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du manifeste en question tant dans sa partie positive que dans ses anathematisines. Tout converge vers l’idée

que le Fils est absolument semblable au l'ère par son ousie (sa nature, son essence) ; que les relations du Père au Fils ne sont pas celles d’un créateur (Lt'.cttt, ç) par rapport à sa créature (xtiapa) ; cf. Hseres., lxxiii, S 3, n. l. et le premier anathématisme, S 10, n. 1. Il ne -.aurait dès lors être question entre eux de différence essentielle (xvé(i.oioç xar oùcrfav), anath. 5, 7. 9. Cette ressemblance de nature ne consiste pas seulement dans le fait que le pouvoir du Père se communiquerait au Pils. mais en ce qu’il y a communication de la vie et de l’essence même du l'ère au Fils. Anath. 11. Cette génération est éternelle, en sorte que le Père ne peut être dit plus ancien que le Fils, ni le Fils plus jeune que le l'ère, anath. 15, 10, encore qu’il faille marquer la distinction hypostatique entre le Père et le Fils et ne pas aboutira l’idée d’un 'jlo-â-rcùp. Anath. 17. Les anathémat Unies dans Ilahn, Bibliolhek der Symbole, 3° éd.. p. 201-204.

Telles sont les idées maîtresses de cette pièce, un peu longue sans doute pour servir de tessère d’orthodoxie, mais capable de rallier bon nombre de ceux qu’effrayait la poussée d’anoméisme qui se constatait alors. Pour l’appréciation théologique de ce document, cf. art. Arianismf. col. 1825.

2. Le manifeste de Georges de Laodicée.

Plus

explicite encore est un autre manifeste, conservé également par Épiphane, Ihvrcs., lxxiii. S 12-22, et attribué par lui à Georges de Laodicée.

a) Erreurs visées. — On y polémique très vivement contre les « nouveaux hérétiques » qui, syllogisant sur les ternies d’agennétos et de gennétos, respectivement attribuables au Père et au Fils, concluent à une différence de nature entre eux. « Sans doute reconnaissent-ils que le Fils est semblable au Père par la volonté — en sorte que sa volonté s’accorde avec celle du Père — par l’action aussi — en sorte qu’il fait ce que fait le Père — mais ils lui refusent la similitude de. nature ou d’ousie : au fond ils pensent que le Fils n’est qu’une créature, ktÎctjjux, différant seulement des autres par sa puissance et sa majesté. Il s’agit, de toute évidence. d’Aétins, de son monde et de la clique qui a triomphé en 357. Georges prétend même qu’elle aurait réussi à introduire dans la formule de Sirmium l'àvépoioç koct' oûaiav, s 14, n. 7. ce qui n’est pas démontré. Ultérieurement, l’arrivée à la cour des évêques orientaux — lisez Basile d’Ancyre, Eustathe de Sébaste et Éleusius de Cyzique — a fait reculer l’impiété : mais, n’osant plus se montrer à découvert, elle prend un autre biais. Pour l’instant elle s’efforce de faire accepter une formule, qui, sous prétexte que le mot d’ousie n’est pas scripturaire, veut éliminer toute mention de ressemblance essentielle, ôu, ctOT » ]ç xa-r' oôffîav, et menude ressemblance parfaite, Ô[IOIOT » )Ç y.-/T7. rnScrca. Afin de démasquer ces novateurs hérétiques, l’auteur rassemble a la fin de sa lettre un certain nombre de propos tenus par eux ou couchés par écrit, ibid., ï 21 : ce sont des critiques plus ou moins pertinentes adressées à la formule 5u, oioç xax' oôoiav. H raconte également ce qui arriva quand il s’agit pour eux de signer un formulaire où figurait l’expression Sfxoioç y.y-v. reàvro (semblable en tout). Valens de Mursa nfusa d’abord de s’incliner devant le texte qu’on lui soumettait et ne se résigna à ajouter les mots y.7T-/ -//-I. que sur l’ordre formel de l’empereur Constance. Maialors lia si le d’Ancyre, suspectant la sincérité de son collègue, formula ainsi son credo :

Je confesse '[Ile le lils est semblable ail Père en

toutes choses, c’est-à-dire non seulement selon la volonté-, mais selon l’hypostase et la subsistence iy.v-y. rijv &T ?60T<xaiv xal y.-L--/, tïjv SiraoÇev), selon son être de 1 ils… Et si quelqu’un ne le dit semblable qu’en

quelque manière (nous lisons avec lloll, p. 295, 1. 27, s". T'.ç y.xri. xi Xè'-zi ôfxotov), nous déclarons celui la étranger à l'Église catholique. » Ibid., S 22, n. 6, 7.

Ces détails permettent de juger très exactement des adversaires que vise Georges de Laodicée et des circonstances où se produisit cet te intervention de Basile. Celui-ci. après le synode d’Ancyre de Pâques 358, avait réussi à faire partager ses vues par l’empereur Constance. Cf. Arianisme, col. 1825. Il avait même abusé de sa victoire ; mais tous ceux qui se sentaient menacés, arianisants de toute nuance, avaient fait bloc contre lui. Toujours versatile, le basileus s'était laissé persuader qu’il fallait trouver une formule de conciliation assez élastique pour abriter tous les partis et que l’on imposerait aux deux moitiés de l’empire. Voir les articles Rimini et SéleuCik. Marc d’Aréthuse à Sirmium, en mai 359, avait élaboré « ce chef-d'œuvre de compromis dogmatique ». (If. Aiuamsme, col. 1826. C’est contre l’exclusive formulée par lui à l’endroit de toute mention de t’ousie que vont les véhémentes protestations de Georges de Laodicée. Derrière lui elles visent également Aétius, à qui la neutralité absolue du document forgé par Marc d’Aréthuse donne toute facilité pour sa propagande impie.

b) Exposé positif. — Le manifeste de Georges ne se contente pas de critiquer. Son argumentation positive va à défendre avant tout la formule de la parfaite ressemblance du Fils à son Père, ressemblance qui est parfaite parce qu’elle est selon l’oùaîa, § 17 ; loin d’exclure la conformité de l’action du Fils avec celle du Père, cette ressemblance l’implique tout naturellement. Il y a donc du Père au Fils union (ne disons pas encore unité) de volonté et d’action. Cette union ne signifie pas d’ailleurs indistinction ; tout aussi fortement que le manifeste d’Ancyre, celui-ci insiste sur le caractère d’hypostase du Père, du Fils et de l’Esprit, § 10. Il se rend bien compte d’ailleurs que l’affirmation des trois hypostases pourrait troubler certains esprits. « Par cette expression les Orientaux — Georges veut répondre dès l’abord aux Occidentaux — veulent indiquer les propriétés subsistantes et réellement existantes des personnes : "Iva z-xç ISwTTjTaç tojv rcpoaw7rcov J^îaTtôaocç xal ÔTtapy/jùcraç yvcopiawaiv. Et plus loin : txç io’ici—rçTaç -^poercÛTTCùv ùçscr : o>Tcov ÛTCoardcætç ovofxâ^ouaiv, § 16, n. 2. Mais que l’on se garde bien de faire de ces trois hypostases trois principes (xpetç àpyàç), ou trois dieux. Les Orientaux anathématisent quiconque parlerait de trois dieux. Pas davantage ne disent-ils que le Père et le Fils sont deux dieux, car ils confessent qu’il n’y a qu’une seule divinité embrassant tout par l’intermédiaire du Fils dans le Saint-Esprit (sutïspiéyo’ja’xv Si’uioG èv "veù^a-ri àyîaj Ta 7râvTa — la formule est bien vague —) ; ils confessent donc une seule divinité, une seule souveraineté, un seul principe et, en même temps, ils reconnaissent les personnes dans les propriétés de leurs hypostases : le Père, subsistant dans et par son caractère de principe (èv Tyj -y-piy.f, aùŒvTÎa) ; le Fils, qui n’est pas une partie du Père, mais engendré en toute pureté par le Père, fils parfait d’un père parfait ; le Saint-Esprit, également subsistant, que l'Écriture nomme le Paraclet, qui a sa subsistence du Père par le Fils (ky. -r.-j.-.y, c oV v.'/j 'jçscttwç). Comme l’araclet, en effet, l’F.sprit de vérité nous enseigne la vérité qui est le Fils (" car nul. affirme Paul, ne peut dire : Jésus est Seigneur, sinon dans l’Esprit-Saint). de même le i ""ils, qui est vérité, nous apprendra a voir en foule piété le Dieu vrai, son l'ère, suivant qu’il nous le dit : Celui « qui me voit, voit le Père. Ainsi donc dans le Saint-Esprit nous pensons le lils de la manière convenable, dans le lils, dans le monogène, nous célébrons le avec dignité et piété. »

Il convenait de citer ce passage ; il montre qne les