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SAINT-AMOUR [GUILLAUME DE)

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tateur ne revenait ; ï résipiscence, le déclarer suspens de ses offices ( i bénéfices.

Cependanl le roi, désireux de ramener la |>aix dans sa capitale, avait demande à une commission formée par les archevêques de Bourges, Reims, Sens et Rouen, de chercher une entente entre, les prêcheurs et les maîtres séculiers. Le l, r mars 1256 on arrivait à un compromis : les deux chaires des dominicains subsisteraient et jouiraient d’un certain nombre des privilèges universitaires, mais les frères prêcheurs, tant régents que non régents, demeureraient séparés de l’assemblée des maîtres et des étudiants : a societate scolaslica magistrorum et scolarium ssecularium ; en d’autres termes, ils ne seraient plus considérés comme. faisant partie de l’Université. Chartul., n. 268. Mais, le 17 juin 1256, une nouvelle bulle pontificale déclarait ce compromis nul et non avenu. Tenant compte de l’agitation qui avait grandi, au cours du printemps, contre, les frères prêcheurs et dont elle rendait responsables Guillaume de Saint Amour, Eudes de Douai. Nicolas de Bar-sur-Aube et Christian de Beauvais, la bulle les déclarait privés de toutes leurs dignités et bénéfices. Chartul., n. 280. Une lettre parallèle, envoyée dix jours plus tard à saint Louis, demandait l’expulsion du royaume des deux plus excités, Guillaume et Christian. Ibid., n. 282.

De fait, malgré le compromis du l rr mars, Guillaume avait continué sa campagne contre les ordres mendiants. Divers sermons qu’il prêcha alors, aux Hameaux, le jeudi saint, le 1 or mai (texte dans Opéra, p. 491-506), le 21 mai, le. jour de l’Ascension, à la Pentecôte, le 13 août (texte ibid., p. 7-10), ne faisaient que jeter de l’huile sur le feu. Sur les mss des textes inédits, cf. Glorieux, o[>. cit., p. 345. Le dernier sermon qui commente la péricope évangélique du publicain et du pharisien est tout à fait révélateur. Plusieurs lettres du maître général des prêcheurs qui séjournait pour lors à Paris témoignent que ces appels contre « l’hypocrisie » des mendiants n’avaient pas été sans résultats. Il avait fallu faire garder le cornent de la rue Saint-Jacques par la police. Cf. Chartul., n. 273, 279. Pourtant, à Paris on ne se pressait pas d’exécuter contre Guillaume la sentence pontificale du 17 juin. Vn concile des provinces de Sens et de Reims s'étant tenu dans la capitale vers ces temps-là, on avait tenté d’y réconcilier Saint-Amour et les prêcheurs. Chartul., n. 287. Mais, tandis que le maître parisien s'était déclaré prêt à se soumettre aux décisions conciliaires, les dominicains avaient décliné la compétence d’une assemblée qu’ils jugeaient trop restreinte. Devant cette attitude, Guillpume avait alors explicitement dénoncé, tant en son nom qu’en celui de l’Université, les périls qui menaçaient l'Église gallicane du fait de ceux qu’il appelle toujours les pseudo-preedicatores cl pénétrantes domos (il exilait de préciser) ; il demandait une enquête sur ci s périls et la mise à l'élude des mesures propres à y parer. Seinblabh appel nécessitait un recours au Saint Siège. Les docteurs parisiens se décidèrent à partir pour la Curi : les prêcheurs de leur côté y envoyaient une délégation. La députation des séculiers n’avait pas pour obj ; l, comme on l’a dit.de dénoncer à la Curie et de faire condamner l’Introduction à l'Évangile éternel. Cet ouvrage issu des milieux franciscains avait été condamné à l’automne précédent. Mais toutes les précautions avaient été prises pour que nul déshonneur n’eu rejaillit sur les ordres mendiants. Chartul., n. 257.

Sur l’entrefaite, le. TOI avait. sans doute a la demande des prêcheurs, envoyé a la Curie un exemplaire du De periculis. L’examen en lut confié à une commission de cardinaux, dont le plus notable était Odon de Chà

tcauroux. c’est sur leur rapport qu’Alexandre IV prononça, le "> oc I obre I 2.">0. la condamnai ion de l’oux rage.

Chartul., n. 288. La commission, dit le pape, y avait relevé diverses propositions damnables contre le pouvoir et l’autorité du pape et de ses frères dans l'épiscopat, d’autres contre la valeur de la pauvreté volontaire, d’autres de nature à déshonorer ceux qui, animés du zèle pour le salut des âmes et se consacrant aux études, sont causes dans l'Église de grands progrès spirituels. De son autorité, le pape condamnait donc le dit livre comme injuste, scélérat, exécrable et les enseignements qui y étaient donnés comme mauvais, faux et néfastes. Ces détenteurs de cet ouvrage avaient huit jours pour le brûler ; ceux qui passeraient outre a cette prescription encourraient ipso / « c/o l’cxcommunication. Chartul., n. 288. Communication du tout était adressée au roi de France le 17 octobre, ibid., n. 289 ; les archevêques de Tours et de Rouen, l'évèquc de Paris étaient chargés de tenir la main à l’exécution du décret pontifical, 21 octobre. Ibid., n. 291.

Le voyage à la Curie des professeurs séculiers devenait donc sans objet ; ils ne laissèrent pas néanmoins de le poursuivre. Deux d’entre eux, Eudes de Douai et Christian de Reauvais, tirent d’ailleurs une soumission publique aux décisions pontificales dès le 23 octobre. Ibid., n. 293. Quant à Guillaume de Saint-Amour, il se sentait fort de l’appui d’une bonne partie du clergé séculier. En octobre — était-ce avant, était-ce après avoir pris connaissance de la condamnation du De periculis ? — tous les chapitres cathédraux de la province de Reims adressaient une supplique au pape, lui demandant de revenir sur les mesures prises à l'été contre Guillaume et ses trois compagnons. Ibid., n. 295. Mais la résolution du pape était bien arrêtée. Le 10 novembre, s’adressant à l’Université, dont il faisait un grand éloge, il prolestait à nouveau contre ceux qui y avaient porté le trouble et qui avaient osé attaquer les religieux mendiants dans leurs cours ou leurs prédications, non peut-être en les désignant expressément, mais par des détours qui ne trompaient personne. Ibid., n. 296.

Tel était, aussi bien, le moyen de défense que prétendait adopter Guillaume de Saint-Amour ; demeuré en Curie, il demandait d'être entendu et rédigeait en même temps un mémoire justificatif. Texte dans Opéra, p. 88-110. On lui reprochait ses sermons et ses leçons ; il répondait par une distinction qui faisait plus d’honneur à sa subtilité qu'à sa bonne foi. Il avait dénoncé de faux religieux, de faux prédicateurs ; n’y en avait-il pas ? Ne serait-ce que ces béguins et béguines dont on parlait beaucoup depuis quelque temps. Prêcheurs et mineurs axaient pris pour eux ces attaques ; est-ce que, par hasard, ils se seraient reconnus coupables des vices qui étaient reprochés à d’autres ? Au cours de. l’hiver 1256-1257, Guillaume comparut donc devant une commission de quatre cardinaux (ceux-là peut-être qui avaient examiné son livre). La Chronique île Normandie à qui nous devons ce détail, dit qu’il aurait été envoyé absous : fortiter in Curia stetit et m pluribus n prsediclis religiosis accusatus, de sua innocenliu et doctrina connu quatuor cardinalibus competenter satisfecit, u quibus ub ornai impetilione fratrum pronunciatus est immunis et absolu/us. Dans A. Duchesne, Historise Normannorûm scriptores, Paris, 1619, p. 1009 C. Triomphe sans lendemain, car le pape, qui au cours de l’année 1257 multipliait ses démarches à Paris pour taire admettre purement et simplement les mendiants dans l’Université, n’avait aucun goût pour laisser Guillaume rentrer en France. Un nouvel acte du 30 mars axait dénoncé à tous les patriarches, archevêques et évêques le De periculis. Chartul., n. 308. Le temps de la miséricorde n'était pas encore venu pour Saintvmour. Il axait demandé, à cause de sa saule, à quitter la Curie où il semble bien qu’on le retenait. On finit par le lui permet I rc, mais avec défense expresse