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SI HOLA 15 1 os. VIE

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jamais plaint de Mahomet 11. et a regardé comme un miracle le sort qu’il lit aux chrétiens. Cf. Œuores, t. iv, p. 22 1-227. 265-266.

Intronise le 6 janvier 1454, Gennade, après mut mois de gouvernement, en avait assez de la charge pastorale ; le 7 octobre 1 15 1 était l’ultime délai qu’il avait fixé pour se retirer. Sur les installées qu’on lui tit. il déclara qu’il resterait jusqu’au 6 janvier 1 155, anniversaire de son intronisation ; mais, passé ee terme, sa décision était irrévocable de reprendre la vie monastique. Œuvres, t. iv, p. 233. l’es indices sérieux permettent de croire quc son patriarcat se prolongea néanmoins jusqu’au printemps de 1456. Nous apprenons, eu effet, par une note insérée dans le cod. 328 du monastère de Yatopédi. qu’à la date du 12 mai 140(5, samedi de la Pentecôte, le patriarche Gennade visita ce monastère.

Pour connaître les causes de sa démission, qui fut tout à fait volontaire d’après son propre témoignage, pas n’est besoin de recourir aux histoires fantaisistes de certains chroniqueurs de l’époque. Dès les premiers mois, Gennade avait trouvé partout des résistances à ses desseins de réforme aussi bien dans le clergé et les moines, que chez les fidèles. Des cabales s’étaient formées contre lui. Il avait acquis la conviction que, loin d’être utile à l’Église, il était plutôt un obstacle au bien, et qu’il ris ruait, en restant, de compromettre son salut. Il pouvait mettre aussi en avant sa santé lamentable : voir ses deux lettres pastorales. Œuvres, t. i, p. 292 ; t. iv. p. 229.

Démissionnaire, il gagna le Mont-Athos. où depuis longtemps il avait désiré se retirer. Mais dès 1 157, on le trouve au monastère stavropégiaque de Saint-Jean-Baptiste, au mont Ménécée, près de Serrés. C’est là qu’il passa le reste de sa vie, sauf le temps que durèrent ses deux autres patriarcats. Ce fut sûrement après 1460 et avant le mois d’août 1464, qu’eut lieu le deuxième patriarcat, probablement après la déposition de Joasaph I er Koccas (novembre 1463), auquel Scholarios semble faire allusion dans son Ilepl CTio>7r7Jç, adressé à Théodore Branas (1465). Œuvres, t. iv, p. 265. Ce second patriarcat fut très court et se termina par une fuite précipitée. Ibid., p. 272. La cause de cette fuite fut sans doute que l’on voulut l’obliger à admettre le mariage adultère de Georges Amiroutzès, cousin germain du suKan. Joseph I er Koccas avait été déposé justement parce qu’il avait refusé de se prêter à cette besogne. Cf. E. Legrand, Bibliographie hellénique aux XV et xvie siècles, t. iii, p. 195-200. Ramené de force une troisième fois, le pauvre Gennade donnait le sermon pour la fête de l’Assomption, le 15 août 1464, dans le monastère patriarcal de la Pammacaristos. Ce troisième patriarcat dura un peu plus d’un an. S’il a commencé à l’été de 1464, c’est donc à l’automne de 1465 que Gennade regagna, pour ne plus en sortir, son cher couvent du Prodrome. Il y mena une vie toute de recueillement et de labeur intellectuel. C’est là qu’il composa ses meilleurs écrits théologiques, là qu’il prononça quelques-unes de ses plus belles homélies. Nous ignorons encore la date de sa mort, mais nous savons, par une note glissée dans le Parisinus grse.c. 1289, un de ses autographes, qu’il vivait encore en 1472. C’est, en cffet, à ses loisirs monastiques du mont Ménécée. que nous devons les principaux manuscrits autographes qui nous ont conservé la plus grande partie de ses œuvres, C’est dans ce même monastère qu’il fut enseveli. En 1854, le patriarche œcuménique Anthime VI ordonna le transfert solennel de ses restes dans le second narthez intérieur de l’église du monastère, sur la droite l.a cérémonie eut lieu le 7 mai. Une inscription en prose relate le fait et une épitaphe en vers, composée par Élie TantalidèS, lait l’éloue de l’illustre ancêtre.

Depuis le xve siècle, le nom du patriarche Gennade figure dans le Synodicon du dimanche de l’Orthodoxie avec une longue et élogieuse mention, transcrite, peu après sa mort, sur le folio liminaire d’un de ses principaux autographes, le Parisinus 1294, Cf. Œuvres, l. r, introduction, p. xxii ; t. VIII, Appendice, v, p. 33*. Sa mémoire a toujours été en honneur parmi les Grecs modernes. Ils l’ont glorifié surtout comme patriote et comme champion de l’orthodoxie contre les Latins. Mais son influence parmi eux, tant dans le domaine philosophique que dans le domaine théologique, a été minime, la plus grande partie de ses écrits étant demeurée à peu près inconnue jusqu’à l’édition complète qui en a été faite tout récemment.

Si du point de vue de la production littéraire Georges Scholarios figure parmi les plus grands noms de la littérature byzantine, s’il s’est assimilé la science des Grecs et celle des Latins dans le domaine philosophique et théologique, il apparaît bien moins brillant sous le rapport du caractère. Il y a, en effet, dans sa vie, quelque chose qui peut faire suspecter la loyauté de sa conduite : nous voulons parler de ses attitudes successives et nettement contradictoires à l’égard de l’union avec les Latins, de sa palinodie sur la question dogmatique de la procession du Saint-Esprit. A un moment donné, il a soutenu la thèse latine et, tout en blâmant l’addition du Filioque au Symbole, il s’est déclaré prêt à transiger sur cette question, d’ailleurs secondaire. Au contraire, quelques années après le concile de Florence, Marc d’Éphèse une fois disparu, nous le voyons se mettre à la tête du parti antiunioniste et mener une lutte sans merci contre le décret signé par les Grecs au concile ; il reprend la thèse de Photius et de Marc d’Éphèse sur la procession du Saint-Esprit a Paire solo, se montre intraitable sur la question de l’addition au Symbole. Il est vrai que, depuis le xviie siècle et jusqu’à nos jours, le fait de cette volte-face radicale a été nié ou mis en doute par beaucoup d’auteurs. Mais on ne peut désormais en contester la réalité. Les preuves en seront données plus loin (col. 1554 sq).

On peut reprocher encore à notre Byzantin une vanité naïve. La modestie littéraire n’est pas son fort, et il se vante assez souvent de ses écrits. Du reste, devenu moine et même patriarche, il abonde en termes d’humilité sur sa personne. Il s’appelle « l’humble moine Gennade » et implore la miséricorde de Dieu en des oraisons jaculatoires, dont il a parsemé ses autographes. Chose plus remarquable encore et qui montre qu’il avait le sens des réalités : dans les documents officiels qu’il a publiés comme patriarche, il ne prend pas le titre ambitieux de patriarche œcuménique, mais s’intitule « le serviteur des enfants de Dieu, l’humble Gennade », formule qui rappelle la signature de saint Grégoire le Grand. L’impression que donne la lecture de ses écrits est celle d’une âme profondément religieuse, hantée de bonne heure par le désir de la vie monastique. Mais il n’était point fait pour gouverner les hommes, il fut vite dégoûté de la charge patriarcale. A l’en croire, jusqu’à sa retraite au mont Ménécée, il eut à subir les atteintes de l’envie. Cf. la Lamentation sur les malheurs de sa vie, écrite en 1 160, Œuvres, t. i. p. 284-285. Il parle aussi, à plusieurs reprises, du mau vais état de sa santé. Tout cela peut expliquer l’irrita bilité qu’on sent percer ça et la dans quelques-uns dises écrits. Il faut cependant dire a sa louange que, ses plus grands accès polémiques contre les Latins, il s’est abstenu des violences de langage et ne si si pas cru autorisé à traiter d’hérétique l’Églisi catholique ; les Latins sont pour lui non des scliismatiques, mais des dissidents et des séparés, èo^lOftévot, Lz/e>y.<->'> èT&p680Çoi. Cf. Lettre aux moines du Mont Sinal, Œuvres, t. iv, p. 201 202. (.’est un exemple de mode