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    1. SEEDORF (F##


SEEDORF (F.-F. DE) — SEGNER] [PAUL]

I

Sommervogel, Bibliothèque des écrivain* de la Compagnie de Jésus, t. vii, col. 1043-1047 ; Roskovany, Romanus pontifex Primas, t., Nltra, 1870, p. 421-422 et t. iii, Nitra et Komàrom, 1867, ». 693 ; I buter, Nomenclator, : i' éd., t. iv, col. 1378-1379 ; relier, Biographie universelle, t. xi, Paris, 1834, ]>..'iS'_> ; Mémoires de Trévoux, mars I71s, p. ; > : si- ; > is.

, 1. Mercier.

    1. SEGNER I Paul##


1. SEGNER I Paul, jésuite italien, prédicateur et écrivain ascétique renommé (1624-1694).

I. Vie. - Né a Xcttuno dans le l.atium le '21 février 1624, il entra dans la Compagnie le 2 décem bre 1637. Destiné à la prédication après son ordination sacerdotale (1653), il s’y prépara par l'étude assidue de l'Écriture sainte, des l'ères et de Cicéron. De 1665 à 1692, il se dépensa comme missionnaire populaire dans toute l’Italie, spécialement dans les États de l’utilise et en Toscane. Son zèle apostolique, la sainteté de ses exemples et son éloquence produisaient de tels fruits qu’on l'égalait à saint Bernardin de Sienne. Les Italiens le regardent comme le premier orateur de son temps dans leur pays et le Bourdaloue de leur littérature : s’il n’a pas la mesure et le goût de celui-ci, si des critiques raflînés ont pu discuter certaines de ses expressions, il paraît atteindre son grand contemporain français par la force et la rigueur de ses démonstrations et le dépasser en naturel et en verve, en richesse et en originalité de sentiment.

Atteint prématurément de surdité, il fut amené à multiplier ses publications, qui, de caractère surtout oratoire et ascétique, obtinrent dans son pays et à l'étranger un succès considérable.

Sous Innocent XI, dans ses ministères à travers l’Italie, le 1'. Segneri avait pu constater la large propagation des nouvelles idées mystiques, répandues spécialement par le docteur espagnol Molinos, alors en pleine faveur à la cour pontificale. Son expérience de directeur lui révéla le danger pour les âmes de ce qu’il estimait un qùiétisme condamnable. Déjà, en 1(178, son confrère, le P. Gottardo BeU’huomo avait écrit contre Molinos son ouvrage : Le prix (Il pregio) et l’ordre des oraisons ordinaires et mystiques. Segneri encouragé par son général, le P. J.-P. Oliva, publia à son tour, en 1680, à Florence, V Accord (Concordia) de la fatigue et du repos dans l’oraison, où il attaquait, sans les nommer, la Guide de Molinos et La pratique facile du prêtre marseillais Malaval (cf. dans ce dictionnaire, art. Molinos, t. x, col. 218 sq. et art. Malaval, t. îx. col. 1763). L’oratorien Petrucci, qui allait devenir cvèque de Jési et sera créé cardinal par Innocent XI, riposta par son ouvrage : De la contemplation mystique acquise. Segneri répondit par un nouvel écrit, d’abord communiqué à ses amis, puis imprimé sans nom d’auteur à Venise, en 1681 : Réponse (Letlera di riposta etc.) au sieur Ignace Bartolini sur les exceptions alléguées pur un défenseur des quiétistes d’aujourd’hui.

I.a Concordia fut mise à l’index (douce corrigulur) par décret du 26 novembre 1681, avec le Pregio du P. Bell’huomo (llilgers. Der Index… p. 110) ; à son tour la Leltera di riposta subit le même sort (décret du

15 décembre 1682). Cette même année 1682, deux opuscules (lu P. Segneri, écrits avanl ces condamnations et se rapportant aux mêmes questions, avaient

en outre été publiés a Venise, sans l’aveu de l’auteur, qui s’en excusa auprès du Saint-Office ; nous en donnerons plus loin les Litres.

Apres la condamnation de Molinos (. « septembre 1687), la rétractation du cardinal Petrucci (17 décembre 1687) el la mise a l’index de ses ouvrages (."i lévrier

Ki.sx), la Concordia put reparaître, avec quelques modifications peu importantes, sur l’autorisation formelle du Saint Office (décret du 30 juillet L692) ; une autorisation semblable fui donnée, le 6 mai 161° ;  !.

en laveur de la Letlera ; ce dernier ouvrage resta cependant dans les catalogues de l’index, comme anonyme, jusqu'à la refonte de Léon XIII (1900) ; la mention en fut alors effacée.

Avant sa mort, le P. Segneri reçut une réparation plus éclatante encore : après la mort d’Innocent XI (1689) et le court pontificat d’Alexandre VIII (du 16 octobre 1689 au I er février 1691), Innocent XII, monté sur le trône pontifical, appela à Rome le grand orateur, dont il était un admirateur, et. malgré ses résistances, lui Imposa la charge de prédicateur du Palais apostolique (6 février 1692) ; en outre, il le nomma, le 15 décembre de la même année, examinateur des évêques et théologien de la Péniteiiceric, puis, le 10 janvier 1693, qualificateur du Saint-Office.

Dans les dernières années de sa vie, le P. Segneri intervint aussi dans une autre affaire, qui, celle-là, était tout intérieure à sa Compagnie. Segneri. à qui son âge, ses services et ses charges donnaient une autorité personnelle considérable, prit une attitude d’opposition très décidée contre le général de la Compagnie, Thyrse Gonzalès, et ses elTorts contre le probabilisme. Ayant reçu du général communication d’un écrit que celui-ci voulait publier (sans doute le Tractatus succinclus de recto usu opinionum probabilium, qui commença à être imprimé à Dillingen et contre lequel protesta aussi le P. Christ. Rassler, cf. art. Rassler, t. xiii, col. 1676), le P. Segneri lui adressa une lettre aussi libre que respectueuse, où il le suppliait de renoncer à son projet, de ne pas faire la joie des ennemis de son ordre et de se contenter d’administrer celui-ci selon son esprit traditionnel. Il se mit résolument du côté des assistants, quand ceux-ci s’opposèrent à cette publication. Textes de la lettre et de la note donnant les motifs de cette attitude, dans Dôllinger-Reusch, Moralstreitigkeiten…, t. ii, n. 21, p. 99-101 et n. 69, p. 195-201.

De fait l’impression du Tractatus succinctus fut arrêtée. Mais en 1694, le P. Gonzalès parvint à faire paraître l’ouvrage plus complet, dont le Tractatus succinctus n'était que la préface, le célèbre Fundamentum theologiæ moralis. Segneri crut nécessaire de défendre le probabilisme dans trois lettres, que l’on se passa de main en main et qui ne furent Imprimées que dans la suite : Massimo Degli affli li Lettere sulla matrria del probabilc.

Ces regrettables discussions se poursuivaient encore quand Segneri mourut à Home, le ! » décembre 1694. regretté d’Innocent XII et entouré de l’estime et de la vénération générales. Le P. Paul Segneri, dont nous venons de résumer la vie est quelquefois appelé l’ancien i pour le distinguer de son neveu, qui portait les mêmes nom et prénom (Paul Segneri, le jeune) et, qui, comme son oncle, fut prédicateur et auteur ascétique, mais de moindre éclat et de plus courte carrière. Voir ci-dessous.

II. ŒUVRES. — Les publications du P. Segneri ont été nombreuses : la plupart ont eu. soit de son vivant, soit après sa mort et jusqu'à nos jouis, de multiples éditions et traductions ; nous nous contenterons de signaler les litres des principales (envies d’après leur première édition et les traductions pouvant présenter quelque intérêt pour l’histoire théologique. Pour le détail, voir Sommer vogel.

1° Prédication. Trois recueils principaux :

Panegirici sacri, Pologne, 166 1 : Quaresimale, Florence ) 1679 (très souvent réédité même de nos jours, I railucl ions en huit langues, la doctrine, attaquée aux xxii r et xixe siècles, donna lieu a des polémiques ) ; Prediche dette mi Palazzo r.postolicoe dedicale alla Santita di nostro Signore papa Innpcenzo Duodecimo, Rome, 1694.