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ROUMANIE. ORDRES RELIGIEUX


importante. La résidence d’Alba Julia fut fondée en 1581. De là et de Cluj partirent les meilleurs prédicateurs de l’ordre pour prêcher des missions populaires dans toute la Transylvanie. Le P. Jean Leleszi prêcha des missions dans six cents paroisses. Le P. Alard, d’origine allemande, aidé par d’autres Pères, convertit de nombreux hérétiques. Les protestants virent de fort mauvais œil cette activité apostolique. La « Diète » ou réunion des représentants provinciaux, à Médias, en 1588, demanda l’expulsion des jésuites de Transylvanie. Une partie des religieux se retira en Moldavie et l’autre partie en Munténie. En 1588, ils organisèrent même une mission à Iassy. En 1590, le prince les rappelle en Transylvanie, à Cluj, à Alba Julia et à Oradéa, mais ils devaient être très prudents. Michel le Brave, premier grand réalisateur de l’unité roumaine, fait restituer aux Pères leurs biens. C’est à eux qu’il confie l’éducation de son fils Petrascu. Après sa mort, les jésuites sont de nouveau attaqués par les protestants en 1603. A Cluj, le frère sacristain est tué pendant qu’il défendait le Saint-Sacrement, tandis que le recteur du collège était blessé. En 1606, les jésuites sont encore expulsés de Transylvanie. Le prince Gabriel Bethlen, cependant, les rappelle et leur rend beaucoup d’églises et les résidences d’Alba-Julia et Cluj. A la même époque, s’organise la résidence de Caransebes ;, où un Père originaire de cette ville, Georges Buitul, roumain de naissance, exerce un fructueux apostolat. Ayant terminé ses études ecclésiastiques au Collège germanique de Rome, où il devint membre de la Compagnie, il prêche la parole de Dieu, d’abord dans la région de Caransebes, ensuite à Cluj-Manastur où il meurt en 1635. Les habitants de Caransebes, en apprenant sa mort, viennent à Cluj pour remporter avec respect les restes de leur apôtre aimé. Le P. G. Buitul, alors qu’il était encore élève à Rome, avait traduit en roumain le catéchisme de saint Pierre Canisius. En même temps, les jésuites forment une Missio Dacica en 1640, avec neuf prêtres, trois professeurs et deux frères.

En 1653, les religieux sont de nouveau expulsés de Transylvanie, mais, à l’avènement des Habsbourg, ils reviennent à Cluj et y reçoivent l’église de l’ancienne citadelle, aujourd’hui entre les mains des franciscains. Peu à peu, ils rachètent la petite propriété de Manastur, construisent l’église de l’université (17181724), ensuite le séminaire Bathory-Apor (1734) et l’internat des nobles (1735). Ces instituts sont dirigés par les Pères avec de grands succès, jusqu’à la suppression de la Société (1773). Vers le même temps (16831773), les Pères fondèrent une maison à Satu-Mare. Partout, ils accomplirent de grandes choses sur le terrain de l’éducation, des sciences et de la vie religieuse. Un Père d’origine transylvaine. Stefan Pongratz, mourut martyr pour la foi catholique, en 1619, à Casovia (Kosice en Tchécoslovaquie) et a été béatifié en 1906. A la fin du xviie siècle, les jésuites fondèrent un grand nombre de maisons en Transylvanie : Gheorgheni, 1689 ; Brasov, 1690 ; Orad’a et Sibiu, 1692 ; Timisoara, 1716 ; Baïa Mare, 1713 ; Baïa Sprié, 1730 ; à Sibiu et à Odorheiu. ils dirigèrent même un lycée et fondèrent et administrèrent les paroisses de Sibiu, Brasov, Odorheiu, Targui Mures et Satu —Mare.

L’événement le plus important à cette époque dans l’histoire du peuple roumain — l’union des Roumains transylvains avec l’Église de Rome — est dû à leur zèle. L’apostolat du P. G. Buitul excita une vive admiration pour leurs œuvres. C’est grâce à l’action apostolique du P. Paul Barani que l’on doit la réunion du synode de l’union, tenu à Alba Julia en 1697, sous le métropolite Théophile. A la mort de celui-ci, son successeur, Athanase Anghel, continua les tractations avec Rome et les mena à bonne lin. Jusqu’en 1 773,

les évêques roumains unis ont comme conseillers des jésuites. Certains d’entre eux sont très populaires, comme par exemple le P. Adam Fitter, à qui l’on offrait de devenir le successeur de l’évêque Jean Giurgiu de Patak et qui refusa par humilité.

La suppression de la Compagnie de Jésus (1773) fut un grand coup pour la vie et les institutions catholiques en Transylvanie. Jusqu’en 1858, sur le territoire de la Roumanie actuelle, il n’y eut plus de maison de la Compagnie, mais, en cette année, l’évêque de Satu-Mare, Jean Ham, leur confie l’internat du lycée qu’ils dirigèrent jusqu’en 1927, date où ils furent remplacés par des prêtres du diocèse. En 1924, s’organise la mission roumaine qui devint, en 1931, une vice-province. La Compagnie a une résidence à Bucarest, à Iassy, CernâutJ (Czernovitz), Cluj, Satu-Mare et Totesti-Hunedoara avec un total de vingt et un prêtres. Depuis 1930, les jésuites ont la direction du séminaire diocésain latin de Iassy. En 1924, ils ont ouvert un noviciat à Satu-Mare, puis à Totesti, où l’institution prit un caractère purement roumain. En 1927, s’organise la section roumaine de l’ordre, et la première maison de rit roumain est celle de Totesti. Les étudiants en philosophie et en théologie font leurs études en Pologne et en Belgique, et sont pour le moment au nombre de sept. Le nombre total des religieux de la Compagnie en Roumanie est de trente-huit.

4° La congrégation des sœurs de Sainte-Marie de Blaj. — Déjà le IIe concile provincial (Blaj, 1882) prévoyant au titre ni, c. i-ii, la restauration aussi rapide que possible de l’ordre des basiliens, montrait l’utilité des instituts de religieuses pour l’éducation de la jeunesse féminine des grandes villes, exprimait le désir de voir ces plans se réaliser et promettait de recueillir les fonds nécessaires. Cependant, pendant longtemps, rien ne se fit. La Grande Guerre cependant posa de nouveau ! a question de la fondation de religieuses.

Au printemps de 1910. le chanoine Basile Suciu, qui devait devenir en 1919 métropolite de Blaj, demandait l’avis du grand patriote Georges Pop de Bâsesti, sur l’organisation et la direction de l’orphelinat roumain uni de Blaj ; le grand homme roumain conseilla au métropolite de faire venir des religieuses. Après la guerre, en 1921, le métropolite obtint du pape que toutes les religieuses roumaines unies, qui se trouvaient dans les monastères de rite latin de l’cx-empirc austrohongrois, pourraient, si elles le voulaient, passer dans le monastère de Blaj. Trois sœurs répondirent à cet appel. Parmi elles, se trouvait sœur Marie Febronia Muresanu, originaire de Subcetate-Mures, appartenant à la congrégation bavaroise des franciscaines de Mallersdorf, ayant fait ses éludes de pédagogie supérieure à Kalocsa (Hongrie) et pour lors professeur à Târgul-Mures Elle fut chargée de l’organisation et de la direction de la nouvelle congrégation. Six autres candidates demandèrent leur admission. Ce fut Mgr Nicolesco, l’actuel métropolite de Blaj, alors chanoine, qui rédigea le premier règlement demeuré en vigueur jusqu’en 1935, date à laquelle Mgr Baian, l’évêque actuel de Lugoj, alors membre de la commission romaine pour la codification du droit canonique oriental, élabora en 1935 un nouveau statut qui attend l’approbation du Saint-Siège.

En quinze ans, cette congrégation s’est développée d’une façon extraordinaire. Au commencement, elle se trouvait à Obreja avec l’orphelinat dont elle était chargée. En automne de l’année 1927. elle vint se fixer à Blaj où elle prit la direction de l’internat des écoles secondaires de filles, abritées dans un magnifique bâtiment appelé Institut de lu reconnaissance. La congrégation compte quatre-vingts membres et sept