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SAINTS (CULTE DES). LA LITURGIE


goire, Hom. in Evangel., va, 1 ; xi, 3 ; xxviii, 3) ; mais on tint à écartei « les Gesta martyrum qui multipliaient les tourments et les confessions retentissantes, tels que

ceux de saint Quiricus, de sainte Julitte et de ri

Georges, qui ne sont pas lus dans l'Église romaine Décrétait de Gélose. En Gaule, à la fin du vre siècle, Grégoire de Tours remarque que » les hommes

frustes vénèrent avec plus d’attention les saints de Dieu dont on lit les combats ». De gloria martyrum, C. lxiv, P. L., t. i.xxi. col. 720. Beaucoup plus tardive fut l’introduction de ces lectures à l’office.

2. Les parties variables tic la messe. - Quant aux collectes et aux préfaces latines des sacrament aires gallicans, wisigothiques et celtiques, du léonien et du gélasien, dont les embolismes parlaient des saints du jour, elles sont adressées au Père ou au Fils : la prière officielle se met ainsi en règle avec le plus essentiel caractère du culte des saints : en eux, elle honore Dieu. Toutes les préfaces, romaines, milanaises, gallicanes, wisigothiques, commencent par l’action de grâces â Dieu : Vere dignum… Tuas enim Domine virtutes admirainnr quotiens horum festa celebrantur. Sacrant. I Ionien. « Aucune de ces prières strictement liturgiques ne s’adresse à la sainte Vierge ni aux saints ; il n’existe pas de messe de la sainte Vierge ou d’un saint dont la collecte, la préface ou la postcommunion constitue une seule exception à cette règle. Le culte des saints a pu prendre des proportions trop grandes qu’il a fallu restreindre ; jamais la prière sacerdotale d’un office de saint n’a été adressée à l’autel au saint lui-même : elle s’adresse toujours à la sainte Trinité. » A. Molien. La liturgie des saints, p. 100. Pour l’intercession des saints, qui est formulée sans recherche théologique : iniercedenle be<do A'., beati X. preeibus, intefeessionibus beatarum N. ri A'., corurn orationibus adjuvemur, elle est subordonnée à la suprême intercession du Christ par la conclusion stéréotypée : l’er Dominum nostrum Jesum Christian Filium luurn, et elle n’a qu’un but dernier, qui est de nous obtenir « l’indulgence de la bonté de Dieu » (posteomm. des saints hélix et Simplicius), parce que Dieu est apaisé par l’intercession des saints qui lui ont plu ». Dans les formules : siiffragantibus meritis (S. Laurent, etc.), le mot mérita n’a certainement pas le sens théologique que la scolastique lui a donné ; de même le mot palrocinium a une acception quasi contraire à celle que lui donne volontiers la dévotion moderne ; cf. les trois oraisons de la mémoire de saint Paul, au 22 février. Cependant l’intercession d’un saint caractérisé par certains mérites peut fort bien être invoquée pour des grâces appropriées. Enfin les exemples des saints sont proposés à l’imitation : ut quorum gaudemus merilis. accendamur exemplis : cette collecte â conclusion pratique des saints Gervais et Protais (19 juin) a été reprise plus lard pour le commun des martyrs, de même que celle de saint Eusèbe ( 1 I août) pour le commun des confes scurs : Deus qui nus… ctium actiones iniitemur. Les anciens sacramentaires cependant ne se sont pas mis en quête de précisions historiques : pour les saints île l'Évangile, comme saint Jean-Baptiste ou saint Jean l’Kvangélisle. l’application morale était facile ; pour d’autres, comme les saints Innocents et saint Laurent, l’austère sacramentaire grégorien « lisse pour une fois dans le sens mystique ; pour d’autres martyrs enfin, dont on ne connaissait pas encore les Aria, on s’csl contenté du sens accoinmodat icc. en jouant sur le nom des martyrs (saints Guy et Modeste. 15 juin). Se défiait-on de leurs actes ? 1)1. moins, même pour les plus connus, les missels romains se bornent â dire : gloriosos martyres fartes in sua confessione cognovimus. Ce n’est

qu'à l'époque moderne que les collectes ont cherché à remplacer les leçons historiques, au grand détriment du style lii urgique.

Les secrètes romaines des messes des saints apportent quelques nouveautés de doctrine, en même temps quelques difficultés, en mettant les saints en relation avec le sacrifice eucharistique ou plus simplement avec l’offrande des éléments du sacrifice. On peut interpréter dans ce dernier sens celles qui demandent que « les prières et oblations des fidèles deviennent agréables à Dieu à cause de la fête des saints » (saints Marius et Marthe, 19 janvier ; cꝟ. 22 février). Mais il faut bien appliquera l’oblation eucharistique les expressions : lloslias tibi. Domine, beati Lueii… dicatas meritis (4 mars) qui peut s’entendre d’une suppléance de l’apport humain dans le sacrifice du Christ ; et surtout celle-ci : ut per lare pite placatianis officia, et illnm [sanctum Leonem] beata retributio comitetur (Il avril). On a dit que cette messe de saint Léon, ajoutée aux sacramentaires du ve siècle quelques années après la mort du grand pape, garderait une part des préoccupations qui inspiraient les messes des défunts. Ce n’est pas impossible. Voir une autre explication de dom Casel, Mysterinm und Martyrium, dans Jahrbuch fur Liturgiewissenschaft, t. ii, 1922.

î. À l’office. — En Orient, les fêtes des saints

accueillirent très vite, dès le début du ve siècle au moins, et avant les grands schismes, des pièces propres : les ménologes et les TUTUxi de tropaires de l’office nocturne. Nous dirons un mot des plus anciens à propos de la prière aux saints ; car ce sont les liturgies orientales qui ont fait la fortune de ce genre de prières, étranger aux liturgies latines jusqu’au viiie siècle.

Celles-ci connurent aussi des arrangements spéciaux de psaumes, puis des antiennes adaptées, enfin des répons et leçons propres aux saints dont on faisait la fête : on pense que ces parties propres étaient d’abord très courtes. Cf. Régula S. Benedicti. c. xiv : In sanctorum festivitatibus qualiter vigilîse agantur. A Rome, les plus anciens de ces offices doivent être ceux des saints locaux : saint Pierre, saint Laurent, sainte Agnès. Mais â Milan, â Ravenne, à Arles et à Tolède cet orao offieii devait être bien différent et l’histoire ne peut même en être esquissée ici. En effet, non seulement l’office d’un saint était particulier â un diocèse ; il était même spécial pour chaque église et les messes sanct orales pareillement étaient localisées. C’est ce qui explique que le sacramentaire léonien ait accumulé deux et quatre messes du même saint. Les messes d’un saint ne devinrent communes â une région qu’avec le sacramentaire de saint Grégoire au vhe siècle, les offices encore plus tard : « Aux environs de 750, l’office des saints, maintenu jusqu’alors en dehors de l’office quotidien des basiliques urbaines, et fidèle en cela à sa tradition d’office cimitérial, s’est fait sa place dans l’office des basiliques. Cette place devait être d’abord petite â côté du grand office quotidien ; plus lard il se fondit avec lui. Batiffol, llisl. du bréviaire romain, p. 152.

Kn Occident, en effet, les offices propres que nous venons de mentionner, étaient encore excessivement discrets : les antiennes festivales étaient tirées des psaumes qu’elles annonçaient et quelques-unes seulement (lu IVe livre d’Esdras, de la Revelatio Esdrse ou d’autres Écritures apocryphes ; et elles ont pu devenir sans changements nos communs (les apôtres et des martyrs. Les répons de saint Pierre étaient empruntés tout simplement â l'Évangile ; ceux de saint Etienne sont pris aux Ailes des apôtres ; ceux des martyrs romains sont extraits des plus belles pages de leurs actes. Seuls peut être, à cette époque, les offices des vierges siciliennes, sainte Agathe et sainte Lucie, reproduisent des phases de leur martyre. En tout cela. ni litres excessifs, ni même invocations directes aux martyrs.

Il ne faut encore parler ni de litanies, ni d’hymnes