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S A L V I E N

SALZEDO (JEAN DE)

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chrétiens qui, à leur lit de mort, négligent de donner leurs biens à l’Église et qui, par cette avarice suprême, mettent le sceau à toutes les cupidités de leur vie. D’après lui, ce dernier acte de charité est capable d’effacer toutes les fautes d’une longue existence, pourvu qu’il soit accompagné d’un véritable repentir. Salvien prétend d’ailleurs le rendre obligatoire pour tous les fidèles, aussi bien pour les laïques que pour les religieux ; et, afin de démontrer sa thèse, il s’appuie sur des textes de la sainte Écriture. Ces textes lui permettent de démontrer victorieusement la faiblesse des objections qui lui seraient adressées, en particulier de celle que formuleraient des parents trop préoccupés de l’avenir matériel de leurs enfants.

L’ouvrage principal de Salvien est celui qui porte comme titre : De gubernatione Dei. Gennade le connaît sous le nom de De pressenti judicio, que lui donne également un de nos manuscrits. Il comprend huit livres, dont le dernier est inachevé, ou dont la conclusion a disparu de notre tradition manuscrite. Salvien se propose de répondre à l’objection courante de son temps, que l’on ne manquait pas de tirer de la ruine de l’empire romain et du triomphe des barbares. Comment, demandait-on, Dieu a-t-il pu permettre la chute de Rome, l’affaiblissement de son autorité, alors que l’empire était officiellement devenu chrétien et protégeait l’Église ? Comment favorise-t-il les barbares qui sont des hérétiques, voire des païens ? L’auteur commence par établir, tant par des arguments tirés île l’Écriture que par des preuves de raison, l’existence d’une Providence qui s’occupe des affaires humaines, mais qui ne promet pas aux justes des rétributions temporelles. Il peut ensuite attaquer de front l’objection : non seulement les maux dont souffrent les chrétiens ne prouvent rien contre la Providence, mais il faudrait douter de cette Providence si elle laissait impunis tous les crimes de ses prétendus adorateurs. Les chrétiens se plaignent : qu’ils fassent plutôt leur examen de conscience. Ils verront facilement qu’ils sont coupables de fautes continuelles et lourdes : Quid est aliud pêne onmis ccelus christianorum quam sentina viliorum ? III, ix, 44. Si l’on compare la vie des barbares païens, Huns, Francs, Alains, Saxons, Gépides, celle des hérétiques, Goths, Vandales, Bagaudes et celle des Romains catholiques, on verra de quel côté est la vertu et de quel côté le vice. Chez les Romains, tous les vices et une responsabilité d’autant plus grande qu’ils possèdent, avec la vérité, toutes sortes de grâces. Chez les païens, toutes les vertus. Ils s’aiment les uns les autres : aussi voit-on des pauvres, des veuves, des orphelins qui préfèrent aller vivre au milieu des Goths pour ne pas rester chez leurs frères de race. Ils sont chastes, surtout les Goths et les Saxons ; ils ignorent les impuretés du cirque et du théâtre et, chez eux, la fornication est un crime, tandis qu’elle est une gloire pour les Romains. Que si les barbares chrétiens sont hérétiques, ne sont-ce pas enfin les Romains qui en sont responsables, puisque c’est chez eux que l’hérésie a pris naissance ?

Salvien développe ces thèses avec une incontestable éloquence, mais aussi avec une prolixité dont il a lui-même conscience et qui finit par devenir fastidieuse. Il est d’ailleurs évident que la position prise par le prêtre de Marseille est assez paradoxale et que les barbares étaient en réalité bien loin de présenter les modèles des vertus qu’il leur attribuait avec tant de complaisance. On voit s’ébaucher dans son œuvre l’opposition entre le « bon sauvage » et le mauvais civilisé que J.-J. Rousseau mettra plus tard à la mode. D’un autre point de vue, Salvien marque un tournant décisif dans l’histoire de l’apologétique. Avant lui, Orose s’était efforcé de montrer que le temps présent n’était pas aussi mauvais qu’on le disait et que les

DICT. DE THÉOL. CATIIOL.

barbares étaient capables de se perfectionner. Tout en réservant à la civilisation romaine son amour et sa confiance, il admettait que l’on pût attendre quelque chose de bon des conquérants. Salvien passe résolument aux barbares ; il ne veut plus regarder vers le passé mort, et c’est vers l’avenir qu’il regarde. Ses exagérations font sourire, mais sa conviction, encore qu’exprimée avec trop de rhétorique, émeut et entraîne. Le De gubernatione Dei, dédié à l’évêque de Genève, Salonius, a été écrit entre 439 et 451, car Salvien connaît déjà la défaite du chef romain Litorius devant Toulouse, tandis qu’il ignore l’invasion de la Gaule par Attila : peut-être même l’ouvrage a-t-il été terminé dès 440. Gennade, il est vrai, ne mentionne que cinq livres, tandis que nos manucrits en comptent huit. On peut supposer que son texte est altéré, les copistes ayant lu IIIII au lieu de VIII, ou qu’il y a eu une autre division de l’ouvrage, ou même que l’historien n’a eu entre les mains qu’une rédaction incomplète.

Les écrits de Salvien figurent dans P. L., t. un, qui reproduit l’édition publiée par É, lialuze eu 1663. Des éditions nouvelles sont ducs à C. Ilalm, dans les Mon. (Verni. hist., Auct. antiquiss., t. i, Berlin, 1877, et à F. Pauly, dans le Corpus de Vienne, t. viii, Vienne, 1883. Sur la tradition manuscrite, on verra les études de Ilalm, dans les Sitzungsberichte der kgl. Akad, der Wissenschaften zu Mûnchen, Philos.-philol. und hislor. Kl., 1876, t. i, p. 390112, et de Pauly, dans les Sitzungsberichte der kais. Akad. der Wissenschaften : u Wien, Philos.-histor. Kl., t. xcviii, 1881, p. 3-41.

Sur l’œuvTe de Salvien : V. Zschimmer, Salvianus, der Presbyter von Massilia und seine Schriften ; ein Beitrag zur Geschichte der christlich-lateinischen Literatur des 7. Jahrhunderts, Halle a. S., 1875 ; A. Hàmmerle, Studien zu Salvian, Priester von Massilia, Landshut, 1893-1899 ; < ;. Steinberg, Dos Christentum des V. Jahrhunderts im Spiegel der Schriften des Salvianus von Massilia, dans Theolog. Studien und KritiUen, t. lxxxii, 1909, p. 29-7.X ; 103-20.") ; A. Schæfer, Rômer und Germanen bei Salvian, 1930 ; C. Brackman, Obseroationes grammatical et criticae in Salvianum, dans Mnemosgne, t. lii, 1924, p. 113-185 ; <r Marin, Sali i a « </ ecclzziam, recensizn inédite, dans I. i bénédict., t. xi.in, 1931, p. lui sq. ; Rochus, I. « latinité de Salvien, Bruxelles, 1934 ; A. Jansen, L’expressivité chez Salvien, Nimègue, 1937.

G. Bardy

    1. SALVUS DE PALERME##


SALVUS DE PALERME, frère mineur italien de l’Observance (xvie -xvii c siècle). — Né à Païenne en 1572, il reçut l’habit franciscain en 1597 et exerça, dans sa province monastique de Païenne, les charges de défmiteur, de custode et, dans l’ordre, celles de commissaire et de visiteur des autres provinces. Il mourut en 1644 à Païenne. Il serait l’auteur de quelques ouvrages restés inédits : Decisiones conscientiæ casuum ingéniasse plurimorum dilueidantes dubiorum solutioncs ; — Devota medilazionc, che deve jarre ogni jedet crisliano per havere in odio il peccato : agginntovi un brieve modo dt confessione per tutti quelli che frequenlano questo ss. sacramento, e la preparazione per ciascun slalo, che degnamenlee con frutto brama communicarsi ;

— Stella splendenle di religiosi, la quale fa vederee conoscere chiaremente a ciascheduno d’essi la dirillae secura slrada di sodisfare a quanto a Dio hanno promesso per mezzo dei suoi voti solenni ; — Scuola d’orazione nella quale s’insegna un brieve modo d’otlenere da Dio quel tanlo che in essa si domanda. Il édita, enfin, l’ouvrage : Tesoro dell’anima desiderosa di schifar la trasgressione dei voto délia povertà ed ubbidienza, Naples, 1610.

A. Mongitore, Biblioteca Sicula, t. ii, Palerme, 1707, au mot Salvus Panormitanus ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scriptores O. M., 2e éd., t. III, Rome, 1930, p. 82.

A. Teetært.

    1. SALZEDO (Jean de)##


SALZEDO (Jean de), frère mineur espagnol du xviie siècle, appartenant à la province de Castille, qui édita : Traclatus seu quæstio : an seraphicæ militise

T.

XIV. 134.