Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/538

Cette page n’a pas encore été corrigée
1061
1062
SAMPSÉENS — SAMUEL CASSINI


égard pour leur ancêtre vénéré. Ils allaient jusqu’à recueillir soigneusement leurs crachats et leurs excréments dont ils se servaient comme de remèdes. Hseres., xix, 2, 4-5. Une de ces femmes venait de mourir lorsque saint Épiphane écrivait son Panarion, mais l’autre était encore en vie et continuait à exercer son influence. Les sampséens, qui portaient aussi le nom d’héliaques, prétendaient n’être ni chrétiens, ni juifs, ni grecs, mais tenir le milieu entre les uns et les autres. Ils regardaient comme sacré le livre soi-disant composé par Elxaï et celui qu’aurait ensuite rédigé son frère Jexaï ; mais ils rejetaient par ailleurs les prophètes et l’Apôtre. Ils étaient monothéistes et honoraient Dieu en prenant des bains. Ils en étaient même venus à avoir pour l’eau un tel respect qu’ils la regardaient comme une divinité ; peu s’en fallait qu’ils ne prétendissent que la vie en venait. Hæres., lui, 1, 4 et 7. Certains d’entre eux s’abstenaient de viande. Ils voyaient dans le Christ un être créé, qui avait pris corps une première fois dans Adam, et plusieurs autres fois depuis, lorsqu’il l’avait voulu. L’Esprit-Saint était sa sœur ; l’un et l’autre avaient des dimensions extraordinaires. Les mêmes renseignements sont fournis par saint Hippolyte à propos d’Elxaï et de ses disciples. Il semble, tout compte fait, que les sampséens de saint Épiphane ne sont pas autre chose que des elehasaïtes, plus ou moins teintés d’un vernis gnostico-chrétien. Nous ignorons d’ailleurs ce que furent les destinées ultérieures de la secte.

W. Brandt, Elcliasaï. Ein Religionsstifter und sein Wcrk, Leipzig, 1912 ; H. Waitz, Das Buch des Elchasaï, dus heiline Buch der judenctvistlichen Siktt der Sobiai, dans Harnack-Ehrung, Leipzig, 1921, p. 87-104 ; M.-.L Lagrange, La gnose mandéenne et la tradition évangélique, dans Revue biblique, 1927, p. 502 sq. ; J. Thomas, Le mouvement baptiste en Palestine et Syrie (150 av. J.-C.-300 apr. J.-C), Gembloux, 1935, p. 140-156.

G. Bardy.

    1. SAMUEL CASSINI (de Cassinis)##


SAMUEL CASSINI (de Cassinis), frère mineur de l’Observance des xve -xvie siècles. — Originaire de Casale Monferrato, il appartenait à la province franciscaine de Gênes. L. Wadding, Scriptores ord. min., 3e éd., Rome, 1906, p. 209. Il aurait étudié la philosophie et la théologie à l’université de Paris et y aurait aussi enseigné. J.-H. Sbaralea, Supplementum, 2e éd., t. iii, Rome, 1936, p. 82. Il s’est distingué surtout par ses luttes contre les vaudois et par ses controverses contre plusieurs dominicains.

Il est l’auteur de plusieurs ouvrages de philosophie, de théologie et de controverses. Le Liber isagogicus in apices Scoti ad investiganda Aristotelis principia, dont L. Wadding, loc. cit., cite une édition faite à Venise, en 1493, mais dont on ne trouve aucun vestige chez les bibliographes plus récents, semble, d’après Th. Accurti, devoir s’identifier avec le Liber isagogicus continens libros seplem logicales, qui parut sous le titre : Liber ysagogicus in apices Scoti, theologorum principis, neenon et ad indaganda Aristotelis profunda logicalia, à Milan, non en 1495, ni avec le commentaire de Jean de Monte sur les Summulæ de Pierre d’Espagne, comme le dit L. Wadding, loc. cit., mais en 1494 et, plus précisément, le 22 avril 1494. J.-H. Sbaralea, op. cit., p. 83. Du témoignage de François Ruerus, dans son épître dédicatoire, relatée par J.-A. Saxius, dans son Historia Uterario-typographica Mediolanensis, il suit que cet ouvrage fut commencé en France et terminé à Milan. Voir Ph. Argelati, Bibliotheca scriptorum Mediolanensium, t. i, Milan, 1745, p. 507. On peut en trouver la description dans D. Rcichling, Appendices ad Haini-Copingeri repertorium bibliographicum, fasc. 2, p. 140, et des exemplaires de cette édition se trouveraient à Rome, dans les bibliothèques Angelica, Casanatense et Corsiniana, d’après Th. Ac curti, qui pense aussi que le même ouvrage fut édité à Cuneo, en 1510.

Samuel Cassini composa encore des Commentaria in octo libros Physicorum, dont le véritable titre est : Expositio triplex librorum octo Physicorum Aristotelis, quorum prima est textualis, secundo construit textum, tertia elicit propositions de lexiu : et hœc omnia de mente commentatoris et Docloris Subtilis, Cuneo, 1510. D’après J.-H. Sbaralea, op. cit., p. 83, le livre intitulé : Libellus isagogicus ad physicos apices assequendos, qui, selon L. Wadding, p. 209, aurait été édité à Cuneo, s. d., et transmis au pape Jules II, aurait été publié à la suite de l’ouvrage précédent et les deux traités auraient été terminés le 21 août 1510, sous Jules II, et envoyés, non à ce pape, mais à l’université de Paris. D’un texte de la Triplex expositio librorum octo Physicorum, c. xi : quomodo autem moveantur, et quomodo non, dicetur in tertio De anima, J.-H. Sbaralea déduit que le P. Samuel Cassini doit avoir rédigé aussi un Commentarius in libros De anima. Un exemplaire de Y Expositio triplex est à la bibliothèque Alexandrine à Rome. Il édita encore une longue Quæslio de immortalitate animæ, composée à Aix-en-Provence en mai 1497, et publiée à Milan en 1498, in-4°, 10 fol.

En 1506, le P. Samuel Cassini eut à Pavie une Disputatio de consanguineitale S. Joannis cum Christo et Deo, qui, selon L. Wadding, est conservée ms. dans le couvent du Mont-Alverne. Contre cette thèse écrivit le dominicain piémontais Damien Crassus. Le franciscain y répondit par un opuscule, intitulé : Secundo argumentatio fr. Samuelis ord. min. contra magistrum Damianum O. P., de eo quod nititur sustinere Deus est consanguineus, s. 1. n. d. (probablement en 1506 ou 1507). Voir D. Reichling, op. cit., p. 25, n. 457. Le P. Samuel Cassini eut aussi quelques démêlés à propos du dominicain Jérôme Savonarole. Ainsi, d’après L. Wadding, loc. cit., et J.-H. Sbaralea, loc. cit., il aurait fait imprimer contre Savonarole un écrit intitulé : Invectiva in prophetiam fr. Hieronymi Savonarolæ, Milan, 1497, in-4°, 18 fol. D’après Th. Accurti h véritable titre serait : De modo discernendi falsum prophetam a vero prophela inter reprobandum falsam prophetiam atque visionem fr. Hieronymi. En tête de cette Invectiva se lit une Epistola ad fr. Hieronymum du même P. Samuel Cassini, éditée par J.-A. Saxius, op. cit., p. 519-520. Voir D. Reichling, op. cit., fasc. 2, p. 140 ; J.-H. Sbaralea, op. cit., p. 83. Jean-François Pic de La Mirandole attaqua l’Invccliva de Samuel Cassini et écrivit, pour défendre Savonarole, deux livres qui, d’après Montfaucon, sont conservés dans le ms. Vat. lot. 4666. Voir Bibliotheca manuscriplorum nova, t. i, Paris, 1739, p. 116. Samuel Cassini y répondit par Reseratio atque clarificatio falsarum solutionum Joannis Francisci Pici Mirandulani ad argumenta Samuelis Cassincnsis, quæ facto fuerunt in falsam prophetiam Hieronymi Ferrariensis, Milan, au mois de mai 1498, in-4°, 12 fol. Cet opuscule fut composé à Aixen-Provence, au mois de septembre 1497. Voir M. Pellechet, Catalogue général des incunables des bibliothèques de France, t. ii, n. 3345. Samuel Cassini publia aussi une Quæstio lamiarum, s. 1. n. d-, (mais en 1505), dont un exemplaire était conservé à la bibliothèque Ambrosienne de Milan du temps de J.-A. Saxius. Voir J.-H. Sbaralea, op. cit., p. 83, qui, à la p. 82, affirme que cet écrit fut attaqué avec àpreté par le dominicain Vincent Dodus. J. Tartarotti émet cependant des doutes au sujet de l’existence de l’un et de l’autre traité, dans Del congresso notturno délie lammie, Rovercdo, 1749, n. 2. Samuel Cassini se distingua aussi par ses écrits contre les vaudois : De statu Ecclesise, de purgatorio, de suffragiis defunclorum, de corpore Christi libellus… contra valdenses, qui hœc omnia negant, terminé le 26 octobre 1510 et édité à Cuneo