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trop accommodant avec les idées modernes et de donner à lire à ses élèves des livres contraires à la foi et à la morale. Stôlzle, .L-M. Sailer. seine Massregelung in Dillingen und seine Berufung nach Ingolstadt, 1910. En ce qui concerne le dernier reproche, il semble bien avoir été quelque peu fondé, car Salai, un de ses élèves à Dillingen, plus tard son collègue à Landshut, affirme avoir appris à connaître les deux premières critiques de Kant par l’entremise de Sailer. Salât, Denkwûrdigkeiten, p. 226. Qui uL au reproche de pactiser avec l’Aufklârung, nous verrons qu’il n'était pas fondé.

Nanti d’un bénéfice sans charge d'âmes, Sailer se retira à Munich, puis à Ebersberg ; il profita de ses loisirs forces pour publier une traduction commentée de l’Imitation de.Jésus-Christ, qui a eu des réimpressions jusqu'à noire époque. C’est également au cours de son séjour à Ebersberg qu’il entra en relation avec un groupe de mystiques dirigés par son ami Fenneberg. Ces relations lui furent vivement et amèrement reprochées, quand plusieurs de ces mystiques, en Ire autres le prêtre Boos, passèrent au protestantisme.

Ce fut sans doute parce que Sailer avait été éliminé de Dillingen en tant que pactisant avec l’Aufklârung que le ministre Montgelas, l’organisateur de la Bavière moderne, lui offrit, en 1790, la chaire de pastorale et de pédagogie à l’université d' Ingolstadt qui, l’année suivante, fut transférée à Landshut. C’est ici queSailer, parvint à l’apogée de sa renommée. En effet, c’est de cette obscure bourgade bavaroise que prit son essor, au début du xix c siècle, le renouveau catholique d’Allemagne, et Sailer fut, sans contredit, le personnage principal de ce mouvement.

De nature irénique et très liante, Sailer était tout désigné pour servir de trait d’union entre les professeurs et les étudiants des différentes facultés, qui, quoique d’origines diverses et de confessions religieuses différentes, tendaient à rendre au christianisme et à l’idée nationale allemande la place prépondérante q.ue V Aujklàrung leur avait refusée dans la vie publique et privée. Cette tendance, qui faisait ressortir le rôle du christianisme et particulièrement du catholicisme dans l'évolution de la civilisation, qui soulignait l’importance de l’histoire surtout de celle des usages et des institutions, a préparé la voie au mouvement romantique. On croyait, dans ce groupe universitaire de Landshut, que Schelling était l’homme providentiel capable de « tirer la philosophie du désert de l’Aufklârung, pour l’amener à Dieu et au Christ ». Et il semble bien que Sailer ait, lui aussi, été de cet avis, car. à en croire son collègue Salât, il aurait alors dit de Schelling, qu’il était « pénétré de Dieu et de l’immortalité ». Salât. Denkwûrdigkeiten, p. 310. Plus tard, Sailer fut moins enthousiaste, car. étant coadjuteur de Batisbonne, il fit quelque opposition à la nomination de Schelling comme professeur à l’université de Munich, estimant qu’il ne s'était pas suffisamment gardé du panthéisme. Du reste, cet engouement pour Schelling fut très répandu parmi les catholiques allemands, jusqu'à ce que, eu 1843, Dôllinger, dans un article des Historisch-politische Blâtter, publié' sous le voile de l’anonymat, eût démontré l’incompatibilité de la philosophie de Schelling avec la doctrine catholique.

A Landshut, Sailer contracta une amitié durable avec le grand juriste Savigny, fondateur de l'école historique du droit (Historische Rechtsschule). Savigny était protestant, marié à une catholique et nous sommes en droit de supposer que l’amitié de Sailer fut

pour quelque chose dans sa décision de ne pas s’opposer à l'éducation catholique de ses enfants. Comme à

Dillingen, Sailer eut a Landshut un très grand succès auprès des étudiants qui, de tous les pays d’Allemagne, se pressaient autour de sa chaire et recouraient

à ses conseils. Schenk, plus tard ministre bavarois, Ringseis, plus tard médecin du roi de Bavière et homme politique influent, le baron d’Andlaw, plus

tard chef des catholiques badois, le prince Alexandre de Hohenlohe, qui par la suite se fit une renommée comme thaumaturge. Melchior de Dieppenbrock, ancien officier prussien, qui mourut prinec-évêque de Brestau et cardinal, et enfin le roi de Bavière, Louis I er, alors prince royal, furent ses élèves.

Il va de soi que Sailer était en hutte à la mauvaise humeur de ses collègues partisans de l’Aufklârung et, chose curieuse, Fingerlos, le supérieur du grand séminaire, en était un. Mais il se trouva aussi des théologiens foncièrement catholiques qui jetèrent alors la suspicion sur sa doctrine. Nous verrons plus loin que leurs soupçons ne furent pas sans influence sur la destinée de Sailer.

C’est à Landshut que Sailer publia sa Morale chrétienne à l’usage des candidats au sacerdoce et des chrétiens cultivés, ainsi epic sa principale contribution à la pédagogie qu’il intitula De l'éducation pour éducateurs.

Quand, après 1815, il s’agit de réorganiser l'Église d’Allemagne, Sailer était le personnage le plus marquant parmi les catholiques allemands. Aussi le chancelier prussien Hardenberg songea-t-il à lui pour le siège archiépiscopal de Cologne. Mais Sailer refusa, ne voulant pas quitter la Bavière. En 1818, après la conclusion du concordat bavarois, son ancien élève, le prince royal Louis, le fit nommer évoque d’Augsbourg ; mais, sur un rapport du P. 1 lofbauer, prétendant que sa doctrine n'était pas sûre, Borne lui refusa l’institution canonique. Sur les instances du prince royal, Sailer adressa un mémoire justificatif au cardinal Consalvi non sans succès, semble-t-il, car, en 1821, il fut nommé doyen du chapitre de Batisbonne et, l’année suivante, évêque de Germanicopolis et coadjuteur de l'évêque de Batisbonne avec future succession. Le prince Louis, qui avait été le principal artisan de cette nomination, se réjouit dans son patriotisme allemand de ce que c'était précisément le siège de Germanicopolis qui avait été attribué à son protégé. Lettre du prince Louis à Sailer, 2(i avril 1822. A Batisbonne. Sailer continua à travailler à la restauration catholique dans le diocèse qui lui était confié comme dans toute la Bavière. Son influence s’accrut encore quand sou ancien élève, le prince Louis, devint roi en 1825, et on a pu dire que si le roi Louis I er a été le protecteur de la restauration catholique en Bavière et indirectement dans le reste de l’Allemagne, Sailer en a été l'âme. Lexikon jur Théologie und Kirche de Biuhberger, t. ix, col. 75. Il obtient du roi Louis I, r la restauration de l’abbaye bénédictine, de Metten et, s’il déconseilla le rappel des jésuites, ce ne fut que pour des raisons d’opportunité.

Quand l’université d' Ingolstadt fut transférée à Munich en 1820, Sailer exerça une grande influence dans le choix des professeurs. Il lit éliminer des vieux tenants (h ; l’Aufklârung comme Salât ; il lit quelque opposition à la nomination de Schelling : il s’employa liés activement à y faire appeler Gorres, Môhler et Dôllinger qu’il considérait comme un homme très capable, quoique bien orgueilleux et bien vaniteux. I.ang, <>p. cit., p. 183.

En 1831, les deux chambres bavaroises prirent des résolutions contraires aux droits de l'Église en matière de mariages mixtes. Sailer, devenu évêque de. Ratisbonne depuis 1829, n’hésita pas à rappeler a son ancien élève et ami. le roi Louis I er, que les catholiques obéissaient plutôt a Dieu qu’aux hommes. C’est ainsi qu’il lui un précurseur de l’archevêque Clémentvuguste de Droste-Vischering, de Cologne, dans le combat mené par l'Église d’Allemagne contre les abus des mariages mixtes. Et, trente ans plus tard, le baron d’Andlaw pouvait dire au gouvernement libéral du