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SAINTE-MARTHE SAINTETE. NOTION


congrégation de Saint-Maur, p. 445-469 ; Le Cerf, Bibliothèque historique et critique îles auteurs de la congrég. de Saint-Maur, p. 458-465 ; Éloge de Sainte-Marthe, en tête du t. iv du Gallia ; Dreux Du Radier, Bibliothèque historii /ue et critique du Poitou, t. v, p. 12Ô-438 ; Du Pin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. xix, p. 253-254 ; Longuemare, Une famille d’auteurs… Les Sainte-Marthe, p. 215232 ; Hurter, Nomenclator, t. iv, col. 1207-1210.

On trouvera des renseignements intéressants sur la famille et les œuvres de Sainte-Marthe, à la Bibliothèque nationale : ms. fr. nouv. acquisitions, 6208-6209, Corr. des frères de Sainte-Marthe ; et ms. fr. 20 152-20 167 ; 20 17220 242 ; 20 244-20 247 ; 20 249-20 251 ; 20 254-20 260 ; 20 262-20 294 ; 20 691-20 695 ; 20 873-20 874 ; 22 244 ; 22 270-22 271 ; 22 882-22 883, qui contiennent des Becueils des pièces, provenant des frères de Sainte-Marthe.

J. Carrf.YRE.

    1. SAINTETÉ##


SAINTETÉ. — I. Notion. II. La sainteté, note do l’Église, (col. 847). III. La sainteté en dehors de l’Église (col. 865). IV. Conclusion générale (col. 869).

I. Notion de la sainteté.

1° Dans la sainte Ecriture. — 1. Ancien Testament. — Le mot sainteté (qôdès, àyi<oaûvr (, sanctitas) est un des mots les plus fréquemment employés dans l’Ancien Testament. Mais son sens primitif est inconnu et sa signification précise assez difficile à déterminer. C’est, à coup sûr, une expression religieuse, désignant la pureté, l’exemption de fautes, de péchés ou de vices. Par son étymologie, en effet, sainteté (qôdés de qàdas) dit séparation : il s’agit d’une séparation du péché.

a) Dieu étant infiniment séparé de tout ce qui est commun, impur et profane, est le saint par excellence (âyioç, qêdos). Job, vi, 10 ; Is., xl, 25 ; Hab., ni. 3. Il est « trois fois Saint », Is., vi, 3 ; cf. Apoc, iv, 8 ; « le Saint », Prov., ix, 10 ; xxx, 3 ; Job, vi, 10 ; Is., xl. 25 ; Os., xii, 1 ; ou « le saint d’Israël », Is., i, 4 ; v, 19, 24 ; x, 17, 20 ; xii, 6 ; xvii, 7 ; xxix, 19, 23 ; xxx, 11, 12, 15 ; xli, 14, 16, 22 ; xliii, 3, 14 ; xlv, 11 ; xlvii, 4 ; xlviii, 17, etc. ; cf. Ps., lxxviii (lxxvii), 41 ; lxxxix (lxxxviii), 19. « Il n’y a pas de saint pareil à Jahvé, I Reg., ii, 2. Ailleurs, Dieu est dit « se sanctifier », c’est-à-dire qu’il se montre saint quand il tire vengeance du crime, Is., xl, 25 ; Ez., xxviii, 22 ; xxxviii, 16, 33, et quand il accomplit ses promesses, Ez., xxxvi, 23-25 ; Hab., iii, 3, ou quand il fait éclater sa justice et sa fidélité parmi les peuples ennemis d’Israël. Aussi l’esprit de Dieu est-il saint, Sap., i, 5 ; ix, 17 (LXX) et Eccli. (Vulg.), i, 9 ; et son nom est saint, Ps., ex, 9 ; Is., lxii, 15. Cette haine du péché, cette horreur de l’impureté, cette opposition à tout ce qui est contraire à l’ordre moral ne représentent que l’aspect négatif de la sainteté divine : il est clair que cet aspect négatif suppose un aspect positif, une perfection absolue de Dieu.

b) Analogiquement, les personnes ou même les choses sont dites saintes, parce qu’elles appartiennent ou sont consacrées à Dieu. Dans le Lévitique revient fréquemment l’expression : « Soyez saints parce que je suis saint. » Lev., xi, 44, 45 ; xix, 2 ; xx, 26 ; xxi, 8.

Entendue des personnes, la sainteté implique une idée morale ; elle renferme la notion de pureté. Pureté extérieure et légale principalement, en tant que les personnes sont consacrées à Dieu ou à son culte. Ainsi, le grand-prêtre Aaron et ses fils, Lev., viii, 9, 11, 31, sont sanctifiés, c’est-à-dire consacrés à Dieu. Aussi seront-ils « saints » pour leur Dieu, Lev., xxi, 6-8 ; cf. Ps., evi (cv), 16. Saints également le Nazaréen, Num., v, 6 ; les prophètes, Luc, i, 70 ; Act., iii, 21 ; Rom., i, 2 ; les hommes pieux qui demeurent à Jérusalem, Is., v, 3, et le peuple d’Israël tout entier, parce qu’il est consacré à Dieu, Lev., xi, 43-45 ; xix, 2 ; Deut., vi, 6. Mais on aurait tort de ne pas considérer le prolongement intérieur de cette sainteté légale. Une disposition religieuse et morale de l’âme doit y répondre : c’est à cette sainteté intérieure que Dieu

fait appel, quand il demande aux hommes de se sanctifier parce que lui-même est saint, Lev., xi, 44-48 ; xix, 8, xxi, 8. Ordinairement cette sainteté intérieure se manifeste par l’obéissance aux préceptes divins, Num., xv, 40. Et ceux qui sont morts dans la pratique de cette obéissance sont des saints, Ps., cxlix, 5, 9 : Sap., v, 5 ; Matth., xxvii, 52 ; cf. Apoc. vi, 8 ; xix, 7.

Quant aux choses, la notion de sainteté leur est appliquée en un sens analogique encore moins rigoureux. C’est la consécration au culte divin qui sanctifie les choses. La partie du Tabernacle et du Temple où étaient l’autel des parfums et le candélabre à sept branches s’appelait « le saint », Ex., xxvi, 33 ; xxviii, 29 ; xliii, 29 ; etc. ; Heb., ix, 2 ; et la partie où était l’arche d’alliance, « le Saint des Saints », Ex., xxvi, 34 ; III Reg., vi, 16 ; Heb., ix, 3. Sainte, l’huile servant à la consécration de ces lieux saints, Ex., xxx, 25, 32, 37 ; saints, les ornements d’il grand-prêtre, Ex., xxviii, 36 ; saints, les vases sacrés, I Reg., xxi, 5 ; saints, les lieux eux-mêmes consacrés à Dieu, Ez., xlii, 14, etc.

Jérusalem est la ville sainte, àyîa tt6Xi, ç, Matth., xxiv, 15 ; Marc, xiii, 14 ; Luc, xxi, 20, parce qu’elle possède le temple de Dieu. La terre où est le buisson d’Horeb est sainte parce que Dieu y est apparu. Ex., III, 5 ; cf. dans II Petr., i, 18, t6 ôpoç tÔ àyîov, la montagne sainte (de la transfiguration).

2. Nouveau Testament.

Le Nouveau Testament retient ces acceptions. — a) Dieu (le Père) est saint, Joa., xvii, 11 ; cf. I Joa., iii, 3 ; il est « le saint »,

I Petr., i, 15, 18 ; I Joa., ii, 20 : cf. Didachè, x. 2.

II est parfait. Matth., v. 48. Rapprochez ce dernier texte de I Petr., i, 16 et des textes parallèles du Lévitique. Jésus-Christ, notre pontife suprême, est d’une sainteté incomparable : sanctus, innocens, impollutus, segreyatus a peccatoribus, Heb., vii, 26 ; cꝟ. 28. Dès sa conception, il est « le saint de Dieu ». Luc, i, 35 ; cf. iv, 34 ; Marc, i, 24. Saint Pierre l’appelle « le saint » que les juifs ont renié, Act., iii, 14 ; cf. / Clem., Lvi, 3. Quant à la troisième Personne, l’appellation d’Esprit-Sw/i/ est si fréquente qu’à défaut de nom propre, elle en est restée le nom approprié. Voir Appuopiuation, t. i, col. 1710. Cette doctrine scripturaire de la sainteté de Dieu, considéré par le Nouveau Testament dans la trinité des personnes, est résumée dans la vision de l’Apocalypse, iv. S ; cf. vi, 10.

b) Les personnes créées sont elles-mêmes saintes, soit parce qu’elles sont consacrées au service de Dieu, soit parce qu’elles participent à la sainteté divine. Les anges, que Daniel avait déjà placés parmi les saints. Dan., viii, 13, reçoivent nettement ce qualificatif dans le Nouveau Testament. Cf. Matth., xxv, 31 (texte grec) ; Luc, ix, 26 ; Act., x, 22 ; I Thess., iii, 13 ; Jud., 14. Les hommes sont appelés saints parce qu’appartenant à l’Église, où ils ont été consacrés à Dieu par le baptême. Nombre d’épîtres de saint Paul s’adressent aux « saints » de telle Eglise déterminée. Rom., i, 7 ; I Cor., i. 2 ; II Cor., i, 1 ; Eph., i, 1 ; Phil., i, 1 ; Col., i, 2. Le baiser que les premiers chrétiens se donnaient est lui-même dit « saint » parce qu’il marque leur commune consécration à Dieu par le Christ. Rom., xvi, 16 ; I Cor., xvi, 20 ; I Thess., v, 26 ; 1 Petr., v. 14. Les livres inspirés sont appelés ayooa Tpaçau parce qu’ils renferment la parole de Dieu. Rom., i, 2 ; cf. II Tim., iii, 15, 16 ; I Mac, xii, 9 ; II Petr., i, 21. Les commandements de Dieu sont saints, parce qu’ils nous sanctifient, àyîa svtovt]. II Petr., ii, 21.

Lorsqu’il s’agit des personnes, le Nouveau Testament accentue plus que l’Ancien la notion de sainteté intérieure, imitant la pureté positive et parfaite qui appartient à Dieu. Le saint est celui qui non seulement est consacré à Dieu mais s’unit à lui par la pureté de la vie, la pratique de la vertu et la fuite de tout mal :