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SCHNEIDKH (EULOGE)


révèlent dans un autre ouvrage d’E. Schneider : De philosophise in sacro tribunali usu commentalio, Stuttgart, 178(1, dans lequel il publie pour les futurs confesseurs quelques directives à suivre pour rendre heureux leurs pénitents.

Par ces différents travaux, E. Schneider s'était acquis une célébrité peu ordinaire surtout parmi les fébroniens, les rationalistes, les novateurs, les adversaires de l'Église et de la religion catholique, dont il partageait d’ailleurs ouvertement de cœur et d'âme les théories et les doctrines. Aussi ne cherchait-il qu’une occasion pour se libérer de la vie religieuse qui pesait sur lui comme un joug insupportable. Cette occasion lui fut fournie, en 1786, par son incorporation au collège des prédicateurs de la cour du duc CharlesEugène de Wurtemberg, qui lui obtint la permission de déposer l’habit franciscain et de vivre hors du couvent. Ainsi il fut séparé extérieurement de l’ordre, bien que canoniquement il en fît encore partie. Alors il donna libre cours à ses tendances fébroniennes et rationalistes et rompit les derniers liens qui le rattachaient encore au courant traditionnel de l'Église, C’est ce dont témoignent les sermons qu’il tint pendant cette période et qu’il publia sous le titre : Predigten fur gebildete Menschen und denkende Christen, Brestau, 1790. Il y édita aussi son sermon sur la tolérance chrétienne et le t. ii, en deux parties, de sa version des homélies de saint Jean Chrvsostome sur l'évangile de saint Matthieu, comme nous l’avons dit plus haut. Il publia aussi pendant ces années le t. i de sa version allemande des homélies du même saint Chrvsostome sur l'évangile de saint Jean : Des heiligen Johannes Chri/sostomus… Iteden ùber das Evangelium des heiligen Johannes, aus dem Griechischen ùbersetzl und mit einigen Anmcrkungen versehen, Stuttgart, 1788, in-8°, xvi-xxxii-37C p. Les t. ii et m ne virent toutefois le jour qu'à Stuttgart, en 1789, quand E. Schneider était professeur à l’université de Bonn.

Tombé en dis grâce auprès du duc de Wurtemberg, I '.. Schneider fut licencié le 3 janvier 1789 comme prédicateur de la cour. Ayant obtenu vers la mi-janvier de la même année sa sécularisation, il sortit définitivement de l’ordre franciscain et, le 5 février 1789, il quitta Stuttgart et alla à Bonn, où, par l’entremise du carme Thaddée Dereser, il avait été promu professeur de belles-lettres à l’université. Cela ne doit pas étonner quand on sait que, dès ses études à Wurzbourg, il s'était appliqué à la poésie qu’il ne cessa de cultiver et de perfectionner pendant toute sa vie, comme en témoigne le recueil de poésies, qu’il publia sous le titre : Gedichte, Francfort, 1790. A Bonn il se révéla dans son enseignement adversaire acharné des doctrines traditionnelles de l'Église et défenseur opiniâtre des théories nouvelles. Il composa d’ailleurs pour ses élèves un manuel de religion élaboré exclusivement dans le sens fébronien et rationaliste : Kateehelischer Unterrieht in den allgemeinsten Grundsâtzen des praktisehen Christentums, Bonn et Cologne, 1790, mis à l’Index par un décret du 28 mars 1791.

Son séjour à Bonn fut toutefois de courte durée. Il tomba en disgrâce en mai 1791 et, craignant d'être emprisonné, il s’enfuit à Strasbourg, où il devint professeur de droit canonique et d’homilélique à l’université constitutionnelle et vicaire de l'évêque constitutionnel Brendel. Il se jeta à corps perdu dans le mouvement révolutionnaire, dont il embrassa les théories cl, le 12 juillet 1791, il prêta le serment constitutionnel. En décembre de la même année, il fut élu membre du

conseil communal de Strasbourg, fut pendant peu de temps maire délégué de Haguenau et exerça enfin les charges de commissaire civil auprès de l’armée et de dénonciateur public près du tribunal révolutionnaire. En cette dernière qualité il fit guillotiner une trentaine de personnes. Enfin, il renia publiquement son sacerdoce et abjura sa foi. Malgré ses nombreuses occupations, il trouva encore le temps de publier de nombreux opuscules, plus impies les uns que les autres, en partie en allemand, en partie en français, en partie en latin. On en trouvera la liste dans Cl. -A. Baader, Lexikon verstorbener baierischen Schrijtsleller des xviii. und XIX. Jahrhunderts, t. i, Augsbourg et Leipzig, 1824, p. 210-213. De plus il fonda et rédigea la feuille hebdomadaire révolutionnaire intitulée Argus, der Mann mit lumderl Augen, Strasbourg, 1792-1793. E. Schneider avait aussi publié les normes et les directives pour la nouvelle disposition des études théologiques en France : De novo rerum Iheologicanim in Francorum imperio ordine commentatio, Strasbourg, 1791. Toutefois, à partir de la fin de 1793, sa position devint de jour en jour moins sûre et moins stable à Strasbourg, où les révolutionnaires cherchaient à le perdre. Ayant épousé, le 18 décembre 1793, une certaine Sarah Stamm de Barle-Duc, il fut arrêté dès le lendemain à Strasbourg sous l’inculpation d’injustice commise envers les révolutionnaires et exposé pendant quatre heures au publie lié à la guillotine. Transféré à Paris, il y entendit prononcer, le 1 er avril 1794, son arrêt de mort et monta le même jour sur l'échafaud pour être à son tour guillotiné. D’après des rumeurs difficiles à contrôler il se serait repenti avant de mourir et aurait accepté la mort comme la punition méritée de ses crimes.

Biographie des Herrn P. Eulog Schneider, bischôflichen Vikars in Strassburg, Strasbourg, 1791 ; Eulogius Schneider* Leben und Schicksale im Vaterlande, Francfort, 1792 ; Eulogius Schneiders, ehemaligen Professors in Bonn, etc. Schicksale in Frankreich, Strasbourg, 1797 ; F.-C. Hcitz, Notes sur la vie et les écrits d’Euloge Schneider, Strasbourg, 1862 ; F.-X. Wegele, Eulogius Schneider, dans Historicité Zeilschrift, t. XXXVII, 1877, p. 257-292 ; L. Ehrhard, Eulogius Schneider, sein Leben und seine Schriften, Strasbourg, 1894 ; E. Mulilenbeck, Euloge Schneider, Strasbourg, 1896 ; E. Hamel, Euloge Schneider, Paris, 1898 ; Beck, Eulogius Schneider und Schubarl in Stuttgart, ein Hojprediger und Hofpoel, dans Diozesanarchiv von Schwaben, t. xvrn, 1900, p. Gô-72 ; .T.-B. Sagmullcr, Die kirchliche Aujklârung am Ilote des Iterzogs Karl Eugen von Wiirttemberg, Pribourg-en-Br., 1906, p. 81-108 ; J.-R. Haarhaus, Antipapstliche Umtriebe an einer kalholischen Universitàt (Bonn), dans Ilislor. Vierleljahrschrilt, t. iv, 1901, p. 331-354 ; E. Sitzmann, Dictionnaire de biographie des hommes célèbres de l’Alsace, t. ii, Rixhelm, 1910, p. 703-705 ; L. Oliger, Eulogius Schneider ah Eranziskaner, dans Franzisk. Studien, t. iv, 1917, p. 368394 ; le môme, Zwei Briefe und ein Gediclit von Eulogius Schneider, dans la même revue, t. v, 1918, p. 192-206 ; le même, Eulogius Schneider als Hofmeister in Stuttgart nach der Korrespondenz seines Kollegen P. Firmus Bleibinhaus, dans la même revue, t. VIII, 1921, p. 292-297 ; II. Baier, Die Briefe des P. Firmus Bleibinhaus. Ein Beitrag zur Geschiehle der kirchlichen Aufklârung am Ho/e des Herzogs Karl Eugen von Wiirttemberg, dans Wiirttemberg. Vierteliahrsh. f. Landesgesch., neue Folge, t. xxviii, 1919, p. 76-166 ; K. Eubcl, Eulogius Schneider, dans Katholik, t. xcviii, 1918, p. 9198 ; E. Nacken, Eulogius Schneider, Bonn, 1933 ; le môme, Eulogius Schneider und Salzbwg, dans Mitleilungen d. Gcsellsch. f. Salzbwger Landeskunde, t. i sxiv, 193 I, p. 169179 ; P. Paulin, Der humanistiche und philosophisch-lheologlsche Bildungsgang Eulogius Schneiders (1768-1789), dans Arch. f. Elsass. Kirchen-Geschichte, t. ix, 1934, p. 287336.

A. Teetært.

Imprimé en France. — Letouzev et Am ;, 87, Boulevard Baspail, Paris-VI. - 19.18.