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    1. SAINTETÉ##


SAINTETÉ, NOTE DE L'ÉGLISE

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en toutes choses la formation morale des hommes, afin de les détacher des attraits intérieurs et de les affermir

d’une façon stable dans leur marche vers Dieu. C’est en ce sens qu’elle peut être dite « sainte ». Certes, il est entendu qu’elle contient non seulement des justes mais encore des pécheurs. Ces paraboles du filet. Mal th.. xiii, 17-48, de la zizanie, ibid., 21 30, montrent que le divin fondateur l’a prévu ; la présence de Judas au milieu des apôtres demeure un témoignage irrécusable de cette vérité. Cf. Joa.. xiii, 10. Ce nonobstant, Jésus a « aimé son Église et il s’est livré pour elle afin de la sanctifier, de la rendre glorieuse, pour qu’elle doit sainte et immaculée ». Eph., v. 30-38. En accaparant, pour ainsi dire, la vertu de religion, l'Église a déterminé quels actes doivent orienter la vie religieuse des hommes vers Dieu et elle a affirmé l’exclusivité de sa mission de sanctification. (/est cette mission exclusive de sanctification et les résultats produits grâce à. elle parmi les hommes qui permettent, sous le rapport de la sainteté, de distinguer l'Église véritable fondée par le Christ des autres sociétés religieuses qui pourraient revendiquer la qualité de chrétiennes.

II. I.A SAINTETÇ, NOTE lu. L'ÉGLISE. - I. CONSIVÉRATIONS GÉNÉRALES : I.A SAINTETÉ HE L'ÉGLISE EST l LA FOIS r.V DOGME ET UNE NOTE DE I i i i : i ; i TABLE ÉGLISE. — 1° Un dogme. — Bien que l’expression " la sainte Église » ne se trouve pas dans l’Ecriture, on lient la déduire facilement de Eph., v, 38. Nous la trouvons expressément dans les plus anciennes formules du symbole des apôtres. Cf. Denz.-Bannw., n. 1, 2, 6. 9. La formule des « quatre notes » : et unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam a été, on le sait, consacrée par le symbole dit de Constantinople, Denz.-Bannw., n. 80, et se retrouve désormais drus les professions de foi postérieures, à tel point que l’expression sancta Ecclesia, sancta romana Ecclesia devient une formule reçue dans les actes conciliaires. Voir concile du Latran (649), eau. 18, Denz.-Bannw., n. 271 ; XIe concile de Tolède, ibid., n. 287 ; concile romain sous Agathon (680), ibid., n. 288 ; IVe concile de Constantinople (texte d’Anastase), can. 1, ibid., n. 336 ; symbole de Léon IX, ibid., n. 347. L’expression sacrosancta romana Ecclesia apparaît au concile de Vérone (1184), ibid., n. 402. La profession de foi imposée aux vaudois désigne l'Église romaine comme étant « l'Église sainte, catholique et apostolique, en dehors de laquelle personne ne peut être sauvé ». Denz.-Bannw., n. 423. Voir aussi IIe concile de Lyon, ibid., n. 464, avec l’expression plusieurs fois répétée sacrosancta romana Ecclesia, ibid., n. 460, 101 fin fine), 405, 400 ; Boniface VIII, bulle Unam sanctam, ibid., n. 408. L’expression sancta mater Ecclesia se lit au concile de Vienne, ibid., n. 180 ; sancta apostolica Seiles, au concile de Florence, ibid., n. 094, conjointement avec sancta ou sacrosancta romana Ecclesia, ibid., n. 098, 703.

En dehors des textes affirmant les quatre notes, l’expression sancta Ecclesia, a, bien entendu, une valeur surtout protocolaire. Elle témoigne cependant de la pensée du magistère ordinaire.

Une noie.

Sur ce point, le magistère s’est

exprimé nettement en deux circonstances. Une première fois, par l’organe de l’ic l. dans l’encyclique sur l’unité de l'Église aux évoques d’Angleterre (16 septembre 1864) ; Vera Jesu Uliristi Ecclesia quadruplici nota, quant in symbolo credendam asserimus, auctoritate divina constituitur et dignoscitur ; et quælibet ex hisce notis ita cum aliis coluvret, ut ab cis nequeat sejungi ; hinc fit, ut quee uere est et dicitur catholica, unitalis simut, sanctilalis et apostoliav SUCCessionis preerogativa debeat efjulgere. Denz.-Bannw.. n. 1080. I m seconde fois, le magistère suprême s’est exprimé

par l’organe du concile du Vatican : il indique expressément le caractère de motif de crédibilité qui s’attache à la sainteté de l'Église : Quin etiam Ecclesia per se ipsa, ob siiam nempe admirabilem propagationem, EXIMIAM SANCTITATEM ET INEXHAUSTAM IN OMNIBUS BONIS FŒCUNDiTATESf… magnum quoddam et perpeluum est motivum credibilitatis et divina suse legationis lestimonium irrefragabile. Denz.-Bannw., n. 1794.

La sainteté, comme note, se rattache au problème apologétique de la crédibilité de l'Église. Le caractère visible et discernable de l'Église fondée par le Christ. voir Église, t. iv, col. 2138, exige (pue la véritable Église se présente avec un certain nombre de caractères distinclifs, facilement reconnaissables et qui. parce qu’ils lui appartiennent en propre, permettent de la distinguer des autres sociétés religieuses qui pourraient, elles aussi, se. réclamer de la fondation du Christ. Jésus-Christ n’a-t-il pas comparé lui-même ses apôtres à une ville située sur la montagne, Matth., v, 14, ou à la lampe placée sur le chandelier. Id., ibid., G. La lumière de l'Église doit éclairer le monde.

Or, parmi ces caractère distinctifs, certains ne sont pas suffisants pour permettre de reconnaître positivement l'Église du Christ, car on peut les trouver en différentes sociétés religieuses existantes. Citons, par exemple, la croyance en la divinité du Christ, l’administration des sacrements, la sanctification du dimanche, le culte de la vierge Marie. Aussi dit-on que de telles notes sont négatives. On conçoit, en effet, que diverses sociétés religieuses, se réclamant du Christ, aient pu conserver quelque chose de renseignement, du culte, des pratiques du christianisme authentique, sans pour cela avoir intégralement conservé l’institution du Christ. Toutefois, l’absence d’une seule de ces notes doit suffire à nous mettre en défiance. Ainsi le protestantisme, ayant rejeté le culte de la Mère de Dieu, montre par là même qu’il n’est pas pleinement et intégralement chrétien. D’autres notes sont positives. Leur présence suffit à faire reconnaître la véritable Eglise voulue et fondée par le Christ. Deux conditions sont requises pour qu’une note soit positive : 1° Il faut qu’elle soit plus facile à reconnaître que la légitimité de l'Église elle-même, le signe, devant être plus visible que la chose signifiée ; et, par conséquent, la note positive doit être tout à fait manifeste et en pleine lumière ; 2° II faut que la note positive soit tellement propre à l'Église qu’elle ne puisse lui faire défaut et qu’elle ne puisse appartenir, du moins de la même façon, à une autre société religieuse.

Or, nous affirmons que Jésus-Christ a conféré à son Eglise une sainteté qui en est une note positive, c’est-à-dire qui est à la fois une marque visible de la légitimité de l'Église et qui en est la propriété exclusive.

II. JÉSUS-CHRIST A CONFÉRÉ A SON ÉQLISE UNE SAINTETÉ VISIBLE QUI EST LA MARQUE DE SA LÉGITIMITÉ. - Cette sainteté doit éclater, de toute évidence, dans les membres de l'Église. Mais il ne saurait. y avoir de véritable sainteté des membres, si cette sainteté effective n'était pas due à l’influence directe, efficace de principes sanctifiants déposés par le Christ lui-même dans son Église. Il convient donc d’examiner successivement la sainteté des principes et la sainteté des membres, comme marques de la légitime Église du Christ.

1° Sainteté des principes. - Le Christ est venu fonder une Église qui doit unir les hommes à Dieu, ici-bas par la grâce, dans l’autre vie par la gloire. Cette mission de l’Eglise est perpétuelle, indéfectible ; elle doit durer jusqu'à la consommation des siècles et les puissances infernales ne pourront pas l’interrompre. Cf. Mal th.. xx vu i, 2(i ; xvi, 18. Il faut donc que, jusqu'à la fin du monde, l'Église soit dolée de virtualités