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SARDIQUE (CONCILE DE)


justifiées les condamnations portées naguère contre Athanase, Asclépas et Marcel, elle condamne ceux qui ont été les ouvriers de leur réhabilitation, c’est-à-dire .Iules de Home. Ossius de Cor doue, Protogène de Sardique, Gaudence de Naïssus, Maximin de Trêves ; et, après une protestation pour l’unité de l'Église, elle. s’achève par une formule de foi qui n’est autre que le quatrième symbole d’Antioche, avec quelques anathèmes complémentaires.

La sécession des Orientaux n’empêcha pas les évêques d’Occident de remplir leur mission. Ils reprirent donc l’examen des cas litigieux qui leur étaient soumis. Athanase et Asclépas furent admis sans difficultés : leurs cas étaient trop clairs pour qu’on pût hésiter à reconnaître leur bon droit. Restait Marcel d’Ancyre : il lut ou fît lire le fameux ouvrage que les Orientaux trouvaient plein d’hérésies. Moins subtils, moins au courant du vocabulaire théologique grec, les Occidentaux s’en laissèrent imposer par lui. Ils déclarèrent que sa foi était correcte. Après quoi, on s’occupa des Orientaux : bien des plaintes avaient été formulées contre les procédés drastiques de plusieurs d’entre eux, qui n’avaient pas hésité à user de violences à l'égard de leurs adversaires ; ces plaintes furent examinées en détail et plusieurs sentences d’excommunication portées contre les chefs du parti.

Non contents d’avoir réglé les questions de personnes, quelques évêques proposèrent alors l’adoption d’une nouvelle formule de foi, destinée dans leur pensée à répondre à celle que les Orientaux venaient de publier. Nous avons encore, en grec et en latin, le texte de cette formule, Théodoret, Hist. certes., t. II, c. vi ; Mansi, Concil., t. vi, col. 1262, ainsi que le projet d’une lettre au pape qui devait la lui recommander. Elle proclame avant tout l’unité de l’hypostase divine et l’inséparabilité du l'ère et du Fils ; elle s’efforce d’expliquer comment néanmoins le Père et le Fils diffèrent ; contre Marcel d’Ancyre, elle affirme que le Fils règne éternellement avec le Père et que jamais il n’abdiquera la royauté ; passant ensuite à l’incarnation, elle déclare que ce n’est pas Dieu qui a souffert et qui est ressuscité, mais l’homme que Dieu a revêtu et pris de la vierge Marie. Cf. F. Loofs, Dus Glaubensbekenntnis der Homousianer von Sardika, dans les Abhandlungen der kql. preuss. Akademie der Wissenschaften, Berlin, 1909. Cette formule était des plus dangereuses parce qu’elle témoignait d’une complète méconnaissance de la terminologie employée chez les Orientaux et qu’elle risquait de rendre impossible tout essai ultérieur d’accord. Saint Athanase n’eut pas de mal à. s’en apercevoir et il eut le mérite de détourner ses collègues du vote d’un tel projet : il ne manquait rien, dit-il, au symbole de Nicée, et il était inutile d’encourager ceux qui ne cessent pas d'écrire et de définir sur la foi. Toin. ad Antioch., v.

Plusieurs lettres furent encore écrites par le concile de Sardique. L’une d’elles était adressée à tous les évêques « le l'Église catholique pour leur faire part îles mesures prises tant à l'égard d' Athanase, d' Asclépas et de Marcel qu’envers les Orientaux déposés ; cf. Athanase, Apol. contra arian., xliv-li ; Théodoret, Hist. eccles., t. III, c. vin ; le texte latin dans I lilaire, Fragm. histor., ii, 1-8. Elle priait ceux qui n’avaient pas pris part à, l’assemblée d’en souscrire les actes et saint Athanase nous a conservé en effet les signatures obtenues de la sorte ; il y en a plus de deux cents, en dehors de celles des membres du concile, l 'autres lettres étaient adressées à l'Église d’Alexandrie, Athanase, Apol. rouira arian., XXXVII, et aux prêtres et. diacres de la Maréote. À ces synodales saint Athanase joignit personnellement deux ici 1res, l’une pour les

prêtres et diacres d’Alexandrie, l’autre pour les prêtres et diacres de la.Maréote. Nous n’avons plus que la

traduction latine de ces trois dernières lettres, dans la collection du diacre Théodose. P. L., t. lvi, col. 848 ; Mansi, Concil., t. vi, col. 1217. Leur authenticité a été contestée, mais sans raison valable.

Le concile tint également à s’occuper de la question sans cesse renaissante de la date de Pâques. Nous apprenons en effet par la préface aux lettres festales de saint Athanase pour 343 que « à Sardique, on parvint à s’entendre sur la fête de Pâques. On décida que, pendant cinquante ans, les Romains et les Alexandrins annonceraient partout, selon l’usage, le jour de la fête de Pâques. » Le concile des Orientaux avait eu des préoccupations semblables, puisqu’il joignit une table pascale à sa profession de foi. E. Schwartz, Christliche und jùdische Ostertafeln, dans les Abhandlungen ilcr kgl. Gesellschaft der Wissenschaften : u Gôltingen, t. viii, 1905, n. 6.

Enfin les évêques ne voulurent pas se séparer sans avoir édicté, conformément à l’usage, une série de canons disciplinaires. Il existe de ces canons deux textes, l’un latin, l’autre grec, qui présentent, outre une différence de groupement, des dissemblances rédactionnelles parfois assez accentuées. Le texte grec nous est fourni par la collection canonique de Jean de Constantinople (vi c siècle). Mansi, Concil., t. iii, col. 5 sq. Le texte latin figure dans la Prisca et dans les collections de Denys le Petit et d’Isidore de Séville. Les variantes de ces trois recueils permettent de mettre hors de doute l’existence d’un texte unique dont dépendent tous nos témoins. On a beaucoup discuté sur la langue originale des canons de Sardique, les uns tenant en faveur du texte latin, d’autres en faveur du texte grec, d’autres enfin assurant que ces canons ont été publiés également dans l’une et l’autre langue. La question est peut-être insoluble. Hankiewicz, Die Canones von Sardika, ihre Echtheil und ursprùngliche Gestalt, dans la Zeitschrifl der Savigng-Stiftung fur Rechtsgeschichte, t. xxx, Kanonischc Abteilung, ii, 1912, p. 44 sq., se prononce pour un original grec, et il a été suivi par E. Caspar, Geschichle des Papsttums, t. I, p. 159-160. Par contre, C.-H. Turner, The genuineness oj Ihe Sardican canons, dans Journal of theological studies, t. iii, 1902, p. 370 sq., donne la préférence au texte latin, et telle est aussi l’opinion de E. Schwartz, dans une étude de la Zeitschrift fur die ncutestamentliche Wissenschajt, t. xxx, 1931, p. 1-35.

Plus grave sans doute est la question de l’authenticité de ces canons. Soulevée par.1. Friedrich en 1901, dans un article intitulé Die Uncchlheil der Canones von Sardika, dans les Sitzungsberichte der bayerischen Akad. der Wissensch., philos.-histor. Klasse, 1901, p. 417-470, cette question a été maintes fois discutée depuis lors. Friedrich croyait pouvoir démontrer que les canons de Sardique avaient été fabriqués vers 416-417 par un Africain désireux de prouver la légitimité des appels a Rome et qu’ils avaient d’abord été présentés sous le couvert du concile de Nicée. Cette thèse est inacceptable et tout autant celle de E.-C. Habut, qui, regardant comme authentiques dans leur ensemble les canons de Sardique, estime interpolés les canons 3, 4, 7 et 10, qui concernent les appels au Saint-Siège ; cf. E. C. Habut, L' authenticité des canons de Sardique, dans Transactions of the third intern. congress jorlhehistonj oj religions, t. ii, Oxford, 1908, p. 345-352. Voir, en faveur de l’authenticité, L. Duchesne, Les canons de Sardique, dans Bessarione, t. vii, 1902, p. 129-111 ; C.-H. Turner, The genuineness of the Sardican canons, dans Journal oj theological studies, t. III, 1902, p. 370 sq. ; P. Batiffol, .1I. Habut sur l’authenticité des canons de Sardique, dans Bulletin d’ancienne littérature et d’archéologie chrétiennes, t. iv, 1914, p. 202 et sq. ; , 1. Lciller. Les origines chrétiennes dans les provinces illgriennes de l’empire romain, p. 243-256.