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    1. SATISFACTION##


SATISFACTION. ATTÉNUATIONS DÉFINITIVES

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exemple chez saint Grégoire de Nysse. À propos d’un vol secret, il indique l’aumône comme en étant le remède approprié. Mais, prévoyant le cas où le voleur qui se confesse est hors d'état de la faire, il suggère que, conformément au précepte de l’Apôtre, Eph., iv, 28, la fatigue de son travail corporel pourra y suppléer. Epist. can., 6, P. G., t. xi.v, col. 233 C-D. De même avons-nous vu saint Césaire d’Arles attribuer à l’aumône une valeur exceptionnelle pour tenir lieu de la pénitence publiqii'. C’est surtout à cause d’elle, si elle a précédé ou si tout au moins il y est pourvu au moment même, que l’absolution demandée et reçue à l’heure de la mort lui paraît pouvoir et devoir être efficace. Ci-dessus, col. 1157.

Cependant, en aucun de ces cas, il n’y a « rédemption » au sens propre où nous l’entendons ici. La substitution d’un mode de satisfaction à l’autre n’est point le fait du pénitent lui-même : c’est le prêtre qui fait choix pour lui de celui qu’il estime seul possible, suffisant ou mieux approprié aux circonstances.

b) Origines. - Les véritables « rédemptions » n’apparaissent qu’avec la pénitence « tarifée » et avec les pénitentiels irlandais.

Malgré l’analogie qui s’y peut observer, la pratique celtique ou germanique du wergetd ne saurait non plus s’identifier avec celle des « rédemptions » dont nous avons à nous occuper maintenant. Le wergeld correspondrait plutôt à la peine, à la satisfaction exigée de tout temps, dans l'Église, pour n’avoir pas à subir le châtiment du péché. Il y avait là comme une compensation offerte à Dieu et à l'Église ; or, le wergeld est aussi une compensation : par lui le coupable se libère de la responsabilité encourue. Le rachat, en somme, consiste ici en une indemnité à verser. Ainsi ce qu’on appelle les Canones Wallici, can. 1, prescrivent-ils que le meurtrier volontaire devra livrer trois esclaves des deux sexes : Si quis homicidium ex inlentione commiserit, ancillos -ï et servos 3 reddut et securitalem accipial. Wasserschleben, Die Bussordnungen der abendlànd. Kirehe, p. 124. En cas de rixe, l’indemnité est moindre, can. 7 : Si quis rixa mactaveril hominem sine manum sive pedem sive œuhun excusseril, ancillam sive servam se redditurum cognoscal. Quodsi polticem manus excusseril, ancitlx médium, id est, dimidium prelii sive servi médium reddat. Jbid., p. 125-126. De même au canon 9 : Si quis (dterius caput percusserit sic ut cerebricutem inspiciat, arg '.nti Ubras VI cogaturexsolvere.Ibid., ç. 1 26.

Les « rédemptions » dont nous avons à parler ici peuvent bien, elles aussi, être considérées comme une indemnité ; mais, à proprement parler, c’est d’une peine déjà encourue et imposée qu’elles permettent de se libérer. La pratique en a été déjà signalée cidessus, t. xii, col. 850, 873, 884 et 1162 ; voir aussi Gougaud, Les chrétientés celtiques, p. 276-277. Smis le nom (Varrea, du vieil irlandais arra, qui signifie « équivalent », « substitution », on les trouve mentionnées dans un des fragments irlandais connus sous le nom de Canones hibernenses. Voir t.xii, col. 1162 e1 Wasserschleben, op. cit., p. 139-140. Il a pour titre : De arreis et compte 12 paragraphes dont 9 sont consa crés aux arrea possibles pour une pénitence d’une année. L’un d’eux consiste à passer trois jours dans une église sans boire, ni manger, ni dormir, ni s’asseoir, en chantant des psaumes et des cantiques, récitant les heures et faisant douze génuflexions après chacune, n. 4 ; mais un autre se réduit à trois jours de jeune par mois, n. (i ; voir Poschmann, Die abendlànd. Kirchenbusse un frùhen Mittelalter, p. 19-21. Dans le texte, rien

n’indique si ces » commutations étaient laissées au choix du pénitent ou suggérées parle confesseur ; mais on peut croire que celui-ci devall au moins les auto riser. Dans les recueils pénitentiels mis sous le patro nage de Théodore, le Disctpulus Umbrensium, 1. I.

c. vi, § 5, af tribile au grand évêque de les avoir approuvées. Il aurait approuvé, en particulier, la commutation d’une année de pénitence en douze triduums de jeûne. Pour les malades, la compensation aurait pu consister en une aumône évaluée au prix d’un esclave ou s’inspirant de la parole de Zachée au Christ : Item xii triduana pro anno pensanda Theodorus laudavit. De segris quoque pretium viri vel ancillse pro anno, vel dimidium omnium quæ possidet dure, cl, si aliquem fraudaret, reddere quadruplum, ul Christus judicavit. Schmilz, Die Ihissbiicher und die Dussdisciplin der Kirehe, t. i, p. 550 ; Wasserschleben, op. cit., p. 191.

c) Les « rédemptions » dans les pénitentiels du VIIIe siècle. - - Ces suggestions et autres semblables se retrouvent dans le l'énilentiel de Cumméan, c. viii, De psenilenlia, § 25-28, édit. Zetlinger, loc. cil., p. 517 ; mais on peut se demander si elles n’y ont pas été interpolées (supra, t.xii, col. 1166), comme certains l’admettent pour les indications du même genre contenues dans les pénitentiels attribués soit à Bède, soit à Egbcrt. Wasserschleben, op. cit., p. 229-230 et 244247 et supra, t.xii, col. 1168 ; en sens contraire, Poschmann, op. cit., p. 50. Toujours est-il que le texte qu’on appelle V Extrait de Cumméan (lixcarpsus Cummeani) et qui, jusqu'à la publication de Zettinger passait pour le vrai Cumméan (publié comme tel par Wasserschleben, op. cit., p. 460-193), est précédé de deux chapitres sur la manière de faire les pénitences : De modis psenitentiœ… De divite vel patente, quomodo se redimit pro criminalibus culpis. Schmitz, op. cit., t. ii, p. 601et 603. Après y avoir rappelé les commutations autorisées par d’autres, l’auteur suggère les siennes. D’abord pour ceux qu’il appelle les faibles, imbecillioribus corpore vel anima : quand ils ont à pœnitere, c’està-dire à jeûner au pain et à l’eau, pour chaque jour de pénitence qu’ils chantent 50 psaumes à genoux ou 70 sans se mettre à genoux ; pour une semaine de pénitence, 300 ou 420 psaumes, mais à l'église ou à l'écart, infra ecclesiam vel in secreto loco. À ce prix, les jours où l’on devrait pœnitere in pane et aqua, il suffira de s’abstenir de vin et de viande et l’on pourra prendre son repas à sexte ; encore pourra-t-on manger aussi quelque chose après avoir récité ses psaumes. Loc. cit., p. 603. Au cas où l’on ne saurait point les psaumes et où l’on serait hors d'état de jeûner, on pourrait se faire remplacer par quelqu’un et on aurait alors à compenser en donnant aux pauvres, pour chaque jour de jeune, la valeur d’un denier : Qui psalmos non novil et jejunare non potest, elegat justum qui pro Mo hoc impleat, et de suo precio aul labore hoc redimat, id per unumquemque diem de precio vatente denario in pauperibus eroget. Voir aussi t.xii, col. 871.

Suivent les instructions pour les riches. Elles s’inspirent toutes de l’exemple de Xachéc : riches et puissants peuvent y apprendre comment racheter leurs crimes. Mais, avant tout, qu’ils réparent les injustices commises et. s’ils n’en connaissent pas les victimes, la réparation pourra consister à doter des églises, à libérer des esclaves ou à racheter des captifs. Après cela, changement de vie : Quod injuste cgi : ab Mo die non répétai et de quo desinierit peccare, non desinat corpus et sanguinem Christi communicare.

Pestent les personnes de condition inférieure, ex inferioh gradu, id est, si servus nul libertus. Ici encore, en cas d’impossibilité, ex infirmitate ont ex alia necessitate, le mode de rédemption » est prévu. Pour une première année de pénitence au pain et à l’eau, moyennant une aumône de vingt-six sols, le jeûne prescrit pourra uni' fois sur deux être rompu à noue et l’on pourra manger de ce qu’on a. Pendant les trois carêmes de cette année, on fera en outre une aumône équivalant à la moitié (le ce qu’on mange. Pour la seconde année, il suffira de donner vingl sols et la pénitence sera sus-