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1902
SAINT-AMOUR (LOUIS-GORIN DE) - SAINT-JURE (JEAN-BAPTISTE) 764
; M. Bierbaum, Betlelorden und Weltgeisllichkeit an der

Universitai Paris, 1920.

É. Amann.

2. SAINT-AMOUR (Louis Gorin de) (16191687), né à Paris, le 27 octobre 1619, fit do brillantes études à l’université de Paris, dont il devint le recteur et dont il défendit les droits contre les jésuites. Docteur en théologie en 1644, il fut le défenseur des cinq propositions de Jonsénius qui avaient été condamnées a Rome et il fut chargé d’aller à Rome pour obtenir d’Innocent X la revision de cette condamnation : il ne réussit pas dans cette mission. Revenu eu France, il prit la défense d’Arnauld, refusa de souscrire à la condamnation de ce docteur et fut, de ce chef, exclu des assemblées de Sorhonne. Il mourut à Saint-Denis, le 14 novembre 1687.

Saint-Amour a publié un ouvrage dont les jansénistes ont. à maintes reprises, fait l'éloge : Journal de M. Louis Gorin de Saint-Amour, docteur de Sor bonne, de ce qui s’est fait à Rome, dans l’affaire des cinq propositions avec un Recueil de diverses pièces dont il est parlé dans ce journal, ou qui regardent la matière, I loi lande, 1662, in-fol. Oc Journal, très partial en faveur du jansénisme, a été rédigé en partie par Arnauld et par Isaæ Le Maître de Sacy, avec les notes de Saintvmour et il est souvent cité par Godefroy Hermant dans ses Mémoires, édit. Gazier, Paris, 1905-1910, 7 vol. in-8°. Un arrêt du Conseil d'État, du 4 janvier 1664, condamna cet écrit à être brûlé par la main du bourreau ; il fut aussi condamné par la l’acuité par un décret du 28 mai 1664. Le Journal a été traduit en anglais par G. Havcrs et publié à Londres, 1664, in-fol. Saint-Amour publia aussi des Mémoires apologétiques pour l’université de Paris contre l’entreprise de quelques Hibernois, s. 1., 1651, in-4°. Racine, dans la Lettre aux deux apologistes de l’auteur des Hérésies imaginaires, attribue à Gorin de Saint-Amour la composition des « Chamillardes ».

Morcri, Le tjrand dictionnaire historique, édit. de 1759, t. i, p. 477 (art. Amour) ; Hoefcr, Nouvelle biographie générale, t. xlii, col. 1027 ; Féret, La fucullé de Paris et ses docteurs les [dus célèbres. Époque moderne, t. iii, Paris, 1901, p. 131-133, 189-191.

.1. Carreyre.

    1. SAINT-JURE Jean-Baptiste##


SAINT-JURE Jean-Baptiste, auteur spirituel (1588-1657) — I. Vie. — Jésuite français, né à Metz le 19 février 1588, entré au noviciat le 4 septembre 1604. l'ère spirituel du Collège de Clermont (1645-16 16), prédicateur et supérieur de diverses maisons de la Compagnie de Jésus, il s’acquit une réputation extraordinaire de directeur spirituel, et mourut à Paris le 30 avril 1657.

Beaucoup de personnes favorisées de grâces particulières, comme le baron de Renty et la Mère Jeanne des Anges, lui confièrent la direction de leur conscience. Fait exceptionnel dans les annales des ordres religieux, ce. jésuite fut le conseiller très apprécié des dominicaines cloîtrées de Paris : a l'époque où l’on redoutait le jansénisme, la Mère Elisabeth de l’I’aifant. Jésus recourut aux lumières du P. Saint-. Jure, et le P. Saint Jurc guida sa communauté dans les voies de l’orthodoxie, soutint la ferveur du couvent et l’anima d’une spiritualité en harmonie parfaite avec celle de l’ordre de Saint Dominique.

II. Œuvres. Son œuvre de théologie spirituelle

fut fort abondante : De ta connaissance et de l’amour du Fils de Dieu, Notre Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1634 ; Méditations sur les plus grandes et plus importantes vérités de la foi rapportées aux trois rus purgative, illuminative et unitive, Paris, 1 c.îT (plus tard, les médita

lions sur les trois vies seront accompagnées d’un si cond volume contenant dix erses retraites) ; L' moyen de bien mourir, lire de la seconde partie du Troisième livre de In connaissante el île l’amour ilu Fils de Dieu, Notre

Seigneur Jésus-Christ, Paris, 1640 ; Conduites pour les principales actions de la vie chrétienne, Paris, 1644 (2e édition) ; Le livre des élus de Jésus-Christ en Croix, Paris, 1643 ; L’homme spirituel, où la vie spirituelle est traitée par ses principes, Paris, 1646, 2 vol. ; Le Maître Jésus-Christ enseignant les hommes, où sont rapportées les paroles qu’il a proférées de sa divine bouche pour leur instruction, Paris, 1619 ; La vie de Monsieur de Reniy, Paris, 1651 ; Les trois filles de Job, ou Traité des trois vertus théologales, de la foi, de l’espérance et de la charité, Paris, 1646 ; L’union avec Notre-Seigneur Jésus-Christ dans ses principaux mystères, pour tout le temps de l’année, Paris, 1653, 2 vol. ; L’homme religieux, 1. I. Des règles ci des vœux de la religion, Paris, 1657 ; 1. IL Des qualités nécessaires pour bien vivre dans une communauté, Paris, 1658 ; La sainte occupation des créatures ; Exercices spirituels (d’après Sommcrvogel ; sans indication de date ni de lieu) ; de nombreuses lettres (cf. Revue d’ascétique et de mystique, 1926, 1928 et 1930 : lettres inédites du P. Saint-Jure à la Mère Jeanne des Anges).

Ces œuvres, qui appartiennent à des genres très variés, connurent un plein succès et leur influence sur l’orientation de la piété chrétienne fut profonde. La vie du baron de Renty, écrite en 1651, sera rééditée pour la septième fois dès 1654 ; on traduit Saint-Jure en anglais et en italien, en latin et en allemand, on multiplie les éditions à Paris, Rouen, Lyon, Douai, Clermont… On le malmène à travers des éditions « revues et corrigées ». En 1771, l’abbé de Saint-Pard écrit dans sa préface au Livre des élus : « Si on le considère du côté de la forme, j’ai pris la liberté d’en changer l’ordre, et pour ainsi dire la marche. Je l’ai réduit à quatre chapitres… De plus, de fortes raisons m’ont déterminé à retrancher les longs et très fréquents passages des Pères. » L’année même où le problème de l’amour pur trouble Mme de La Maisonfort, en 1696, les religieuses de Saint-Cyr lisent Saint-Jure dans leur réfectoire (Bossuet, Correspondance, t. vii, n. 1347). Vers 1661, il tient également la chaire de lecture publique chez les ursulines de Rouen, où circule La fréquente communion. Cf. Hermant, Mémoires sur l’histoire ecclésiastique du xvii c s., t. v, p. 241 sq. Le bénédictin Joachim le Contât, dans ses Exercices spirituels pour religieux et pour supérieurs, dom d’Achéry, dans son Indiculus et M. de Chaminade, dans sa Correspondance, recommandent la lecture de diverses œuvres de Saint-Jure.

III. Doctrink.

Peu soucieux d’originalité, Saint-Jure offre à ses lecteurs une doctrine très classique. L’amour et l’union à Dieu constituent le nœud de sa synthèse, où la considération de l’humanité du Christ occupe la première place.

1° L’univers est un moyen utilisé par l’amour créateur pour conduire l’homme à sa fin. Conception optimiste et anthropocentrique des créatures, qui se présentent à l’homme » avec un visage d’ami ».

2° L’incarnation, en vertu de l'étroite conjonction des hommes avec l’humanité du Christ, exerce son rayonnement et sa force d’attraction sur l’homme et, par l’homme, sur toutes choses. Première étape du retour à Dieu de toutes les créatures offertes au Père par le Christ dans son sacrifice éternel.

.' ! " 1 '.n liii, pour procurer "à la création son achèvement et pour réaliser la glorification de Dieu dans l’union parfaite des hommes avec lui, il faut que les hommes renaissent à la vie nouvelle qui les fera enfants de Dieu. Vie nouvelle qui suppose une participation réelle de la nature divine et le don de l’Esprit-Saint :

ce n’est ni la grâce sanctifiante, ni aucun don crée qui nous fait formellement enfants de Dieu, mais la divinité même, a qui la grâce sert seulement de disposition et d’ouverture pour la faire entrer dans nos