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t. xxi, col. 641-960, qui est une compilation des Enarraliones de s ; iint Augustin : un commentaire d’Osée, de

Joël et d’Amos, ibid., col. 950-1104, qui peut être l’œuvre du pélagien Julien d’Éclane ; une vie de sainte Eugénie, vierge et martyre, ibid., col. 1105-1122 : un Libellus de flde, col. 1123-1124, qui figure également parmi les œuvres de Marins Mercator ; un Liber de fuir, col. 1123-1154, d’origine inconnue. Rien de tout cela n’est authentique et il n’y a pas lieu de s’y arrêter.

III. Influence et rôle de Rufin.

Ce serait évidemment un paradoxe de vouloir grandir outre mesure la personnalité de Rufin. Lui-même n’a jamais cherché à se faire valoir et il a eu une claire conscience de son rôle. Les controverses origénistes seules-ont pu le faire sortir de l’obscurité dans laquelle il aimait à vivre et la lutte qu’il a dû soutenir alors avec saint Jérôme n’a pas servi sa mémoire. Son adversaire était un trop redoutable lutteur pour qu’il pût espérer le vaincre ou avoir contre lui le dernier mot. De fait, Rufin avait depuis longtemps résolu de garder le silence que saint Jérôme l’attaquait encore, non seulement dans son Apologie, mais en toute occasion et de la manière la plus vive. La postérité n’a guère retenu que ces attaques de saint Jérôme, ce qui l’a empêché de rendre justice à Rufin. Il faut, cependant, reconnaître que son silence, à lui seul, est déjà la preuve d’un beau caractère et d’une réelle grandeur d’àme.

Pour le reste, Rufin n’est guère autre chose qu’un traducteur. Son rôle a consisté surtout à faire connaître aux Latins les œuvres des écrivains chrétiens de langue grecque. Nous lui sommes surtout reconnaissants de ses traductions d’Origène et spécialement de celle du De principiis. Sans lui, nous ne connaîtrions de la grande œuvre du docteur alexandrin que de trop rares fragments. Les homélies mêmes d’Origène auraient également disparu et, si elles n’ont pas l’importance théologique du De principiis, elles nous font du moins pénétrer jusqu’au fond l’âme si chrétiennement apostolique d’Origène.

On a beaucoup critiqué les traductions de Rufin. Sur celle du De principiis, le traducteur s’explique lui-même dans ses préfaces et dans son Apologie. Il reconnaît qu’il a supprimé certains passages d’Origène, qu’il en a modifié d’autres qui ne rendaient pas un son suffisamment orthodoxe en matière de théologie trinitairc. Peut-être n’agirions-nous plus de la même manière. Il faut, pour apprécier justement les procédés de Rufin, se souvenir d’une part des susceptibilités que soulevait un peu partout le seul nom d’Origène et d’autre part de la persuasion dans laquelle était le traducteur que les œuvres du maître alexandrin avaient été interpolées ou altérées. Dans ces conditions, il pouvait se reconnaître le droit de rétablir ce qu’il croyait sa véritable pensée et de supprimer de son texte des formules qu’il ne pouvait pas lui attribuer.

Ses autres traductions n’offrent pas prise aux mêmes critiques. Mais elles sont souvent trop larges ; et celle du commentaire d’Origène sur l’épilre aux Romains n’est guère qu’une adaptai ion. Cela est vrai. Mais Rufin n’a fait que suivre ici les procédés en usage de son temps en matière de traduction. Qu’on lise par exemple le De oplimo génère interpretandi de saint Jérôme et qu’on parcoure ensuite les l raductions faites par le docteur de Bethléem, on verra si elles sont plus fidèles, plus littérales, plus exactes que celles de Rufin. Celui ci a agi comme ses contemporains. Il a voulu faire des tra ductions qui fussent en même temps des œuvres littéraires. On ne saurait le lui reprocher.

Dans l’histoire de la théologie, le rôle de Rufin est insignifiant, on a relevé comme digne de remarque l’assurance ace laquelle il présente comme une tradition des ancêtres, la lliese de la composition du s m bole par les apôtres eux-mêmes. Avant de se quitter,

dit-il, ils établirent en commun une règle de la prédication qu’ils devaient faire afin que, une fois séparés, ils ne fussent pas exposés à enseigner une doctrine différente. Étant donc tous réunis et remplis de l’Esprit-Saint, ils composèrent ce bref résumé de leur future prédication, mettant en commun ce que chacun pensait et décidèrent que telle devait être la règle à donner aux croyants. » Comment, in Symbol., P. L., t. xxi, col. 337. Cette tradition n’a pas, on le sait, de fondements solides. Kn l’accueillant sans réserve, Rufin ne témoignait pas d’un esprit fort critique.

Rufin a souffert de la réputation que lui a faite saint Jérôme, et il vaut assurément beaucoup mieux que cette réputation. Il a de solides qualités de cœur : il est fidèle à ses amis, lorsque ceux-ci ne le trahissent pas ; il se défend sans passion ; il sait garder le silence sans ressasser les rancunes inassouvies. Il a également de solides qualités d’intelligence : il n’est pas un génie, et il n’a jamais songé à le laisser croire à personne ; il n’a en aucun cas revendiqué la première place, et volontairement il s’est confiné dans le rôle obscur de traducteur. On l’aimerait peut-être moins crédule, plus ouvert à la critique ; mais on ne peut lui refuser le sentiment de sa vraie valeur. Le procès de Rufin a été souvent plaidé par les avocats de saint Jérôme ; il mériterait, semble-t-il, de l’être une bonne fois par les avocats de Rufin.

Les recherches les plus amples sur la vie et l’œuvre de Rufin restent celles de.J. Fontaninus, Historiée litterarim Aquileiensis libri V, Home, 1742, p. 149-440 ; ces pages, réimprimées dans l’édition de Vallarsi, Ru fini opéra, t. i, Vérone, I 7 I"), p. 1-200, ont été reproduites dans P. L., t. xxi, p. 752’.) t. — On verra également : B.-M. de Rubeis (de Hossi). Dissertation.es dum, prima de Turannio seu Tgrannio Rufino monacho et presbijlero, altéra de vetustis lilurgiis (iliisque sacris ritibus, Venise, 1754, p. 1-160 ; Tillemont, Mémoires, t. xii, Paris, 1907, p. 1-350, 016-662 (à propos des controverses avec saint Jérôme). — L’ouvrage de J.Brochet, Saint Jérôme et ses ennemis, étude sur la querelle de saint Jérôme avec Rufin d’Aquilée et sur l’ensemble de son œuvre polémique, Paris, 1905, est un réquisitoire violent et passionné contre Rufin. Il y a beaucoup plus de nuances et de justice dans F. Cava liera, Saint Jérôme, sa vie et son œuvre, Paris, 1022 ; < ». Bardy, Recherches sur l’histoire du texte el des versions latines du De principiis d’Origène, Paris et Lille, 1923 ; M. Villain, Rufin d’Aquilée : la querelle autour d’Origène, dans Recherches de science religieuse, t. iixxxv 1937, p. 5-37 ; 105-105 ; du même, Rufin d’Aquilée : l’homme et le moine, dans Nouv. revue théol., janvier-février 1937.

On verra également sur les traductions de Rufin les études sur Origène, en particulier K. de Paye, Orig ne, Paris, 1925 ; IL Cadiou, Introduction au système d’Origène, Paris, 1930 ; La jeunesse d’Origène, Paris, 1935 ; les préfaces de P. Kœtschau, P. Bœhrens, A. lingelbrecht, etc. aux différentes éditions de ces traductions.

Hécemment J. Duhm, Le De fide de Bachiarius, dans Rev. d’Idsl. cviiés., t. xxviii, 1028, p. 2-20, 301-331 ; A propos du De jute de Bachiarius, ibid., t. xx.xiv, 1934, p. 85-95, a essayé de prouver que l’apologie de Rufin à Anastase est inspirée du De iule de Bachiarius. Cette opinion a rencontré peu d’adhésions, et il est probable que c’est Bachiarius qui a emprunté à Rufin.

Ohdoil remarquer qu’il n’existe pas encore d’édition d’ensemble des œuvres de Rufin. L’édition de Vallarsi, Vérone, 1745, n’a publié que les (envies propres de Rufin, y compris les apocryphes, et c’esl elle qui :. été reproduite dans P. L. Les traductions doivent être cherchées ici et là. La plupart des traductions d’Origène ont d’ailleurs paru récemment dans le Corpus des Pères grecs de Berlin, en des éditions très satisfaisantes.

G. Hardy.

RU IN ART Thierry, bénédictin de la congrégation de Salnt-Maur, critique et historien. — Ruinart naquit à Reims en 1657 d’une famille de marchands. Après de bonnes et brillantes éludes à l’université de Reims, il entra, le 2 octobre 1071. à l’abbaye Saint-Remi de la même ville. Il lit profession en 1675 a a Saint —Faron de Meaux. où le noviciat avait été trans-