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SCANDALE ESPÈCES

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lieu où il est accompli. Prier est excellent. mais le faire en présence d’impies exciterait souvent ceux-ci à blasphémer le nom de Dieu.

2° Un aile qui fournil l’occasion de péché, OU ou moins d’un dommage spirituel. Cette occasion existe, si l’acte par lui-même, vu les circonstances pratiques au inilicu desquelles il est produit, est suffisant selon toute probabilité pour entraîner dans le péché, grave ou léger, même si <le l’ail autrui ne succombe pas. On le voit, il n’est nullement requis que l’opus externum agisse à l’instar d’une cause. Peu importe également que l’omission ou la faute commise par celui qui s’j laisse aller soit de même espèce que celle qui eu a été l’occasion : il y a scandale chaque fois qu’il est prévisible, avec une certaine probabilité, qu’une omission ou qu’une action minus recta accomplie en public est susceptible d’amener le prochain, qui en a été le témoin, a uwe faute, qu’autrement il n’aurait pas commise, lai revanche, il n’y aurait pas péché de scandale, s’il est moralement certain ([Lie les témoins dcanl lesquels est posée l’action peccamiiu use sont pratiquement ou de vertu inébranlable ou, par contre, déjà nettement déterminés au péché au point que l’action extérieure n’ait sur eux aucune (irise. Toutefois le mauvais exemple peut être de nature à confirmer dans le mal des volontés mauvaises.

D’après l’opinion commune des théologiens, il n’y a pas non plus de scandale proprement dit lorsque l’acte « moins bon » arrête quelqu’un sur la voie de la perfection, sans toutefois le faire pécher. Il y aurait pourtant faille contre la charité, car celle vertu exige du chrétien qu’il donne partout le bon exemple : Sic luceat lux vestra coram hominibus, ut videant opéra vestra bona, <t ijlorijicent l’alrem vestrum, gui in cwlis est. Matth., v, 16.

Par occasion de pécher, nous entendons ce qui pourrait donner lieu à une faute l’orme le ; il n’y aurait pas scandale, si l’acte extérieur ne fournissait que l’occasion d’un péché matériel ou d’une juste indignation, d’un étonnement ou d’une diffamation de celui qui scandalise.

Ma’gré le dommage spirituel ou la diminution morale que peut amener un acte extérieur minus reclus, il va sans dire que celui-ci peut cependant être posé si l’agi nt est à même d’arguer d’une cause proportionnée au mal a craindre. Ultérieurement, au cours de cet article, nous aurons à revenir sur ce point avec plus de détails.

II. Espèces. La classification adoptée par les Ihéo’opk us varie selon le point de vue où ils se placent. Nous distinguerons donc le scandale en actif et en passif.

1° Le scandale actif. Le scandale actif est l’acte

extérieur répréhensible, au moins à cause des circons tances, et qui occasionne un dommage spirituel chez celui qui en est témoin. S’il est tenu compte de l’intention dont il procède, le scandale actif est direct ou

indiri ( t.

1. Il est direct, si l’agent, auteur de l’action, veut directement et d’une volonté expresse donner à autrui une occasion de pécher, par la persuasion, le conseil ou par le mauvais exemple pleinement délibéré.

Le scandale direct se subdivise a son tour en seau

dale diabo’ique et scandale simple. Il est diabolique si le péché formel est proprement recherché quatenus est peccatum, c’est-à-dire en tanl qu’il est offense a l’égard de Dieu mi qu’il est la ruine spirituelle <w pro cha in ; c’est le cas de celui qui tient des discours contre la foi. avec l’intention d’entraîner son semblable a

l’apostasie. I.e scandale est direct simpll nient, lorsque le pécheur ne tend qu’à son plaisir personnel ou a son utilité particulière. Ici le dommage spirituel du pro

Chain n’est poursuivi que mal ericlli nient. C’est le cas

de l’homme qui profère des paroles obscènes, honteuses ou lascives devant une femme, dans le dessein de l’amener a forniquer avec lui. Personnellement, il se rend coupable d’un "rave péché de scandale. Formellement, il ne recherche pas la ruine spirituelle de telle femme, mais uniquement à satisfaire sa volupté.

Au scandale direct les théologiens rattachent souvent ce qu’ils appellent le peccatum inductionis. Celuici existe quand quelqu’un provoque ou sollicite son entourage a pécher par des ordres, des conseils ou tout autre moyen analogue. Envisagé sous le rapport de l’efficacité, le scandale pourrait alors être dit causal taudis que dans la plupart des cas, il n’offre que l’occasion de pécher.

2. I.e scandale actif est indirect ou impropre, lorsque ce qui a été dit, fait ou omis n’est pas mauvais de sa nature et de soi, mais revêt cependant les apparences du mai, el que l’agent est à même de prévoir que son acte causera probablement la chute du prochain. Par exemple, sous peine de scandaliser, il n’est pas permis de retenir chez soi une femme suspectée par le public, même si celle-ci est de mœurs honorables et qu’il n’y ait moralement aucun danger de péché. L’apôtre saint Paul demande aux Thessaloniciens de s’abstenir de

toute apparence de mal », I Thess., v, 22, el à propos des idolothytes il écrit aux Corinthiens. « Toutefois, prenez garde qlie cette liberté dont vous jouissez ne devienne une occasion de chute pour les faibles. Car, si quelqu’un te voit, toi qui es un homme éclaire, assis à table, dans un temple d’idoles, sa conscience à lui qui est faible, ne le portera-t-elle pas à manger des viandes immolées aux idoles’.' Et ainsi se perd le faible par ta science, ce frère pour lequel le Christ est mort ! En [léchant de la sorte contre vos frères et en violenl ii il L leur conscience encore faible, vous péchez contre le Christ. C’est pourquoi, si un aliment est une occasion de chute pour mon frère, je me [lasserai pour toujours de viande, afin de ne pas être pour lui udv occasion de chute. » I Cor., viii, 9-13.

I.e scandale indirect est possible en de multiples circonstances, pratiquement chaque fois qu’un acte, de soi indifférent, ou moins bon. ou qui a l’apparence du mal, risque probablement d’entraîner autrui dans la déchéance, ou à l’abandon de sa foi, de ses pratiques religieuses ou a tout autre [léché. Il se produit plus facilement encore lorsque l’opus externum est posé par une personne qui occupe une place spéciale dans la société, tel un prêtre, une religieuse, un directeur d’œuvres, etc. Enfin il y a risque de scandale indirect si, inconsidérément, on exige d’autrui une chose eu soi légitime et que, ce faisant, on occasionne en ce dernier des fautes de haine ou de blasphème.

2° Le scandale passif. ("est le dommage spirituel lui-même du prochain, ou sa chute qu’a entraînée l’acte externe posé par l’agent ; il est le péché occasionné. C’est pourquoi il est à peu près par rapport au scandale actif ce qu’est l’effet à la cause : il est quelqu fuis dénommé le scandale accepté ou reçu. I ! y a le scandale passif qui est en même temps donné el accepté el celui qui n’a pas été donné, mais qui a élé reçu. I.e premier est celui qui est la conséquence d’un acte mauvais en soi ou qui a l’apparence du mal, et qui a été pour autrui l’occasion de sa diminution morale. Ce i r. nul existe lorsque quelqu’un loml>L> dans le péché, à l’occasion d’une omission, d’une conversation ou d’un aeie posé par autrui, mais uniquement à cause de. la mauvais ; - compréhension qu’il en a. Si cette chute provient de l’ignorance, de la faiblesse ou de la fragilité, elle est dénommée le scandale îles faibles. Mais i elle et la suite d la malice de celui qui pèche, elle (si appelée scandai ! pharisaïque par analogie avec la

position prise par les pharisiens, qui par méchanceté et par envie se scandalisaient des plus éclatants miracle- ;