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    1. SAGESSE##


SAGESSE. DOCTRINE

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aùroij, ne peut être considérée comme émanant ainsi de la divinité que pour figurer l’art suprême avec lequel Dieu, sans plus d’intermédiaire que cette sagesseattribut, a fait et gouverne sa création.

L’idée que les stoïciens se faisaient du logos était celle d’un souille brûlant, 7rvsû[i.oc (le « feu » éternellement vivant, seule et unique « sagesse », d’Heraclite : Tcûp àeiswov, ëv tô aocpôv (jLûûvov, Fragm., 32), donc matériel et corporel. Or, l’auteur du livre de la Sagesse applique à son TCV£5|j.a tels qualificatifs : TtoXujjispéç, Xetîtov, eùxtv/jTov, qui se diraient plutôt de quelque chose de matériel, évoquant par eux-mêmes les idées de « complexe », d' « amenuisé », d' < étendu ». La « pureté » qu’il lui attribue et qui la rend capable de pénétrer et de s’insinuer partout, vii, 246 : Sitjxsi xal //opsï 81à 71âvTwv 81à ty)v xa6apoT7]Ta, ne peut être plus grande que celle du 7rv£Ùu.a stoïcien qualifié lui aussi de très pur principe de toutes choses : àp/r ; v

U.SV 6sOV TÔJV TîâvTCOV, CTM[i.0C OVTOC TÔ XaOapWTCXTOV, 81à

TiâvTcov 8s Sirjxsw ttjv Trpôvoiav aÙToû, Hippolyte, Réf., i, 21 (Wendland, p. 25). — Il est vrai..Mais le -vs’jtxa Kopîou qu’est la sagesse doit être incorporel comme l’est le Seigneur lui-même, toujours essentiellement opposé au y.ôay.oç comme créateur à créature, vii, 22a ; ix, 9 ; xiv, 2, donc indépendant de lui, extérieur et antérieur à lui. D’autre part, le 7TV£>ju.ades stoïciens, tout qualifié qu’il soit de xaQocpwTOCTOv, reste awrjia dans le tout, principe corporel et agissant CTcopiaTixôJç, « providence « matériellement itinérante ; tandis que la sagesse est et demeure uniquement 7tveiju, x (jamais cô>u.a) capable d’agir, grâce à sa pureté ou simplicité native à la fois physique et morale, en toutes choses, 81à ttocvTCûv, y compris les « esprits intelligents, purs (euxmêmes), voire les plus subtils », vii, 236 : 81à TtdivTcov 7tv£uu.àTMV voeocov, xaOapôv, Xs—totoctcov. Elle s’oppose même, et dans l’expression, en tant cm' « esprit i-K-qfixvTov », vii, 226, c’est-à-dire » indommageable, intangible » matériellement (à-Tr^oc, à-Trâa/s'.v), à la matière des stoïciens qui par définition est tô mxer/ov, « ce qui soutire atteinte et préjudice ». Les attributs de la sagesse, esprit TûoX’jiJ.spsc « multiple », Xetïtov, « subtil », £Ùxîv7)TOv, « mobile » et l’extension de son pouvoir, viii, 1 : 81.aTs[v£t sùptôaTojç, sont donc à prendre au sens figuré.

Ainsi échappe au soupçon d’avoir lui-même trop sacrifié à l’hellénisme dans l’objet principal de son enseignement, l’auteur du livre. On retiendra pourtant que, dans le long exposé de sa doctrine touchant la sagesse, il paraît bien avoir choisi ses mots et formules « en considération des circonstances de l'époque et de la mentalité de ses lecteurs. présumés, dans le but d’attirer l’attention de ces derniers sur les ressemblances qui existaient à quelques égards entre sa pensée, traditionnellement reçue et fidèlement gardée, et les conceptions de la philosophie grecque. Le lecteur instruit qui goûtait cette philosophie et avait ouï parler de l'âme du monde de Platon et du logos des stoïciens, devait alors, s’il voulait s’absorber dans l'étude de la section, vii, 226-vm, 1, reconnaître qu’il y a dans l’Ancien Testament des trésors cachés (de doctrine) qui peuvent soutenir avantageusement la comparaison avec les doctrines des philosophes grecs. » Loin de vouloir « éveiller dans ses lecteurs la pensée que tout ce que contient la philosophie grecque est enseigné dans l'Écriture, ou que la sagesse juive ne soit pas essentiellement autre chose qu’une conception de la philosophie grecque, l’auteur a bien plutôt pensé affermir de cette façon les juifs ses compatriotes dans la foi et l’attachement à leur religion et y gagner ses lecteurs païens ». Heinisch (commentaire), p. 157. Pour toute la question, ibid., p. 149-158, Exkurs zu vii, 22b-vili, 1 : Der Einfluss der griechischen Philosophie auj die Lehre von der Weisheit.

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

II. dieu et le monde créé.

1° Dieu, son existence, sa nature et ses attributs. — 1. L’existence de Dieu est affirmée à toutes les pages du livre : existence d’un Être suprême, créateur et maître absolu du monde créé par lui.

Elle est démontrée spécialement aux premières lignes du chapitre xiii, 1-9. Mais la démonstration en est tout indirecte et s’ajuste à l’observation de l’auteur : comment, faute de sagesse, tous les hommes auxquels manque la connaissance de Dieu, qui ont pris les éléments pour des dieux gouvernant le monde, 2c, n’ont pas pu de la contemplation de toutes ces bonnes choses visibles, 16-c, ht twv ôpto|i.évtov àyocOcôv, conclure à l’existence de leur créateur et maître, de Celui qui est ? 16, 9c : stSévai. tôv Ôvtoc, tÔv toôtwv Sesirérrçv eûpetv. N’auraient-ils pas dû au spectacle de leur beauté, force et vigueur, conclure à l’existence d’un créateur à eux supérieur en beauté, force et vigueur, et auteur de ces qualités et attributs qui les font admirer ? 3-4. Or, à cette conclusion, ils pouvaient être amenés par une conjecture intuitive fondée sur l’analogie, àvocXôyajç, par l’aperception d’un rapport de cause à effet, de l’ouvrier à l’ouvrage même, d’artisan, ou d’artiste à l'œuvre d’art, le, en pensant que l’artisan est supérieur en beauté et en puissance à son ouvrage, et que, s’il y a dans la création déjà beauté, force et vigueur, ces attributs doivent être dans le Créateur dans une beaucoup plus grande mesure, et le faire apparaître comme seul digne de recevoir les honneurs divins. 4-5. Cette conjecture, ou aperception, yivtoax.î'.v, voeîv, est moins le fait d’un raisonnement que d’une vision intérieure, d’une intuition, Qscopsrrai., 5, plus facile à réaliser, rrcôç tx/iov sôpe'ïv, que la science de l’univers, rrTo/xaaaOai tôv a’uova, 9, scruté dans toutes ses parties : feu, vent, air, astres, eau, luminaires du ciel, faussement tenus pour des dieux gouvernant le cosmos : 7roi)T<xvet.ç xôaji.ou Gsôuç Ëvôfiiaocv. t. 2.

2. La nature de Dieu est d' « être » par lui-même, l' Etre absolu, ô tov, XIII, lb, de qui tous les autres êtres ont reçu l’existence. Cf. Ex., iii, 14 : 'Eycô eiu.1 ô c'ôv ; non de pur concept ou de raison, mais réel (cf. Philon, De decem oraculis, § 2, 13 : tô npbç àXrjOsiav Ôv — tô Ôvtco ? ôv), agissant inséparablement de ses al tributs, xiii, 3-5 et Lft-COÙ le parallélisme identifie tov ôvtoc à

TOV TE/VITV.V.

3. Des attributs divins l’auteur a mis en relief surtout et principalement la sagesse. Il note aussi et célèbre la providence, 7rpôvo'.a, qui « conduit » ellemême le navire » sur les Ilots de la mer, pour montrer qu’elle peut le sauver de tout danger, xiv, 3, 4a, et pour que les hommes puissent utiliser, en les cherchant par la navigation dans les mers ou les pays lointains, les produits, a ouvrages de Dieu », qu’y avait ménagés sa sagesse, s’pya aoçîocç aou, 5a : providence clairement manifestée au sujet de Noé sauvé dans l’arche, 6, et communément affirmée de Dieu prenant souci de tous les hommes, vi, ld : ôu.oî(oç te Trpovosï ; rspl 7râvTMV, selon toutefois que l’exige l’exercice de la justice distributive eu égard au caractère moral du sujet (ainsi sont exclus de la bienfaisance providentielle les Égyptiens endurcis et coupables, xvii, 2 : çuyâSsç tîjç aîwvîou Tcpovotat ;). Bien que le mot Ttpôvoia ne soit employé dans tout l’Ancien Testament grec qu’au livre de la Sagesse (comp. III Mac, iv, 21 ; v, 30 et IV Mac, ix, 24, etc.), en l’empruntant au vocabulaire de la philosophie grecque, l’auteur lui a donné le sens du Dieu vivant et provident des livres bibliques (cf. Ps., cxliv, cxlvi) libre dans ses actes comme l’homme luimême, i, 12-16 ; ii, 23, 24, et l’a opposé sciemment à la — pôvota des stoïciens, désignation du xoivôç Xôyoç, représentant celui-ci en tant que cause irrévocable du développement du monde conformément au but fixé

T. — XIV. 24.