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SANCHEZ (THOMAS)


354 et 551 p. ; d’autres éditions suivirent : Anvers, 1622, 1631, 1637 ; Venise, 1625 ; Lyon, 1642, 1669 ; Parme, 1723, etc. Sans négliger ce qui concerne les autres religions, l’auteur, note la préface, insiste particulièrement sur la Compagnie de Jésus, ordre nouveau, violemment attaqué et dont le droit particulier est moins connu. L’avis au lecteur, placé en tête de la première partie, après un éloge ému de l’auteur et le récit de ses funérailles, indique qu'à la mort de Sanchez cette première partie était complètement terminée et en cours de revision ; quant à la seconde, elle était à la veille d'être achevée et a pu être mise au jour d’après les manuscrits autographes de l’auteur.

Chez les moralistes postérieurs, cet ouvrage est cité tantôt sous le titre originaire de Opus morale, tantôt sous ceux de In Decalogum ou de Sanchesii summa ; certaines éditions portent en effet le sous-titre de Summa casuum conscienliæ (ainsi, édit. du 1 er vol., Cologne, 1614).

2. Quelques années après ce premier ouvrage, les jésuites de Grenade en firent paraître un second en deux tomes : R. P. Thomæ Sanchesii Cordubensise S. J. ( puscula et consilia moralia ; et Consilia et ( puscula moralia, lonuis posterior, tous deux à Lyon, 1634, 460 et 350 p. (cf. Uriarte, t. ii, n. 3647, rectifiant Sommervogel ; l'édition de 1625 indiquée par cedernier n’existe pas). Une 2e édition parut dans la même ville et chez le même éditeur dès l’année suivante (1635), sous le titre désormais définitif de Consilia seu opuscula moralia ; d’autres éditions suivirent : "Cologne, 1640 et 1653 ; Lyon, 1643, 1655, 1671, 1681 ; Parme, 1738 ; Venise, 1743… Dans la 1e édition, 1634, Vépître dédicatoire est signée du P. Georges Hemelman ; l'édition de Lyon, 1643, contient une dédicace au cardinal Barberini, adressée par le provincial et la province de Bétique.

Ce second ouvrage posthume traite des matières suivantes : t. i, 3 livres, Circa jus et justitiam commutaUt am ; Circa jus et justitiam distributivam ; Circa jus et justitiam judicativam et ordinem judiciarium ; t. ii, 4 livres, De consiliis seu casibus particularibus circa ultimas voluntates, ubi de illegitimis ; Circa jejunium et observationem festorum ; Circa judices et aliqua judicialia ; Circa ordines.

Jusqu'à quel point le texte des Consilia est-il de Sanchez lui-même ? Dans son De justifia et jure, disp. XXVI, sect. v, n. 54, édit. Vives, t. vii, p. 280, Lugo donne deux exemples d’additions faites — sans avertissement — par les éditeurs : t. I, c. vil, dub.iv, n. 18, et dub. v, n. 4, où il est question de lois espagnoles sur la taxation des blés, portées en 1613 et 1620, et donc postérieures à la mort de Sanchez (1610). Il remarque très justement : Ccrte in iis, quæ auctoribus mortuis addenda videntur, deberet id fieri et caractère adverso et verbis saltem indicantibus id ob rationes novas addendum videri ; alioquin opéra poslhuma minorem habent fidem apud lectorem. Dans la préface de la l re édition, le P. Hemelman se contente d’affirmer que certaines (nonnullse) réponses ou solutions de Sanchez ont été fidèlement reproduites comme elles se trouvaient dans ses autographes. En somme, il est probable que les manuscrits utilisés dans les Consilia étaient moins achevés que ceux qui ont servi à VOpus morale, surtout à la l re partie de cet ouvrage. Dans quelle mesure exacte ont-ils été remaniés et complétés, il est impossible de le déterminer, il sera donc prudent de ne donner qu’avec réserve les solutions des Consilia comme la pensée authentique de Sanchez.

Pour terminer ces notes bibliographiques, ajoutons avec Sommervogel qu’une édition complète des œuvres de Sanchez a été publiée en 1740 à Venise en 7 volumes.

III. Questions complémentaires.

À l’occasion

du De malrimonio, nous avons signalé deux questions

complémentaires, les réservant pour un examen spécial.

1° La rétractation de Sanchez au sujet de la légèreté de matière en fait de luxure directe. — Depuis le milieu du xviie siècle, c’est une doctrine tenue tout à fait communément en théologie morale, que le plaisir proprement voluptueux (deleclalio venerea), directement recherché ou pleinement admis, ne comporte pas de matière légère. À la suite du décret d’Acquaviva (1612), défendant, conformément à des directives de Clément VIII et de Paul V, aux moralistes jésuites de professer ou de soutenir même comme probable l’opinion contraire et surtout après la condamnation par Alexandre VII (18 mars 1666) de la proposition 40e (Denz.-Bannw., n. 1140), interprétée généralement dans ce sens, elle s’est pratiquement imposée à tous.

Mais auparavant, on peut dire qu’il y avait eu dans la casuistique une tendance très caractérisée à admettre la légèreté de matière : saint Antonin de Florence paraît lui avoir été favorable ; l’Armilla et Navarrus la tenaient ; elle était enseignée à l’université de Salamanque par Dominique Soto et Arauxo ; Lessius ne la jugeait pas improbable (De just. et jure, t. IV, c. iii, dub. vin). Sanchez, dans ses premières éditions du De malrimonio (cf. édit. de 1607, t. IX, disp. XLVI, n. 7) traitant de la delectatio venerea, quæ ex tactibus, osculis, etc. proveniret, donnait comme veracissima sententia qu’elle constitue une matière grave de péché : mais un peu plus loin (au n. 9), il ajoutait : potest (lumen)… dari modica delectatio, quæ si absint periculum pollutionis et periculum consensus in aclum carnalem, non eril culpa lethalis, quia dari nequit ratio sufficiens, cur in cœteris præceptis detur parvitas materiæ, non tamen in hoc. Et quamvis parvitas copulæ carnalis dari nequeal, at potest dari parvitas deleclationis venereæ, quæ ex solo tactu vel cogitationc insurgat. Cf. n. 16 : en ce qui concerne les tactus, c’est dans les tactus levés que cette matière légère pourra se présenter, à l’exclusion des oscula et des tactus graviorcs, dont le plaisir sera toujours matière grave.

Or, dans les éditions du De. malrimonio, immédiatement publiées après la mort de Sanchez, nous lisons la rétractation suivante (édit. Anvers, 1614) : moderatio… illa quamvrmilla…, Xavarrus…, Soto… affermit de parvilate materiœ… etsi nobis aliquando non displicuit, re tamen benc considerala, rationibusque perpensis, lanquam certissimum lenendum judicamus nullam reperiri parvilatem materiæ in delectationibus venereis, secluso etiam pollutionis et consensus periculo in aliquid hujusmodi : quod latissime et optime probat Rebcllus, De justilia.part. II, l. III, q. XTX, sect. 2, nosquc, Deo auspice, latius alibi traclabimus et probabimus.

De fait — en relation avec ces derniers mots — l’Opus morale in præcepta Decalogi (Sanchez y travaillait lorsqu’il mourut) donne une rétractation analogue et plus détaillée encore : IIe part., t. V, c. vi, n.l2, ù propos du 5e commandement, il y est exposé que, conformément aux ordres de Clément VIII et de Paul V, prescrivant de dénoncer aux inquisiteurs de la foi quiconque soutiendrait le contraire — et conformément à la vérité — il fallait estimer que toute delectatio venerea quantumvis modica, prise ou acceptée avec une délibération suffisante, constituait un péché mortel, ce que du reste prouvait latissime et optime Rebellus dans son De justifia ; suivait un résumé des preuves apportées par cet auteur ; Sanchez ajoutait, en conformité avec lui, la correction d’une autre opinion touchant aussi la même matière.

Les deux rétractations du De matrimonio et de l’Opus morale, présentées l’une e' l’autre comme étant de Sanchez lui-même dans une édition et un ouvrage posthumes, viennent-elles vraiment de lui ? Les Salmanticenses, Cursus theol. moralis, t. iv, 1656, tract. XXVI, de VI præcepto, c. iii, punct. 4, n. 77 sq.,