Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.1.djvu/380

Cette page n’a pas encore été corrigée
745
746
SAGUENS (JEAN) — SAHAGUN (BERNARDIN DE)


apparences. Voir Mémoires de Trévoux, septembre 1702, p. 51-60. Le dominicain N. Gennaro ayant opposé à ce traite son Adversus atomos redivivos opusculum dogmaticum, Messine, 1702, Saguens répliqua par un Systema eucharisticum Maignani vindicalum adversus atomos redivivos. Quare hic certatur pr<> atomis redivivis quales Maignanus ex Platone hausit, adversus formas semineces aristotelicas, in tuitionem prsedicti veri sgstematis eucharislici, Toulouse, 1905. Dans cet ouvrage écrit sous forme dialoguée, Saguens mettait en assez fâcheuse posture l’enseignement des seolastiques sur les accidents séparables de la substance. Gennaro répliqua à son tour par un autre dialogue dont les personnages étaient Maignan lui-même et Platon, se plaignant des travestissements que Saguens avait infligés à leur pensée : Platonis æ P. Maignani adversus R. D. Joannis Saguens systema eucharisticum, Messine, 17(17. Un peu plus tard Saguens rentrait de nouveau en lice, cette fois contre un de ses confrères, l’Espagnol l-’r. Palanco : Atomismus demonstratus et vindicatus ab impugnationibus philosophico-theologicis R. P. Fr. Palanco. ejusdem ordinis, in-4°, Toulouse. 1715. Revenant à des questions plus théologiques, notre minime donnait à quelque temps de là un De perfectionibus divinis opus theologico-positivo-scholasticum, 2 vol. in-4°, Cologne, 1718, exposition du plus pur cartésianisme et qui témoigne d’une parfaite confiance dans la spéculation. Dans le même genre : Systema gratis philosophico-theologicum, in quo omnis vera gratia tum actualis, tum habitualis explanatur : accessit appendix, in qua exponitur quid rei physicæ sint virilités infusse, gratis gratis datæ, fructus Spirilus sancti ac, characteres sacramentelles, 2 vol. in-l°, Cologne, 1721 (l’ouvrage avait déjà paru à Milan en 1701, mais avait été mis à l’Index le 26 janvier 1700). On trouvera dans K. Werner, Der hl. Thomas non Aquino, t. iii, Geschichte des Thomismus. p. 546 sq., 508 sq., 692, un essai, pas toujours clair, sur les idées proprement philosophiques de Saguens, qui apparaît avant tout comme un cartésien déterminé.

Se reporter aux articles Eicharistiqies (Accidents), t. v, col. 1432, 1133 : cf. Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 172, 666, 961.

É. Amann.
    1. SAHAGUN (Bernardin de)##


SAHAGUN (Bernardin de), frère mineur espagnol et célèbre missionnaire au Mexique, dont les œuvres intéressent à plus d’un point de vue les théologiens et les historiens des religions. — Né à Sahagun (Léon) vers 1 l !)i>. il s’appelait dans le siècle Ribeira. Pendant ses études à l’université de Salamanque, il entra dans l’ordre des frères mineurs au couvent de cette ville, où il continua à résider. En 1529, il partit au Mexique avec une caravane de dix-huit autres franciscains sous la conduite du P. Antoine de Ciudad Rodrigo. Dès son arrivée, il s’appliqua à l’étude de la langue mexicaine, qu’à l’avis d’historiens contempotaius. il finit par posséder à la perfection. Pendant toute la longue durée de sa vie missionnaire, il ne se lass ;  ; point de recueillir tout ce qui regardait la vie individuelle, familiale, civile, sociale et religieuse de l’ancien peuple mexicain. Ces recherches importantes n’empêchaient point le grand missionnaire de se consacrer de cœur et d’âme au travail missionnaire proprement dit. Il dédia aussi une grande partie de sa longue vie missionnaire à l’éducation de la jeunesse mexicaine dans le célèbre collège de Santa Cruz à Tlaltelulco, près de Mexico. Il remplit dans la mission les charges de visiteur des couvents et des missions, de gardien de plusieurs communautés, entre autres celles de Tlaltelulco et de Xochimilco, de définiteur de la province mexicaine en 1552 et 1585. Il mourut en 1591 au grand couvent de Mexico, où il fut enterré.

Bernardin de Sahagun trouva le temps de composer

un certain nombre d’ouvrages, dont quelques-uns, de l’avis des hommes compétents, sont d’une grande importance, non seulement pour l’histoire de l’ancien Mexique, mais aussi pour l’histoire des religions. Son œuvre capitale est sans conteste VHistoria universal de lus cosas de Nueva Espana, à laquelle il travailla trente ans de 1517 à 1577. Il la recopia jusqu’à quatre fois, en la retravaillant et en la perfectionnant à chaque fois. Voici brièvement le contenu de cette œuvre gigantesque et les diverses matières qui y sont traitées : les différentes divinités des Mexicains et leurs attributions (1. 1) ; les têtes et les sacrifices dont le peuple de la Nouvelle-Espagne honorait et vénérait ses divinités (1. II) ; l’origine et l’existence fabuleuses de ces divinités pour préparer plus efficacement les esprits à recevoir la croyance du seul vrai Dieu (1. III) ; l’art divinatoire et les pratiques superstitieuses du peuple mexicain (1. IV) ; les augures lires des oiseaux, animaux et insectes (1. V) ; la rhétorique, la philosophie, la morale et la théologie des anciens Mexicains (1. VI) ; l’astrologie naturelle, le soleil, la lune, les étoiles, les comètes, le vent, etc. (1. VII) ; l’autorité civile : le roi et les seigneurs, et la manière de les élire et de gouverner le peuple (1. VIII) ; les marchands et négociants en or, pierres précieuses, plumes, etc. (1. IX) ; les vices et les qualités, tant au point de vue corporel qu’au point de vue spirituel, de toutes les classes d’individus : hommes et femmes, mariés et libres, jeunes et vieux, forts et faibles, riches et pauvres, marchands et esclaves, etc., des différentes conditions de ces personnes et des charges à exercer par elles (1. X) ; les propriétés des animaux, oiseaux, arbres, herbes, métaux, pierres, etc. de cette contrée (1. XI). la conquête de la Nouvelle-Espagne par les Espagnols (1. XII).

Quant à la méthode suivie par Bernardin de Sahagun dans l’élaboration de ces matières abondantes et quant au mode suivi dans l’exposé, les spécialistes sont unanimes à déclarer que la Ilisloria universal du franciscain du xve siècle constitue un modèle d’un ouvrage ethnologique, qui n’a rien à envier aux livres modernes du même genre. Dans la manière de recueillir les divers renseignements sur le peuple mexicain. Bernardin a procédé comme l’enseigne la science ethnologique du xx c siècle, n’acceptant les témoignages que des personnes seulement qui étaient aptes à lui fournir des renseignements véridiques.

On est donc étonné que cet ouvrage ait élé si complètement ignoré pendant deux siècles. Cet oubli peut toutefois s’expliquer par l’opposition à la géniale entreprise de Bernardin, d’un côté, dune partie de ses confrères et. de l’autre côté, du gouvernement espagnol. Quand, en effet, la copie de 1569 de la Ilisloria universal fut présentée au chapitre provincial du Mexique de 1570 pour être approuvée en vue d" l’impression, un certain nombre de capitulaires jugèrent l’édition d’un travail d’une aussi vaste envergure contraire à la pauvreté, tandis que d’autres louaient beaucoup l’ouvrage. La première opinion triompha et Bernardin reçut l’ordre de ne pas éditer son ouvrage et même de ne plus s’en occuper et de le consigner à ses supérieurs, qui le distribuèrent dans différents couvents.

Quand sous les commissariats de Michel Xavarro et de Rodrigue de Sequera, Bernardin rentra de nouveau en possession de son travail et, avec la permission du dernier, eut terminé la copie de 1576-1577, le roi d’Espagne exigea l’envoi de tout l’ouvrage en Espagne. Deux copies furent expédiées au gouvernement de la Péninsule ibérique, qui, après les avoir fait examiner, en refusa l’impression à cause de certains passages trop durs pour les Espagnols.

Le travail de Bernardin tomba donc dans l’oubli