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    1. SAINTETÉ##


SAINTETÉ. NOTION

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sancti et immaculali in conspectu ejus, àyîo’jç xai à(i.wfz.ooç. Eph., i, 4. Il ne s’agit pas uniquement de fuir le mal, Eph., v, 3, 18 ; il faut encore marcher à la suite de Jésus pour imiter Dieu, Eph., v, 1-2, et réaliser l’Église sainte et sans tache. Ibid., 27. Ainsi le chrétien doit avoir pour objet de ses pensées, « tout ce <(ui est pur, tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, tout ce qui est aimable, tout ce qui est vertueux, tout ce qui est louable dans les mœurs ». Phil., iv, 8 ; cf. Col., i, 22 ; I Petr., i, 15-16 ; ir, 9 ; très nettement, saint Jean déclare que cette sainteté est une participation même de la sainteté divine. I Joa., iii, 1-3. Et, dans l’Église, l’évêque ou le prêtre dispensateur de Dieu doit posséder cette sainteté. Tit., i, 7-9 ; cf. ITim., iii, 2 sq.

Une telle conception est d’ailleurs conforme à la mission rédemptrice et sanctificatrice du Christ. Le Christ est venu renouveler l’homme en le faisant naître à une vie nouvelle. Son baptême est une régénération spirituelle « dans l’Esprit et le feu ». Cf. Joa., iii, 3 ; Matth., iii, 1 1 ; Marc, i, 8. C’est une nouvelle vie qui doit circuler dans l’âme, grâce à la foi et à l’eucharistie, Joa., vi, 35-39, et qui se termine par la résurrection glorieuse et la vie éternelle, vision bienheureuse de Dieu. Id., ibid., et xvii, 3. Saint Paul insiste beaucoup sur le caractère intérieur de cette rénovation de l’âme sanctifiée par le Christ. Cf. Rom., vi, 3-9, 13, 19, 22 ; xiii, 13-14 ; I Cor., i, 30 ; vi, 19-20 ; II Cor., v, 17-21 ; Gal., iii, 27 ; vi, 15 ; Eph., ii, 10 ; Col., iii, 10, 12 ; Tit., iii, 5 ; voir aussi Jac, i, 18 ; I Joa., iii, 9. Doctrine exactement proposée dans Eph., iv, 22-24 : (Vous avez appris) « à dépouiller par rapport à votre première vie le vieil homme qui se corrompt par les désirs de l’erreur. Renouvelez-vous dans l’esprit de votre âme et revêtez-vous de l’homme nouveau qui a été créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de la vérité. »

La tradition catholique.

La doctrine des Pères

relativement à la sainteté personnelle des hommes rachetés par le Christ s’inspire des enseignements de l’Écriture. D’une part, la sainteté exige l’absence de péché, l’éloignement du péché, la purification des fautes passées. C’est l’aspect négatif. D’autre part, la sainteté exige de l’âme un véritable renouvellement intérieur où l’action du Saint-Esprit joue un rôle important. C’est l’aspect positif. Enfin, à cette considération d’une sainteté qu’on pourrait appeler « statique », s’ajoute la considération de la sainteté « dynamique », celle qui se manifeste par la pratique plus ou moins héroïque des vertus et qui constitue la manifestation de la sainteté par les actes.

Nous n’avons pas l’intention de développer ces considérations à l’aide des textes eux-mêmes. Cette étude, en effet, a déjà été faite, soit à propos de la grâce sanctifiante, voir Grack, t. vi, col. 1605-1606, col. 1614-1615 ; soit à propos de la justification, voir ce mot, t. viii, col. 2082-2106. Bien que ces études ne répondent qu’à des aspects fragmentaires du problème général de la sainteté, il suffira cependant ici de les indiquer, ce premier paragraphe sur la notion de sainteté n’ayant pour but que de préparer l’exposé ultérieur sur la sainteté, note de l’Église.

1. Sainteté des personnes.

Ce qu’il faut souligner en premier lieu, c’est que l’Écriture et la Tradition sont d’accord pour affirmer que la sainteté des personnes comporte la présence do qualités, de forces spirituelles inhérentes à l’âme régénérée, rénovée, revigorée dans et par le Christ. Quelques textes suffiront à le montrer.

C’est la doctrine apostolique du renouvellement de vie intérieure, àvaxaîvtoo-n ;, Tit-. III, 5. dont nous avons trouvé le résumé dans Eph., iv, 22, 21, voir ci-dessus, et que nous retrouvons dans l’Épttre de Barnabe : « I-à donc où il nous a renouvelés par la rémission des péchés, il nous a fait recevoir une nou velle forme (tuttov), à l’instar d’une âme d’enfant, comme s’il nous réformait. » vi, 11. Et encore : « En recevant la rémission des péchés…, nous devenons (hommes) nouveaux, intégralement recréés, et ainsi Dieu habite vraiment en nous ». xvi, 8. Funk, Patres aposlolici, t. i, p. 54-55, 88. Même commentaire chez [renée : (Le Saint-Esprit) « renouvelle l’homme en le dépouillant de la vétusté (du péché) pour lui communiquer la vie nouvelle du Christ. » C.ont. hær., t. III, c. xvii, n. 1, P. G., t. vii, col. 929. Saint Cyprien, In noimm me hominem nativilas secunda reparavit. Ad Donalum, n. 4, P. L., t. iv, col. 200. Cyrille de Jérusalem compare l’Esprit-Saint prenant possession de l’âme sanctifiée au feu qui transforme le fer. Cal., xvii, c. xiv, P. G., t. xxxiii, col. 985. Grégoire de Nazianze pousse plus à fond l’idée d’une création nouvelle, dans laquelle Dieu nous refait « à l’aide d’un élément plus divin que la première fois… en restaurant en nous l’image divine détruite parle mal. Oral., xl, n. 7, P. G., t. xxxvi, col. 365. Jean Chrysostome compare l’âme pécheresse à une statue d’or, tachée par le temps, la fumée, la poussière, la rouille, et que le statuaire remet à neuf, purifiée de ses souillures et de nouveau resplendissante ; ainsi, dit-il, « Dieu restitue à notre nature, souillée par la rouille du péché et affreusement tachée par la fumée des fautes, cette beauté qu’il lui avait donnée primitivement et dont elle a été déchue. En faisant passer (les pécheurs) par l’eau (du baptême) ou le brasier (de la charité i. dans lequel la grâce du Saint-Esprit remplace le feu, il les en fait sortir plus radieux que le soleil resplendissant, rendant au vieil homme repentant une condition nouvelle plus magnifique que celle qu’il avait perdue. » Cat. ad illuminandos, i, n. 9, P. G., t. xlix, col. 227. Voir aussi le commentaire In epist. ad Ephes., hom. i, n. 3, ibid., t. lxii, col. 13. Saint Cyrille d’Alexandrie montre fréquemment la régénération, la transformation opérée à l’intérieur de l’âme par l’action du Saint-Esprit sanctifiant les hommes. Cf. Thésaurus, assert, xxxiv, P. G., t. lxxv, col. 609 ; Dialogi, vii, ibid., col. 1089 ; In Joannem, t. I, c. ix (Joa., i, 12) ; t. II, c. i (Joa., iii, 5), P. G., t. i.xxiii, col. 153, 244. On pourrait aussi invoquer tous les textes parlant de la déification de l’homme par la grâce : c’est là, en effet, le propre de la sainteté. On en trouvera une assez ample moisson dans Hermann Lange, De gratta, n. 273-281. Quant à saint Augustin, personne n’a peut-être insisté plus que lui sur cette transformation intérieure de l’âme dans sa justification. Cf. De spiritu et littera, c. xxvi, n. 45, P. L.. t. xliv, col. 228 ; Enrhiridion, i.ir, i.xiv, t. xl, col. 257, 262 ; Opus imperf. cont. Julianum, t. II, c. clxv, t. xlv, col. 1212 ; In ps. vii, n. 5, t. xxxvi, col. 100. Sur la déification de l’âme d’après saint Augustin, voir Lange, op. cit., n. 281.

On comprend que les théologiens catholiques, s’emparant de ces données traditionnelles, aient toujours considéré la sainteté des personnes comme intrinsèquement dépendante d’une qualité, d’un état intérieur, la grâce sanctifiante avec son cortège inséparable des vertus et des dons. « Sans doute, en canonisant cette conception, le concile de Trente n’a pas voulu sanctionner toutes les spéculations théologiques concernant la nature de la grâce habituelle et ses rapports avec les vertus et les dons. Il a condamné cependant avec énergie la doctrine protestante d’une sainteté purement extérieure, imputée par Dieu à l’âme en raison des mérites de Jésus-Christ. Il a même rejeté l’hypothèse, chère à certains augustiniens du xvie siècle, de la double justice et finalement il enseigne, comme expression de la doctrine catholique, « que par la justification, nous sommes virtuellement renouvelés et Justifiés ; nous recevons en nous la justice et