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SAILER (JEAN-MICHEL)

SAINCTES (CLAUDE DE

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grand-duc de Bade que si Sailer vivait encore, il serait le plus ultramontain des ultramontains.

Sailer mourut le 20 mai 1832. Le roi Louis I er lui fit ériger un monument funéraire dans la cathédrale de Ratisbonne et une statue sur une place publique de cette ville.

IL Appréciation doctrinale. - Le rapport du P. Hofbauer sur la doctrine de Sailer ayant suscité quelque difficulté au cours du procès de canonisation du célèbre rc’demptoriste, son biographe, le P. Haringer, dans le but de le justifier, avança que, du vivant de Hofbauer, Sailer n’avait enseigné que le pur déisme, pour lequel Jésus-Christ n’est qu’un homme sage.

Ringscis, ancien élève et ami de Sailer, alors plus qu’octogénaire, releva vivement cette imputation du P. Haringer, dans une étude parue en 1878, dans les Historisch-politische Blâtter. il y fit remarquer que, si Sailer n’avait été qu’un vulgaire déiste, il n’aurait pu jouir de l’estime et de la confiance d’un si grand nombre de catholiques éminents, et n’aurait pu, non plus, exercer une si heureuse influence sur le clergé de son temps. Aussi le P. Hofer reconnaît-il dans sa biographie du saint rédemptoriste, publiée en 1905, que Haringer avait fortement dépassé la mesure. Toutefois le dernier biographe de Hofbauer, le P. Innerkofler, tout en reconnaissant l’orthodoxie de Sailer, lui reproche de n’avoir pas assez, vigoureusement marqué le point de vue catholique vis-à-vis des protestants cl de n’avoir pas suffisamment utilisé la grande autorité qu’il avait pour amener les protestants à la foi catholique. Innerkofler, Biograjthie du P. Clément-Marie Hojbmier, 1933, p. 532 ; Hofer, Biographie, p. 311.

A ce reproche, on peut répondre que Sailer combattait avant tout l’impiété et l’incrédulité de VAufklârung, qu’il voulait mener cette lutte avec l’aide des protestants pieux et croyants et que, par conséquent, il ne pouvait mettre en avant dans ses rapports avec eux ce qui les séparait du catholicisme et qu’il était obligé de rechercher ce qu’ils avaient de commun avec lui. Du reste, la polémique confessionnelle répugnait au caractère foncièrement irénique de Sailer. Cela étant établi, il faut reconnaître cpie la doctrine de Sailer a toujours été foncièrement catholique. Il a du reste nettement exposé son point de vue théologique dans sa leçon inaugurale, parue en 1781, et dans tous ses écrits il y est demeuré fidèle.

Selon Sailer, le théologien doit tendre à communiquer à ses élèves une connaissance certaine tlo la religion chrétienne. C’est pourquoi il doit, avant tout, leur exposer les vérités religieuses avec clarté et précision. Irfca theoloui Christian i, p. 6, 8, 9. Se référant à la fameuse tirade de Petau contre la scolastique, Dogmata theologica, 1. I. Anvers, 1700, p. x. Sailer ne veut pas que le théologien s'égare dans les subtilités de la dialectique ; ii ne veut pas que la science sacrée devienne l’inepte servante de petits raisonnements ; il veut que la théologie utilise « l'érudition antique », s'éclaire par l’histoire ; mais il ne veut pas qu’elle se borne à n'être qu’une histoire littéraire de la religion chrétienne et oxige qu’elle donne une explication spéculative des dogmes. Dieu étant l’auteur de la raison comme de la révélation. Idea p. 7. 9. 10, 13. 15, 21.

Tournély, Suarez et Lessius n’ont pu fournir cette explication spéculative telle qu’on est en droit de l’exiger, parce que, de leur temps, la philosophie et la métaphysique étaient encore « dans les ténèbres … Mais Sailer estime que, de son temps, en raison des progrès de la philosophie, elle est réalisable. Toutefois, le théologien doit bien se garder de toucher à la substance des dogmes, sous le prétexte fallacieux de les accommoder aux exigences de. la raison. Ibid., p. 18.

Par contre, il doit éviter de présenter les explica tions d'école comme des articles de foi. Ibid., p. 19. Sailer goûte peu ce qu’on a irrévérencieusement appelé le « jargon scolastique : mais il reconnaît que bien des termes en usage dans l'école sont judicieusement formés et doivent être retenus pour la bonne marche de l’argumentation. Ibid., p. 2'2. Si l’on ne considère que les principes, on ne peut rien reprocher à ce programme théologique de Sailer. Mais on pourrait se demander, si en se servant de la philosophie de son temps, pour l’exposé spéculatif îles douilles. Sailer n’a pas fait quelque peu tort à ceux-ci. Il n’en est heureusement rien. Ainsi qu’on l’a fait remarquer, Sailer ne s’intéressait à la philosophie, qu’autant qu’elle est susceptible d'être utile à la vie chrétienne. Ph. Funk. Von der Aufklàrung zur Romantik, p. 8.'5 sq. On le voit très bien, dans ses cours publics sur les vérités fondamentales du christianisme, il y montre, d’une manière fort spirituelle comment Kant, Fichte et Schelling restent en-deçà de la vérité chrétienne. Voir en particulier Grundlehren, p. 89 sq.

Sailer aime les citations. Dans ses écrits, il donne de nombreux passages des Pères de l'Église, qu’il a sans doute pris chez Petau, ainsi que clés philosophes de l’antiquité. Mais jamais il ne cite Aristote et, quand il parle du Stagirite dans ses traités de morale, c’est pour le combattre. Il se réfère souvent à Fénelon et aux philosophes des XVIIe et XVIIIe siècles, niais jamais aux scolastiques du Moyen Age. Si, malgré ses lacunes, Sailer est resté correct dans sa doctrine, il le doit sans doute à la solide formation que les jésuites et, en particulier, son ancien professeur Stattler, lui avaient donnée. Aussi n’est-ce pas sans raison qu'étant coadjuteur de Ratisbonne, il dit en passant devant la maison natale de Stattler : « C’est à lui que je suis redevable de tout ce que je suis. »

Ajoutons, en terminant, que Sailer combattit aussi l' Aufklàrung en matière pédagogique, lai opposition directe aux idées courantes de son temps, il réclame pour la religion et pour l’instruction religieuse, la première place dans l'éducation et l’instruction. Il publia de nombreuses études sur l'éducation et la méthode de renseignement, pour Lesquelles, suivant sa largeur d’idées habituelle, il recourt aussi aux travaux de noncatholiques, comme PestalozLi et Jean Amos Comenius, le grand pédagogue tchèque. Mais toujours il sut conserver à son œuvre pédagogique son caractère nettement catholique. I.'impulsion donnée par Sailer à renseignement du catéchisme a duré jusqu'à nos jmns dans la célèbre école catéchistique de Munich. Citons encore une sa^e réflexion de Sailer, qui n’a pas perdu son actualité. À ceux qui réclamaient un nouveau catéchisme plus approprié aux besoins de l'école, il reprochait d’attribuer beaucoup trop d’importance à la forme et trop peu à la. parole vivante et a l’exemple vivant du catéchiste. Pour l'œuvre pédagogique de Sailer, voir Rademaier, Sailer als Pàdagog, Munich. 1909.

Les œuvres complètes de Sailer oui dé publiées à Sultzbach de 1830 a 1845.

Biographies de Sailer, par V. licxleniaim (pasteur proU tanlM al ha, 18 : ( ; par i hinv : r FrÎDOUrg-en-El 181 ;  :

fi. Lanj ;, Bischof Sailer mut seine Zeitgenossen, Ratisbonne, 1932.

Sur la doctrine de Sailer, Karl Wenier, Geschichte der katholischen Théologie seit dem Trienter Concil bis zur Gegenwart, Munich, 1836, p. 2(>."> sq., 1317 sq., 386 sq. ; Diebolt, l.a théologie morale catholique en Allemagne nu temps ilu philosophisni( et </" lu restauration, Strasbourg, 1926, p. 185 sq. ; Ph. Klotz, Sailer als Moralphilosoph, 1919 ; Ph. Funk, Yim der Aufklàrung zur Romantik, Ratisbonne, 1925, p. (i : i sq., 164 sq.

< ;. Fritz.

SAINCTES (Claude de) (1525-1591), né en 1525, dans le Perche, entra encore tout jeune à l’abbaye de Saint-Chéron, près de Chartres ; il y lit sa