1 IS3 S A T I S F A CT 1 N. A T T É N 1 1 A T IONS I) É F I N T I Y E S 184 déterminant lui même coniment pourra être progressivement rachetée une pénitence destinée en principe à durer toute la vie. ! l s’agit de relie qu’un vieux canon d’Ancyre prescrivait pour les meurtres volontaires. Le concile pro teste de sa volonté de conserver à cette prescription toute sa valeur : Institula eanonica et sanctorum Pairiim ilecrctd… inviolabilem habcant firmitatem. Mais des pasteurs d’âmes ont aussi à tenir compte (les conditions nouvelles de la vie et des difficultés particulières de leurs ouailles, pro moderni temporis qualitate et hominum fragilitate. Aussi, ne prolixum tempus pœnitentise générât fastidium negligentibus, sed cursim exercitatis occrescat opus salutis, leur parait-il utile de préciser exactement le mode et la durée de la pénitence à accomplir. Can. 54, Mansi, Concil., t. xviii, col. 156. Les quarante premiers jours en seront donc très rigoureux : interdiction d’entrer à l’église, jeûne de tous les jours au pain, au sel et à l’eau. Os quarante jours passés, une année encore d’interdiction de l’église ; saut les dimanches et fêtes, abstinence totale de viii, de viande et de fromage, à moins qu’on ne soit malade, qu’on ne fasse quelque long voyage ou qu’on ne doive séjourner longuement à la cour. La < rédemption de cette abstinence est prévue pour trois jours de la semaine, le mardi, le jeudi et le samedi. Elle s’obtiendra moyennant un denier ou sa valeur ou bien encore en donnant à manger à trois pauvres : Licitum sit… tertiam feriam et quintam atque sabbatum redimere uno denario, vel pretio denarii, sive très pauj>cres pro nomine Dornini pascendo. Can. 56, col. 157 A. Au terme de cette année, le coupable pourra être reçu dans l’église. Mais il lui reste encore six années de pénitence à faire. Pendant les deux premières, il ne pourra racheter ses abstinences que comme précédemment ; mais il pourra le faire partout, chez lui et en voyage. Les quatre autres, en dehors des trois carêmes de l’année, il ne sera tenu qu’à trois jours d’abstinence par semaine, les lundi, mercredi et vendredi, et encore pourra-t-il racheter les deux premiers : secundam atque quartam feriam denario aut pnrdirto denarii pretio redimere jus habent. Can. 58, col. 157 1). Quelques années plus tard, en 923, les évêques de la province de Reims déterminent de même les rédemptions » permises à ceux qui ont pris part à la guerre, dite de Soissons, entre Robert comte de Paris et Charles III le Simple. Pendant les trois carêmes de trois ans, ils auront à jeûner trois jours par semaine au pain, au sel et à l’eau, sauf « rédemption » : in pane, sale e.t aqua abstineant aut redimant. De même les vendredis de toute l’année, nisi redemerint. Mansi, t. xviii, col. 316 D. I) Généralisation. - Cette consécration officielle des « rédemptions > ne pouvait manquer d’en généraliser l’usage. Autorisées d’abord et uniquement à raison de circonstances personnelles rendant impossible ou par trop difficile l’accomplissement de la pénitence imposée, elles l’étaient devenues ensuite pour tous ceux à qui leur confesseur les permettrait. Désormais le principe général en était admis. Aussi, dès le début du x 1’siècle, la pratique en est elle assez courante pour que Réginon de Prum consacre huit chapitres de sou De sgnodalibus causis disciplinisque eeclesiasticis, I. II, c. 438-446, P. L., t. uxxxii, col. 369-370, aux divers modes qu’il trouve dans llalitgaire et les autres pénitentiels en cours. Un siècle plus tard, l’évêque de Worms, Burchard, leur fait encore plus de place au 1. XIX (le son Décret. Lui-même d’abord, dans ce qu’on pourrait appeler soti l’énilentiel. c’est à dire ail cours de l’interrogatoire détaillé qu’il rédige à l’usage des confesseurs. I. IX, e.v-vn, P. P., t. cxi., col. 951 078. indique les rédemptions que comportent régulièrement les longues pénitences imposées pour certains crimes. Dès le premier cas, par exemple, à propos du meurtre proprement volontaire, il reproduit textuellement, après Réginon, t. II, c. vi-rx, P. /… t. cxxxii, col. 387-388, les prescriptions que nous avons relevées dans le canon 58 de Tribur. P. P., t. cxl, col. 951-952 B. En cas de meurtre involontaire, la pénitence prévue est de quarante jours au pain et à l’eau, plus de sept années au cours desquelles pourront jouer les rédemptions. La première année, elles seront permises pour trois jours par semaine à raison d’un denier par jour ou de l’entretien de trois pauvres, col. 952 C. Même pénitence et même faculté de rédemption pour le parjure intéressé, col. 956 H. Pour le parjure commis afin de se soustraire à un danger de mort, la pénitence au pain et à l’eau n’est que de quarante jours et de tous les vendredis d’une année, mais la faculté de rédemption n’est pas de droit : in pane et aqua pivnileas et non reclimas. Col. 956 C. Son Péniienliel, c’est-à-dire son modèle d’interrogation achevé, Burchard indique au confesseur comment il doit absoudre, c. vii, col. 977 D-978 D ; après quoi, revenant à la manière générale de procéder avec les pénitents et à l’usage à faire des pénitentiels, col. 978 D-980 C, il s’arrête de nouveau aux « rédemptions » prévues pour les pénitences plus ou moins rigoureuses qui s’y trouvent prescrites. Elles font l’objet des chapitres ix-xxv et l’on retrouve là toutes les formes de commutations déjà signalées par Réginon ou par les pénitentiels en cours : cinq psaumes à genoux pour un jour de pénitence au pain et à l’eau, c. xii ; au cas où l’on ne saurait pas les psaumes, aumônes de trois deniers si l’on est riche, et d’un denier si l’on est pauvre, mais, en plus, abstinence de vin et de viande, c. xv. Pont cette même pénitence, il peut encore suffire de donner à manger à trois pauvres, c. xvi. Pour sept semaines, la rédemption peut être de 20, de 10 ou de 3 sols, suivanl le degré de fortune, c. xxii ; elle est de 300 psaumes à genoux ou de 350 debout pour une semaine, c. xviit. La pénitence de trois ans, pour celui qui ne peut pas jeûner, peut être ainsi rachetée moyennant une aumône de 6 1 sols, C. xxiii et cf. supra, col. 1180, les tarifs de VExearpsus de Cumméan. Pour qui n’est pas en état de verser pareille somme mais connaît les psaumes, la rédemption prévue est, par jour de pénitence au pain et à l’eau, 3 fois le Heali immaculati in via, 6 fois le Miserere et 70 génuflexions en disant le Pater noster. Si l’on ne s.tit pas les psaumes, il suffira de cent génuflexions accompagnées du Notre-Père. C. xxiv. g) Influence sur la pratique et la conception de la salis/action. - Ces quelques indications suffisent à faire comprendre l’influence qu’ont exercée les « rédemptions » sur l’évolution de la pratique pénitentielle dans le haut Moyen Age. Elles ont progressivement atténué l’aspect par trop administratif et pénal que tendaient à lui donner les < taxations « empruntées aux conciles ou aux pénitentiels. Établies d’office, ces < taxations » n’avaient égard qu’à la gravité objective des fautes : elles ne tenaient pas compte des circonstances et des dispositions dans lesquelles se trouvaient ou pouvaient se trouver ceux qui avaient à les expier. De ce point de vue, qui est capital, les rédemptions » en sont donc une 1res réelle et tris heureuse correction. Aussi les voit-on qui, sous leurs formes les plus usuelles, récitations de psaumes el aumônes, se substituent pratiquement aux pénitences ainsi prescrites. De celles-ci on retient les appellations : mais, comme on l’a déjà noté ici, t. XII, col. 020, il ne se trouve bientôt plus personne pour les accomplir, i la lettre. On les transpose en rédemptions, et cet te transposition devient si courante qu’elle finit par entrer dans le langage le plus usuel. Parler
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