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SAINTS CULTE DES). LA U’ITRGIE


tyre : de sorte qu’il ne faut pas trouver pénible d’imiter eeux que nous trouvons agréable « le célébrer. Chaque fois que nous célébrons les solennités des suints martyrs, nous comptons bien, par leur intercession, obtenir du Seigneur des avantages temporels ; mais il ne faut pas oublier qu’en imitant les martyrs ce sont îles avantages éternels que nous mériterons. » Cette page bien connue montre donc la relation inséparable entre le culte d’honneur et le devoir d’imitation. P. L., t. xxxix, col. 2161 ; cf. col. 2158.

Synthèse de la doctrine chez les derniers Pères.


l.e culte des saints qui apparaissait à saint I lilaire ou a saint Augustin comme un à-côté, presque une excroissance de la religion, excroissance légitime dont saint Jérôme et saint Cyrille d’Alexandrie avaient dû défendre le principe et les manifestations, ce culte fait désormais un ensemble fie pratiques accessibles au peuple. Ces l'ères des derniers temps de l’empire l’aperçoivent mieux et en donnent la synthèse.

Saint Léon, qui assista au triomphe du culte des saints dans toutes les Églises de la chrétienté, est aussi net que possible sur leurs prérogatives et leurs services, doctrine qu’il appuie sur l'Écriture sainte et sur la tradition ecclésiastique : « Maintenant notre bon pasteur [saint Pierre], exécute l’ordre du Seigneur (Luc, xxii, 32) : il nous confirme par ses exhortations, et ne cesse de prier pour nous, afin qu’aucune tentation ne nous abatte. » Serin., iii, /'. /… t. MV, col. I lt>. « Comme nous l’avons nous-mêmes éprouvé, et comme nos ancêtres l’ont approuvé, nous croyons avec confiance qu’au milieu de toutes les peines de cette vie, nous serons aidés toujours pour obtenir la miséricorde de I Heu par les prières de nos protecteurs particuliers », les saints apôtres. Serin., i.xx.mi, De SS. l’etro et l’auto, col. 428. L’idée d’un patronage spécial des saints est chère à saint I.éon. qui en avait senti laréalitélors de l’invasion de Genséric..Mais, la prière des saints ne dispense point de l’effort personnel, leurs mérites donnant une intime efficacité d’encouragement à leurs exemples et à leurs enseignements, les saints possédant ainsi, dans le corps mystique du Christ, une double influence vitale, externe et interne, pour ainsi dire. < Leur protection nous a été ménagée par Dieu pour encourager notre patience et confirmer notre foi… De cette façon, si nos propres péchés nous accablent, les mérites des apôtres nous donnent la force de nous relever, par Jésus-Christ Noire-Seigneur. » Loc. cit. Bien plus, comme dans un champ fertile, les apôtres, < ces grains de choix de la divine semence, quelle magnifique moisson de milliers de martyrs n’onl-ils pas produite ! Et ceux-ci, à l’envi des premiers, ont multiplié le peuple fidèle… Ainsi, dans toutes les têtes de saints, sans exception, il faut faire remonter notre joie reconnaissante jusqu'à ces pères de notre loi à qui la grâce de Dieu a donné, entre tous les membres de l'Église, cette place éminente, d'être comme les deux yeux de ce corps dont le Christ est la tête ! Sur leurs mérites et leurs vertus particulières, il n’est pas nécessaire de s’attarder, puisque tous ces saints travaillent à la même œuvre. Loc. cit. Telle est, largement traduite BUT le texte de saint Léon le Grand, cette doctrine Catholique de la vénération des saints, si coinprélien

sive qu’elle unit harmonieusement la dévotion spé ciale aux patrons locaux, au grand courant du culte chrétien le plus authentique, et qu’elle équilibre la confiance tranquille dans le secours des apôtres par les efforts personnels pour suivre leurs conseils et leurs exemples. On peut lire les sermons de Maxime de Turin, /'. /… t. i. ii, col. lôô et ô7 I ; les récits de Grégoire de Tours, /'. /… t. lxxi, col. 562, 781, 799-800, 991 992.

Saint Grégoire le Grand a beaucoup l’ail pour le culte des saints et ses Dialogues i ont malheureusement

donné licence à tant d’hagiographes postérieurs d’ajouter toute espèce de merveilles à leurs Vitie. Plus que ses prédécesseurs peut-être, il accentue l’importance de l’intercession des saints : « Faites-en, frères très chers, vos patrons dans l’affaire de votre jugement, que vous subirez devant le juge sévère. Prenez-les comme défenseurs en ce jour si terrible… Voici que Jésus, le juste juge, va venir, avec l’appareil épouvantable des anges et archanges qui l’accompagnent. Dans cette assemblée, notre cause sera discutée, et cependant nous ne recherchons pas tout de suite d’avocats qui prennent alors notre défense. Ils sont là, ce sont les saints martyrs : ils veulent être priés, et ils cherchent, pour ainsi dire, à être cherchés. Demandez-les donc pour auxiliaires de votre prière. » Hom., xxxii, in Eoangel.. n. 8, P. L., t. lxxvi, col. 1240. Ce recours est toujours fructueux, P. L., t. lxxvii, col. 102, 391, 392. Il y a, dans ces paroles et beaucoup d’autres semblables du pieux pontife, une tendance à exagérer la nécessité du culte des saints. On a vu plus haut sa théorie sur la connaissance des saints.

Parmi les Pères grecs, citons Jean Damascène, cf. art. Reliques, col. 2348-2349. Le docteur grec, à l’enconlre de quelques autres de son temps, marque bien le caractère relatif et théocentrique du culte : « Nous vénérons les saints à cause de Dieu, parce qu’ils sont ses serviteurs, ses enfants et ses héritiers, des dieux par participation, les amis du Christ, les temples vivants du Saint Esprit. Cet honneur rejaillit sur Dieu qui est honoré dans ses serviteurs et, à cause de cela, nous comble de bienfaits. » De fide orthodoxa, P. G., t. xciv, col. 1164. C’est un culte relatif, au sens de culte subordonné à celui de Dieu, à qui seul est due vraiment l’adoration : « À aucune créature on ne doit l’adoration, 7tpoaxuvsîv, si ce n’est à la seule nature divine. » Cependant, un peu plus loin, il admet pour les saints la npoGyùrpaiç ti.|j.7]tixyj, réservant à Dieu, après saint Augustin et saint Cyrille d’Alexandrie, la Xarpeîoc : « 71 : poox’jvy]Cf(ou, ev xal XaTp£Ûawu.sv, le seul Créateur et Démiurge, Dieu, étant seul adorable par nature. Adorons aussi, 7rpoax’jiY)Gcou.sv, la sainte Mère de Dieu, non comme Dieu, mais comme mère de Dieu selon la chair. Adorons encore, TrpoaxovTjao|i.ev. les saints, à titre d’amis élus de Dieu, qui ont obtenu leur entrée près de Lui. » De imaninibus, orat. iii, C. xlxli, P. G., t. xciv, col. 1350-1357. Relatif en ce sens, le culte s’adresse pourtant aux saints eux-mêmes, parce qu’ils sont vivants au ciel et « sont les patrons du genre humain tout entier ».

(j° Les liturgies du 1 ve au viie siècle. — Klles nous présentent une synthèse assez complète de la doctrine, en même temps que l’expression officielle de la prière. Des liturgies du iv 1 e siècle nous n’avons pas beaucoup de textes, mais ils nous disent du moins la place qu’elles faisaient au culte des saints et le sens général de l’invocation.

1..1 lu messe. — En Orient, les plus archaïques de ces liturgies gardent encore, dans la prière aux martyrs, quelque réminiscence de l’anniversaire funèbre : ainsi dans le livre VIIIe des Constitutions apostoliques, dans la messe (dont on n’a pas encore retrouvé la source), on semble prier après fanamnèse pour les martyrs : « Nous vous offrons pour tous les saints qui vous ont plu depuis l’origine, pour les patriarches, les prophètes. les justes, les apôtres, les martyrs, les confesseurs, les évêques, les prêtres, les diacres… les laïques et tous ceux dont vous savez les noms. » VIII, XII, 13. Cepeu dant, à l’instant d’après, le diacre donne une formule plus nuancée dont la source doit être moins ancienne : « Liions pour cette Église et pour le peuple… Souvenons-nous des saints martyrs, pour « pie nous devenions dignes de participer à leur combat. » XIII, 1 ô.

Voici les constitutions relatives au sanctoral : « Aux