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ROUMANIE. PROTESTANTISME ET SECTES

vernement et le ministre compétent de présenter enfin ce projet de loi qui prévoit pour les autres cultes un régime en harmonie avec la loi de l’Église orthodoxe ? » D’ailleurs il connaît la mentalité de l’archevêque Bâlan, aussi sa déclaration ne peut ni le surprendre, ni l’étonner. Il conclut : « Nous n’avons nul besoin de conseillers et de défenseurs de la dignité et de la souveraineté nationales, tant que nous saurons et que nous pourrons seuls les représenter et les défendre, » Le Sénat joignit sa protestation à celle du ministre. « Je crois me faire l’interprète de vous tous, dit J. Purcareanu, vice-président de 1 1 haute assemblée, en protestant, au nom du Sénat contre de telles affirmations. Cette loi si importante a été débattue dans nos âmes et nos consciences. Notre vote sera dicté par le sentiment roumain le plus pur, car nous sommes conscients de la grandeur de notre devoir en face de cette loi qui vient d’être soumise à notre discussion. »

N. Iorga, futur président du Conseil, désapprouva à la Chambre des députés (4 avril 1928), les déclarations et le geste de l’archevêque Bâlan qui avait quitté ostensiblement la séance du Sénat, « geste d’un prélat anglais du xvi<e siècle, alors que catholiques et protestants se poursuivaient les uns les autres jusque sur les marches de l’échnfaud. Les représentants des cultes, continua-t-il, sont au Sénat afin d’y entretenir l’amour et l’esprit de fraternité et non les disputes et la haine. L’Église unie que certains voudraient réduire en miettes est d’une nécessité absolue pour la nation roumaine. D’abord en elle vibre une nme vraiment nationale ; ensuite elle nous est un précieux organe de liaison avec l’Occident civilisé. Nous avons besoin de rapports avec l’Occident. Or, les rapports établis par l’Église unie entre la Roumanie et les autres peuples de même sang, de même race, nous sont d’une tout autre utilité que ceux créés par de coûteuses missions ou des toasts de banquets ».

Telles sont les relations entre l’orthodoxie et l’union en Roumanie. Sain et vigoureux, mais intoxiqué grâce aux Grecs et aux Slaves par le virus du fanatisme antipapal, le peuple roumain a besoin pour vaincre la maladie et revenir à la santé, en dehors de la grâce de Dieu, du meilleur de tous les médecins qui s’appelle le temps. Un autre remède sera l’exemple donné par le clergé catholique, spécialement par le clergé uni, non seulement en Transylvanie, mais dans le pays entier. Étant donné son but providentiel, l’Église unie ne doit plus se confiner en Transylvanie, mais se répandre dans tout le royaume et dès lors son clergé doit avoir une excellente préparation missionnaire.

J. Bianu et E. Hodos, Bibliografia româneasca veche [Bibliographie roumaine ancienne], t. i, 1508-1716 ; t. Il, 1716-1808 ; t. m, 1809-1830 (de Dan Simonesco) ; Serge Cetfericov, Païse, supérieur du monastère de Neamtzu, en Moldavie ; sa vie, son enseignement, son influence sur l’Église orthodoxe, traduction du russe [en roumain], par l’évêque Nicodème, supérieur du monastère de Neamtzu, édition du monastère de Neamtzu, 1033 ;, )ean Georgesco, Istoria Bisericii crestine un.iversa.le… [Histoire de l’Église chrétienne universelle au point de vue spécial du passé de l’Église roumaine unie à Rome], 3e édit., Blaj, 1931 ; Id., Momente din viata Biscricei unité… [Quelques faits de la vie de l’Église unie, durant tes dix dernières années, l’JlS-1928], Bucarest, Cultura nationala, 1929 ; Id., Aspects de la presse périodique roumaine, Oradéa, 1936 ; Mgr d’HerbignyI. Sfarcociu, Une visite aux patriarches orientaux (Pastoral Sufletesc), Lugoj, 1930, n. Il sq. ; Nicolas Iorga, Istoria lileraturei rcligioase a Romànilor… [Histoire de la littérature religieuse des Roumains jusqu’il Mina), Bucarest, Socec., 1904 ; Id., Istoria lileraturei romane [Histoire de la littérature roumaine], 2e édit., t. n (1688-1780), Bucarest, et Istoria Bisericei… [Histoire de l’Église et de la vie religieuse des Roumains], 2 vol., Bucarest, 1928 ; Marianu Nerset, Pravoslavia romàna… [La pravoslavic roumaine en face de l’orthodoxie romaine], Cernovitz, 1880 ; Évoque Melchisédech Stefanesco, Papismul si starca actuala a Biscricei orlodoxe…,

[Le papisme et l’étal actuel de l’Église orthodoxe dans le royaume de Roumanie. Rapport lu au cours de la session de printemps du Saint-Synode en l.SSo], Bucarest, 1883.

Revues : Biseriea ortodoxa romana, Bucarest, 1870-1936 ; Monitorul oficial, débats parlementaires au Sénat et à la Chambre des députés, aux dates indiquées au cours du présent chapitre.

VII. Le protestantisme et les sectes.

1° Le protestantisme. — Le protestantisme est représenté en Roumanie par le luthéranisme, le calvinisme et l’unitarisme (antitrinitarisme).

1. Luthéranisme.

Ce fut d’abord le luthéranisme

qui se répandit dans le pays où les hussites assez nombreux avaient préparé le terrain. La jeunesse saxonne, formée à l’université de Wittenberg, en facilita l’expansion. Parmi ces jeunes, signalons Ambroise de Silésie et Jean Hecht ; cependant ce fut Jean Hontérus de Brasov qui reçut le nom de « réformateur de Transylvanie ». C’est lui qui y organisa l’imprimerie, l’église, l’école saxonnes, dans l’esprit de Martin Luther. À son exemple, Mathias Ramser, curé de Sibiu (1543), puis d’autres prêtres procédèrent de la même manière : et c’est ainsi que le « règlement ecclésiastique de tous les Allemands transylvains » élaboré par Hontérus prit, en 1550. force de loi pour tous les Saxons. Le premier évêque luthérien fut Paul Wiener (1553). Il était assisté de deux assemblées électives représentatives ; d’une part, les représentants du clergé (l’université spirituelle), et d’autre part les représentants des fidèles (l’université politique). En Transylvanie comme ailleurs, les endettements et les variations constituent l’histoire du protestantisme. A Cluj, où jusqu’alors dominait le luthéranisme, commencèrent d’interminables discussions publiques, quand Martin Santa de Kâlmâncseh y introduit le calvinisme. Les Magyars et les Séklers devinrent calvinistes, tandis que les Saxons restaient fidèles à Luther. François David, le premier évoque calviniste magyar, se fait unitarien ; a sa suite, nous voyons Gaspar Helt passer du luthéranisme au calvinisme, pour aboutir à l’unitarisme. L’évêque luthérien Matthias Hebler contribua beaucoup à conserver sa confession chez les Saxons par sa Brevis confessio de sacra cœna, approuvée par les universités allemandes de Wittenberg, Leipzig, Rostock, Francfort-surl’Oder. Les évêques luthériens ont longtemps habité à Biertan (Bierthâlm), auprès de Médias. Nous les trouvons en 18117 à Sibiu. Dès 1543, ils impriment aux frais de la ville de Sibiu, un catéchisme luthérien en roumain, et c’est leur premier essai pour attirer les Roumains vers eux. Toujours dans ce but, le diacre Coresi de Târgoviste vient imprimer à Brasov des explications protestantes sur les Évangiles. Enfin, rappelons la tentative du prince régnant de Moldavie, Héraclidès Despota, 1561-1563, pour fonder une école protestante à Cotnari, près de Iassy. Tous ces efforts furent vains. Les Roumains restèrent fidèles à la foi de leurs pères.

Le luthéranisme a son règlement organique approuvé en 1926 par le roi Ferdinand I er ; trois écoles normales ; deux de garçons et une de filles : une école pour les institutrices des jardins d’enfants ; neuf lycées ; sept de garçons et deux de filles et huit gymnases ; deux de garçons et six de filles.

Pour les 70 000 luthériens magyars, l’État roumain a fondé un nouvel évêché, différent de celui de Sibiu, duquel sous l’empire magyar dépendaient tous les luthériens.

2. Le calvinisme.

Bien que plus récent, il s’est répandu davantage et s’est organisé plus solidement, surtout chez les Magyars, d’où son nom de « religion magyare ». Bien que les lois magyares de 1523 et de 1525 fussent hostiles à la Réforme, on n’en tint pas