cette partie de l’air infestée par une classe spéciale de démons appelés tcXÛvloi ou douaniers d’outre-tombe. Là, elles souffrent non la peine du feu, mais plutôt des peines d’ordre moral, dont les démons par leurs vexations, sont les principaux agents. Cf. article Purgatoire dans l’Église gréco-rvsse après le concile i>k Florence, t. xiii, col. 1328 sq.

C’est manifestement sous l’influence de Syméon que Gennade, dans le présent traité, n’accorde aux âmes justes, avant le jugement dernier, qu’une béatitude naturelle. Ailleurs, et notamment dans les deux derniers traités dont il nous reste à parler, il enseigne clairement que l’âme juste est pleinement heureuse, naturellement et surnaturellement. aussitôt après la mort, et que sa félicité, au jour de la résurrection, ne sera pas augmentée en elle-même. Elle sera simplement complétée, en ce sens que le corps aura part au bonheur de l’âme et sera revêtu de privilèges spéciaux. L’âme de saint Paul a reçu, aussitôt après sa séparation du corps, cette couronne de justice que le grand Apôtre attendait. Voir p. 522, 12-23 ; 526, 20-25 ; 536, 6-10. De même, le châtiment des âme ; ? damnées ne variera pas au jour du jugement, si ce n’est en tant que le corps sera associé a la peine.

A cette dernière différence (ires, c’est la même doctrine que nous trouvons résumée dans le quatrième traité, adressé à Jean, vicaire de l’archevêque de Tbessalonique. Mais Gennade y traite deux autres questions : celle de la qualité et de l’intégrité des corps ressuscites et celle de la conservation de certains corps dans le tombeau. Contre un certain homme sage, qui n’est pas nommé, il affirme que le corps ressuscité sera intègre et que, dès lors, les différences sexuelles ne seront pas supprimées. Sur la conservation et la non dissolution de certains cadavres, il donne une réponse fort judicieuse. Il n’ignore pas que, dans l’opinion du vulgaire, la conservation du cadavre est prise pour un signe de sainteté, s’il est desséché, pour un signe de malédiction, et notamment un effet de l’cxcommunica tion, s’il est gontlé. D’après lui, ce critère simpliste est fort sujet à caution.

Dans le dernier traité, adressé au même Jean, est examinée ex professa la question du purgatoire, en tant qu’elle constitue une divergence entre l’Église romaine et l’Église orientale. Cette divergence, d’après Gennade, se réduit à fort peu de chose et l’accord entre les deux Églises existe sur la substance du dogme. Les Orientaux n’admettent pas pour les âmes du Purgatoire de feu purificateur, mais un châtiment temporel d’ordre intérieur et moral. Gennade repousse l’interprétation que donnent les Latins du fameux passage de saint Paul, I Cor., iii, 12-15, et s’en tient à l’exégèse de saint Jean Chrysostome. Il admet une certaine mitigation passagère des peines des damnés par les prières de l’Église et des vivants et croit possible, à titre tout à fait exceptionnel et par dérogation à l’ordre établi par Dieu, la délivrance de quelques damnés, se basant sur certains récits qui circulaient un peu partout chez les Grecs et les Latins depuis le haut Moyen Age. Il termine en énumérant les autres divergences qui existent entre l’Église romaine et l’Église orientale : à savoir la question de l’azyme, l’addition du Filioquc au Symbole et la doctrine qu’il exprime, la communion des laïques sous une seule espèce, innovation latine de date récente, contre laquelle, dit-il, aucun traité polémique n’a encore été écrit par les Orientaux.

3° Tome II. Traites polémiques sur la procession du Saint-Esprit. —

Ce n’est qu’une partie, la principale, de ce que Scholarios nous a laissé sur le sujet. Le reste est donné au début du t. ni. Ces traités sont directement consacrés à l’étude de la question dogmatique considérée en elle-même, l’addition du Filioquc au Symbole en tant que question distincte de la doctrine n’étant touchée qu’en passant.

1. Le premier traité (p. 1-268), déjà publié d’une manière fort défectueuse par Nicodème Métaxas sous le titre : rswpytoo toû SxoXapôou tô awza.yiJ.oc, èmypaçôp-evov « ’OpOoSô^ou xaTaçôyiov », Constantinople, 1627 ou 1628, fut composé à l’automne de 1444, à la suite des conférences contradictoires qui eurent lieu au palais impérial, à Constantinople, entre le dominicain Barthélémy Lapacci, évêque de Cortone, légat pontifical, et Georges Scholarios, en présence de l’empereur Jean VII Paléologue, du despote Théodore, du patriarche catholique de Constantinople Grégoire Mammas, du cardinal Francesco Condulmer, neveu du pape Eugène IV, et de beaucoup de Latins et de Grecs.

L’ouvrage est divisé en six parties, dont voici les titres en abrégé : a) Les causes du schisme, b) Doctrine et autorité de saint Augustin, c) Théorie générale des images de la Trinité dans les créatures, d) Les arguments des Latins, e) La formule des Grecs a Pâtre per Filium.) Accord des Pères grecs et latins. D’après cette division, on voit que l’auteur concentre tout son effort sur la tradition patristique grecque et latine. Presque rien sur la preuve scripturaire ; peu d’attention aux raisonnements purement scolastiques. (/est le contraste parfait avec la méthode suivie par Photius dans la Mystagogie du Saint-Esprit. Abondante pour ce qui regarde les Pères grecs, la documentation de Scholarios est beaucoup plus imparfaite sur la tradition latine. De celle-ci il n’étudie bien que saint Augustin, et spécialement le De Trinitate, qu’avail traduit en grec le moine Maxime l’Ianude. sur la fin du m" siècle. Il est beaucoup mieux renseigné sur la théol latine postérieure au schisme. Non seulement il a In saint Thomas, qu’il prend plus ! i partie, il n’ignore pas la théorie des processions divines de