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SCHLEIERMACHER — SCHLOSSER (BONAGRATIA)

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sans avoir d’abord réglé ses comptes avec les idées du célèbre théologien.

Et voici qu’au xxe siècle, un second retour de faveur s’est produit autour de son grand nom. Dans les ci nies néo-protestants des vingt premières années qui ont suivi 1900, on a vii, en Allemagne, se multiplier les travaux sur sa doctrine. Dunkmann pouvait écrire : « La littérature sur Schlciermacher et sa degmatique a été très riche en ces dernières années. » Dans les seules années de guerre 1915 et 1916, on vit paraître trois monographies importantes sur Schlciermacher, l’une de Wendland : Die religiôse Enta icklung Schleicrmaclirrs (L'évolution religieuse de Schlciermacher), Tubingue, 1915, les deux autres de Dunkmann : Die Nachwirkungen der theologischen Principienlehre Schleiermachers (L’influence ultérieure des principes théologiques de Schleiermacher), Giitersloh. 1915 et Die theologische Principienlehre Schlcicrmacliers nach der kurzen Darstellung und ihre Begriindung durch die Ethik (Les principes théologiques de S. en un court exposé et avec leur démonstration par l'éthique), Giitersloh, 1916. Ces deux auteurs ne ménagent pas les éloges à leur héros. Selon Dunkmann, « il n’est pas douteux que, parmi toutes les figures dominantes de l’histoire du protestantisme, Schlciermacher a été l’esprit le plus complet (vielseiligsle) et le plus suggestif dans tous les domaines (ùbcrall anregendsle) ». Dunkmann, Die Nachwirkungen…, p. 9. Wendland, de son côté, déclare que, dans les combats autour de la nature et de la surnature, « nul ne pourra mieux nous aider que Schleiermacher ». Die religiôse Entwicklung Schleiermachers, p. 2.

Ce que les admirateurs anciens et récent s de Schleiermacher ont surtout rckvé dans son œuvre, c’est l’idée, géniale selon eux, de chercher à préciser ce qui, sous toutes les formes de la religion, reste l’essence de la religion en général. La philosophie de l’Aufklàrung avait déjà posé le problème. Elle ne voulait plus voir que le fonds commun à toutes les religions. Mais, tandis que les philosophes des « lumières », au xvin c siècle, n’avaient trouvé qu’un résidu desséché et incolore, pour en faire ce qu’ils appelaient la « religion naturelle », Schleiermacher, selon M. Paul Wernle, aurait su atteindre ju : qu’au centre de la vie religieuse effective et colorée. Wernle. Einjùhrung in dus theologische Studium, Tubingue, 1911, p. 270.

Pour le théologien catholique, cette recherche de l’essence de la religion serait excellente, si elle ne se doublait d’une indifférence croissante pour tout ce qui sera déclaré étranger à l’essence. Dans un être vivant, tout est nécessaire sinon à la vie, du moins à l’intégrité. On ne p. ut pas se contenter de l’essence de l’humanité. Elle est un tout dont il ne faut rien distraire. La poursuite du « noyau » peut se montrer tout à fait illusoire. Pour un convive, peler la poire jusqu’aux pépins, c’est se ménager un maigre dessert, et c’est du même coup indiquer que le fruit était gâté ! En fait, la théologie de Scht. krmacher est une étape logique dans l'évolution du protestantisme. Quand Luther avait formulé le principe du biblicisme, il croyait bien avoir découvert un principe d’unification entre tous les croyants sincères..Mais le biblickme se révéla, au contraire, une force centrifuge, un principe de divergences. Au temps de Bossuet et de Juricu, le protestantisme ne pouvait plus se donner les apparences de l’unité qu’en se rattachant à la conception des « vérités fondamentales » autour desquelles toutes les Églises dissidentes étaient censées d’accord. C'était la première étape. Elle fut rapidement franchie. Des vérités fondamentales, il fallut passer, un siècle plus tard, à l’accord sur « l’essence du christianisme ». Mais cette poursuite de l’essence, à la suite de Schleiermacher, s’est révélée à son tour fallacieuse. Les distillateurs ne sont pas arrivés

aux mêmes résultats. Le christianisme n’a cessé, au cours de ces opérations réductrices, de s’amenuiser, de s'évanouir. Le Christ avait pourtant comparé sa doctrine au grain de sénevé, mais non point pour engager ses disciples à conserver ce grain dans un sachet depapier. Il confia lui-même la semence au sol de son Église. C’est toute la plante qui en est sortie et non pas la graine seulement qui était son œuvre à lui, l'œuvre divine du Rédempteur des hommes. Le protestantisme, dans sa recherche du noyau ou de l’essence, méconnaît la loi fondamentale de la vie. Un gland est-il davantage un chêne que l’arbre qui en est sorti ? L’homme mûr est-il moins un homme que l’enfant ? L'Église avait reçu un dépôt divin, mais ce dépôt n'était pas une chose morte, c'était une semence divine. Il faut prendre l'Évangile avec tout ce qui en est sorti, par voie d'évolution de vie. Le fruit n’est pas gâté. Dieu même lui a promis la durée incorruptible.

I. Sources.

Schleiermacher a beaucoup prêché ci beaucoup écrit. Nous avons cité un certain nombre de ses ouvrages. Une édition complète de ses œuvres fut publiée chez Reimer, Berlin, en trois sections : I. Théoloyie, 13 vol. II. Prédications, 10 vol. III. Philosophie, 9 vol.

II. Littérature.

Elle est extrêmement riche. Signalons seulement la vie publiée par L. Jonas et W. Dilthey. sous ce titre : Aus Schleiermachers Leben in Bricfen herausqeæben, 4 vol., Berlin, 1858-1863 ; en outre : Dilthey, Schleiermachers Leben, 2 vol., Berlin, 1867. Nous avons cité, dans le corps de l’article les travaux récents sur Schleiermacher. Pour la bibliographie plus ancienne, voir Realenzgklopàdie (protestante), t. xvii, p. 587 srj.

L. Cristiani.

    1. SCHLOSSER Bonagratia##


SCHLOSSER Bonagratia, frère mineur capucin (xviic siècle). — Originaire de Habsheim, dais l’arrondissement de Mulhouse, où il naquit en 1604, il entra, après s'être adonné aux études de droit et de médecine, chez les capucins de la province suisse, dans laquelle il fit profession le G avril 1624. Il exerça la chai ge de lecteur pendant de nombreuses années et fut, à plusieurs reprises, gardien et définitcur. Il eut aussi des succès comme prédicateur. Bien que son nom ne se rencontre point dans les relations de la division de la province monastique suisse, en 1668, Bonagratia en fut toutefois un des principaux auteurs d’après le P. Edouard d’Alençon. Voir Analccta ord. capuc, t. xxvi, 1910, p. 81. Il passa d’ailleurs à cette date à la nouvelle province de Souabe ou d’Autriche antérieure. Il mourut à Fribouig-en-Bri : gau, le 3 mars 1672, d’après Bernard de Bologne, Bibliotheca scriplorum ord. capucinorum, Venise, 1747, p. 50, le 13 mars 1672, d’après Romuald de Stockach, Historia prov. Antericris Auslrise jr. min. capucinorum, Kcmpten, 1747, p. 263.

Bonagratia est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le principal est sans conteste Summula selcclarum quæslionum regularium, Fribourg-en-Br., 1663, in-8°, 18-759-9 p. Peu après il y ajouta des Additamenta summulse selcclarum quæstionum regularium. ibid., 1665, in-8°, 34-245 p. Bien que le frontispice porte 1665 comme année d'édition, les Additamenta ne parurent qu’en 1666. En effet, dans la Singularis adverlenlia, datée de 1666 et mise en tête de l’ouvrage, Bonagratia avertit le lecteur que, depuis l’apparition de la Summula, trois années auparavant (donc en 1663), plusieurs propositions de morale avaient été censurées par un décret romain du 2 octobre 1665, promulgué, le 3 avril 1666, à Constance, où il résidait. Ayant eu connaissance de ces censures, il donna ordre de surseoir à l'édition des Additamenta, jusqu'à ce qu’il eût fini de revoir et de corriger son texte d’après les données du décret apostolique. Les corrections à app nier ne sont pas publiées dans le texte même des Additamenta, mais à la suite de la Singularis adverlentia. Ainsi donc les Additamenta étaient déjà imprimés,