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SAINTS (CULTE DES). AU M. A.. LA DOCTRINE


temps garder le culte des corps saints, celui des saints du fiel et l’usage de les prier. (Test en effet ee qu’oïl trouve dans son Liber de sanctorum imaginibus, P. I… t. r.iv. col. 199-228, qui n’est guère qu’un tissu de citations. Mais, puisqu’il s’y réfère au Martyrium Polycarpi, loc. cit.. col. 213-214, il ne doit pas être un adversaire <ln culte des reliques ; puisqu’il cite la Cité de Dieu, t. X, c. i, iv. xv, xtx-xx, il est bien d’avis d’honorer les saints. Ce qu’il ne peut admettre, c’est qu’on leur donne les honneurs divins, les considérant comme d’autres Christs, comme d’autres médiateurs. Loc. cit., col. 202-20 1 et surtout c. xxxv, col. 220. Mais il croit à l’intercession des saints : « Car lorsque les anges nous exaucent, c’est Dieu lui-même qui exauce, qui écoute nos prières dans son vrai temple non fait de main d’homme ; il nous exauce également en tous ses saints. » Loc. cit., col. 210.

Plus que modéré, indifférent fut Claude, évêque de Turin. D’origine espagnole, de caractère violent, il partit en guerre en son diocèse contre les croix et les images des saints. Mais nous le connaissons mal ; et ce n’est guère que par les citations de ses contradicteurs, Jouas d’Orléans et Dungal le Reclus que nous connaissons V’Apologeti’cum où il défendait ses idées. Or, malgré des assertions gouailleuses sur le culte des images, les pèlerinages à Rome, etc…, on ne trouve contre l’intercession des saints, que cette réflexion assurément insidieuse : « Qu’est-ce que veut dire l’Écriture : Si fuerint in medio ejus Noe et Daniel et Job, c’est-à-dire des hommes aussi saints et aussi justes que ceux-là et d’autant de mérite, non liberabunt filium neque filiam… Ceci soit dit pour cjue personne ne se fie au mérite et a l’intercession des saints. » Cité par Dungal, P. L., t. cv, col. 464. Mais, à vrai dire, le procès serait à reprendre à l’aide des inédits de Claude, particulièrement le commentaire In Levilifimi. ms. de Reims 26 -5.9, dont Mabillon n’a publié que l’introduction. On y lit que Jésus « par sa mort et dans sa mort nous a unis plus véritablement tous », fol. 7 r°, et que « son sang a pacifié le ciel et la terre, ut cœlestibus terrena sociarcl. Quomodo non et cum sanctis, non solum qui in terra sunt, sed et qui in cwlis ? », fol. 27 v° : voilà bien la communion des saints qui fonde notre culte des saints. Aussi, déjà avec les saints de la terre, « dans le sacrifice de la pénitence, il est permis d’user du secours d’autrui, comme l’atteste l’apôtre saint Jacques. Priez les uns pour les autres pour être sauvés. Sed multo mugis justorum utamur adjutorio ; ipse enim subdidil : multum valet oratio justi assidua » (Jac, v, 16), fol. 18 r°. Cette prière est la fonction du prêtre : Recte sacerdos (limitai et deprecatur : miscricors est enim et fidelis sacerdos ad Dominant, qui exorat pro peccatis popuii. Fol. 22 v°. Mais les justes du ciel ne prient-ils pas aussi pour nous" ? Claude 1 est excessivement réticent sur ce point crucial de sou enseignement. Voici cependant quelques bonnes paroles : Qui eliam sint isli qui ncrulunt arieles. nisi prophétie et apostnli, qui mitti cum peccavero ostendunt et consilium dant quo modo debeam curritjcrc errores nteos et cmendare peccata meu ? Fol. 28 r°. Mais on n’achète point ce secours par des prières aux saints apôtres : Quid aillent pretii comparantibus sumant ? Illud opinor : legis siudium, vigilias audiendi verbi Dei ; sed super omnia dignissimum pretiam obedientiant pulo. I.oc. cit. C’est sans doute

que les saints brûlent déjà de charité pour nous : Omnia sacrificin… vel passante Doniini. vel devotione rjus sanctorum /laminant cttrilalis (intentent fiquriile denunlianl. Fol. 28 v". Pour entretenir ce même feu dans L’âme de tous les chrétiens, L’exemple des saints est un feu ardent : Ligna subjiciat, i<l est fidelis quisque, ne in eo caritatis flamma defteiat, in conte suo tant exempta Patrum quant sanctse Scripturæ tesiimonia congerere non désunit… Ignis est iste perpétuas

qui nunquam déficit île altarc, quia etiam post hanc vitam eorum menlibus fervor caritatis ardescit. Fol. 29 v°.

Il est assez vraisemblable que d’autres œuvres inédites de Claude, et surtout son fougueux Apologeticum, si nous le retrouvions entier, nous mettraient devant certaines négations manifestes. Mais les citations faites par Dungal ne contiennent rien de bien virulent contre le culte fies reliques. Sans doute Jonas d’Orléans, une dizaine d’années plus tard, essayait bien d’interpréter dans ce sens un de ces extraits, les seuls documents, qu’il eût à sa disposition, De cultu imaginum, 1. 1, P. L., t. evi, col. 329 ; mais bien plus probablement, Claude s’exprimait contre les saintes images. Au reste Jonas lui-même est à classer parmi les partisans modérés du culte des saints, mais l’argument dont il se sert est assez neuf : « Le salut de notre âme, nous croyons qu’il faut l’attendre de Dieu seul ; mais, puisque, par la faute de nos méfaits, nous ne méritons pas de l’obtenir de lui, nous recourons aux suffrages des créatures célestes ou spirituelles, pensant ainsi l’obtenir ; et, en ce faisant, nous ne faisons pas, comme tu l’écris, acte de service à la créature, mais bien au Créateur. Et puis si les suffrages des saints ne nous obtiennent pas le salut de nosâmes, pourquoi demande-t-on leur intercession près de la majesté divine dans la liturgie de la messe et dans d’autres humbles supplications (litanies)’?… » Op. cit., P. L., t. evi, col. 330.

Paschase Radbert se montra théologien avisé et pondéré sur la question : il mit en circulation en latin l’expression de dulie pour marquer le culte dû aux saints, bien différent du « culte de latrie dû à Dieu seul. Or, ce service qui marque une soumission commune, est plus particulièrement appelé en grec dulie… Aussi il faut bien se garder, soit de diminuer celui-là, soit… d’exagérer plus qu’il ne convient ce commun service [de dulie] qu’est la vénération due aux anges et aux hommes. Mais il faut prier Dieu pour lui-même, et le servir comme le Créateur ; au contraire, il faut vénérer l’ange et l’homme, comme il convient, non pour eux-mêmes, mais pour Dieu, de façon à vénérer en eux le Dieu par qui nous croyons qu’ils sont devenus vénérables. D’ailleurs il ne faut point du tout les adorer, puisqu’ils ne sont pas de véritables dieux. Il faut recourir à eux par les prières, mais non les honorer comme Dieu… Simplement il faut aimer Dieu en eux. puiscpie c’est à cause de Dieu qu’ils sont aimés de nous et vénérés dévotement. Si quelqu’un s’écarte de cette règle catholique d’un côté ou de l’autre, soit en méprisant les saints, en leur refusant la vénération qui leur est due, soit en les mettant pour son compte au rang de Dieu, alors qu’ils ne Le sont pas, celui-là est bien loin de la religion de la vraie foi ». Expositio in Matlhivum, I. III. c. iv. P. L., t. cxx, col. 199-200 ; cf. De passione SS. Pu fini et Yalerii, loc. cil., col. 1491.

Les fervents.

Ils sont innombrables parmi les sermonnaires

et les commentateurs du xi c au xiie siècle ; mais les considérations qu’ils développent ne sont pas neuves ou bien elles ne prouvent rien. Ainsi Rathier, évêque de Vérone, interprète ainsi l’épisode très historique de la Chananéenne : < Que l’assemblée de tous les saints s’écrie comme cette sainte : Miserere mei, Jesii, fili David : filia mea maie a diemonio vexatur. La Mie en question, c’est ton âme, pécheur… Jusqu’à l’importunité, elle demandera la même chose aux prières des Familiers du Christ, jusqu’à ce qu’elle obtienne par ses clameurs, du Christ à qui rien n’est impossible, ce qui parait impossible à ses mérites et aux tiens. » Dialogus, a. 10. P. t.., t. cxxxvi, col. 138-130. Le prédicateur rappelle les exemples des saints dans l’Évangile ; celui de Pierre, par exemple, nous convertira. Loc. cit.. col. 73 1. Mais, plus volontiers, il recourt aux modernes Formules de dévotion, telle « une petite prière que j’ai trouvée dans certains psautiers et qui est ainsi conçue’