Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/8

Cette page n’a pas encore été corrigée


DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE CATHOLIQUE

Séparateur

R

(suite)


ROSNY (Eudes de), frère mineur français, dénommé aussi de Koini, de Roni, de Rooni, de Roniaco, de Renoniaco, vécut au xiiie siècle. Quelques rares faits de sa vie nous sont connus par des documents. Ainsi, parmi les alii boni viri, qui ont été consultés dans l’affaire du Talmud et ont signé sa condamnation à Paris, le 15 mai 1248, on rencontre le nom d’Eudes de Rosny. Voir H. Denifle et A. Châtelain, Charlularium universilalis Parisiensis, t. i, n. 178, p. 299. Comme dans ce document Eudes n’est pas cité parmi les maîtres en théologie, il faut conclure qu’en 1218 il n’avait pas encore été élevé à ce grade académique. Une note intéressante, qui se lit en tête de la table qui suit quelques distinctions extraites du Commentaire sur les Sentences de Jean de Moussy, O. P., dans le lai. 15 652, fol. 88 v°, de la Bibliothèque nationale de Paris, jette un peu de lumière sur la carrière scientifique d’Eudes de Rosny. On y lit, en effet : Super librum hic inverties… Inlroilus secundum fratrem R. bons ( ?), fralrem Alberlum, fratrem O. de rooni, fratrem J. de Mouchi. Selon M.-D. Chenu il est indéniable que cette note implique la coïncidence des quatre leçons d’ouverture ou inlroilus et que les quatre étudiants mentionnés ont commencé la lecture sur le premier livre des Sentences la même année. Par la présence d’Albert le Grand, nous sommes placés avant 1245, puisque l’enseignement d’Albert le Grand comme bachelier sententiaire doit se placer vers 1242-1211. Voir M.-D. Chenu, O. P., Maîtres et bacheliers de l’université de Paris vers 1240. Description du ms. Paris, Bibl. nat., lat. 15 652. dans Éludes d’histoire littéraire et doctrinale du XIIIe siècle, t. i, 1931, p. 21 et 31-35. De cette note il résulterait donc qu’Eudes de Rosny enseigna à Paris, comme bachelier sententiaire, vers 12421244.

Par une lettre d’Innocent IV du 31 juillet 1254 nous savons qu’Eudes de Rosny fut chargé, avec deux chanoines de Reims, de faire une enquête sur l’élection d’une abbesse de Saint-Pierre-aux-Nonains. Voir J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores O. M., t. i, p. 296. Enfin du témoignage d’Agnès d’Harcourt, il résulte qu’Eudes de Rosny fut un des cinq maîtres en théologie auxquels la bienheureuse Isabelle de France, sœur de saint Louis, avait confié l’examen et la correction de la nouvelle règle, qu’elle avait composée

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

pour les clarisscs du monastère de Longchamp, près de Paris, et qui fut approuvée par Alexandre IV en 1258 et confirmée par Urbain IV, le 27 juillet 1263. Voir L. Oliger, O. F. M., De origine regularum ordinis Sanclæ Claræ, dans Arch. franc, hisl., t. xix, 1926, p. 436-437 ; Agnès d’Harcourt, Vila B. Isabellæ, traduite du français en latin, dans Acla sanctorum, aug. t. vi, col. 801. La même Agnès d’Harcourt déclare qu’Eudes de Rosny fut aussi le confesseur d’Isabelle. Op. cil., col. 802. Des témoignages allégués, il résulte donc qu’Eudes n’était pas encore maître en théologie en 1248, mais qu’il le fut en 1258. C’est entre ces deux dates qu’il faut placer sa maîtrise en théologie. Comme les luttes soutenues entre les séculiers et les mendiants font écarter toute nouvelle maîtrise de religieux entre 1248 et 1257, c’est, comme l’écrit P. Glorieux, vraisemblablement en 1257 qu’Eudes obtint le grade de maître en théologie. La place qu’il occupe dans le document relatif au monastère de Longchamp suggère d’ailleurs la même date. Voir P. Glorieux, D’Alexandre de Halès à Pierre Auriol. La suite des maîtres franciscains de Paris au xiiie siè : Ie, dans Arch. franc, hisl., t. xxvi, 1933, p. 270. Quant à la date de la régence du maître franciscain, elle ne peut pas être déterminée avec certitude. Eudes peut avoir régi le Sludium des frères mineurs à Paris immédiatement après saint Bonaventure, à savoir entre 1257 et 1260, ou bien, et ceci est plus probable, après Guibert de Tournai, c’est-à-dire entre 1260 et 1263. Voir P. Glorieux, art. cit., p. 272.

D’après la note du ms. lat. 15 652, fol. 88 v°, de la Bibliothèque nationale de Paris, citée ci-dessus, Eudes est l’auteur d’un Commentarium in libros Sententiarum, dont Y inlroilus du I er livre est mentionné dans la note alléguée. Djs extraits de cet inlroilus se lisent dans le ms. lat. 15 702, fol. 3 v°, de la même bibliothèque. Le commentaire sur le I er livre des Sentences débute : Is. 43. Vos lestes mei, dicit Dominus, ut scialis et crcdalis mihi et intelligatis quia ego ipse sum… In hoc verbo languntur omnia quie necessaria sunt ad hune librum.

Les auteurs lui attribuent aussi quelques sermons, prêches à Paris, l’un le IIe dimanche de carême (20 mars 1261), conservé dans le mi. lat. 15 971, fol. 162 v° de Paris ; l’autre à la Toussaint 1272, dans le ms. lat. 16 48I, fol. 7 ; un troisième le jour des Inno XIV.

1.