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Hambourg, 1935, p. n sq. 1K étudièrent alors l’ontologie et la philosophie naturelle, surtout pour situer les rapports entre la philosophie et la théologie. Le livre de Paul Althaus, Di<- Principien der deutschen reformierten Dogmatik un Zetialter der aristotelischen Seholastik, Gnesen, 1617, est le premier exposé luthérien de la métaphysique qui s’apparente étroitement à Suarez pour le choix et l’ordre des matières.

Scheihler n’introduit des sujets spéciaux qui ('éloignent de son modèle que pour dos raisons de polémique contre les calvinistes. Buddée l’appelle le Suarez protestant. Lewalter, op. cit., p. 71. Il faut eiter également Arnisseus, De constitutione et partibus metaphysieie, Francfort, 1609.

A eette métaphysique réaliste s’oppose toujours la tendance strictement luthérienne, rejetant toute métaphysique et la tendance des interprètes purement philologiques d’Aristote. L’aboutissement de ces essais fut la philosophie de I.eihniz-Wolf : ils furent d’ailleurs annihilés et remplacés dans beaucoup de facultés par U | : étisme qui se rapproche du luthéranisme primitif. Voir ici t. îx. col. 177 sq.. et t. Ml. col. 2084 sq., et surtout 2092-2093.

Certains auteurs prétendent d’ailleurs ne faire de métaphysique que pour répondre, à armes égales, aux jésuites qui les attaquent : Cum vero jesuitse, seu neoscholastici, in cuntiovcrsiis theohgicis omnia lerminis meiaphysicis inoolverent, ut imperitioribus caliginem o/Jrrulerent. nostrates relut necessitatem quandam sibi impositam putarunt metaphysicam in subsidium vocari, ut iisdem cum adversariis pugnarent armis. J.-Fr. Buddée, Isagoge…. Leipzig. 1727, p. 255. Cf. Hornius, Historia philosophica. Leyde, 1054, p. 315 ; J.-H. von Elswich, De varia Aristotelis in scholis protestantium fortunu schediasma, Wittenberg, 1720, p. 75. Cités par Lewalter, op. cit.. p. 9, note.

IV. La néo-scolastique.

Les origines.


1. En Italie.

La scolastique, tant comme méthode théologique que comme doctrine philosophique, avait toujours été vivante en Espagne pendant que VAufklârung en Allemagne, l’idéalisme et le cartésianisme ailleurs, l’avaient fait pour ainsi dire disparaître.

Des religieux fugitifs amenèrent vers la fin du xviii c siècle et au début du xix* la culture de la philosophie scolastique en Italie. J.-Th. de Boxador, général des dominicains, puis cardinal († 1780) donna une grande impulsion, dans son ordre, a l'étude de saint Thomas. Cf. Analevta ordinis prsedicatorum Andréa card. Frûhwirth, Rome, 1923, p. 243 sq. ; Coulon, O. 1'., Le mouvement thomiste un XVIIIe siècle, dans la Hernie thomiste, t. xix. 1911, p. 421. Salvatorc Roselli (+ 1785) transmit ainsi au xixe siècle la connaissance de saint Thomas, In prêtre séculier, Buzzetti. influencé par Roselli, forma une école thomiste. Cf. Masnovas, Il neotomismo in Italia, dans Publicazione </(//' Université del Sacra Cuore, série I, t. i, fasc. ">. Milan, 1923. L’ancien jésuite Masden venant d’Espagne, travailla également à la propagation de la scolastique en Italie.

G. Sanseverino († 1865), prêtre séculier, fonda une école philosophique néoscolastique a Naples, laquelle, en 1840, publia la revue Scienza c jette. Cf. l.unna. La tcuola tomistica <li Napoli, dans Rivista ili filosofia neo-scolastica, t. xvii. 1925, p. 383 sq.

A la même époque il existait un foyer néoscolastique a Plaisance. M. Liberatore († 1872), influencé par Sanseverino et Buzzetti, devint le principal organisateur de l'école néoscolastique. Le programme était : Philo tophia christiana cum anliqua et nova comparata. Ce

n'était donc pas une simple répristination de la philoSophie thomiste.

Devenu co-fondateur de la Civittà cattolica, Liberatore combattit principalement la philosophie sociale. 1 1

Hegel, cause de la révolution de 1848. Pie 1 fut

gagné lui-même à la cause de la philosophie scolastique. En 1823. le général des jésuites, FurtiS, avait recoin mandé de suivre saint Thomas en philosophie. Cf. Schaaf, S. J., Conspectus historiée philosophise recentis, Home, 1910, ]). 55, note. Le P. Joseph Kleutgen P 1883) qui avait défendu la philosophie tradition nelle contre les attaques de Hermès, de Giinthcr et de Frohschammer, vint à Rome et s’y affirma le restaurateur de la philosophie scolastique ». Chez les dominicains, Thomas Zigliara († 1893), par la publication de sa Summa philosophica, favorisa grandement le mouvement de restauration.

2. En Allemagne. - En 1803, la Linzer Monat sehrijt rappelait l’importance théologique et philosophique de saint Thomas et l’influence qu’il avait eue à Trente. S. Drey, le fondateur de l'école de Tubingue, écrivait en 1812 dans I' Archive pour conférences pastorales, édité par 'NYessenberg, p. 7 : « Malgré toutes les criaillerics, la théologie n’a jamais ni nulle part existé en une forme scientifique sinon dans celle de cette école barbare » (la scolastique).

Môhler et Staudenmaier, dans différents articles de la Tubinger Quartalschrifl se sont appliqués à rendre justice à la scolastique dans le sens de Drey.

Liebermann à Mayence enseignait la théologie à la manière scolastique. Pour lui, qui avait été formé en France, le fil de la tradition scolastique n'était pas coupé comme c'était le cas en Allemagne. Ses Institutions theologicæ ont exercé une très grande influence. Il fonde le Kutholik en 1821.

A Bonn, Windischmann, qui avait d’abord voulu établir la théologie sur la base de la philosophie de Schelling, se rapproche de la scolastique sous l’influence de Liebermann.

Clémens, antihermésien et antigunthérien, publie en 1856 une étude sous le titre : De scholaslicorum sententia philosophiam esse ancillam theologiæ commentatio. Elle donne le programme scolastique.

Théologiens néoscolastiques en Allemagne : Kleutgen, Schutzler, Plassmann, Hanauer, etc. Cf. E. Winter, Geistige Entivicklung Anton Gùnthers und seiner Schule, Paderborn, 1931, p. 217 sq.

3. En France.

Comme on vient de le dire, l’enseignement français de la philosophie et de la théologie n’avait jamais complètement » coupé le fil » de la tradition scolastique. Voir ici t. vi, col. 695-696. Malgré leurs imperfections, les manuels de Brunet, de Bailly, de Thomas de Charmes avaient entretenu la petite flamme sacrée. La restauration néoscolastique fut simplement retardée dans son épanouissement par la faveur accordée au traditionalisme et à l’ontologisme.

4. En Espagne.

Les dominicains avaient maintenu fermement la tradition : c’est de l’Espagne, on l’a vii, qu’est sorti le premier mouvement néoscolastique. Citons, en philosophie, Puigcerver, Philosophia sancti Thonue auribus hujus temporis accommodata, 1824, et, en 1852, De vera ac salubri philosophia d’An tonio Sendil. Le P. Francesco Alvarado se dénommait

cl lilosofo rancio », en raison des critiques sévères qu’il adressait à la philosophie moderne dans Carias eriticas, 1851-1852.

2° L'épanouissement. — 1. Les directives pontificales. La néoscolastique prit son essor grâce aux recom mandations instantes des souverains pontifes. Déjà Lie IX avait condamné dans le Syllabus, prop. 13, l’assertion incriminant la doctrine ou les méthodes des docteurs médiévaux. Denz.-Bannw., n. 1713. peine monte sur le trône pontifical, Léon XIII. par

l’encyclique JEterni Patris (1879), recommandait expressément l'étude de la scolastique, notamment

de saint Thomas. Noir ici I. i. col. 353. Ce fut, dans les universités romaines et étranger. nue Impulsion