Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/422

Cette page n’a pas encore été corrigée
829
830
SAINT-SULPICE. PHILOSOP II I E


trand (1825-1917) les possédait à un haut degré : documentation sûre et précise, vaste érudition, critique avisée, style facile, limpide, plein de verve et au besoin de fine malice. Il mérite à ces titres d’être noté ici et d’une façon particulière parce qu’il fut l’historien de la Compagnie, par sa Bibliothèque sulpicienne, parue en 1900, Paris, 3 vol. in-8°. Pas une année, on peut dire, ne s’est écoulée sans que M. Bertrand ne publiât ou un ouvrage de longue haleine ou une série d’articles dans les revues, qui paraissaient ensuite en brochures. Citons ce qui a trait à l’histoire ecclésiastique, publiée sous son nom, ou sous le pseudonyme d’Antoine de Lantenay. Sous ce nom ont paru à Bordeaux les œuvres d’intérêt local. Ce sont : Les prieurs claustraux de Sainte-Croix de Bordeaux et de Saint-Pierre de La Réole depuis l’introduction de la réforme de Saint-Maur, Bordeaux, 1884, in-8° : Mélanges de biographie et d’histoire, Bordeaux, 1885, in-8° de 600 p. : la table énumère 35 sujets divers qui se rapportent à Bordeaux ou à la région ; L’Oratoire de Bordeaux, Bordeaux, 1886, in-8° ; Labadic et le carmel de la Graville, près de Bazas, Bordeaux, 1886. in-8° ; Peiresc, abbé de Guitres, Bordeaux, 1888, in-8° ; La dévotion au Sacré-Cœur dans la ville de Bordeaux, ses origines et ses progrès ( 16931767), Bordeaux, 1900, in-8°. Les ouvrages publiés sous son nom sont : Vie, écrits et correspondance littéraire de Laurent-Josse Leclerc, Paris, 1878, in-8°. L’histoire des séminaires de Bordeaux et de Bazas, 1894, 3 vol. in-8° ; La vie de Henry de Réthune, archevêque de Bordeaux, 2 vol. in-8° : La correspondance de L. Tronson, supérieur général de Saint-Sulpice. Lettres choisies, 3 vol. in-8°. Il avait commencé Le catalogue biographique des évêques de France, élèves du séminaire Saint-Sulpice au xviie et xvin c siècle. La mort ne lui a pas permis d’achever, il n’en a donné que l’introduction. — Nicolas Dorvaux (1856-1923), professeur d’histoire ecclésiastique au séminaire de Metz, fut un infatigable travailleur, un grand silencieux. Quand, en novembre 1918, à Bévoie où étaient réfugiés les débris du séminaire, il vit arriver les soldats de la France, levant les bras, il articula fortement ce seul mot qui en dit long : Enfin ! et « son âme de patriote se referma dans la joie de la France retrouvée ». Il a publié un ouvrage de très grande et exacte érudition : Les anciens pouillés du diocèse de Metz, Nancꝟ. 1902, in-8°, et l’Atlas historique du diocèse de Metz, 1907, in-folio : ce dernier livre en collaboration avec le chanoine Bourgeat, supérieur du petit séminaire. — A.-C. Sabatié (1847-1930), ancien supérieur des grands séminaires de Reims et de Toulouse, a étudié spécialement l’histoire du clergé sous la Révolution et a publié Les massacres de septembre : les martyrsdu clergé, 1912, in-8° ; La Révolution el l’Église en province : Deberticr, évêque constitutionnel et le clergé de Rodez, 1912. in-8° ; Le tribunal révolutionnaire de Paris, Les victimes du clergé, in-8° ; Les tribunaux révolutionnaires de province. Sommaire historique, victimes dans le clergé pour chaque diocèse, 2 vol. in-8°. La déportation révolutionnaire du clergé français, 1916, 2 vol. in-8° ; L’église et la paroisse Saint-Aman de Rodez, 1923, 2 vol. in-8°. Plusieurs supérieurs de séminaire ont l’ait l’histoire de leurs maisons : J. Mauviel (1850-1915) pour Saint-Irénée de Lyon ; J. Blouet, pour Coutances et Avranches, en 1936. Notons une œuvre qui se rattache à l’histoire : La correspondance de Bossuet, par F. Levesque et Ch. Urbain, Paris, 1909-1925, 15 vol. in-8°.

XL Philosophie. — Avant la Révolution, l’étude de la philosophie se faisait dans les collèges. Mais on fut rapidement amené à ouvrir un séminaire spécial pour les élèves qui n’avaient pas encore abordé cette étude. Ainsi à Saint-Sulpice, près du grand séminaire, on établit la communauté des philosophes. Dans les grands séminaires assez nombreux on avait également

le séminaire de philosophie : dans les autres tous les élèves étaient ensemble, sauf à être séparés pour les cours de philosophie qui souvent ne duraient qu’un an. Avant la Révolution, les professeurs dictaient leurs cours. On trouve encore assez souvent des volumes manuscrits avec le nom du professeur et celui de l’auditeur. Après la Révolution on continua d’abord à suivre la même méthode, puis on imprima des manuels de philosophie.

Augustin Manier (1807-1871), chargé d’enseigner la philosophie au séminaire d’Issy de 1835 à 1848, était ensuite passé à Reims comme professeur, puis supérieur du grand séminaire. Il avait d’abord publié une Introduction à la philosophie où l’on examine en particulier la philosophie de S’Gravesande et le fondement de la certitude de l’abbé de Prades, Paris-Lyon, 1841, in-12 ; 4e édit., 1842 ; le Traité des premières vérités et de la source de nos jugements par le P. Buffier, S..L, nouvelle édition augmentée de notes critiques, par un professeur de philosophie, Paris-Lyon, 1843, in-12. Il donna Un essai sur la philosophie de Bossuet, dans une édition nouvelle, conforme au manuscrit original de la Connaissance de Dieu et de soi-même, Paris, 1858, in-12, 3 éditions ; de même une nouvelle édition des Traités de logique et de morale par Bossuet avec une introduction par M. Manier, Paris, 1858, in-12. En 1843-1844. il fit lithographier en in-8° Philosophiw compendium. Il le fit imprimer en 2 vol. in-8°, en 1847. pour l’usage des séminaires. En 1851, il donna une édition en 3 volumes in-12. La dernière édition donnée par l’auteur est la 9e, parue en 1870-1871. ("est dans cette édition qu’il soutient le Système de probabilisme èi compensation, ci-dessus, col. 806. Une 10e édition fut préparée et publiés en 3 vol. in-12 en 1877 par un chanoine d’Orléans, professeur de philosophie au petit séminaire, M. L. Empart. Cette philosophie est influencée par les idées de l’Ecossais Thomas Rcid.

— À cette époque, qui suivit la condamnation du système de Lamennais on s’occupait beaucoup du problème de la certitude ; on en cherchait la solution dans les principes cartésiens ou dans la philosophie écossaise. On ne connaissait plus guère en France la philosophie de saint Thomas. M. Branchereau (18191915), professeur de philosophie à Clermonl puis à Issy, crut trouver la solution dans un ontologisme mitigé. Il composa alors ses Pnvlectioncs philosophieæ, lithographiées en 1845, imprimées en 3 vol. in-12 en 1849 ; 2e édit., 1855, en 9 fascicules. Après la condamnation des 7 propositions du Père Martin en septembre 1861, il crut pouvoir réduire sa philosophie à 15 propositions qui lui paraissaient très distinctes des 7 propositions et partant non censurées. Mais il lui fut répondu que, n’en étant pas suffisamment éloignées, elles ne pouvaient tulo tradi. Il écrivit une belle lettre de soumission qui lui valut une réponse de Pie IX, très paternelle et très élogieuse. Cf. A. Crosnier, Louis Branchereau, P. S. S., Paris-Angers, 1915.

Mais depuis nombre d’années s’introduisait de l’étranger des philosophies ad mentem S. Thomas, comme les manuels de San Severino, Liberatore, Goudin, Zigliara, etc. M. P. Brin (1843-1894) composa et publia en 1879 Philosophiu scolaslica in qua theoria veterum, præcipue S. Thomse, experientiis recentiorum accommodatur, Paris, 3 vol. in-12. En 1881, l’édition prit le titre de Philosophia sancti Thomee Aquinatis. C’est cette philosophie, revue pour la 4e édition par MM. Farges et Barbedette en 1893 et 1895, et transformée peu après dans les éditions suivantes, qui n’a plus retenu le nom de M. Brin et a pris le nom des nouveaux auteurs. Elle est encore adoptée dans un grand nombre de séminaires. On doit aussi à M. Brin, une Histoire générale de la philosophie, Paris, 18821884, 2 vol. in-12, et une Histoire de la philosophie