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1385 SCHISME BYZANTIN. RAPPORTS AVEC LE CATHOLICISME 1386

1929, n’a reçu son tomos d’autocéphalie que le 12 avril 1937 par un décret synodal du patriarcat œcuménique, après avoir passé une huitaine d’années sous les anathèmes de ce dernier. Son chef porte le titre de « métropolite-archevêque de Tirana-Dyrrachium-Elbassan et de toute l’Albanie, président du synode de la sainte Église orthodoxe autocéphale d’Albanie ». Le synode est composé des trois autres évêques de la région, dont les sièges sont Corytza, Bérat-AulonaKanina, et Argyrocastro. Il est entendu que l'Église d’Albanie demandera le saint-chrême à l'Église de Constantinople. Le nombre des fidèles est de 180 000 environ. Voir le texte grec du tomos d’autocéphalie dans la revue 'Op0080 ; b, t.xii, 1937, p. 111-113, et sa traduction française dans les Échos d’Orient, t. xxxvi, 1937, p. 354-356.

d) Lithuanie. — Les « orthodoxes « du nouvel État de Lithuanie se sont réunis automatiquement en groupe religieux autocéphale sans demander la permission à personne. Leur chef est l’archevêque de Kaunas. Us sont 25 000 environ, tandis que les starovières ou vieux-croyants russes comptent 32 500 adhérents.

e) Finlande. — Les orthodoxes de Finlande, dans un synode tenu à Viborg, le 27 juin 1919, demandèrent d’abord leur autonomie au patriarche russe Tykhon, qui la leur accorda dès 1920. Mais vu la quasi-impossibilité de communiquer avec ce dernier à cause de la persécution soviétique, les autorités ecclésiastiques recoururent au patriarche de Constantinople par l’intermédiaire du gouvernement finlandais pour obtenir l’autocéphalie de leur Église. Le patriarche œcuménique accorda non l’autocéphalie complète mais une large autonomie et sacra lui-même l'évêque de Carélie, Germain Aava, le 8 juillet 1923. Le 9 juin 1925, celuici reçut le titre « d’archevêque de Carélie et de toute la Finlande », titre approuvé parle patriarche œcuménique le 8 février 1926. Un nouveau règlement organique de cette petite Égl ise de 73 587 fidèles (dont 8 000 Russes) est entré en vigueur en 1926. Il y a deux diocèses : celui de Carélie (résidence à Helsingfors) et celui de Viborg. Dans le diocèse de Carélie, qui compte 51 000 fidèles, la langue liturgique est le finnois ; dans celui de Viborg (19 000 fidèles), c’est le slavon qui domine. Pour gouverner cette minuscule autonomie on a cru nécessaire de créer deux synodes, l’un permanent composé des deux évêques, d’un clerc et d’un laïc ; l’autre périodique, comprenant un certain nombre de délégués clercs et laïques et se réunissant tous les cinq ans.

I) L'Église autonome d’Esthonie ressemble beaucoup à celle de Finlande. Comme celle-ci, elle a obtenu son autonomie du patriarcat de Constantinople en juillet 1923. Les fidèles, dont la plupart sont d’anciens luthériens convertis à l’orthodoxie russe, arrivaient au chiffre de 212 764, en 1935. Il y a deux évêchés : celui de Narva pour les Russes, et celui de Tallinn (Rêvai) pour les Esthoniens. Dans le premier, la langue liturgique est le slavon, dans le second, c’est la langue esthonienne.

g) L'Église orthodoxe de Tchéoslovaguie, qu’il ne faut pas confondre avec l'Église nationale tchécoslovaque, groupe schismatique de rite latin constitué après la guerre, est depuis 1925, une autonomie sous le haut patronage du patriarcat serbe d’Ipek. Avant cette date, les orthodoxes de Tchécoslovaquie s'étaient organisés en Église autonome sous la tutelle du patriarcat œcuménique, qui leur avait donné pour chef, le 8 mars 1923, l'évêque Sabbazd. Le changement de juridiction se produisit à l’occasion de la scission qui se fit, en 1925, parmi les membres de l'Église nationale tchécoslovaque. Une minorité de ces schismatiques, rebutée par les tendances protestantes de la majorité, se joignit alors aux orthodoxes et c’est ce qui fait que

cette autonomie orthodoxe compte quelques fidèles de rite latin. Elle a vu le nombre de ses membres augmenter considérablement dans ces dernières années par la défection d’environ 200 000 Ruthènes unis de Podcarpathie, pour lesquels on a créé l'éparchie de Lukacevo. Le total des fidèles se monte à 250 000. Cf. K. Algermissen, Konjessionskunde. Ein Handbuch der christlichen Kirchen und Sektenkunde der Gegenwarl, Hanovre, 1930, p. 319.

h) Enfin, l'Église du nouvel état de Lettonie a senti récemment le besoin de se placer sous la tutelle du patriarcat œcuménique, après avoir vécu dans l’indépendance complète jusqu’en 1935. C’est désormais une simple autonomie. Le patriarche œcuménique Benjamin I er l’a reconnue sous ce titre par un tomos synodal daté de février 1936. Voir le texte original de ce document dans la revue 'OpOoSo^îa de mars 1936, p. 104-107, et sa traduction française dans les Échos d’Orient, t. xxxvi, 1937, p. 360-362. L'Église porte le titre de Métropole autonome de Riga et de toute la Lettonie. Le métropolite est choisi par le patriarche œcuménique surles trois noms que lui présente l’assemblée élective présidée par l’exarque patriarcal. On voit que la sujétion est assez directe. En 1935 la métiopole comptait 174 389 orthodoxes, dont la moitié d’origine russe. Il y a, en plus, dans l'État de Lettonie, 107 195 starovières.

On compte donc, à l’heure actuelle, 18 Églises indépendantes issues de l’ancienne Église byzantine, dont 12 aulocéphalies proprement dites et 6 autonomies. Les autonomies sont : l'Église de Crète, l’archevêché du Sinaï, l'Église de Finlande, l'Église d’Esthonie, l'Église de Tchécoslovaquie, l'Église de Lettonie. Il faudrait dire 28 Églises et plus, si l’on tenait compte des groupes autonomes sortis de l'Église russe depuis 1917. Les groupes de vieux-croyants ou starovières russes qui ont conservé le sacerdoce méritent aussi de figurer parmi les Églises autocéphales byzantines, puisqu’elles ne se séparent des autres que sur des questions secondaires et sont plus proches, en fait, de l'Église catholique romaine que plusieurs autres aulocéphalies.

II. //ATTITUDE DE L’ECU SE 0RÉC0-RO38E VIS-A-VIS HE L'ÉGLISE CATHOLIQUE DANS LA PÉRIODE MODERNE. — Nous entendons ici par Église gréco-russe l’ensemble des Églises autocéphales de rite byzantin issues de l’ancienne Église byzantine, celles-là mêmes que nous venons d'énumérer. Ce terme d'Église grécorusse est une expression commode, mais qui ne doit pas faire oublier que ce singulier cache une pluralité d’Eglises. Il est, du reste, fort critiquable, tout comme ses équivalents : Église gréco-slave, Église des sept conciles, Église orientale, Église orthodoxe, Église orientale-orthodoxe, Église schismatique, Église schismatique orientale, Églises autocéphales, Église photienne, etc. Aucune de ces appellations n’est satisfaisante et ne répond pleinement à la réalité. La plus exacte serait : Les Églises autocéphales de rite byzantin et nous l’aurions choisie si elle n'était trop longue. Nous optons pour le terme Église gréco-russe, qui est pris du point de vue ethnique et national. Il désigne à la fois la race d’où sont sortis les premiers auteurs du schisme byzantin et qui adhère encore à ce schisme dans sa presque totalité et la nation qui fournit le plus grand nombre des fidèles de cette Église et en a été le grand soutien jusqu'à la guerre de 1914. Il est particulièrement convenable du point de vue théologique, al tendu que presque tous les théologiens de marque de cette Église jusqu'à nos jours ont été des Grecs et des Russes. Il a aussi l’avantage de ne pas froisser les dissidents, qui l’emploient parfois eux-mêmes.

Comme l’expression Église gréco-russe ne désigne pas une seule Église, mais plusieurs Églises totalement indépendantes les unes des autres et étroitement