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RUNDEL (THOMAS)

RUPERT DE DEUTZ

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Rundcl. Voir J. Lcchner, Beilrâge zum miitelalterlichen Franzifkancrschrifttum, vornehmlich der Oxforder Schule des XUI.-XIV. Jahrhunderls, auf Grund einer Florentiner Wilhelm von Ware-Hs., dans Franzisk. Studien, t. xix, 1932, p. 107-109 ; A. Pelzer, Codices Valicani lalini, t. ii, Codices 679-1134, 1931, p. 740.

Thomas Rundel est aussi l’auteur de Queestiones dispulalse, dont deux sont conservées dans le ms. Q. 99 de la Cathedral library de Worcester, à savoir : An primum bonum sil proprium et formate objection voluntatis creatæ, ila quod includat tolam rationem formalem subjecti (quatern. II, q. xx, fol. 24 v°), dont la delerminalio se lk après la q. xxi : Delerminalio Rundel. Ad quæstionem cum queeritur an prirnum bonum sit ratio formalis objecti voluntatis creatse… (fol. 25 r°), et : An objectum voluntatis aliquid imprimat in voluntatem. Dicendum et primo ostenditur quomodo objectum voluntatis se habet ad intellcclum (quatern. IV, q. i, fol. 37 r°37 v°). Voir Little-Pelster, op. cit., p. 295-290, et 299. Cette dernière question a été éditée par Little, op. cit., p. 338-343. Dans le quaternion II, q. vin : An Deum esse sil per se notum (fol. 14 r°), Thomas Rundel oppose au défendant une opinion qui commence : Item non est nota, quia scitur a priori aut quia scitur a posteriori. Voir Little-Pelster, op. cit., p. 294.

Outre les travaux déjà mentionnés : A.-G. Little, The franciscan Schoot at Oxford in the XlIIth. centurji, dans Arch. franc, hist., t. xix, 1926, p. 862 ; A.-G. Little-Fr. Pelster, Oxford Iheoloou and Iheolnrjians c. a. D. 1282-1302, dons Oxford hist. Soc., t. xevi, Oxford, 1934, p. 15, 36, 66, 68, 101, 116, 223, 228, 232, 218, 251, 269, 278, 293, 294, 295, 296, 299, 335, 338-343.

A. Teetækt.

    1. RUPERT DE DEUTZ##


RUPERT DE DEUTZ, moine bénédictin de Saint-Laurent de Liège, puis abbé du monastère de Deutz ou Tuy près de Cologne, commentateur des saints Livres, théologien et liturgiste, dans le premier tiers du xiie siècle.

I. Vie.

De sa vie, on ne sait que ce qu’il a eu l’occasion d’en dire dans ses œuvres. Était-il né à Liège même, comme l’a pensé Mabillon, et n’était-il pas plutôt d’origine rhénane, comme le dit Trithème ? Sa retraite en pays allemands pour la fin desa vieet le mauvais accueil que ses livres reçurent en France porteraient à croire qu’il était des bords du Rhin. Cf. Kist, Rupertus Tuitiensis, een Nederlander, dans Archief voor kerk. geschiedenis, 1850. On ne sait pas l’année de sa naissance ; mais il ne faut pas la placer après 1075 ; car il devait avoir passé la trentaine, quand il reçut vers 1110 le sacerdoce, qu’il avait refusé durant de longues années, et quand il achevait, en 1 1 1 1, son grand ouvrage De divinis o/ficiis, après avoir, durant les premières années de sa vie monastique, « montré peu de dispositions pour l’étude ». Rupcrt dut entrer de bonne heure au monastère de Saint-Laurent, où il lit toute son éducation. Il s’en montre fier, à rencontre des écolâtres français, qui lui faisaient grief de « n’avoir été à l’école d’aucun maître. Comme si les monastères étaient tout à fait démunis de savants et que certains hommes se fussent si bien réservé la clef de la science qu’on ne pût rien faire sans eux ! » De omnipotentia Dei, c. xxii, P. L., t. clxx, col. 472. Il avoue cependant que ses maîtres ne lui enseignèrent point la dialectique. Mais, jeune moine, il compléta lui-même son instruction par la lecture des livres de philosophie ; car il cite parfois les philosophes et d’autres ouvrages relatifs aux arts libéraux. On ne saurait négliger enfin la part de la réflexion. De cette assiduité, le fruit fut si remarquable et si rare pour ces temps-là que ses amis, et lui tout le premier, y voyaient une inspiration du Saint-Esprit. Loc. cit., col. 475. Les discussions subtiles et les distinctions des dialecticiens l’embarrassaient vite. P. L., t. clxix, col. 15. Il préférait s’enfermer dans la médi tation silencieuse du texte sacré, dont il épluchait tous les mots, heureux d’y faire voir la suite des idées et souvent une foule de choses qui ne s’y trouvaient point. Il reconnaît volontiers qu’il est un commentateur intempérant. De glorificatione Trinilalis, prol., P. L., t. clxix, col. 1 1. Qu’il lise la Rible, le missel ou la règle de Saint Benoît, Rupert commente infatigablement.

Le fruit de ses réflexions se fit beaucoup attendre : longtemps après la fin de ses études, un peu après 1111, le bénédictin acheva un gros livre, le De divinis officiis, qu’il communiqua à ses confrères et à ses visiteurs sans se mettre en peine de trouver un évêque pour le patroner. Mais, quelques années après, les critiques se levèrent nombreux : « Nous n’arrivons pas à lire les livres que les saints Pères ont écrits ; comment pourrions-nous trouver le temps de parcourir ceux qui sont composés de chic par des ignorants ? Voilà les compliments que j’entends, et j’en passe qui sont plus graves encore. » De divinis officiis, prol., P. L., t. clxx, col. 11. Ces accusations « plus graves » étaient d’ordre doctrinal ; et il faut en dire quelques mots dès maintenant, parce qu’elles montrent la place que le moine de Liège se fit d’emblée dans les disputes des écoles théologiques du xiie siècle, et qu’elles expliquent, non seulement la suite de sa vie et sa retraite en pays rhénan, mais aussi l’évolution qu’on note dans ses ouvrages subséquents.

Voici en quels termes Rupert parle de ses premiers adversaires : Guillaume de Champcaux, évêque de Châlons († 1121) et Anselme, écolàtre de Laon (fil 17), qui sont plutôt, à l’entendre, disciples du vieil hérétique du ne siècle, Florinus : « Les Floriens, ainsi nommés de leur maître Florus, disaient que Dieu a créé le mal, et même le mal moral. On dit même que, de nos jours, de grands maîtres, des écolàtres renommés, des lumières de la France entière, qui attiraient à leurs leçons des essaims de disciples des diverses provinces, avaient émis cette opinion bien arrêtée sur la volonté de Dieu, et qu’ils la défendaient avec obstination. Aussi, malgré tout ce que je pouvais dire, on ne m’écoutait pas : bien plus, on me tournait en dérision. Les adversaires étaient ou paraissaient férus de leur autorité, qu’ils regardaient comme irréfragable, comme si un ange du ciel leur eût parlé. Et, pour les plus savants, passe encore ce qu’ils pouvaient dire ; mais du menu fretin des écoles que dirais-je ? ceux-là poussaient mes adversaires, clercs contre moine ; j’étais devenu l’objet de leurs risées et de leurs brocards ! Mais tous ces brocards et ces mépris, je les supportais sans sourciller. Je partis pourtant un jour pour la France, assis sur un pauvre âne et accompagné d’un seul domestique, pour affronter la lutte contre ces gens qui avaient pour eux, je le savais, l’éloquence et l’esprit, et aussi la dignité de leur charge et de leur enseignement. Je prévoyais, et c’est bien ce qui arriva, que l’armée des maîtres et des élèves s’assemblerait en grand nombre pour m’entendre, pour me réduire au silence. Mais, chose curieuse assurément, quand j’entrai dans la ville, l’un de ces maîtres, et le principal, était à l’extrémité et mourut tout de suite après mon arrivée. L’autre, avec qui j’eus une discussion serrée, je ne sais s’il y survécut un an. Dès lors cessa la virulence de ces attaques ; mais ceux à qui j’en avais eu d’abord gardèrent longtemps la première haine qu’ils avaient conçue contre moi ; et je puis bien dire qu’ils me détestaient et ne pouvaient rien dire [de moi] pacifiquement. » In Regulam S Benedicli, t. I, P. L., t. clxx, col. 182-483.

Quant aux attaques spéciales contre le livre De divinis officiis, en voici, toujours d’après l’auteur, l’origine ou la manifestation première. « Un personnage loyal, mais frais émoulu, qui avait un grand nom mais des idées flottantes, prélat et prédicateur déjà, avant d’avoir été élève et longtemps soumis à un enseignement, me demanda familièrement, sous prétexte de