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SCHISME BYZANTIN. PATRIARCAT ROUMAIN


couj) plus grave. On sait que par phylétisme ou entend le système d’organisation ecclésiastique qui multiplie les autocéphalies et les diocèses non d’après le nombre des nationalités au sens juridique du mot, mais d’après celui des races (le mot phijlétisme vient du grec tpuXr] : tribu, race). Dans ce système, la juridiction est attachée non à un territoire déterminé mais à un groupe de fidèles de telle race. Il peut dès lors arriver que, sur un territoire donné, dans une grande ville, par exemple, il y ait quatre, cinq, etc., évêques « orthodoxes », si sur ce territoire, dans cette ville, un nombre égal de races sont représentées. Le cas n’est pas purement hypothétique. A New-York résident actuellement un évoque grec, quatre évêques russes d’obédiences diverses, un évoque roumain, un évêque melkite. Les Bulgares, en 1870, étaient tombés dans le phylétisme en établissant à Constantinople, dans le voisinage du Phanar, un évoque décoré du titre d’exarque pour les Bulgares de l’endroit. L’empêchement du phylétisme ayant à peu près disparu du côté bulgare, plusieurs tentatives ont été faites depuis 1914 pour réconcilier l'Église bulgare avec le patriarcat œcuménique. Les négociations ont été particulièrement actives entre 1930 et 1935. Elles ont échoué devant l’intransigeance des Bulgares qui ne paraissent pas attacher grande importance à la réconciliation avec une Église peut-être à la veille de disparaître, L'Église bulgare compte actuellement près de 5 millions de fidèles — exactement 4 661 829 en 1928 — répartis en onze éparchies ou diocèses et 1 700 paroisses.

Patriarcat roumain.

Avant la guerre de 1914, il

existait trois Églises autocéphales roumaines : l'Église du royaume de Roumanie, qui comptait 7 200 000 fidèles, l'Église roumaine de Transylvanie avec deux millions de fidèles environ, et l'Église roumaine de Bukovinc, à laquslle étaient juridiquement unis les Serbes de Dalmatie, la communauté grecque de Vienne et la communauté serbe de Vienne, c’est-à-dire tous les orthodoxes de l’Autriche proprement dite. Ces autocéphalies n'étaient pas anciennes. La première n’avait été reconnue officiellement par le patriarcat œcuménique qu’en 1885, mais elle s’administrait en fait d’une manière autonome, sous l'étroit contrôle de l'État, depuis janvier 1865. À cette date, le prince Couza, commandant à la Roumanie nouvelle créée par le traité de Paris de 1856, fit décréter à la fois par la représentation nationale et par le synode national la complète indépendance de l'Église roumaine vis-à-vis du patriarche de Constantinople. Selon son habitude en pareil cas, celui-ci protesta énergiquement. De part et d’autre on vécut dans un état voisin du schisme pendant vingt ans. Les relations normales ne reprirent qu’en 1885 par la capitulation du patriarcat œcuménique. Quant aux Roumains de Bukovinc, ils avaient d’abord été soumis au patriarcat serbe de Carlovitz. Us n’obtinrent l’autonomie de leur métropole, dont le siège était Sibiu (Hermannstadt), qu’en 186 4. On créa à cette occasion deux évêchés suffragants afin de pouvoir constituer un synode. Un statut organique fut promulgué le 28 mai 1869. La métropole disparate de Bukovinc, dont le siège était la ville de Ccrnovic (Çernauti) a une histoire semblable à la métropole de Transylvanie. D’abord dépendante de Carlovitz, elle ne devint autocéphale que le 23 janvier 1873. I.a guerre de 19Il ayant eu pour résultat de réunir en une seule nation les fidèles de ces trois groupes ainsi que les orthodoxes de l’ancienne province russe de Bessarabie, le principe de l’autocéphalisme n’a pas tardé à jouer. lui 1925, on a réussi, non sans peine, à uni lier les quatre groupes en mie seule Église nationale roumaine sous le titre de patriarcat roumain. Un statut organique, promulgué le 1 mai 1925, a été revisé en 1931. Le patriarcat est divisé en dix-huit diocèses groupés

autour des cinq métropoles de Bucarest (OungroValachie), Iassy (Moldavie), Sibiu (Ardeal), Çernauti (Bukovinc) et Chisinau (Bessarabie). La métropole de Sibiu conserve son organisation particulière.

Le patriarche porte le titre de « Très saint archevêque de Bucarest, métropolite d’Oungro-Valachie, trèsbienheureux patriarche de l'Église roumaine orthodoxe ». Il est élu parle Congrès national ecclésiastique, composé de tous les évêques et de six représentants de chaque diocèse, dont deux clercs et quatre laïques, et par les membres orthodoxes du Sénat et de la Chambre des députés, c’est-à-dire par une forte majorité de laïcs. Il est le président des quatre assemblées ecclésiastiques qui détiennent l’autorité ecclésiastique à des degrés divers, à savoir : 1. Le Saint-Synode annuel, assemblée purement ecclésiastique, composée de tous les métropolites, évêques, vicaires épiscopaux et de l’aumônier général de l’armée. Il est convoqué au moins une fois par an par décret royal. C’est la véritable autorité ecclésiastique s’occupant des affaires proprement religieuses : dogme, culte, discipline, enseignement religieux. Il se fait aider par cinq commissions synodales d’au moins cinq membres nommées par lui ; 2. Le synode permanent, qui se réunit au moins une fois par mois. Il comprend le patriarche et quatre membres élus par le synode annuel parmi ses membres, renouvelables par moitié tous les deux ans. Il fait exécuter les décisions du synode annuel et résout les questions urgentes sous réserve de l’approbation de l’assemblée plénière. Il est aidé dans ses travaux par cinq sections synodales ; 3. Le congrès national ecclésiastique, composé des membres du SaintSynode et de six représentants de chaque diocèse (deux clercs et quatre laïques), nommés pour six ans par les assemblées diocésaines, qui se réunit tous les trois ans et s’occupe de l’administration des biens ecclésiastiques, des œuvres d'éducation, etc. ; 4. Le conseil central ecclésiastique permanent, composé de quinze membres (trois par métropole, dont un clerc et deux laïcs), organe exécutif du congrès national et du synode annuel. Toutes ces assemblées délibèrent sous le contrôle du ministre des Cultes. Leurs décisions doivent avoir son approbation. L’article 4 du statut organique de 1925 dit en effet : « Le contrôle de l'État sur l'Église et ses organismes s’exerce par le ministre des Cultes, selon le mode prévu par la constitution. » Il est remarquable que dans tous les organismes en question, qui sont nombreux et compliqués, il y a régulièrement un tiers de clercs et deux tiers de laïcs, à l’exception des deux synodes annuel et permanent. Les évêques sont élus par un corps électoral comprenant le congrès national ecclésiastique, les membres de l’assemblée diocésaine (50 membres, dont les deux tiers laïcs) et de plusieurs hauts dignitaires (président du Conseil, ministre des Cultes. Us présidents des deux Chambres, de la Cour de cassation, de l’Académie roumaine, des recteurs des universités et des doyens des facultés de théologie). Chaque diocèse est gouverné par un évêque et un vicaire général. Les métropoles ont en outre un évêque auxiliaire. Celle de Bucarest en a deux. Quant à l’assemblée diocésaine, elle comprend de 30 à 60 membres selon le chiffre de la population. Le nombre des fidèles du patriarcal était en 1930 de 13 067 000, soit 72, 2 ° de la population loi aie du royaume de Roumanie. Il y a quai re facultés de théologie, une dans chacune des universités d'État (Bucarest, Çernauti, Cluj, Chisinau), dont les professeurs sont nommés par l’Klat, indépendamment de l'épiscopat, cinq académies théologiques et trois séminaires (au lieu de quatorze qui existaient naguère). Un évêché roumain a été créé à New-York, le 15 décembre 1927 ;

L'Église orthodoxe roumaine est reconnue par