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ROUMANIE. OHTHODOXIK ET I MON

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visme qui endette la vérité objective de la foi (sous la forme protestante), mais par la réunion de toutes les Églises nationales dans la véritable Église du Christ » (l’Église orthodoxe). Il se déclarait donc opposé au concordat. C’est un contrai international, donc un traitement de faveur réservé an culte catholique, alors que les autres confessions doivent se contenter d’une simple loi volée uniquement par les deux corps législatifs du pays..Mgr Bàlan demande ensuite que soit garantie la liberté religieuse non seulement pour les individus, mais aussi pour les collectivités, afin de permettre à des paroisses entières de passer de la religion « hybride » et « artificielle » des unis à la foi ancestrale » des orthodoxes. Répondant alors à l’archevêque Cisar navré des paroles amères prononcées au Sénat à l’adresse du pape, Mgr Bàlan lui demanda : « Et, depuis deux cent vingt-huit ans, que vient faire le patriarche de Rome au milieu de mon troupeau d’Ardéal’?… Nous ne sommes pas une colonie de nègres païens d’Afrique. Dès l’origine nous avons été un peuple chrétien et nous avons eu notre religion. C’est seulement parce qu’il a su profiter de la situation pénible dans laquelle se débattait notre peuple qu’il a pu créer ce schisme parmi nous. » « Pensez-vous que ce soit de la part du pape faire œuvre fie chrétien que de jeter la division parmi nous en arrachant les unis a l’Église du peuple roumain ? » 11 était aisé de lui répondre : « Oui, car quelle œuvre meilleure, plus rédemptrice que de répandre la vérité ? Les chrétiens véritables adorent Dieu « en esprit et en vérité » (Joa., iv, 3-1). Ce qui donc est le plus important pour les individus et les nations est de posséder une croyance vraie. Seule celle-ci peut nous sauver. Et c’est un devoir pour tous les bons chrétiens de répandre cette vérité dans le monde entier, non seulement dans les colonies, mais aussi parmi les Roumains qui gémissent sous le joug étranger. Qui donc d’une façon spéciale fut chargé par le Christ de confirmer ses frères dans la foi ? N’est-ce pas Simon-Pierre (Luc, xxii, 32) et ses successeurs les papes de Rome ? » D’ailleurs.Mgr Bàlan lui-même au début de son discours avait reconnu le bien fondé de celle théorie : « Si l’on croit, dit-il, que l’on est le dépositaire de la foi, comme nous le croyons, avec conviction et en toute justice quand il s’ag’t de l’Église orthodoxe, alors on a le devoir de ne pas mettre le flambeau sous le boisseau, mais de le montrer a tous et d’aider ainsi ses frères à arriver eux aussi à la connaissance de cette foi. » Malheureuseiuent la passion et l’élan oratoire aveuglaient le métropolite de Sibiu et on put l’entendre appeller l’Église unie une « création artificielle » due, non à la « conviction » religieuse, mais aux intérêts politiques de nations ennemies. Il lit même aux évêques unis ce reproche :

« C’est vous qui êtes la cause perpétuelle de ces divisions. » Le seul tort qu’il se reconnaissait, c’était de ne

pas avoir suffisamment prêché le passage en masse de l’union a l’orthodoxie.

Mgr Basile Suciu (ï 1935), archevêque uni d’Alba Julia et Fâgârasen résidence à Blaj, gravement malade prononça lui aussi un discours bref, mais approprié aux circonstances (28 mars 1028). Il élaii question de <vn Églises roumaines. On ne peut, dit ce prélat, détruire une Église consciente de sa vocal ion ri. moins quc toute autre, l’Église roumaine unie. Essayer de la supprimer signifierait déclencher une guerre religieuse plus terrible qu’aucune autre, car la foi religieuse est le trésor le plus précieux de l’âme humaine. Il insista sur ce fail historique bien connu, mais enseveli sous les ruines de l’indifférence, que le christianisme roumain est d’origine romaine.

7. L’intervention < ! <* ministres. - M. Alexandre I.apedalu. minisire des Cultes et des Beaux-Arts, après un bnf aperçu historique des luttes religieuses en

Roumanie, montra (29 mars 1928) la nécessité pour l’ordre public de la nouvelle loi sur les cultes. Ses observations au sujet des rapports entre les deux Églises roumaines sont justes : « Il est très vrai, dit-il, que l’union de 1700 s’est faite pour des fins politiques… Il est très vrai que cette union a relâché pour de longues années et même rompu les liens séculaires si solides et si précieux, culturels et politiques, qui unissaient les Roumains des provinces moldo-valaques à leurs frères de Transylvanie. Il est très vrai que par la suite, cette union a provoque, à l’avantage de la maison d’Autriche, une lut te violente entre les deux confessions roumaines, au cours de laquelle des églises et des monastères orthodoxes ont été détruits à coups de canon. Mais il est non moins vrai que nos frères de Transylvanie ont su tirer profit de cette union, si favorable fût-elle à la politique de l’Autriche, et l’exploiter pour le plus grand bien de la nation roumaine. En effet, l’union a pu briser les rapports entre les Roumains de Transylvanie et la métropole (de Bucarest ) tant au point de vue ecclésiastique que culturel, mais par contre elle nous a ouvert de nouvelles voies vers la lumière et la culture, la voie de l’Occident latin, ("est di’la qu’est sorti le réveil de notre conscience nationale : de la aussi la raison pour laquelle, après 1764, quand enfin cessèrent les luttes fratricides, on vit se rétablir peu à peu entre les deux confessions des rapports normaux, mieux que cela, des rapports fraternels et cette union a préparé ces succès obtenus dans le domaine national et politique de 1764 jusqu’à nos jours. » Les causes de ces luttes confessionnelles si regrettables ? A côté de celles indiquées d’une part par l’évêque roumain uni Hossu et d’autre part par l’archevêque orthodoxe Bàlan, l’orateur en signale d’autres : la supériorité culturelle de certains unis, et la supériorité de l’esprit national chez les orthodoxes, la différence d’éducation et le fanatisme.

L’union pourra-t-elle se faire entre ces deux Églises ? Oui, elle se fera « par la simple évolution des choses sans l’intervention de qui que ce soit, en tout cas sans violence ni contrainte ». C’est dans cette intention que

« nous voulons écarter toute inimitié et rendre vaine

toute lutte ».

M. Vintilâ l.-C. lbâlianu († 1930), président du Conseil, développa à la même séance (20 mars 1928) le programme de politique religieuse du gouvernement cl du parti national-libéral. Il lit ensuite l’éloge de l’Église roumaine unie qui adonné au peuple roumain l.s apôtres de sa renaissance, (1. Sincaï el I’. Maïor. Ils surent démontrer scientifiquement la latinité, l’unité et le destin commun de ce peuple. Aussi, malgré ses fautes, si elle en a commis, cette Église mérite la confiance entière des Roumains, vu les services inappréciables qu’elle a rendus à l’idée nationale.

Comme le ministre des Cultes lors du vote de la loi par ari icles reconnaissait la personnalité juridique aux organisai ions des cultes historiques (de la communauté et de l.i paroisse jusqu’à l’évêché et à la métropole) et l’application du droit commun au procès concernant les biens ecclésiastiques, l’archevêque Bàlan protesta (31 mars 1928). « Le ministre I.apedalu subit, dit-il, une évolution incompréhensible. Parti de la thèse de l’épiscopat orthodoxe, il est arrivé par suite de concessions et de rétractations à accepter le point de vire diamétralement opposé. D’ailleurs, continua-t-il, le Parlement se trouve placé dans une fausse position. Il est obligé de légiférer sans avoir pu auparavant s’assurer une pleine liberté de conscience et d’action. »

I.a réponse de M. I.apedalu. minisire des Cultes, ne se lit pas attendre : Comment voir, demanda-t-il, une contradiction entre la présente loi et celle de l’Église orthodoxe, alors que le métropolite Bàlan lui-même a commencé son discours en remerciant le gou-