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SAGESSE. DOCTRINE

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plus grande valeur pour la critique textuelle, balançant en importance sur ce point la vieille latine.

Principales éditions critiques (avec apparat critique, variantes des niss) : Holmes-Parsons, Oxford, t. V ; Tischendorf-Nestle, Leipzig, 1887 ; Swete, t. iii, Cambridge,

1901 (le texte est celui du Vaticanus ; les variantes sont de N. A, C ; O.-F. Fritzefie, Libri apocryphi V. T. grsece, Leipzig, 1871, ïoiix SaXtofjuov, p. 522-565, recension d’après les mss B et tiS (optimi), N et (.' (perboni), À et d’autres (minus pari) avec les additions de la vieille latine, pnefatio, p. xxiv ; Reusch, Liber Sapientiee greece, Fribourg, 18.">8, texte du Vaticanus (édition sixtine) ; Deane, The book 0/ Wisdom, Oxford, 1881.

Texte de l’ancienne latine, dans toutes les éditions de la Bible vulgate. P. Sabatiei, Biblior. Sacror. latinæ versiones antiques, Reims, 1739-17 lit et Paris, 1751, a donné les variantes de quatre mss, t. iii, p. 1038 sq. ; Reusch, Observationes criticee in libr. Sap., Fribourg, 1861, p. 5-9 ; Lagarde, dans Miltheilungen, t. i, 1884, p. 211-282, donne le texte du Codex Amiatinus de Florence ; Thielmann, Die lateinische Uebersetzung îles Bûches der Weisheit, dans Archiv fur lutrin. Lexicographie iiml Grammaiik, t. viii, 1893, p. 235-277 ; Sam. Berger, Histoire de la Vulgate, 1893, signale (passim) quelques textes intéressants ; Feldmann, Textkritische Materialien zum Bûche der Weisheit, Fribourg,

1902 : Version copte (sahidique), p. 20-25 ; syro-hexaplaire, p. 25-31 ; arménienne, p. 34- il ; I lolzmann. Die Peschitta zuni Huche iler Weisheit, Fribourg, 1903 ; édition : Polyglotte de Londres de Lagarde, Iihn t. Tut. apocryphi syriact Leipzig, 1801 ; Ceriani, Coder syro-hexaplaris ambrosianus, Milan, 187 1 (Monumenta sacra, t. vu) ; pour la version éthiopienne, Dillmann, Vet. l’est, sethiopici libri apocryphi, Berlin, 1891, p. 118-1.">2.

VIII. Doctrine. I. LA SAGESSE. — Après avoir reproché aux « rois » et aux « apostats » leurs « injustices » et leur « impiété », i-v, l’auteur du livre aborde enfin le sujet qui lui tient à cœur : la < sagesse », disposition qu’il estime faire absolument défaut à ces persécuteurs et corrupteurs de son peuple, et qu’il considère comme le remède à la fois préventif et consécutif à leurs faiblesses et à leurs crimes. « De la sagesse

— écrit-il —

Je dirai ce qu’elle est et comment elle est née,

Sans vous en cacher les secrets ;

Mais l'étudiant depuis sa genèse première

Je mettrai sa gnose en lumière. Sap., VI, 2 I.

Les « secrets » de l’origine et de la nature de la sagesse, attribut de la divinité, don divin dans l’homme, avec ceux de son action dans les deux domaines du divin et de l’humain, c’est en effet tout le livre sapientiel dans lequel l’inspiré de Daphné, à l’opposé des hiérophantes des cultes grecs de mystères », qui en cachent » plutôt au vulgaire les rites et la doctrine ésotériques (xpùçioc |i.uc7rr, pi.a, xiv, 23), exposera ouvertement en « gnose », c’est-à-dire en véritable théologie, la révélation qu’il a reçue de Dieu, ii, 13, l(i.

1° Origine et nature de la sagesse. -- La sagesse « vient de Dieu », àra> (Gsoû)ao<p[a, ix, Gb ; puisque « ayant invoqué (Dieu) », Salomon la vit « venir à lui » v]X6s u.oi, vii, 7, et qu’elle-même, du reste,

Se targue de belle origine,

Ayant l’intimité divine.

IvJYs’vîiav ïoïa^i. trju, S(tûaw Hkj-'j syojaa. viii, 3.

Mais elle est « en Dieu », u.£Tà aoû (Osoô) 't croepîa, ix, 9a, d’abord comme un attribut immanent aux multiples aspects, vii, 226-23, tous inclus dans le premier, qui exprime excellemment la nature spirituelle de cet attribut avec ses deux qualités essentielles :

Elle-même est esprit intelligent et saint "Ken fàp èv oc-Jr/, Ttvï'jij.a vospbv, ocyiov. vii, 22b. (Comp. i, 4-6 ; ix, 17 ; i, 7 ; vii, 25a, et vii, 27a, où èv ïv : ^ = ii Éavryj.)

Cet attribut apparaît ensuite comme tout chargé de potentialités toujours en action, « pénétrant toutes choses » de son activité intellectuelle (xfv7] « riç) et de

son immatérialité (xaGapôvrçç), vii, 24, et ainsi « pouvant tout », bien que « unique » et « immuable », 27 : mouvement qui se traduit en définitions toutes dynamiques, bien qu’imagées, de la sagesse :

Elle est un souille (iru/ :) de la puissance de Dieu, l’n parfum choisi (àîrôp^oia) de la gloire du Très-Haut… Elle est un rayon < x71av ; 'aT[.ia) de la lumière éternelle. Un miroir sans défaut (IWrrrpov) de la force de Dieu, Ht le visage réfléchi Utxtôv) de sa bonté. vii, 25-26.

A l’exemple des auteurs des livres des Proverbes et de l’Ecclésiastique, Salomon-Onias la personnifie bientôt, et plus hardiment encore, dans sa rhétorique enthousiaste : celle qu’il recherchait naguère pour lui : èfvocuTco, et déjà comme une « fiancée très aimée », tgojtt )v è<pîX7]<ra.." zQ’rfrrptx wy.yt]>, viii, 2, devient tout de suite, sous sa plume, la aufxê'.cÔTVjç toG 6eoô, viii, 3a, « trônant auprès de Dieu », ix, 4a ; et c’est elle qu’il demande avec ferveur S6ç jxoi, au< Dieu de ses pères » pour la diriger lui-même :

Envoie-la moi des cieux sacrés.

Mande-la moi du trône de ta gloire. i, 10.

L’identification de l’attribut à la nature divine, de la sagesse à I)ieu lui-même, amorcée dès le principe par l’invitation à la « recherche » du Seigneur-Dieu (Kuptoo, 16 ; Osoù, 3a) pour « invention » de la Sagesse-Esprit (i, la, 5-7 1, formellement reconnue dès avant la définition de la sagesse, vii, 176 = vii, 21a, par l’exprès parallèle de Dieu accordant à Salomon la science de toutes choses, xùtoç… u.ot j’o’coy.sv tcôv ovtojv yvcoo-iv, et de la sagesse, organisatrice du monde, lui enseignant tout de l'œuvre divine, r ( … uâvrcov te/vïtiç èSîSa^e y.z aoçta, est enfin pratiquement admise au cours des chapitres x-xix, où se raconte la révélation de la s ; igi sse à la première humanité, x, 1-14, et au peuple élu, x, 15-xi, 3, mais où Dieu seul à partir de xi, 4, occupe la scène. La sagesse-attribut se fond ainsi dans la personnalité divine, laquelle prend vers la fin l’aspect de s parole toute-puissante », xviii, 15, ô ttxvto-Sûvarjoç ciou Xôyoç, et même de » providence éternelle », xvii, 2, Y) atcôvioç rcpovoia. Voir plus loin.

Venant de Dieu, la sagesse i amie de l’homme », i, G ; VII, 23a, ~ entre » et « habite », i, 1, xaTOlXYJcrei, dans l’homme qui l’aura seulement cherchée » et désirée », vi, 13a, lia, 17, prévenant elle-même, au besoin, cette recherche et ce désir en se faisant connaître la première, vi, 136, 1 16, l(i. Ce don d’elle-même à l’homme fait de celui-ci 1' « ami de Dieu », vii, 116. Elle est dans l’homme comme un principe permanent de richesse, d’habileté, de science et de vertu, viii, 5-8 : fidèle compagne, avertisseuse et consolatrice :

J’ai donc résolu de l’amener eu ma vie, l7Tpo : CU[xët(i)<J-lv) Sachant qu’elle me sérail bonne conseillère (erju-ëouXoç) Et réconfort (irapaîveuiç) en inquiétude et misère. viii, 9.

Cette pénétration intime de la sagesse, à la fois continue et simultanée, dans toutes les âmes, vii, 23d, 81à tcocvtcùv yojpoûv TcvEiifvdcTov, tient essentiellement à sa « nature immatérielle », vii, 24, 8tà tyjv xa0apôxï)Ta. 2° Action de la sagesse et ses effets.

1. Dans l'œuvre

divine de la création, la sagesse-attribut manifeste la plus grande activité, vii, 22d, eùklv/jtov, 24a, xivïjtixwxspov (Trvsùixa), depuis le moment où, « confidente » bien « informée » des « œuvres » de Dieu, ix, 9a, elâoîa, première « myste » initiée au savoir divin, viii, 4a, (i.ucmç -rîjç tou 6eoù èma- : y)[j.-{]ç t (cf. ii, 22a, ywwcrxsiv

i.ucrc7]pi.oc Geù'j), « présente » quand Dieu fit le monde,

ix, 96, 7tapoùaa, elle collabore à l'œuvre divine de la création jusqu'à l’heure où elle prolonge elle-même cette œuvre dans l’homme par son action bienfaisante. Parmi les œuvres dont Dieu a conçu l’idée elle choisit, atpsxtç, celles qui doivent être réalisées, viii, 46 ; elle organise te/vîtiç, le monde : éléments, époques, animaux, esprits, humains, végétaux, vii, 17-21, appelés à