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SEDUL1 US — SÉDUL1 I S SCOTTUS


poétique a trouvée dans ses papiers, a été recueillie et mi>e en ordre par Tuscius Rufus Astérius. le même qui fit une reeension de Virgile et qui fut consul ordinaire en 494.

Sédulius ne parle pas de lui-même dans ses écrits : tout au plus nous dit-il, dans la dédicace du Paschale carmen que, tandis qu’il usait infructueusement son temps aux stiuiia stecularia, la miséricorde divine l’a touché et qu’elle l’a décidé à composer quelque ouvrage capable d’affermir ses lecteurs dans le bien après les avoir attirés par le miel de la poésie. Comme d’autre part cet écrit ne fait aucune allusion au nestorianisme, mais combat le sabellianisme et l’arianisme (i, 299 sq.), on peut admettre que sa rédaction est antérieure à 131. Isidore de Séville. De l’ir. illustr., xx, assure que Sédulius était prêtre, des auteurs postérieurs en font un évêque.

Sédulius doit le meilleur de sa réputation à un poème. le Paschale carmen. qui raconte, en vers hexamètres, les miracles du Christ. Après une préface en trois distiques, qui invite les lecteurs à prendre part au festin pascal, le I. I (352 vers) rappelle quelques miracles de l’Ancien Testament depuis llénoeh enlevé au ciel, jusqu'à Daniel préservé de la gueule des lions ; le I. II (300 vers), après avoir rappelé la chute originelle et la promesse de la rédemption, passe rapidement sur l’enfance du Sauveur, puis raconte le baptême du Christ, la tentation, la vocation des apôtres et commente l’oraison dominicale : le 1. III (339 vers) commence par les noces de Cana et se termine sur la question des apôtres relative au plus grand dans le royaume des cieux : le 1. IV (308 vers) va de la guérison des deux aveusjles jusqu'à l’entrée à Jérusalem ; le 1. V (438 vers) raconte la passion.

Sédulius ne prétend pas reprendre le récit de l’histoire évangélique : il se borne aux miracles ; mais il veut expliquer ces miracles et ne se contente pas de les raconter. Son exégèse est allégorique et s’inspire de celle de saint Ambroise et de saint Augustin. Le récit suit ordinairement l’ordre de saint Matthieu, les autres évangiles intervenant pour fournir les compléments nécessaires. A peine est-il besoin d’ajouter que les exigences de la métrique, tout autant que le tempérament du poète, veulent beaucoup de paraphrases, de développements inutiles, de figures de rhétorique et transforment du tout au tout la simplicité du récit évangélique.

Macédonius, le dédicataire du Carmen, s’en plaignit au poète ; il réclama aussi contre les suppressions arbitraires que celui-ci s'était cru obligé de faire aux récits évangéliques. Pour lui plaire, Sédulius s’astreignit à refaire en prose son ouvrage ; il donna à ce nouveau travail le titre de Paschale opus. L’Opus en prose contient ainsi des développements nouveaux. Mais il est curieux de constater que les vers de Sédulius sont beaucoup plus simples et plus faciles à comprendre que sa prose. Cette infériorité fie l’Opus paschale ne vient pas seulement de la difficulté qu’a pu éprouver l’auteur à découvrir des mots nouveaux pour dire des mêmes choses : elle tient surtout à son goût pour la périphrase, a son amour des termes énigmatiques et compliqués pour exprimer les réalités les plus courantes, à sa recherche des clausules. l J oète, Sédulius imitait Virgile, même de façon inconsciente, et les lois de la métrique l’obligeaient à une certaine réserve ; prosateur, il tombe trop souvent dans le mauvais goût.

l.ipoème eut d’ailleurs beaucoup plus de succès que l’ouvrage en prose. Nous avons déjà signalé qu’Astérius, le consul de 494, en donna une réédition, et que le décret de Gélase en lait grand éloge. Pendant tout le Moyen Age, le Carmen resta l’un des modèles des poètes chrétiens et quelques-uns de ses vers sont entrés dans la liturgie : Saine, sancta parera, enixa puerpera

regem, qui eeelam terramque tenet, per ssecula… gaudia mairis habens cum virginitatis honore, nec primam similem visæs, nec habere seqnenlem ; Sûla sine cxemplo placuisli femina Christo.

Nous possédons encore deux hymnes de Sédulius en l’honneur du Christ ; la première composée de cinquante-cinq distiques, chante les louanges du Sauveur, et s’attache à mettre en parallèle la promesse de l’Ancien Testament et sa réalisation dans le Nouveau ; les premiers mots de chaque hexamètre étant répétés à la lin de chaque pentamètre, de la manière suivante :

l’oins ob meritum cuncti periere minores Salvantur cuncti unius ob meritum.

Sola fuit mulier, patuit qua janua leto Et ((lia vita redit, sola fuit millier

(Vers 5-8.)

Il y a là une sorte de tour de force, sans autre mérite que celui du mauvais goût.

L’autre hymne vaut mieux : elle est abécédaire et comprend 23 strophes de quatre vers qui sont des dimètres ïambiques. Elle raconte la vie du Christ depuis son incarnation jusqu'à l’ascension. Cette hymne est rapidement devenue populaire ; deux de ses fragments ont mérité d’entrer dans la liturgie : A solis orlus cardine pour l’office de Noël, Crudelis Herodes Deum ( Hostis Herodes impie) pour l’office de l’Epiphanie, non sans avoir été retouchés par les puristes du xvie siècle.

Les œuvres de Sédulius ont pris place dans P. L., t. xix, qui reproduit l'édition de F. Arevalo, Rome, 1794. Une édition meilleure est celle de J. Huemer, dans le Corpus de Vienne, 1885.

J. Huemer, De Sedulii poelee vita et scriptis commentât io, Vienne, 1878 ; Th. Mayr, Studien zu dem Paschale carmen îles christlichen Diehters Sédulius, Augsbourg, 1916 ; C. Weynnuin, Vermischte Bemerkungen zu lateinischen Dichlungen, dans Miinchener Muséum fur Philologie, t. iii, 1917, p. 183189 ; J. Candel, De clausulis a Sedulio in eis libris qui inscribuntur Paschale opus adhibitis, Toulouse, 1901.

G. Bardy.

    1. SÉDULIUS SCOTTUS##


3. SÉDULIUS SCOTTUS, ou Sédulius le Jeune, qu’il ne faut pas confondre avec le poète Sédulius (ci-dessus), ni avec Sédulius, évêque « en Bretagne » au viii c siècle. — Moine, né en Irlande au début du ixe siècle, sans doute chassé de son pays par les invasions normandes, il s'établit à Liège vers 848. Pendant une dizaine d’années, il y jouit de la faveur des évêques et des princes, en particulier de Lothaire I er, qui vraisemblablement lui confia l'éducation de ses fils Lothaire et Charles. On perd sa trace en 858. Expert en l’art de la grammaire, rimeur de cour adroit et fécond, érudit en lettres patristiques et profanes, il apparaît comme le chef de l'école liégeoise. Outre ses vers, assez variés : élégiaques, épiques, voire parodiques et parfois quelque peu bachiques, il a composé : un Coltectaneum remarquable par le nombre d’auteurs cités, quelques-uns peu connus à l'époque, mais qui ne brille guère par le souci du contexte ; deux Commentaires, l’un sur le grammairien Eutychès, l’autre sur Priscien : une traduction latine du psautier grec, et quelques œuvres « grammaticales » d’attribution contestée. Il ne mériterait guère place ici, s’il n’avait laissé plu sieurs ouvrages d’exégèse biblique et un traité parénétique politico-religieux :

Collectanea in omnes H. Pauli epistolas, Colleclanea in Matthseum, Liber de actibus prophclarum, Explanatiuncula de breviariorum et capilulorum canonumque difjerentia. Explanatio in prsefationem S. Hierongmi < « l Evangelia, Liber de rectoribus christianis. Ces écrits ne sont que des compilations peu originales, mais ils offrent quelque Intérêt pour l'étude de la culture ou de

l’histoire du IXe siècle. I.e Liber de reeloribiis, adresse.

d’après Helmann a Lothaire II entre « 55 et 859, mais plus probablement a Charles le Chauve, selon d’Achei > Ebert, Levillain, etc. est, quant à la forme, imité du