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SCHNEIDER (EULOGE)


hodie féliciter tend, splendoris gradum, acccdenlibus prœcipuc summorum principum curis alque (avoribus, fuit redacta.

Sa philosophie achevée, Euloge Schneider fut transféré au couvent de Salzbourg, pour s’y adonner, pendant trois années, à l'étude de la théologie. Il n’y fréquenta cependant pas l’université des bénédictins, comme on l’a cru jusqu'à ces dernières années. Il y fut ordonné prêtre le 23 décembre 1780, donc pendant sa première année d'études théologiques. Ici, comme en philosophie, le nouvel Ordo docendi de 1776 avait pris à tâche d’adapter l’enseignement de la théologie aux exigences du temps et ne prescrivait plus de suivre la méthode scolastique ni la doctrine de Duns Scot ; il conseillait plutôt aux professeurs de se servir des ouvrages de leurs confrères contemporains et de conf oi mer leurs enseignements à celui des plus célèbres théologiens de l'époque. Et, de fait, on trouve des traces très prononcées de doctrines nouvelles dans la dissertation d’Luloge, du G mai 1783, faite à la fin de ses études, qui porte le titre Séries idearum theologicarum, Salzbourg. 1783, et s'étend à toute la théologie. Les thèses qui y figurent furent de nouveau défendues sous le patronage du professeur franciscain Florent Mayr et trahissent une double influence, celle de l’Ordo decendi et celle de la méthode suivie par les bénédictins de l’Université. Plusieurs thèses manifestent aussi un scipticisnie prononcé, par exemple par rapport à l’incoiporéité des anges ; d’autres supposent une contradiction entre la raison et la foi ; sur le primat du pape, Euloge s’explique dans un sens assez lai ge : Quumvis autem primutum S. Pontificis cum cmni rétro Ecctesia difaidanws, eum tamen aut infallibikm esse, aut nullis prorsus legum terminis circumscriplum, aut concilio universali superiorem ex natura primatus haud reele in/erri arbitramur. Voir P. Paulin, Der humanislische und philosopliisch-theologische Bildungsgang Eulogius Schneiders ( 1768-1789), dans Arch. f. Elsàssische Kirchen-Geschiclde, t. ix, 1934, p. 305308. La position piise par qiulques professeurs franciscains et quelques-uns de leurs élèves, surtout par E. Schneider, dans plusieurs thèses philosophiques est due, d’après P. Paulin, ibid., p. 308, à des influences exercées sur eux par des savants étrangers au studium franciscain, principalement par les professeurs bénédictins de l’université, avant tout par le bénédictin A. Schelle, avec lequel E. Schneider entretint, même comme étudiant, des relations fréquentes, qui alarmèrent ses supérieurs.

Ayant terminé ses études théologiques le 6 mai 1783, Euloge Schneider fut tpprouvé par le chapitre provincial, tenu à Aug bouig le 8 juin 1783. comme prédicateur et confesseur et envoyé au couvent de Bambcrg, pour y pai faire ses connaissances théologiques et se préparer au lectorat par des études plus approfondies de la sainte Écriture et du droit canonique. Ces branches y étaient enseignées par deux franciscains, adversaires acharnés du fébronianisme, du rationalisme et du libéralis me théologique, Jacques Berthold et L. Sappel. Sous l’influence de ces professeurs, E. Schneider abandonna pour un moment les doctrines nouvelles, qui s'étaient infiltrées dans son esprit, surtout à Wurzbourg et à Salzbourg et, sous la direction de Jacques Berthold, il tint, le 7 juillet 1784, dans l'église des mineurs, avec son confrère B. Kugler, une dispute publique, dans laquelle il défendit la vie de Jésus, telle qu’elle est exposée dans les quatre évangiles, contre les attaques impies des critiques bibliques incroyants, nommément contre un adversaire connu sous le p ieudonyme de Horus. Cette dis pute, qui constituait une partie de l’examen requis pour la promotion au lectorat et dans laquelle E. Schneider se rattache au courant traditionnel de l'Église, fut publiée sous ce

litre : Spécimen hermeneuticum in vilain Jcsu Cliristi Filii Dei incarnali, secundum quatuor evangelicos ( !) contra Horum aliosque hujus commatis incredulos, Bamberg, 1784, in-8°, 139 p. Voir L. Oliger, O. F. M., Eulogius Schneider cds Franziskaner, dans Franziskanische Studicn, t. iv, 1917, p. 376-378. Selon P. Paulin, art. cit., p. 315-318, l’adhésion d’E. Schneider à la méthode et aux doctrines traditionnelles de l'Église pendant ses études à Bamberg aurait été plus apparente que réelle.

Après l’achèvement de ses études préparatoires au lectorat, E. Schneider fut envoyé, le 12 septembre 1784, au couvent d’Augsbourg comme professeur de philosophie. Il y trouva l’occasion de divulguer les idées nouvelles et les doctrines fébroniennes et rationalistes, qui depuis un certain temps travaillaient son esprit. 11 étudia les ouvrages de tous les novateurs, par exemple Ch. WollT, A. Schelle, J.-M. Feder, J.-J. Rousseau, Condillac, Montesquieu, Descartes, approfondit leurs systèmes, s’assimila leurs doctrines et leurs théories et les enseigna à ses élèves, comme le témoignent les ouvrages qu’il publia à cette époque.

Le premier ouvrage qu’il lança dans le public fut une traduction allemande du Giornale ecclesiastico di lioma : hômisches Kirchenjournal, Aug.bourg, 1785, en 2 vol. Comme il y voulait contenter autant les novateurs que les conservateurs, il reçut des critiques des deux côtés, principalement cependant de la part des fébroniens. Comme il avait tâché de se gagner ces derniers dans l’introduction du t. ii, ses supérieurs lui défendirent de continuer la traduction de ce journal. Cette duplicité se manifesta encore dans un sermon qu’il tint dans l'église des franciscains d’Augsbourg, le 25 novembre 1785, fête de sainte Catherine, patronne des philosophes, sur la tolérance chrétienne. Le but poursuivi dans ce sermon est patent : préparer le terrain pour une adhésion complète et entière au courant nouveau et pour une opposition radicale à l'Église et à son enseignement. Ce sermon fut édité sous le titre : Predigt ùber die christliche Tolerunz auf Katharinentag 1785 gehalten zu Augsburg, Stuttgart, 1786.

Avec J.-M. Feder, professeur à l’université de Wurzbourg, il traduisit du grec en allemand les homélies de saint Jean Chrysostorne sur l'évangile de saint Matthieu : Des heiligen Johannes Chrysostomus… Reden iiber dus Evangelium des heiligen Matthaus ausdem Griechischen nach der neuesten Pariser Ausgabe iiberselzt und mit Anmerkungen versehen, dont le t. i parut à Augsbourg, en 1786, en deux parties in-8°, xxiv471 et viii-424 p. Le t. ir, également en eleux parties in-8°, xvi-440 et viii-300 p., ne vit le jour qu’en 1787, à Augsbourg, quand E. Schneider était prédicateur à la cour du duc de Wurtemberg.

Qu’E. Schneider ait adhéré complètement au courant philosophique nouveau et enseigné à ses élèves les théories fébroniennes et rationalistes, cela résulte d’un opuscule intitulé : Spécimen cognitionum philosophicarum, Augsbourg, 1786, dans lequel il défend ouvertement les théories nouvelles contre la philosophie scolastique et les doctrines traditionnelles, qu’il taxe d’erreurs du passé. Après avoir déterminé la notion et la signification de la philosophie et donné un aperçu sur son histoire, il traite en deux parties de la philosophie théorique et pratique. Tandis que, dans la première partie, il reprend les théories de Ch. Wolfï, J.-M. Feder, J.-J. Rousseau, Condillac et Montesquieu, il attaque avec acharnement la philosophie scolastique, à laquelle il reproche d’avoir causé de nombreux dommages au genre humain, dans la seconde il se rattache surtout à A. Schelle, qui, en 1785, avait publié sa Praktische Philosophie et aux doctrines du Contrat social de J.-J. Rousseau. Les mêmes tendances se