Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/435

Cette page n’a pas encore été corrigée

>. ».)

SAIN T E T Ê DANS I / É (.LISE R M A 1 N E

856

— 2. par la qualité même des conversions qui se produisent des autres communautés chrétiennes à l'Église romaine ou réciproquement de l'Église romaine aux autres confessions chrétiennes. Sauf de rarissimes exceptions (et encore faudrait-il en connaître tous les motifs cachés). les conversions opérées pour des motifs vraiment religieux et par un désir de réelle perfection se font toutes dans le sens unique de l’adhésion au catholicisme, tandis cpie les a conversions » de catholiques au protestantisme ou à l’orthodoxie sont, la plupart du temps pour ne pas dire toujours, entachées de motifs purement humains, souvent inavouables ; — 3. enfin par l’analyse des états d'âme observés chez les chrétiens non catholiques animés du désir de la vérité e1 de la perfection morale : « Le doute n’habite point la cité de Dieu, et l’on peut faire sur ce point une observation de la plus haute importance : c’est que dans les communions séparées, ce sont précisément les cœurs les plus droits tpii éprouvent 'e doute et l’inquiétude, tandis que parmi nous la foi est toujours en proportion directe de la moralité. » J. de Maistre, Lettres et opuscules inédits, t. ti. Lettre à une darne russe sur la nature et les effets du schisme. De multiples exemples de conversions célèbres apportent ici une confirmation sans réplique à cette vérité de fait. Les exemples de Newman et du P. Fabcr sont encore présents à tous les esprits. Voir Schouvalolï, Ma conversion et ma vocation, Paris, 1864, c. iii, p. 213-225, cité par A. de Poulpiquet, L'Église catholique, Paris, 1923, p. 218, où l’on trou vera d’autres témoignages. On lira aussi de Mgr J.-A. Chollet, Quelques retours ù la foi, Paris, 1932, dont la conclusion peut se résumer en quelques mots : « Le catholicisme est une lumière d’aurore. Il offre aux regards toutes les teintes et il présente à chacun la religion du Christ comme une réalisation de ce qu’il aime et comme une satisfaction de ses préférences dans le domaine de la vérité, de la bonté et de la beauté. » Plus récemment encore, le recueil Apologétique, Paris, 1937 (Blond et Gay), nous apporte d’autres témoignages des convertis… et de ceux qui ne sont pas convertis (p. 904-949).

2° La sainteté des principes appartient à l'Église romaine. - - 1. Il suffit d’interroger sa doctrine sur Dieu, l’origine et la fin de toutes choses, la vocation de l’homme, sa réparation par le Christ dans l’incarnation et la rédemption, lis moyens de sanctification, les fins dernières, paradis, purgatoire, enfer. « Tout, dans ses doctrines, excite et encourage au zèle et au sacrifice, aux œuvres surérogatoires, aux vertus supérieures et même héroïques : doctrine de la justification, non pas au moyen de la foi seule, mais de la foi qui opère par la charité ; doctrine du mérite surnaturel ; doctrine de la communion des saints, doctrine du pwgaloire et des suffrages pour les morts. » Yves de La Prière, art. Église (Question des notes), dans le Diel. apol. de la foi eath., t. i, col. 1291. Ces doctrines sanc tiflantes, l'Église romaine les possède pleinement, intégralement et, au cours des siècles, a tout entrepris, tout souffert, pour les défendre efficacement contre les attaques des hérétiques et des incroyants. Cf. Schultes, "/' cit., p. 211-212.

2. La discipline répond au dogme et permet d’appli quer ces principes sanctifiants avec une efficacité

toute particulière. La formation toute spirituelle des prêtres, avec l’obligation de la prière publique, de la chasteté, de l’accomplissement des devoirs du ministère apostolique ; les devoirs de la prière et de la pénitence rappelés aux fidèles, la pratique des commande inents île Dieu et de l'Église Imposée à la conscience de tous ; le saint sacrifice de la messe si propre à élever les Ames jusqu'à Dieu et aies unira.lésus Christ,

les sacrements, surtout la fréquente confession et la

communion fervente, la sainteté du mariage cons

tamment professée et défendue, le réconfort apporté aux mourants par l’extrême-onction, l’institution des fêtes rappelant les mystères du Christ et les grandes leçons qui s’en dégagent, les cérémonies du culte si variées et si attrayantes à la fois, les exercices spirituels, les missions, les retraites ; tout cela — et nous pourrions allonger la liste, de ces institutions — marque le souci constant de l'Église romaine de tirer le meilleur parti possible, pour la sanctification des âmes, des principes sanctifiants institués par Jésus-Christ. Qu’on ne dise pas que l’inconduite de certains chefs, voire de papes à plusieurs époques de l’histoire de l'Église, que les défaillances d'évêques, de prêtres et de fidèlesapportent un démenti concret à ces spéculations théologiques et disciplinaires. Les défaillances — dont personne ne songe à contester la vérité historique — sont toujours demeurées dans le domaine strictement personnel. Jamais aucun pape, aucun évêque n’a voulu ériger en principe, directeur des consciences les fautes commises par lui. Et les réformes tentées ou accomplies par les conciles au cours des âges, la discipline aujourd’hui sanctionnée par le Code de droit canonique marquent au contraire expressément la volonté constante des chefs de l'Église — quelles qu’aient pu être parfois leurs défaillances personnelles — de garder intacts et d’appliquer toujours les principes de sanctification qu’ils reconnaissaient avoir reçu du Christ. Voir une bonne mise au point de la question des scandales dans l'Église < sainte », dans A. de Poulpiquet, O. P., L'Église catholique, Paris, 1923, p. 246248. Comme couronnement à ces remarques, il faut signaler la force de l’autorité ecclésiastique, intervenant de tout son poids en faveur de l’observation d’une loi, d’une discipline si propices à la sainteté. Cf. Schultes, op. cit., p. 213-217.

3. L’institution canonique des ordres religieux, répondant aux conseils évangéliques formulés par le divin Sauveur est un signe certain de la sainteté des principes réalisée dans l'Église romaine. Dans la pratique des voeux de religion, on s’efforce, en effet, de réaliser l’idéal de perfection proposé par le Christ, par la contemplation, par la charité corporelle et spirituelle, par l’imitation des souffrances de Jésus-Christ en vue fie l’expiation des péchés et de l’extension du règne du Christ sur la terre.

3° La sainteté des membres appartient ù l’Eglise romaine. — Il ne s’agit pas d’affirmer, nous l’avons dit, que tous les membres de l'Église romaine sont des saints. Une telle exigence serait elle-même à rencontre des prophéties les plus claires de Jésus sur le mélange des bons et des méchants dans le royaume de Dieu sur terre. Nous disons simplement qu’il y a, dans l'Église romaine, des saints en tel nombre et d’une telle sainteté, humainement inexplicable, que la possession d’une telle sainteté est une marque certaine de la légitimité de cette Kglise comme église du Christ.

1. La sainteté commune constitue déjà, par ellemême, un élément non négligeable d’appréciation. 'faut de fidèles, tant de prêtres, grâce au dogme, à la discipline, aux institutions de l'Église, sont arrivés jadis et arrivent à notre époque, et l’on pourrait dire surtout à notre époque, à vivre de la vie de la grâce, constamment, sans chute ou, s’ils tombent, en se relevant immédiatement ! Le fait constitue déjà un progrès humainement irréalisable sur les possibilités de la nature laissée à elle-même. Et ce progrès s’affirme plus complet, plus intense dans la religion catholique que dans toute autre religion, même chrétienne. On lira dans 1'. Buysse, 1.' Église de Jésus, Paris, 1925, p. 121195. le développement de cette pensée sur la sainteté commune, envisagée déjà comme marque de la véritable Église : sous l’influence de cette sainteté simplement commune, l’humanité s’est transformée, les