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SAINTE-MARTHE


Denis de Sainte-Marthe (voir ci-dessous, col. 839841), fut chargé de refaire et de refondre cet ouvrage qui était une sorte de patrimoine familial. Celui-ci, qui résidait à Saint-Germain-des-Prés, entreprit une nouvelle édition, avec les encouragements du cardinal de Noailles. Denis, aidé de ses confrères bénédictins, fit de très nombreuses recherches, qui lui permirent d’augmenter considérablement le premier travail et d’adopter un nouveau plan. La première édition avait séparé les archevêchés (t. i), les évèchés (t. n et iii) et les abbayes (t. iv) par lettre alphabétique. Pour mieux mettre en relief les relations étroites des métropoles, des évèchés sufïragants et des abbayes, Denis pensa qu’il serait beaucoup plus normal de diviser son travail par provinces ecclésiastiques. Il donnerait en abrégé l’histoire de la ville et de l'Église métropolitaine, puis l’histoire des archevêques qui l’ont gouvernée, et de même l’histoire de chaque évêché et de chaque abbaye. Le P. Denis avait déjà avancé son travail, lorsqu’il le présenta à l’assemblée de 1710 ; il demanda qu’on permît aux religieux, qui travaillaient avec lui, de fouiller les archives et qu’on lui accordât des subsides. Les commissaires nommés, l’archevêque de Narbonne et l’abbé de Prémeaux. se mirent en relation avec le Père et ils rédigèrent un rapport favorable, qui fut présenté à l’assemblée présidée par le cardinal de Noailles, le mardi 17 juin 1710. L’assemblée accorda un don de 4 000 livres, à condition que la congrégation des bénédictins s’engageât par écrit à achever l’ouvrage, si le P. Denis venait à mourir, et on envoya une lettre aux archevêques, aux évêques et aux intendants de province pour leur demander de faciliter la communication des archives aux confrères du P. Denis. Le t. i parut en 1715 sous le titre suivant : Gallia christiana in provincias ecclesiaslicas distributa, qua séries et historia omnium archiepiscoporum, episcoporum et abbatum Francise vicinarumque dilionum ab origine ecclesiarum ad nostra tempora deducitur et probatur ex authenlicis instrumentis ad calcem appositis. Opéra et studio Dionysii Sammarthani, Paris, 1715, in-fol. Ce volume comprend les provinces d’Albi, Aix, Arles, Avignon et Auch. Au mois d’août 1716, p. 1409-1428, les Mémoires de Trévoux critiquèrent quelques détails de l’ouvrage de Sainte-Marthe, dont le Journal des savants prit la défense.

Le t. ii, qui parut en 1720, comprend les métropoles de Bourges et de Bordeaux ; le t. iii, paru en 1725, comprend les métropoles de Cambrai, Cologne et Embrun. Le t. îv était achevé, lorsque mourut le P. Denis : il parut en 1728, avec, en tête, l'éloge du P. de Sainte-Marthe ; il est l'œuvre de dom Jean Thiroux et de dom Joseph Duclou, qui avaient travaillé avec le P. Denis ; il comprend l’archevêché de Lyon. Le t. v, qui comprend Malines et Mayence, parut en 1731. À cette date, les querelles provoquées par la bulle Unigenitus divisèrent profondément les bénédictins, qui durent quitter Saint-Germain-des-Prés ; dom Félix Hodin et dom Etienne Brice s'étant soumis à la bulle revinrent à Paris et publièrent le t. vi en 1739 (Narbonne) et les t. vu et viii, en 1744 (Paris). Le P. Duplessis publia les t. ix et x (Beims), en 1751. Le P. Jacques Taschereau a publié le t. xi (Rouen), en 1759 et le t. xii (Sens et Tarentaise), en 1770. Le t. xiii (Toulouse et Trêves) parut en 1785. Après une longue interruption, Barthélémy Hauréau a publié les t. xiv (Tours), en 1856, t. xv (Besançon), 1860 et t. xvi (Vienne), en 1865. À partir du t. v, le titre a été légèrement modifié : au lieu de ditionum vicinarum, on lit : regionum omnium quas vêtus Gallia compleclebatur.

Ce vaste travail d'érudition est aujourd’hui incomplet ; des savants, comme Albanès dans Gallia christiana novissima, où il étudie, les évèchés de Provence,

7 vol. in-fol., ont repris l'œuvre en quelques détails, mais il semble bien que le travail tout entier devrait être remis à pied d'œuvre. Cf. A. Degert, Pour refaire le Gallia christiana, dans Bévue de l’histoire de l'Église de France, t. xi, 1922, p. 281-301.

Il faut maintenant donner quelques détails sur les trois membres de la famille de Sainte-Marthe, qui, au xvii 1 siècle, jouirent d’une grande réputation et s’adonnèrent particulièrement aux questions religieuses.

    1. ABEL-LOUIS DE SAINTE-MARTHE##


ABEL-LOUIS DE SAINTE-MARTHE, fils de Scévole III et neveu de Louis ele Sainte-Marthe, les deux frères jumeaux, naquit à Poitiers le 13 août 1621. Il entra à l’Oratoire, le 14 octobre 1642. Tout de suite il se distingua parmi ses confrères ; il remplit diverses fonctions à Nantes (1651), à Paris (1652), à NotreDame-des-Ardilliers (1654), enfin à Saint-Magloire de Paris (1656). C’est rlors qu’avec ses deux frères, Pierre Scévole et Nicolas-Charles, il prépara la publication du Gallia christiana, rédigé par son père et par son oncle, Paris, 4 vol. in-fol. À la fin du t. iv, il parle en termes émus des grands oratoriens : le cardinal de Bérulle, le P. de Condren et le P. Bourgoing.

Pour compléter l’histoire de l'Église, il commença à recueillir des matériaux pour une histoire de toutes les Églises du monde chrétien ; mais en 1663, il fut nommé assistant du P. Senault, supérieur général de l’Oratoire et il ne put poursuivre ses recherches. Il se contenta de publier un projet intitulé : Orbis christianus, opus » Sammarthanis edendum, Paris, 1664, in-fol. Le 3 octobre 1672, il fut élu supérieur général de l’Oratoire. Dès lors, il s’occupa très activement de l’administration de cette congrégation, divisée profondément par les questions du cartésianisme et surtout du jansénisme ; c'était le moment où le fameux P. Quesnel se faisait connaître. Le P. de Sainte-Marthe fui accusé de favoriser le jansénisme. Afin de calmer les divisions qui régnaient dans la congrégation, le supérieur publia pour les collèges de l’Oratoire un formulaire et un précis de doctrine, qui avaient été dressés en partie par le P. Quesnel : on devait enseigner partout la dot trine de saint Augustin et de saint Thomas. Mais on sait epje beaucoup de jansénistes se cachaient derrière ces deux grands docteurs. Les divisions ne firent que s’accroître et le roi, par une lettre du 4 octobre 1690, ordonna au P. Abel de quitter Paris. De plus en plus suspect de jansénisme, il donna sa démission de supérieur général le 20 juin 1696. Il fut remplacé par le P. de La Tour et il se retira à Saint-Paul-aux-Bois, près de Soissons. C’est là qu’il mourut le 7 avril 1697.

Niceron, Mémoires pour servir ù l’histoire des hommes illustres, t. viii, p. 30-31 ; Dreux Du Radier, Bibliothèque historique et critiqui du Poitou, t. v, p. 377-387 ; Cloyseault, Bibliothèque oratorieuue, t. iii, Paris, 1883, p. 1-27 ; Ingold, Le prétendu jansénisme du P. de Sainte-Marthe, Paris, 1888, in-12 ; Longuemare, Une famille d’auteurs aux XVI', XVIIe et X viw siècles : Les Sainte-Marthe, Paris, 1902, p. 103-17. r > ; Batterel, Mémoires domestiques pour servir à l’histoire de l’Oratoire, publiés par le P. Ingold, t. IV, Paiis, 1905, p. 1-62.

Claude de sainte-marthe fils de François (1 er du nom) de Sainte-Marthe, seigneur de Chant d’Oiseau, avocat au parlement de Paris et petit-fils de Scévole de Sainte-Marthe, naquit à Paris, le 8 juin 1620 ; il entra dans l'étal ecclésiastique et fit partie d’une communauté de prêtres dans le Poitou. Puis il vint à Paris et s’attacha aux religieux de Port-RoyaL Il fut curé de Mondeville, qui dépendait de Port-Royal et fut confesseur des religieuses de Port-Boyal-desChamps, où il remplaça le grand Arnauld (1656-1679), Il prit la défense de ces religieuses et, en 1664, il écrivit à l’archevêque de Paris, de Péréfixe, pour répondre ! aux attaques lancées contre elles. À cause de son atta-