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SCHISME BYZANTIN. PATRIARCATS ORIENTAUX


l'État comme l'Église dominante du royaume. Elle est, en fait, de nos jours, l'Église autocéphale la plus nombreuse après l'Église russe, si morcelée en ce moment. Aussi a-t-elle tendance à vouloir jouer le premier rôle au sein de l’orthodoxie orientale. Elle a adopté le calendrier grégorien le 14 octobre 1924. La réforme a soulevé des protestations assez sérieuses, surtout en Bessarabie où de nombreux centres observent encore le vieux calendrier en dépit des objurgations du SaintSynode et des mesures de police. Les opposants commencent à tourner à la secte. On les appelle les stylistes. Le royaume de Roumanie renferme des minorités importantes de latins catholiques, de catholiques roumains de rite byzantin, de protestants et de plusieurs sectes d’origine diverse. Il en est longuement question à l’article Roumanie, ci-dessus, col. 17-101. Voir les statuts du patriarcat roumain dans les Échos d’Orient, t. xxv, 1926, p. 61-70 ; t. xxxii, 1933, p. 488-492.

Avant de passer aux autocéphalies nouvelles nées après la guerre, nous devons compléter brièvement les articles déjà anciens consacrés dans ce dictionnaire aux trois patriarcats orientaux d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, à l'Église de Chypre et à l'Église de Constantinople elle-même, dont la situation a bien changé dans les trente dernières années. Nous dirons enfin un mot de l'Église minuscule du Mont Sinaï, qui fait figure aussi d’autonomie ecclésiastique malgré le nombre insignifiant de ses sujets.

Alexandrie.

Le patriarcat grec d’Alexandrie

s’est accru rapidement en ces dernières années par l’afilux d'émigrés hellènes et syriens. Les sujets hellènes dépassent 100 000. Les Syriens de nationalité égyptienne sont environ 40 000. Quelques Hellènes ont déjà pris la nationalité égyptienne. L’antagonisme entre Grecs et Syriens amène souvent des conflits. On est arrivé à une entente en 1937 pour ce qui regarde le mode d'élection du patriarche, à l’occasion de la confirmation par décret royal du 2 avril 1937 du patriarche Nicolas V Evanghélidès, élu le 2 février 1936. Le patriarcat est divisé en 10 diocèses. Le diocèse patriarcal englobe les villes d’Alexandrie et du Caire. Parmi les 9 métropoles se trouve celle de Carthage, créée le 9 novembre 1931 et ayant juridiction sur toute la Mauritanie et l'île de Malte, qui relevait autrefois du Phanar. Une autre métropole est celle de Nubie, avec Khartoum pour siège. L'Église est gouvernée par un synode composé de tous les métropolites sous la présidence du patriarche. Il se réunit deux fois par an, au printemps et à l’automne. C’est lui qui nomme les évêques. Les décisions sont prises à la majorité des voix. Cette forme de gouvernement ecclésiastique rappelle de très près celle de la province ecclésiastique telle qu’elle est réglée par les canons des plus anciens conciles orientaux.

Antioche.

Depuis une quarantaine d’années, le

patriarcat d’Antioche a été souvent troublé par l’antagonisme entre Grecs et Syriens. À partir du xviir 3 siècle jusqu’en 1899, les patriarches ont toujours été de race grecque. En 1899, les Syriens, secrètement soutenus par la Russie, réussirent à faire élire un des leurs, Mélèce Doumâni, que les trois autres patriarcats grecs

I refusèrent de reconnaître. Le schisme dura jusqu’en 1909. Un nouveau schisme local a éclaté en 1928 entre deux candidats rivaux et s’est terminé en 1933 par la mort de l’un d’eux, la France, puissance mandataire de Syrie, ayant gardé une neutralité absolue dans le conflit. Le nombre des fidèles de cette autocéphalie a beaucoup diminué depuis la guerre de 1914. On l'évalue à 150 000 environ, habitant la Syrie, le Liban et la TransJordanie. Beaucoup ont émigré en Egypte et dans les deux Amériques. 9° Jérusalem.

Les luttes intestines entre l'élément

environ, et l'élément arabe, qui en représente 50 000, caractérisent aussi la vie intérieure du patriarcat de Jérusalem. La confrérie du Saint-Sépulcre, composée uniquement de Grecs, détient toutes les hautes charges depuis le xvie siècle. Patriarche et métropolites sont choisis dans son sein. Les Arabes s’agitent depuis longtemps pour faire modifier le statut organique de 1875 qui règle l'élection du patriarche de manière à assurer toujours la majorité aux Grecs. Jusqu’ici, ils n’ont obtenu aucun résultat substantiel, bien qu’un nouveau règlement ait été élaboré en 1934. À cause de ces luttes, le siège est resté vacant pendant quatre ans, après la mort du patriarche Damianos (14 août 193122 juillet 1935). Le nouveau patriarche, Timothée Thémélis a été élu sans la participation des délégués arabes. L'Église est gouvernée par un synode permanent composé du patriarche, de douze métropolites et de neuf archimandrites. Deux métropolites seulement ont un diocèse à gouverner, celui de Ptolémaïs (SaintJean d’Acre), et celui de Nazareth. Les autres sont purement titulaires.

10° Chypre. — La vieille autocéphalie de l'Église de Chypre n’a guère changé depuis la guerre, mais sa population a sensiblement augmenté, passant de 200 000 à 280 000 fidèles. Elle est divisée en quatre diocèses et gouvernée par le synode des quatre évêques dont le président est l’archevêque de Constantia en résidence à Nicosie. Compromis dans la révolte de 1931 contre la domination anglaise — on sait que l'île de Chypre est devenue olliciellement colonie anglaise en 1925 — les métropolites de Kition et de Kyrénia ont été expulsés et n’ont pas été remplacés. L’archevêque Cyrille est mort en 1933 et n’avait pas encore de successeur en 1936, faute de synode pour faire l'élection.

11° Constantinople. — Après l'Église russe, c’est le patriarcat de Constantinople qui a subi les modifications les plus profondes depuis la guerre balkanique de 1912. Il a perdu, en effet, la plus grande partie de ses fidèles, qui sont passés sous la juridiction des Eglises voisines : Eglise bulgare, Église hellénique, patriarcat serbe. De ceux qui lui restent encore, la plupart lui échapperont vraisemblablement dans un avenir prochain, et l’on prévoit déjà le jour où il sera réduit à la ville de Constantinople et à ses environs. On peut estimer à 400 000 environ le nombre des fidèles qui d’une manière médiate ou immédiate ressortissent encore à sa juridiction. Us se répartissent ainsi :

1. La métropole même de Constantinople avec les quatre diocèses de Dercos, Chalcédoinc, Prinkipo et Imbros commandant à 100 000 fidèles environ. Le clergé de cette portion, la seule qui vraisemblablement restera finalement au patriarcat, comprend outre le patriarche et les évêques des quatre diocèses indiqués, quatorze métropolites titulaires et six évêques également titulaires, ceux-ci préposés aux principaux quartiers de Constantinople. Parmi les quatorze métropolites titulaires, l’un est exarque patriarcal pour les Grecs de l’Europe centrale et réside à Vienne (fonction créée en 1924), l’autre, exarque patriarcal pour les Grecs de l’Europe occidentale et résida à Londres (création de 1922) ; un troisième est archevêque des Grecs d’Amérique, dont nous allons parler ; un quatrième régit la nouvelle métropole d’Australie, créée au début de 1924 pour les quelques milliers de Grecs qui habitent ce pays. Il faut signaler la petite Église schismatique de langue turque fondée par le papas Efthym et favorisée par le gouvernement turc malgré les anathèmes du patriarche.

2. Les quatre métropoles du Dodécanèse italien (Rhodes, Léros-Kalyinnos, Cos, Carpathos-Cassos) avec 120 000 fidèles environ. Le gouvernement italien demande avec insistance depuis 1929 qu’un lomos d’autocéphalie soit délivré à cette Église du Dodécanèse en