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SAINTS (CULTE DES). MARTYRS ET SAINTS NON MARTYRS
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liste d'évêques de la Babylonie et de la l’erse, qu’il présente dans sa seconde partie, témoigne d’un choix sévère des « confesseurs de l’Est ». Texte de ce ménologe dans Acta sanctorum, novembr. t. ii, p. liv-lxv.

Aux premières décades qui suivent leur mort, la béatification des évêques illustres marque comme un stade d’attente. C’est dans la série des oraisons Super defunctos que le sacramentaire léonien place la messe de saint Silvestre, pape : Deux, confiæntium te portio defunclorum, preces nostrets, quas in famuli lui Silvestri episcopi depositione deferimus, propitiatus adsume, ut qui nomini luo minislerium fidèle dépendit, perpétua sanctorum tuorum societate lœtetur. P. L., X. lv, col. 137. A cette époque, en effet, les doutes de saint Augustin sur le sort actuel de certains justes non martyrs avait impressionné bien des esprits. De cura pro mortuis gerenda, cm ; Tract, XLIX in. loannem ; Retract., 1. I.c.xiv ; Tract, in Ps. XLIX, etc. Ils devaient être précisés par saint Grégoire, Dial., t. IV, c. xxxix. Cf. art. Purgatoire, t. xiii, col. 1222-1225. « Le culte des confesseurs mit d’ailleurs une certaine lenteuràs'établiret ses premières manifestations semblent avoir été d’abord assez discrètes, surtout en Occident. Dans son réquisitoire contre le culte des saints. Vigilance ne parle que des martyrs, et nulle part la gloire de ceux-ci n’a été éclipsée par celle de leurs émules. » H. Delehaye. Sanclus, p. 1 18. Les moines d’Egypte eux-mêmes, si fervents et si familiers avec les martyrs (Histoire lausiaque, i, x, n. 2) ne marquent point de culte pour leurs ancêtres dans la vie monastique.

Résumé dans les Itinéraires et les Martyrologes.

Les Itinéraires romains chrétiens dont nous parlons, ont

été rédigés de bonne heure, du vii c au xe siècle, pour l’usage des nombreux pèlerins de Rome : c'étaient des listes des curiosités et des sanctuaires avec indications topographiques et historiques. On pourrait en inaugurer la série par l’itinéraire du prêtre Jean, transcrit sur papyrus et conservée en original au trésor de la cathédrale de Monza : il groupe les noms des martyrs et des saints devant la tombe desquels. Jean avait recueilli pour lareine des Lombards, Théodelinde, de l’huile des lampes allumées en leur honneur. Mais c’est une simple liste de saints rangés par voies romaines. Les vrais itinéraires parvenus jusqu'à nous s’occupent surtout des catacombes et des inscriptions qui s’y lisaient. Deux d’entre eux sont antérieurs aux translations de reliques opérées par le pape Théodore vers 640. C’est d’abord la Nolilia ecclesiarum urbis Romw. Le plus important est intitulé : De locis sanctis marlijrum qutv sunt forts civilalem Romæ ; c’est l'œuvre d’un pèlerin allemand qui se promène, le crayon à la main ; écrite sous I lonorius I pr (625-638), elle semble avoir pour base une compilation plus ancienne qui remontait au moins à Pelage II (579-590). L’itinéraire d’Einsiedeln, de la seconde moitié du viir 3 siècle donne un grand nombre d’inscriptions. Mais tous ces vieux itinéraires se gardent bien des légendes qui rempliront au xii siècle les Mirabilia urbis Romæ : le culte des martyrs, encore local, peut fort bien s’en passer.

L’indice le plus significatif du culte des églises principales pour les saints apparent es à leur métropole c’est, au v c siècle, la constitution des martyrologes. Dès le milieu du iie siècle, mais sans avoir besoin de mémorial écrit, 1'Kglise de Smyrne célébrait L’anniversaire des martyrs morts en 155. Marlyrium Polycarpi, xviii, 2. A une date à peine postérieure, l'Église d’Afrique, au témoignage de Tertullien. De corona, c XIII, possédait des fastes martyrologiqucs, peut-être non écrits ; mais. vers le milieu du ine siècle, saint Cypricn, éveque de Carthagc, recommandait de noter par écrit, et de joindre aux martyrs morts dans les tourments, les confesseurs décédés dans les prisons, et cela au jour exact de leur mort. Epist., xii, éd. I lartel. t. n. p., V> : { ;

cf. ibid.. p. 58 ! ?. Ces martyrologes primitifs étaient de simples catalogues, fort semblables sans doute à la Deposilio marlyrum de l'Église romaine, dressée en 336 et publiée en 354 par Furius Dionysius Philocalus. Cf. Dicl. archéol. et lilurg., art. Filocalus, t. v, col. 1594, et Kalendaria. t. viii, col. 635. Nous avons d’ailleurs conservé le martyrologe de Carthage qui représente l'état du culte au commencement du vie siècle. Mabillon, Vêlera analecta, t. iii, p. 398. Que, parla suite, on ait généralement transféré la fête de tel saint au jour même de sa translation, cela peut susciter des problèmes à l’historien de l'Église et de la liturgie ; mais cela prouve simplement quel culte véritable, localisé et daté. Us fidèles donnaient à leurs martyrs. Qu’on ait ajouté à ceux-ci, dès le iv c siècle, le nom des évêques éminents, comme saint Augustin, et celui des ascètes et des chefs de monastères, c’est la marque écrite de l’extension du culte des saints de tous ordres, les martyrs restant manifestement les coryphées et les confesseurs n'étant l’objet que d’une vénération d’ordre inférieur. Ces martyrologes locaux étaient certainement le rappel d’un culte à jour fixe dans telle église ; mais les calendriers plus généraux qui furent compilés à l'époque suivante dans les grandes métropoles d’Antioche, de Carthage et de Rome, en étendant leurs énumérations à des martyrs lointains mentionnés en d’autres martyrologes ou en des auteurs hagiographiques, sont des témoignages d’un martyre, mais non pas nécessairement celui d’un culte ; car le compilateur, qui a voulu être complet, ne s’est pas toujours renseigné sur place au sujet du souvenir liturgique que l’on y pouvait observer. On aboutit ainsi à ces martyrologes universels, qui prétendaient fournir aux fidèles des Vies des saints pour chaque jour de l’année. En l’absence de documents de cette sorte remontant au ve siècle, c’est du moins l’idée qu’on peut s’en faire d’après la description, bien connue et datée de 541, de Cassiodore à. ses moines de Vivarium : « C’est pourquoi, pensant à la félicité future, lisez assidûment les Vite Patrum, les conjessiones ftdelium, les passions des martyrs…, qui ont fleuri par toute la terre, pour que, stimulés par cette sainte émulation, vous parveniez aux célestes royaumes. » Le docte fondateur renvoie ses disciples à une compilation qui se mettait sous le patronage de saint Jérôme : « Passions que vous trouverez sans difficulté entre autres — inter alia [opéra] — dans la lettre adressée par saint Jérôme à Chromace et Héliodore. » P. L., t. lxx. col. 1147. Comme cette lettre apocryphe, P. L., t. xxx, col. 435, se lisait dès la fin du v c siècle en tête de notre Martyrologe hiéronymien, L. Duehesne a pensé finalement que Cassiodore pouvait recommander ici la lecture de cet informe résumé. Op. cit., p. 150.

Quoi qu’il en soit des plus antiques essais assez développés de martyrologes généraux, le plus ancien martyrologe occidental se présente désormais dans une rédaction résumée et c’est bien celle-là que le pape saint Grégoire utilisait à la fin du vie siècle : « Pour nous, nous avons les noms de presque tous les martyrs, rassemblés en un seul livre, avec leurs passions affectées à chaque jour de l’année, et chaque jour en l’honneur des saints [du jour], nous célébrons la messe. Mais nous n’avons pas sous un seul volume le récit détaillé de leur martyre, quis qualiter sit passus ; il y a simplement le nom, le lieu et le jour de leur passion. Ainsi, chaque jour, comme je viens de le dire, c’est une multitude de saints de tous pays et de toutes provinces qui nous sont proposés comme couronnés du martyre. » Epist., t. VIII, ep. xxix, P. L., t. lxxvii, col. 931.

Il est très vraisemblable que le martyrologe oriental du iv siècle, antérieur à 111, mais qui peut remonter avant 360, contenait, lui aussi, de petites notices his-