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SAINT-JURE (JEAN-BAPTISTE) SAINT-PÉ FRANÇOIS DE)

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âmes, et de lien pour nous l’unir ». Les trois filles de Job, c. v. « Le Saint-Esprit… seul, peut conférer proprement et excellemment cette qualité glorieuse et cet être divin. » Ibid.

Cette participation exige aussi le contact de l’humanité de Notre-Seigneur en l’eucharistie ; comme l’incarnation constitue un élargissement de l'éternelle génération du Verbe, l’eucharistie achève l’incarnation par l’incorporation parfaite et personnelle des hommes au Christ : « Dieu le Père s’unit à son Fils par la génération éternelle en unité d’essence ; le Fils s’unit à l’homme dans l’incarnation en unité de personne ; et puis à tous les hommes en unité de sacrement et au moyen de l’union qu’il leur donne avec son humanité, il les unit à sa divinité et par soi-même à son Père. Voilà le motif, l’issue, et le retour du voyage du Verbe divin sortant du sein de son Père, et entrant dans celuy de sa Mère pour venir à nous. » Connaissance et amour… t. III, c. x, s. 1.

Dans le chrétien ainsi constitué, l’Esprit de Jésus, éminemment actif, suscite un amour qui fouette et stimule l'âme et, par lui, Jésus-Christ poursuit en chacune de nos actions des fins qui sont les fins mêmes de son incarnation. La contemplation de Jésus révèle ces fins, et nous devons, sur son modèle et sous son influence, « rendre… toutes nos actions théocentriques, au moins pour leur principe et pour leur fin ».

Brémond, Hist. littér. du sentiment religieux en France, t. m : La conquête mystique : l'école française, c. v, les jésuites bérulliens ; (De Mauroy), La vie de la vénérable Mère Elisabeth de l’Enfant-Jésus, Paris, 1680 ; Aloys Pottier, S. J., Le P. Louis Lallemant et les grands spirituels de son temps, t. m ; P. Pourrat, La spiritualité chrétienne, t. iv ; Somniervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 416-429 ; …Les filles de Saint-Thomas. Leur histoire, leur vie intérieure, XVII" et XVIII' s., Paris, 1927. „

A. BONNINGUE.

    1. SAINT-MARTIN (Raymond de)##


SAINT-MARTIN (Raymond de), jésuite français. — Né en 1601 à Bassens (Gironde), il entra déjà prêtre dans la Compagnie en 1625, professa la philosophie et la théologie morale et mourut en 1679. Il doit une certaine célébrité à ses ouvrages de polémique anti-réformiste. On cite notamment : La confession de foi faite par ceux de la religion prétendue reformée, défaite par elle, Montauban, 1658 ; Démonstration à ceux de la religion prétendue réformée, touchant leur union avec ceux de /' Église romaine pour servir à faciliter leur conversion, ibid., 1658 ; Avis important et salutaire à ceux de la religion prétendue réformée touchant leur distinction des points de foi fondamentaux et non fondamentaux qui est le fondement de leur union avec les luthériens, ibid.. 1660 ; La réformation ou licence extrême que ceux de la religion prétendue réformée prennent tant en ce qui concerne la foi, qu’en ce qui regarde les mœurs et la piété chrétienne, ibid., 1665 ; Sommaire des controverses décidées par les seuls textes exprès et formels de la Bible et par les conséquences évidentes et nécessaires qui en sont déduites avec la réponse à l’abrégé contraire fait par le sieur Drelincourt, ministre de Charenlon, Charenton, 1674 (l’ouvrage de Drelincourt visé ici est intitulé : Abrégé de controverses ou sommaire des erreurs de l'Église romaine avec leur réfutation, Genève, 1630 ; abrégé et réponse furent très souvent réédités) ; La vraie religion mise en son jour contre toutes les erreurs contraires des athées, des mathématiciens, ou autres qui établissent le destin et la fatalité des païens, des juifs, des rnahométans, des sectes des hérétiques en général, des schismatiques, des machiavélistes et des politiques, Montauban, 1667.

Sotwell, Bibl. scriptorum Soc. Jesu, p. 717 ; Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 132-133 ; E.-M. Rivière, Corrections et additions à la Bibl. de la Comp. de Jésus, Toulouse, 1911-1930, col. 1209 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. lv, col. 57.

A. Rayez.

    1. SAINT-PÉ (François de)##


SAINT-PÉ (François de), prêtre de l’Oratoire, est né à Vallegrand près de Villeroy, au diocèse de Paris, le 28 février 1599 ; il succède d’abord à son père comme gentilhomme et officier chez le roi, chef du gobelet, et fait la campagne de Hollande. Il avait honte alors de penser à Dieu ; il fut converti par le P. de Condren en 1627, entra dans sa congrégation le 2 février 1629 et fut ordonné prêtre le 23 février 1630. Un des plus représentatifs de l’ancien Oratoire et des plus saints, il est successivement supérieur à Lyon, curé d'Étampes et de Chancueil, supérieur d’Orléans, sous-directeur de la maison d’institution, curé de Saint-Croix de Rouen, où le P. Bourgoing lui donne charge d’ouvrir un séminaire. Il est ensuite supérieur de Saint-Magloire, 1651 ; curé à Toulouse en 1654 ; devient en 1655 confesseur de la duchesse douairière d’Orléans, Marguerite de Lorraine, veuve du duc d’Orléans ; il la quitte en 1666 parce qu’il ne peut lui faire payer ses dettes et finit supérieur de Notre-Damedes-Vertus à Aubervilliers. Il voit toujours dans le jansénisme une Église séparée de son chef visible : « Qu’ils (les jansénistes) cessent de faire bande à part, de conseiller à des religieuses de ne pas obéir au pape et à leur évêque… Les saints déchirent-ils par des mesures atroces ceux qui leur sont contraires ? » Tiré de Batterel, Mémoires domestiques, t. ii, p. 209. Ses ouvrages sont la rédaction des entretiens que, dès avant sa conversion, il avait eus avec le P. de Condren sur les vœux du baptême, les obligations du chrétien et les devoirs de la religion. C’est peut-être à lui que nous sommes redevables de la publication de L’idée du sacerdoce et du sacrifice de Jésus-Christ, du P. de Condren. Voir Faillon, M. Olier, t. ii, p. 386. Son livre du Nouvel Adam parut d’abord sous ce titre : Cinq dialogues pour expliquer la perfection avec laquelle JésusChrist a racheté le monde et pour exciter les hommes à son amour parfait, entre Paul et Timothée, Paris, 1661, in24, qui devient Le nouvel Adam ou l’excellence de la rédemption des hommes par Jésus-Christ. L’obligation qu’ils ont de l’aimer et la nécessité de renoncer à euxmêmes, expliquée en dix dialogues par un prêtre de l’Oratoire, Paris, 1662, in-24. li y est traité : 1° de la justice originelle ; 2° de la chute d’Adam : Eve a pu penser qu’elle serait semblable à Dieu, elle était créée pour cela mais par un mauvais chemin lequel Dieu lui défendait de prendre » ; 3° de la pénitence que Dieu lui impose ; 4° des avantages de cet état ; 5° de la perfection avec laquelle Jésus-Christ, le nouvel Adam l’a accomplie. Les cinq autres dialogues traitent de l’abnégation que le chrétien doit pratiquer après Jésus-Christ qui lui en a donné un parfait exemple. Dans une 3e édition, Paris, 1666, 2 vol. in- 12, le premier volume précédé d’une épître dédicatoire à la duchesse d’Orléans est semblable au précédent ; le deuxième, complètement nouveau, est une explication du symbole par demandes et par réponses. Lue troisième partie, 1669, contient une explication des sacrements, en particulier des cérémonies du baptême, les exorcismes. l’insufllation, etc. ; elle fut rééditée eu 1669 sous ce titre : Le nouvel Adam, troisième partie, où sont expliquées les cérémonies du baptême en forme de dialogue, par le Rév. P. F. D. S. P. Selon saint Paul, suivi en cela par l'école française, le baptisé est un homme nouveau, transfiguré comme Jésus sur le Thabor. Mais à une vie nouvelle, doit correspondre une activité nouvelle : « Le baptisé se donne à Jésus-Christ, dit saint Jean Chrysostome, en disant : « Je renonce a Satan. » L’auteur veut même qu’il y ait là une sorte de vœu : « C’est un vœu, non pas d’une religion particulière, mais de la grande religion de Jésus-Christ, qui a pour cloître l'Église, pour règle l'Évangile, pour fondateur un Dieu et pour habit Jésus-Christ menu-. Dialogue sur le baptême ou la vie de Jésus-Christ corn-