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SAINCTES (CLAI DE DE) SAINT-AMOUR (GUILLAUME DE)

profession à l'âge de vingt-cinq ans et fil ses études de philosophie et de théologie au collège de Navarre. Docteur en théologie en 1555, il devinl principal du collège de Boissy à Pari ;  ; et accompagna le cardinal de Lorraine au colloque de l 'oissy et au concile de Trente. Promu à Pévêché d'Évreux, le 30 mars 1575, il siégea aux États de Blois en 1570 e.L provoqua le concile provincial de Rouen en 1581, pour l’application des décrets de Trente. Ardent ligueur, il dut, après la prise d’Evreux en 1591, se réfugier à Louviers, où il fut arrêté. Il fut jugé à Cæn par le Parlement, qui le condamna a mort pour avoir approuvé l’assassinat d’Henri III. Le cardinal de Bourbon fit commuer la peine ; Sainctes fut transféré au château de Crévecœur, près de I.isieux, et c’est là qu’il mourut en 1591. Il eut pour successeur Jacques Davy Du Perron.

Les ouvrages de Claude de Sainctes se rapportent tous, plus ou moins directement, aux questions religieuses, fort discutées de son temps. On peut citer : Confession de la foi catholique, contenant en bref la réformation de celle que les ministres de, Calvin présentèrent au roi à l’assemblée de Poissy, adressée au peuple de France, Paris, 1561, in-8°. — Ad edicla veterum principum de lieenlia seclarum et christiana religione : item methodus contra seclas quas secuti sunt primi catholici Imperalorcs, Paris, 1501. in-8°. — Liturgise seu missie sanctorum Palrum Jacobi Apostoli… JSasilii Mai/ni… Johannis Chrysostomi…, Paris, 1561, en grec et en latin. et Anvers, 1562, in-8°, en latin. — Discours sur le saccagement des églises catholiques par les hérétiques anciens et nouveaux calvinistes en l’an 1562, Verdun, 1562, in-8° et Paris, 1567 : dans cette édition, se trouve un chapitre intitulé : < l’ancien naturel des Français en la religion chrétienne », où on lit que tous les Français sont chrétiens et sont les plus sincères dans la foi. — Examen de la doctrine de Calvin et de Bèze, louchant la cène du Seigneur, d’après les écrits des docteurs de cette doctrine, Paris, 1566, in-8°. — Réponse, à l’apologie de Théodore de Bèze, contre l’Examen de la doctrine de Calvin et de Bèze, Paris, 1567, in-8°. — Déclaration d’aucuns athéismes de la doctrine de Calvin et de Bèze contre les premiers fondements de la chrétienté, Paris, 1568, in-8° et 1572, dédié à Charles IX, où est compris quasi tout l’examen de tout le premier livre et d’une partie du troisième livre de l’Institution de Calvin et d’autres articles de la Confession présentée au roi <i Poissy. Les titres des chapitres sont intéressants : la toute-puissance divine, l'Écriture sainte, la tradition apostolique, l’inspiration du Saint-Esprit, les livres canoniques, les erreurs de Calvin contre la Trinité et contre le Fils de Dieu ; l’erreur des trinitaires de notre temps ; la prescience, la providence, la prédestination et la réprobation. — De rebus eucharistise controversis, repetitiones seu libri deeem, dédié à Henri III, Paris, 1575, in-fol. Dans cet écrit, Claude de Sainctes aborde les points discutés par la Réforme : institution de l’eucharistie, existence du corps, et du sang de JésusChrist sous les espèces eucharistiques, maiiducation réelle et spirituelle, transsubstantiation, adoration et communion sous les deux espèces. — Le concile provincial des diocèses de Normandie tenu à Rouen l’an MDLXXXI… Les statuts des séminaires établis en Normandie ; les difficultés proposées de la part dudit concile ù notre Saint-Père le pape et les Réponses sur icelles. Le tout mis en français par F. Claude Sainctes. évoque d'Évreux et l’un des assistants au concile, Paris, 1583, in-8°.

l.aunoy. Histoire du collège de Navarre, <. cxxv, p. 633855 ; Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 724, Vie inédite île Claude do Sainctes, par le ! '. Lagollle, prieur de SaintChéron de Chartres ci Vie abrégée du même par le P. Desnos ; Dupln, Bibliothèque dis auteurs ecclésiastiques, i. xvi, p. 155-156 ; I.e Brasseur, Histoire civile ri ecclésiastique du

comté d'Évreux, Paris, 1722, in-4°, p. 353-363 ; Gultia christiana, I. xi, col. 611-613 ; Moréri, Le. grand dictionnaire historique, I7."> ! >, I. ix, p. 25-26 ; Kichard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. xxi, p. 370-371 ; Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, fipoque moderne, t. ii, Paris, 1901, p. 123-130.

J. Carreyre.

    1. SAINT-AMOUR (Guillaume de)##


1. SAINT-AMOUR (Guillaume de), ainsi nommé de son lieu d’origine, docteur parisien du xin c siècle, intimement mêlé à la querelle des séculiers et des réguliers.

Ce maître est donné comme originaire de Saintvmour, à quelques kilomètres au sud-ouest de Lonsle-Saulnier. Il dut commencer de bonne heure ses études à Paris, où il fut maître es arts, dès 1228. Le premier document certain se rapportant à lui est un privilège que lui accorde le pape Grégoire IX, le 27 novembre 1238. Chartularium universitatis parisiensis, t. i, n. 122. Guillaume y est qualifié du titre de maître es arts et en droit canonique ; il est recteur de l'église de Guerville ril y a plusieurs Guerville en Seineet-Oise, un dans la Seine-Inférieure) et chanoine de Beauvais ; le pape l’autorise à cumuler avec les bénéfices qu’il possède déjà un bénéfice à charge d'âmes. Une faveur analogue lui est accordée, en 1247, par Innocent IV. Ibid., n. 174 et 175. Il n’est encore que sous-diacre à cette date, il est néanmoins autorisé à percevoir, sans se faire ordonner prêtre, les revenus de la paroisse de Graville (Granville), du diocèse de Coutances, et de cumuler avec ce bénéfice un autre ayant charge, d'âmes. Le fait qu’il poursuit à ce moment ses études de théologie (theologiic studio insislenti) est une raison pour déroger, en sa faveur, aux règles générales que vient de renforcer pour la France Odon (Eudes) de Châteauroux. Guillaume a dû conquérir la maîtrise vers 1250. Dans les actes que nous rencontrerons ultérieurement, il est maître en théologie et aclu regens. De ses premiers travaux nous savons peu de choses. Un commentaire sur les Premiers et sur les Seconds analytiques, conservé dans un manuscrit de Barcelone, doit remonter à l'époque de sa maîtrise es arts ; le Principium, c’est-à-dire sa première leçon de docteur en théologie, est imprimé dans ses Opéra omnia, édit. de Constance (?), 1633, p. 1-5, de même que quelques pages d’un commentaire sur les Psaumes. Ibid., p. 5-7.

Mais, à partir de 1253, Guillaume va jouer dans l’université de Paris un rôle de tout premier plan. C’est le moment où s’exacerbe la lutte entre les docteurs séculiers de la faculté de théologie et les réguliers, spécialement les dominicains (les franciscains n’intervenant qu’un peu plus tard). Ce n'était pas sans difficulté que les frères prêcheurs avaient obtenu d’avoir, dans leur couvent de la rue Saint-Jacques, une chaire publique de théologie, jouissant des privilèges universitaires. Le mécontentement des séculiers contre eux avait augmenté par l'établissement au même couvent d’une seconde chaire à partir de 1230 (à cette date Jean de Saint-Gilles, un séculier devenu maître régent vers 1228, était entré dans l’ordre et avait continué à enseigner à la rue Saint-Jacques ; voir P. Glorieux, Répertoire des maîtres en théologie de Paris, t. i, 1933, p. 52 et la bibliographie). D’autres ordres religieux avaient aussi leurs chaires, finalement le nombre des places réservées aux séculiers diminuait de plus en plus. En février 1252. l’Université prît une décision qui inaugurait la lutte : aucun des collèges de religieux ne pourrait avoir plus d’une chaire magistrale ; les religieux n’appartenant à aucun collège ne pourraient faire partie de l’Université. Chartul., n. 200. Les mail i es réguliers (deux dominicains, un Irère mineur) ayant refusé de se joindre à une grève de protestation organisée en 1253 par l’Université dont les privilèges axaient été gravement lèses, des remontrances leur