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    1. SAINTS Cl LTE DES##


SAINTS Cl LTE DES. POPULARITÉ

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laire, jusqu'à la fin du v siècle. Loc. cit., p. l 12. p. 306.

3° Popularité du cuite. - La dévotion, sous des formes nouvelles, ou du moins mal connues jusqu’ici, gagne le monde laïc, et pas seulement les milieux populaires. Sans revenir sur les pratiques privées de se faire ensevelir près des tombeaux des martyrs, cf. art. Reliques, col. 2330, de porter sur soi des reliques et de les faire déposer eu sou tombeau (Sozomène, Hist. eccl., t. IX, en), il faut signaler, dans les cercles d’ascètes, l’usage des formules de prières aux saints et, un peu partout, celui de leurs images, et la diffusion îles Vitæ sanctorum.

1. Les formules toutes faites sont en faveur crois saute dans la dévotion privée et même dans l’usage liturgique. On connaît onze prières à la sainte Vierge attribuées a saint Kphrem († 373), qui y vante le pouvoir d’intercession de la Mère de Dieu en des termes dont on ne trouve l'équivalent en Occident qu’au XIIe e siècle et dans notre Memorare. On ne pourrait pas affirmer que les antiennes : cuiminibilr commercium… Dei genitrix, intercède pro nobis, fussent déjà composées au v siècle ; mais, de cette époque, on a des llieotokia alexandrins et coptes. De même, pour les autre ! saints, une place leur était laite dans les offices byzantins, les Églises d’Orient avaient le souci d’adapter les antiphones aux fêtes, et, d’autre part, l’usage de « chanter en antiphone », dès le iv siècle, fournissait un cadre aux louanges des saints. De fait nous possédons dans le papyrus de l’archiduc Régnier, retrouvé au Fayoum et daté du début du iv siècle, un tout petit fragment d’antienne : louange, plutôt que prière à saint Jean-Baptiste pour le 5 janvier. H. Leclercq, Monumrnla ceci, liluryica, t. ii, inlrod., p. cxi.v. Parmi les tgpica égyptiens que l’on a depuis longtemps, plusieurs doivent être antérieurs au schisme monophysite. puisqu’ils se retrouvent identiques en ^rec et en copte. Mais, pour le rite byzantin, les plus anciens Impaires aux apôtres et aux martyrs sont ceux de Romanos, qui vint à Constantinople au début du vie (ou du vue) siècle. Voir son article, t. xiii, col. '2, et Mariologie de Romanos, dans Recherches du science relitL, L938, p. 69.

Nous avons bien des prières plus anciennes, mais prières privées, conservées sur des papyrus ou des ostraka : l’une, du v c siècle, se termine par une invocation aux saints Phocas et Mercurios ; une autre, du vie siècle, d’allure passablement superstitieuse, au même saint Phocas, contre la morsure des serpents. H. Leclercq, op. cit., n. 5 et 47, introd., p. cxlix et cevi ; cf. n. 27 et 73, p. clxxxv et p. ccxl. Mais beaucoup plus intéressantes sont les deux variantes du Te Deum en grec, du vie et du viie siècle, loc. cit., n. 48 et 49, et surtout la paraphrase de l’Ave Maria à la Vierge 6eo$ô)(ov, prière populaire peut-être d’origine nestorienne, griffonnée sur un oslrakon du vF-vne siècle, loc. cit., n. 52, p. ccxvi ; cf. n. 64, p. ccxxxvi. « Si l’on compare ce texte aux invocations semblables de l'Évangile apocryphe, De nalioitate Maria, c. ix, n. 1, de Tlléodote d’Ancyrc, //> sanctam Dri/iaram, P. G., t. lxxvii, col. 1393, et du pseudo Athanase. In Annunliattonem Deipanv, P. G, , t. XXVIII, col. 940, du début du Vile siècle, « on voit le f>oùt régnant, auquel les prédicateurs ne se faisaient pas taule de céder. Il consistait à faire servir la salutation angélique de point

de départ à un commentaire poétique. Ceux qui n’avaient pas le moyen de se procurer le texte de ces amplifications se contentaient de transcrire sur une poterie brisée quelque passage de ces louanges… Peut-être rapportaient ils leur oxlrakon au retour de la fête, afin de prendre part aux chants. I.oc. cit.,

|l. i I.XVI.

2. Les origines populaires du culte des images ont

été étudiées à l’article Images (Culte des), t. vii, col. 767. Rappelons seulement qu’en sus des sujets symboliques, la sainte Vierge est fréquemment représentée dans les fresques des iiie et iv siècles aux catacombes romaines, sans qu’on puisse décider si elle y figure comme objet de culte ou comme acteur d’une scène biblique. Mais, à Sancla Maria antiqua, des peintures du vi° siècle la présentent certainement aux hommages des liilèles, de même qu’elles mettent en bonne place les Pères de l'Église d’Orient et d’Occident. Que faut-il penser des groupes d’apôtres peints dans un oratoire voisin de Sainte-Prisque et datés par certains du ive siècle ? Cf. Duchesne, Le Liber pontiftcaliSjt.i, p. 517, n. 45. Même question de date pour les statuettes de Marie, en argile grise, découvertes en Afrique, à Damous-el-Karita, pour ces bulles en plomb et ces carreaux de terre cuite, les uns offrant l’image indubitable de la sainte Vierge, les autres portant l’invocation : Sonda Maria, adjuva nos ? Plusieurs experts les datent de la fin du iv siècle. Cf. A. Molien. La vierge Marie, p. 16. Imaginc-t-on bien le caractère populaire de ces humbles pratiques ? Busèbe, qui ne les prisait guère, affirme avoir vu des images des saints Pierre et Pau] peintes sur des tableaux. Hist. eccl., t. VII, c. xviii, P. G., t. xx, col. 679.

r) Mais l’indice le plus palpable pour nous de la popularité des saints, ce sont les Acta, les Gesta et les l’assiones et aussi les panégyriques solennels qui, en Orient et en Occident, leur furent consacrés du iv c au vir siècle. Il ne s’agit donc plus de ces Actes authentiques rédigés durant les persécutions par les greffiers des tribunaux, par des témoins oculaires, voire par les martyrs eux-mêmes, mais d’actes artificiels où le romanesque, voire l’invraisemblable, se mêle souvent à l’historique. Leur valeur documentaire ne tient pas uniquement à l'époque de leur composition : on trouve bien des romans pieux au IIe siècle et des perles de prix au vr ». La question a été singulièrement éclairée par le classement en genres historiques qu’a si bien réussi le P. H. Delehaye, Les passions des martyrs et les genres littéraires, Bruxelles, 1921. Le classement a été appliqué avec circonspection par le même auteur aux Acta sincera de dom Ruinart, voir ci-dessus l’art. Ruinart, col. 160 sq. Une classification analogue a été tentée pour les Gesta marli/rum de Rome et des pays latins par A. Dufourcq, qui a « constaté que les actes les plus authentiques paraissent assez nettement localisés en trois régions : Afrique, pays balkano-danubiens, Orient. Or c’est en ces trois régions qu’on incline a situer les Églises où se pratiquait la lecture liturgique de ces actes ». A. Dufourcq, art. Acta marlyrum, du Dict. hist. et géogr., t. i, col. 405.

Il est équitable de reconnaître, avec le P. Delehave, on pouvoir conservateur aux habitudes rituelles ; mais ce jugement de valeur intéresse plus l’historien que le théologien. Ce dernier doit se demander plutôt le motif qui fil rédiger ces Gesta et ces Vitse ; car ce geste de piété était lui-même un culte. Or, il faut dire (puce n'était plus, comme pour les Acta primitifs, la couronne tressée par telle chrétienté en l’honneur de ses ancêtres dans la foi, mais c'était le besoin qu’on avait désormais de renseigner les simples fidèles sur des martyrs anciens ou étrangers, dont ils ne savaient plus guère que les noms. De fait on constate que les Passions dont nous parlons campent devant les dévots, non pas tant le héros chrétien que l’homme vivant dans un milieu hostile et dans des circonstances dramatiques. A la différence des Vitse sanctorum postérieures, on ne se met pas en peine de détailler ses vertus, mais plutôt les interventions célestes dont il est l’objcl : on ne veut pas provoquer l’imitation, mais bien l’admiration : c’est bien aussi l’impression qui ressort des

panégyriques de l'époque.