Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/665

Cette page n’a pas encore été corrigée

1 3 1 5

    1. SCHISME BYZ##


SCHISME BYZ. CAUSES, LE CÉSAROPAPISME

1316

nique : « Ma volonté à moi est un canon : Obéissez, ou l’exil. » Athanase, Hist. arianorum, 33 : ».X’ôrcep èyô poûXo{i.oa, toùto xavùv vo[i.iÇsaOo) ; et Justinien I er (527-575), légiférant par ses innombrables novelles sur tout l’ensemble de la vie ecclésiastique, soumettant le pape Vigile à mille violences pour lui faire condamner les Trois-Chapitres et finissant tristement par la promulgation du décret qui imposait à tous ses sujets l’hérésie de Julien d’1 lalicarnasse.

Il est vrai que le eésaropapisnie impérial servit souvent les intérêts de l’Eglise. Il s’appliqua à ruiner le paganisme, à doter la religion nouvelle de biens temporels et de privilèges. Quelques-unes de ses immixtions furent heureuses pour le vrai catholicisme, si bien qu’à côté de l’histoire de ses méfaits, on pourrait écrire celle de ses services. Mais, tout compte fait, et mise à part la question de principe, les méfaits l’em portèrent de beaucoup sur les avantages. Du point de vue de l’unité de l’Église, il produisit trois effets désastreux : la nationalisation de l’Église, l’asservissement du clergé, l’hostilité sourde ou déclarée à l’égard des papes, qui furent souvent obligés de repousser ses attentats ou de s’opposer à ses prétentions.

Dès le iv c siècle, les agissements eésaropapiques des empereurs d’Orient tendent à isoler l’Église grecque de l’Église latine et renforcent son penchant à l’autonomie. Le christianisme oriental revêt un caractère ethnique très marqué. Il parle grec et ne connaît rien en dehors de ce qui n’est pas grec. Ce caractère s’accentua après la disparition de l’empire d’Occident et son invasion par les barbares. Avec Justinien, qui reconquit une partie de l’ancien empire occidental, il y eut bien une légère réaction dans le sens universaliste et catholique. Au Ve concile œcuménique, à la iiie session, on proclama docteurs de l’Église universelle, à côté des grands noms de la patristique grecque, les latins Hilaire, Ambroise, Augustin et Léon. Mansi, Concil., t. ix, col. 201-202. Mais cette réaction ne dura pas. Les Pères latins furent bientôt complètement oubliés. À partir d’IIéraclius (610-041), ce fut l’hcllenisation complète de l’empire comme de l’Église. Celleci, étant en fait dominée par le basileus, fait corps avec lui. C’est lui qui lui impose par la force ses décrets dogmatiques, si bien que les dissidents de l’orthodoxie officielle donnent le nom de melkites, c’est-à-dire d’impériaux, aux chrétiens qui la professent. Cette nationalisation de l’Église byzantine fait déjà prévoir le schisme comme une conséquence inéluctable pour le jour prochain où les évoques de Rome devront, par suite des circonstances, demander aide et protection aux nouveaux maîtres de l’Occident et esquisseront en leur faveur un rétablissement de l’ancien empire d’Occident. Cet acte sera considéré par les basileis comme une véritable trahison et l’idée catholique ne survivra pas longtemps, en Orient, aux rivalités politiques qui mettront continuellement aux prises le nouvel empire rétabli par les papes avec les souverains de Byzance.

Une autre conséquence lamentable du eésaropapisnie fut l’asservissement de la hiérarchie ecclésiastique aux volontés des empereurs. Ce mal. l’Église grecque n’est pas la seule à l’avoir connu. Il a sévi aussi dans la chrétienté occidentale et l’on sait du reste les longues luttes du Sacerdoce et de l’Empire pendant tout le Moyen Age. Mais, à la différence de l’Église d’Occident qui a I rouvé d’intrépides défenseurs de sou

indépendance, l’Église byzantine a eu trop peu de lutteurs, bien qu’elle n’en ail pas manqué complète ment. En général, l’épiscopal oriental s’est montré fort docile aux fantaisies dogmatiques de ses basileis. Il est déplorable que les prélats byzantins en soient venus à dire communément avec le patriarche Menas au synode de Constantinople de 536, que rien ne doit se

faire dans l’Église sans l’assentiment et l’ordre de l’empereur : xal 7ïpo0’/)xei (xvjSèv twv T7] ixyiu>~x-q)’ExxXyjaict. >uvou[iiva>v Trapà yvwpujv toù (3aot, Xscoç xal xéXeuatv yéveaOa’.. Mansi, op. cit., t. viii, col. 970. Aussi voyons-nous l’épiscopat oriental souscrire en masse aux décrets dogmatiques des empereurs..Sans parler des scandales des conciliabules ariens, qu’on se rappelle la défection des évoques devant Dioscorc au brigandage d’Éphèse, les 500 signatures données à Y Eneijclique de Basilisque, la publication de YHcnntiquc de Zenon dans Ions les patriarcats orientaux, l’affaire des Trois-Chapitres, les conciles monothélites de 038 et 039 approuvant VEethèse, celui de 712 pliant devant Philippique, enfin le grand synode iconoclaste de Hiéria, en 753, auquel participèrent 338 évêques. Ce qui montre bien que les empereurs commandent en maîtres à l’Eglise byzantine, même quand il s’agit de questions doctrinales, c’est que les hérésies et les schismes qu’ils ont provoqués par leurs décrets dogmatiques prennent fin aussi par leur initiative. Un concile œcuménique, auquel le pape est invité par le basileus et le patriarche, vient régulièrement terminer le conflit et les évêques byzantins retournent à l’orthodoxie avec la même unanimité qu’ils avaient manifestée à s’engager dans le schisme et l’hérésie.

Mais pourquoi y a-t-il schisme et hérésie ? C’est parce que l’évêque de Rome, centre de l’unité, résiste aux basileis, lorsque les intérêts supérieurs de la foi sont en jeu. Certes les papes se sont montrés fort patients et accommodants. Ils ont manœuvré aussi bien qu’ils ont pu pour éviter les conflits ouverts. Mais il y a eu des cas où ils ont dû répéter le Non possumus de Pierre. C’est alors que la colère des empereurs s’est tournée contre eux. Au iv « et au ve siècles, grâce à la sagesse des empereurs d’Occident, les évêques de Home, sauf le pape Libère, ont échappé aux sévices des basileis orientaux. Durant le schisme d’Acacc, Rome n’est plus au pouvoir de ces derniers. Mais dès que Justinien a reconquis l’Italie, les conflits ne tardent pas à éclater. L’-s papes Silvère, Vigile, Martin I er sont arrachés violemment de leur siège et soumis à d’odieux traitements, parce qu’ils refusent de plier devant la volonté impériale. Ou bien les basileis favorisent l’ambition du patriarche byzantin et l’associent à l’exercice de la primauté ecclésiastique qu’ils ont usurpée. Ils soutiennent en sous-main, et quelquefois ouvertëment, des prélats italiens en rupture avec le Saint-Siège. Constant II, par exemple, prend fait et cause pour l’archevêque de Havenne Maurus, qui est allé jusqu’à excommunier le pape Vitalien, et par un décret du 1 er mus 060 ordonne que les archevêques de Ravenne seront p mr toujours exempts de la dépendance de tout supérieur ecclésiastique, y compris le patriarche de l’ancienne Home. Mon. Germ. hist.. Script, rcrum Lnngob., p, 350 et 351 en note. Pargiire, L’Église byzantine de 527 à 847, p. 196-197. De mèm en 732, Léon l’Isaurien enlève par décret tout l’illyrieum oriental et les diocèses de l’Italie byzantine au patriarcat romain pour les incorporer au patriarcat byzantin et cela parce que Grégoire III a condamné l’iconoclasme.

Somme toute, pour la période qui va de la’mort de Constantin (337) à la fête de l’Orthodoxie (Il mars si :  ;), c’est -à-dire pour une période de cinq siée es. nous trouvons au moins deux cents ans pendant lesquels l’Église byzantine fui en rupture plus ou moins complète avec l’Église romaine. Ces années de séparation se répartissent sur si pi schismes, qui ont préludé au schisme définitif et y ont préparé les esprits. En voici la liste : 1° le schisme arien, défendu par Constance II el Valens, de 313 à 379 ; 2° le schisme occasionné par l’injuste condamnation de saint Jean Chrysostome avec l’appui des empereurs Arcadius et Théodose II,